Anna Jaclard, l’égalité enfin


Texte inédit | Ballast | Série « La Commune a 150 ans »

Que les femmes, absentes du gou­ver­ne­ment com­mu­nal, aient joué un grand rôle lors de la Commune de Paris ne fait pas ques­tion : elles défendent les canons contre la troupe ; prennent en charge les cama­rades bles­sés ; érigent des bar­ri­cades et ouvrent le feu sur l’en­ne­mi ; siègent dans les clubs et les com­mis­sions ; écrivent dans la presse et s’en­gagent en faveur de la laï­ci­té. Que la bour­geoi­sie ait redou­blé d’in­jures à leur endroit n’en fait pas non plus : « pétro­leuses », « femelles », « mégères », « soif­fardes » et autres « lai­de­ronnes furi­bondes »… Louise Michel a long­temps incar­né l’i­cône, presque unique, de la Commune au fémi­nin ; on ne sau­rait pour­tant faire le compte de toutes celles qui prirent part à la Révolution. Anna Jaclard en est. La jeune femme, russe d’o­ri­gine, a 26 ans quand sur­git la Commune. Elle intègre alors le Comité de Vigilance de Montmartre, cofonde un jour­nal, par­ti­cipe à une com­mis­sion visant à « orga­ni­ser et sur­veiller l’en­sei­gne­ment dans les écoles de filles » et, en sa qua­li­té d’am­bu­lan­cière, soigne les bles­sés. Condamnée aux tra­vaux for­cés à per­pé­tui­té, elle s’exi­le­ra en Suisse. Portrait. ☰ Par Élie Marek


[lire le troi­sième volet de notre série « La Commune a 150 ans »]


Paris. Un jeu­di. À l’ob­ser­va­toire météo­ro­lo­gique de Montsouris, sis dans un pas­tiche du palais du Bey de Tunis, on mesure une pluie légère. Celle-ci tombe sur les poutres métal­liques d’une tour en construc­tion — elle pren­dra le nom que l’on sait —, comme elle tombe sur les ouvriers qui la construisent. Elle tombe sur le képi mou du géné­ral Boulanger, à la veille de sa mise aux arrêts et de son ascen­sion poli­tique, ain­si que sur les chausses de Louise Michel et de Georges Clemenceau. Ces deux-là ont les épaules ren­trées, sûre­ment. C’est qu’on enterre en ce 13 octobre 1887 une amie commune.

« Adieu, intel­li­gente et brave Russe — quelque chose de mon cœur d’il y a vingt ans s’en va avec elle. »

Elle a pour nom Anna Korvine-Kroukovskaya, mariée Jaclard depuis un jour mémo­rable de mars 1871 où le socia­liste Benoît Malon célé­bra son union civile avec Victor Jaclard. Celui-ci, désor­mais veuf, est pré­sent, bien sûr. On dit qu’il ces­se­ra bien­tôt de visi­ter la tombe de la défunte. Pour l’heure se res­serre toute une assem­blée, et celle-là fait silence. Anna, sur son lit de mort, a deman­dé qu’on ne pro­non­çât pas un mot. Cela est res­pec­té. De ce moment, Louise Michel se sou­vien­dra : « C’était la pre­mière fois, depuis 71, que je la revoyais. Elle était morte, cou­chée, pâle comme un marbre sur son lit envi­ron­né de plantes aux larges feuilles fai­sant une ombre sur son visage. Je ne sais si j’aime mieux les Russes que les autres, peut-être, ils sont braves, c’est quelque chose. Devant ce lit tout blanc, envi­ron­né de hautes tiges vertes, je ne sais quelle impres­sion à la fois gla­cée et pleine d’es­pé­rance vous enve­loppe. Adieu, intel­li­gente et brave Russe — quelque chose de mon cœur d’il y a vingt ans s’en va avec elle. À quoi bon son­ger à nous, est-ce que la vague n’emporte pas les gouttes d’eau1. »

*

À plus d’un siècle de dis­tance, chacun⋅e pour­ra se faire d’Anna Jaclard née Korvine-Kroukovskaya l’i­mage qu’il ou elle sou­hai­te­ra. Aussi se per­met-on d’en pro­po­ser une. Si quelques cli­chés nous res­tent pour se la figu­rer, deux icônes peuvent être confron­tées. D’abord une tunique tis­sée de fleurs qui, sur les bords de ce que l’on pense une gra­vure, s’es­tompe. Pour la por­ter une sil­houette, de pro­fil, qui fixe des loin­tains qu’on ne peut devi­ner. Des che­veux emmaillo­tés d’une bande de tis­sus sur­montent un front qui des­cend abrupt jus­qu’à la pointe d’un nez fin. Les traits sont polis et la figure éga­le­ment. S’il s’a­git de la même femme, la pho­to­gra­phie sui­vante pré­sente Anna sous un jour tout autre. Des sour­cils à l’ho­ri­zon coiffent des yeux clairs que des cernes font plus étroits qu’ils ne le sont. Ces yeux-là ont fixé l’ob­jec­tif le temps que des plaques s’en sai­sissent et scrutent depuis qui­conque se penche sur le tirage. Du vête­ment, les fleurs sont pas­sées à la coif­fure. Une robe sombre, bou­ton­née jus­qu’au col et ser­rée d’une chaîne peine à noir­cir un tel portrait.

[Marc Chagall, Portrait de Vava, 1955]

*

Trente années après la mort d’Anna, les villes du pays où elle naquit changent de nom. On mène de concert col­lec­ti­vi­sa­tion des moyens de pro­duc­tion et mise en com­mun des terres. On arrête les oppo­sants et oppo­santes par trop remuant⋅es et on décide par trai­té la fin des com­bats sur le front de l’Est. La ville toute proche de la pro­prié­té de Palibano où a gran­di Anna ne perd pas le sien, de nom, ni n’a à craindre les débuts de la guerre civile qui prend la suite du conflit mon­dial. Car en cette ville, Vitebsk, trente années après la mort d’Anna, les deux révo­lu­tions de 1917 sont fêtées par l’ar­chi­tec­ture, le des­sin ou la sculp­ture. Chagall est nom­mé direc­teur de l’École popu­laire des beaux-arts pour deux ans avant que Malévitch ne le sup­plante et n’im­pose son cou­rant supré­ma­tiste dans l’a­vant-garde pic­tu­rale. Dans les rues de la ville, des cou­leurs et des formes qu’au­cun musée n’a abri­tées jus­qu’a­lors ; dans les ate­liers, une jeu­nesse pay­sanne pres­sée d’ap­prendre des peintres présent⋅es — Malevitch et Chagall, donc, mais aus­si Iouri Pen, El Lissitzky, Vera Ermolaeva2.

« Qu’Anna lise les Écritures et se pique d’ap­prendre le fran­çais est une chose ; qu’elle intro­duise dans la demeure fami­liale les écrits révo­lu­tion­naires d’un dénom­mé Pissarev et d’un cer­tain Herzen en est une autre. »

Anna ne connut Vitebsk que sous la forme d’un banal chef-lieu d’o­blast3 et ne vit point les révo­lu­tions ceindre la Russie. Tout juste assis­te­ra-t-elle à l’a­bo­li­tion du ser­vage une géné­ra­tion plus tôt, en 1861. Qu’elle soit née à Moscou en 18434 ou à Saint-Pétersbourg en 18445, il n’en demeure pas moins cer­tain qu’elle fut éle­vée dans le confort de ceux qui regardent les serfs de leur domaine per­chés sur un che­val. Le père est géné­ral d’ar­tille­rie et des­cend de l’a­ris­to­cra­tie rus­so-litua­nienne ; la mère est issue d’une famille alle­mande où la science est tenue pour impor­tante. Anna, sa jeune sœur Sofia et son frère cadet Fiodor sont appliqué⋅es à l’é­tude, si bien qu’on fait venir des ins­ti­tu­trices de France, de Suisse et d’Angleterre pour satis­faire la soif des enfants — mais, pour les deux filles, une telle édu­ca­tion ne doit rien impli­quer d’autre qu’une bonne tenue et de la discussion. 

Qu’Anna lise les Écritures et se pique d’ap­prendre le fran­çais est une chose ; qu’elle intro­duise dans la demeure fami­liale les écrits révo­lu­tion­naires d’un dénom­mé Pissarev, jour­na­liste enflam­mé qui mou­rut si jeune et d’un cer­tain Herzen, père du socia­lisme russe, en est une autre. Il en est de même pour les acti­vi­tés exté­rieures à la mai­son. Les sœurs Korvine-Krukovskaya fondent un cercle où sont conviées les pay­sannes des alen­tours afin de trans­mettre l’ins­truc­tion qu’elles ont reçue. Seront for­mées des ins­ti­tu­trices, des sages-femmes, des infir­mières6. Mais l’ap­proche huma­ni­taire, pour utile qu’elle soit, peine à satis­faire les deux jeunes femmes, qui rêvent de par­tir. Sofia s’en fera l’é­cho dans ses sou­ve­nirs : « On peut dire qu’à cette époque, entre 1860 et 1870, un seul pro­blème pré­oc­cu­pait les classes culti­vées de la socié­té russe : le conflit entre les jeunes et les vieux. Une sorte d’é­pi­dé­mie se répan­dait par­mi les enfants, sur­tout par­mi les jeunes filles : le désir de s’en­fuir de la mai­son pater­nelle7. »

[Marc Chagall, L'anniversaire, 1915]

Alors la fuite. C’est l’aî­née, Anna, qui prend les devants, et ce en deux temps. Elle for­mule d’a­bord le désir d’é­tu­dier la méde­cine à Saint-Pétersbourg : il paraî­trait qu’une femme peut suivre des confé­rences, voire un cur­sus com­plet — quelques cen­taines y par­vinrent un temps avant que de nou­veaux sta­tuts éta­blis en 1863 n’in­ter­dissent leur entrée à l’Université et, l’an­née sui­vante, à l’Académie de méde­cine et de chi­rur­gie8. Réponse du père : « Le devoir de toute jeune fille hono­rable est de vivre avec ses parents jus­qu’à ce qu’elle se marie9. » Premier d’une suite de pré­ceptes qui ne seront pas res­pec­tés. Car voi­ci qu’en plus de lire ce qu’on lui inter­dit, Anna écrit et entre­prend de faire publier ses nou­velles, son sexe cou­vert par le pseu­do­nyme de Youri Orbelov. Deux d’entre elles trouvent place dans L’Époque, la revue de Dostoïevski, lequel débute aus­si­tôt une cor­res­pon­dance avec la jeune autrice. Il se fend de com­pli­ments et d’au­tant de conseils : « Vous êtes une artiste. Cela signi­fie déjà beau­coup, et si par ailleurs il y a une pers­pec­tive et du talent, vous n’a­vez pas le droit de le négli­ger. Une chose, seule­ment : étu­diez et lisez. Lisez des livres sérieux. La vie fera le reste. Et il est éga­le­ment néces­saire de croire. Sans cela il n’y a rien10. »

« Très vite Anna les rejoint et se fami­lia­rise avec ce que le socia­lisme compte de cou­rants divers. »

Mais lorsque Anna reçoit le fruit de ses publi­ca­tions, le père de nou­veau s’in­ter­pose : « Aujourd’hui ce sont tes his­toires que tu vends, demain ce sera toi11. » La famille fait ver­rou. Alors convient-il de le faire sau­ter par ce qui, en ce temps, le scelle : l’u­nion. Une pro­po­si­tion émane de Dostoïevski d’a­bord. Ils se voient à plu­sieurs reprises à Saint-Pétersbourg. Mais Anna décline adroi­te­ment la demande — elle ne sou­haite à ce moment de mariage que blanc. C’est, pour les jeunes filles d’a­lors, le plus sûr moyen d’é­chap­per à la réclu­sion patriar­cale, au point d’en deve­nir un motif lit­té­raire : écri­vain et révo­lu­tion­naire influent, Nikolaï Tchernychevski en fait l’une des péri­pé­ties de son Que faire ?, bré­viaire de cette géné­ra­tion et ins­pi­ra­tion bien connue de Lénine. Sofia s’en­gouffre avant sa sœur dans la brèche. Elle trouve en un jeune étu­diant en paléon­to­lo­gie, Vladimir Kovalevski, un époux de cir­cons­tance — un « pas­se­port vivant », selon l’his­to­rienne et écri­vaine Michèle Audin — avec lequel elle pas­se­ra fina­le­ment sa vie. Le père ne peut qu’ac­cep­ter. Sitôt unis, Sofia et Vladimir partent pour l’Ouest afin de pour­suivre leurs études. Anna, bien sûr, est du voyage. À Vienne, fugi­tives et fugi­tif se séparent : Vladimir s’y ins­talle tan­dis que Sofia s’en va à Heidelberg apprendre la phy­sique et ces mathé­ma­tiques qui feront sa renom­mée12. Anna la suit, puis conti­nue sa route jus­qu’à Paris où elle arrive en mai 1869.

*

Tandis qu’en Allemagne Sofia Kovalevskaya renomme le loge­ment qu’elle occupe avec quelques cama­rades étu­diantes « Commune des femmes d’Heidelberg13 », Anna se fait embau­cher comme relieuse dans une impri­me­rie pari­sienne — le père, ayant eu vent de son échap­pée soli­taire, lui a en effet cou­pé les vivres. L’historienne Édith Thomas résu­me­ra ain­si la situa­tion : « Cette grande aris­to­crate découvre en même temps la néces­si­té du tra­vail, la misère et la révolte ouvrière14. » Les ouvriers et ouvrières du livre, typo­graphes en tête, sont nom­breux et nom­breuses à par­ti­ci­per aux ras­sem­ble­ments poli­tiques qu’au­to­rise depuis peu le Second Empire. Très vite Anna les rejoint et se fami­lia­rise avec ce que le socia­lisme compte de cou­rants divers. Elle trouve auprès de Benoît Malon, membre de la jeune Association inter­na­tio­nale des tra­vailleurs (AIT), et de la roman­cière fémi­niste André Léo deux cama­rades des plus sûr⋅es pour lui ser­vir de guide. C’est Malon qui la pré­sente au cours d’une réunion blan­quiste15 à Victor Jaclard. Dès lors il ne se quittent plus, ou presque.

[Marc Chagall, Le marchand de bestiaux, 1912]

Victor porte une barbe d’herbes sèches et le che­veu court ; ses yeux, bruns, le sont un peu plus encore sous le pli du sour­cil. Il est né à Metz trente ans aupa­ra­vant et réside à Paris depuis cinq années. Professeur de mathé­ma­tiques, il vou­lait y apprendre la méde­cine ; il a trou­vé plus d’in­té­rêt dans l’é­la­bo­ra­tion des mou­ve­ments ouvriers orga­ni­sés. C’est Blanqui, d’a­bord, qui le séduit. Il le ren­contre en 1865 à la pri­son de Sainte-Pélagie et l’aide à fuir la France quelques mois plus tard. Un par­ti tente de s’or­ga­ni­ser autour de celui que ses sou­tiens sur­nomment « le Vieux ». Victor est des plus actifs — et donc des plus visibles. À la suite d’une mani­fes­ta­tion, il passe la moi­tié de l’an­née 1866 en cel­lule. Puis, sans qu’il ne renie ses ami­tiés mili­tantes, Victor se rap­proche de Bakounine et adhère à La Ligue de la Paix et de la Liberté, d’ins­pi­ra­tion anti-auto­ri­taire, qu’a­nime le révo­lu­tion­naire russe. Les charges qui pèsent contre le mili­tant s’a­lour­dissent à mesure qu’il accroît son enga­ge­ment dans telle ou telle organisation.

« Victor porte une barbe d’herbes sèches et le che­veu court ; ses yeux, bruns, le sont un peu plus encore sous le pli du sourcil. »

Ainsi, au cours d’une soi­rée de 1869, alors qu’il échange ses pre­miers mots avec Anna, l’homme se sait pour­sui­vi. Et un an à peine après être arri­vée, voi­ci qu’Anna quitte déjà Paris, lais­sant der­rière elle une ville qu’elle rega­gne­ra sous peu. À ses côtés Victor, son désor­mais remuant ami. Au-devant, Genève et la com­mu­nau­té des exilé⋅es russes qui comptent une jeune femme qui lui res­semble : Élisabeth Tomanovskaya, dite Élisabeth Dmitrieff. On a sou­vent com­pa­ré les deux femmes. Si Élisabeth Dmitrieff est plus jeune — 19 ans lors­qu’elles se ren­contrent dans la ville suisse —, son par­cours est en tout point simi­laire. Une enfance ins­truite sous la coupe d’un patriarche mili­taire ; un mariage blanc pour s’en éloi­gner ; des écrits qui lui ins­pirent ses pre­miers élans sociaux et la convainquent de s’ex­pa­trier, au point que l’his­to­rienne Kristin Ross per­çoit dans sa lec­ture du Que Faire ? de Tchernychevski la cause qua­si­ment exclu­sive de toute sa tra­jec­toire exis­ten­tielle et poli­tique16. À Genève, Élisabeth Dmitrieff prend part à la dif­fu­sion des idées de l’AIT au sein d’une sec­tion russe entiè­re­ment dévo­lue à Marx (Netchaïev et Bakounine, dont les noms font alors fré­mir les polices de toute l’Europe ont été désa­voués dans un même élan par les exilé⋅es regroupé⋅es en Suisse). Fraîchement arri­vée dans la ville, Anna socia­bi­lise avec ses com­pa­triotes, découvre les réseaux locaux de l’AIT et son organe, Narodnoïe Delo (La Cause du peuple), semble d’ac­cord pour tra­duire les écrits de Marx en russe.

Mais à peine se met-elle dans le sillage d’Élisabeth Dmitrieff que celle-ci s’é­chappe et gagne Londres. Là, elle côtoie Marx presque quo­ti­dien­ne­ment trois mois durant. Son but : « créer une conver­gence entre les écrits éco­no­miques de Marx et la croyance de Tchernychevski dans le poten­tiel éman­ci­pa­teur de la com­mune pay­sanne tra­di­tion­nelle11 ». La pro­duc­tion du théo­ri­cien, les décen­nies sui­vantes, res­te­ra mar­quée par cette ren­contre. Mais le séjour d’Anna à Genève et celui d’Élisabeth Dmitrieff à Londres ne durent guère. La pre­mière retourne en France avec Victor en sep­tembre 1870 — le pays est en guerre contre la Prusse, l’Empereur a été fait pri­son­nier et la République pour la troi­sième fois en un siècle se voit pro­cla­mée. Et, quelques mois plus tard, en 1871, la seconde s’en va par­ti­ci­per à la Commune qui débute le 18 mars de cette année.

[Marc Chagall, Moi et le village, 1911]

*

Du 19 sep­tembre 1870 au 28 jan­vier 1871, Paris est assié­gée. Les condi­tions de vie peu enviables des plus pauvres avant la guerre deviennent pires encore. « Pas de lait pour les enfants. Les ani­maux du jar­din des plantes appa­raissent dans les bou­che­ries sous le nom de viande de fan­tai­sie. On abat les arbres de Paris, mais le bois vert fume et ne chauffe pas17. » Les récits et lettres que deux femmes lais­se­ront de cette période, Victorine Brocher et Alix Payen, témoignent de la dure­té des condi­tions18 — la pre­mière, entre autres exemples, raconte qu’on lui donne du lait entiè­re­ment fait de plâtre et d’eau pour nour­rir son enfant ; la seconde rend compte à ses des­ti­na­taires du ration­ne­ment pro­gres­sif que Jules Ferry, le maire de Paris, impose et de la faim qui peu à peu tenaille celles et ceux qui y sont soumis·es. On s’en­gage, volon­taire ou par dépit, dans la Garde natio­nale pour défendre les rem­parts de la ville. Ainsi Victor est-il élu chef d’un bataillon, avant d’être révo­qué puis conduit en pri­son, de nou­veau, pour avoir par­ti­ci­pé à la ten­ta­tive de sou­lè­ve­ment du 31 octobre19. Bien qu’il soit enfer­mé, il est élu maire adjoint du XVIIIe arron­dis­se­ment — le maire, lui, est Clemenceau.

« Une même abné­ga­tion conduit ces femmes à se faire tour à tour ambu­lan­cières, infir­mières, can­ti­nières, sol­dates ou, pour cer­taines, tout cela à la fois. »

Dans ce quar­tier comme ailleurs, des comi­tés de vigi­lance mas­cu­lins, fémi­nins ou mixtes, se mettent en place. Celui de Montmartre est un exemple : diri­gé par la cou­tu­rière Sophie Poirier, il per­met l’or­ga­ni­sa­tion d’un ate­lier de confec­tion de vête­ments mili­taires et donne un emploi à une soixan­taine d’ou­vrières. Et lorsque la demande vient à man­quer, l’a­te­lier devient un vivier d’am­bu­lan­cières. Ainsi le tra­vail des femmes, objet de vives dis­cus­sions à la fin de la décen­nie pré­cé­dente, est-il un enjeu capi­tal en ces temps de disette. Le Comité des Femmes fon­dé par le socia­liste hété­ro­doxe Jules Allix en fait le cœur de son action. En son sein, Anna, ain­si que Louise Michel et André Léo, frayent avec des ouvrières dont les noms, s’ils n’ont pas mar­qué les registres, importent tout autant. Se joint à elles Élisabeth Dmitrieff lors­qu’elle arrive de Londres. Pendant le siège des Prussiens puis sous celui des Versaillais, une même abné­ga­tion conduit ces femmes à se faire tour à tour ambu­lan­cières, infir­mières, can­ti­nières, sol­dates ou, pour cer­taines, tout cela à la fois.

Les luttes d’in­fluence n’é­pargnent cepen­dant pas ces groupes. Des fric­tions naissent entre l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux bles­sés, éma­na­tion de l’AIT régie par Élisabeth Dmitrieff, et des per­son­na­li­tés comme celles d’André Léo. L’Union tente d’or­ga­ni­ser la défense fémi­nine et a lan­cé le 11 avril, jour de sa fon­da­tion, un « Appel aux citoyennes de Paris » pour que celles-ci prennent « une part active à la lutte » en cours20. Anna, elle, n’adhère pas à l’Union. Mais elle concourt aux mêmes buts. On retrouve ain­si sa signa­ture à côté de celles d’André Léo, des citoyennes Poirier et Busard en bas d’ap­pels du Comité de vigi­lance de Montmartre : « Les citoyennes de Montmartre, réunies en assem­blée le 22 avril, ont déci­dé de se mettre à la dis­po­si­tion de la Commune pour for­mer des ambu­lances qui suivent les corps enga­gés avec l’en­ne­mi, et rele­ver sur les champs de bataille nos héroïques défen­seurs. Les femmes de Montmartre, ani­mées de l’es­prit révo­lu­tion­naire, veulent témoi­gner par des actes leur dévoue­ment à la Révolution21. »

[Marc Chagall, Paris par la fenêtre, 1913]

Outre ces entre­prises logis­tiques et sani­taires aux­quelles elle prend part, Anna par­ti­cipe au quo­ti­dien La Sociale ani­mé par André Léo, Eugène Vermersch et Maxime Vuillaume. Son nom n’ap­pa­raît pas dans les pages du quo­ti­dien à la ligne socia­liste plu­ra­liste, mais son impli­ca­tion est cer­taine. Surtout, elle agit pour l’é­du­ca­tion des filles dans la ville. En à peine deux mois, l’ins­truc­tion est pro­fon­dé­ment réfor­mée par le Comité cen­tral de la Commune et ses dif­fé­rentes com­mis­sions. On s’oc­cupe de l’en­sei­gne­ment pro­fes­sion­nel et tech­nique des gar­çons et des filles ; on per­qui­si­tionne les écoles reli­gieuses pour les rendre acces­sibles à toutes et tous ; le 21, pre­mier jour d’une semaine qu’on dira « san­glante », « on pro­clame l’é­ga­li­té des salaires entre les hommes et les femmes11 » dans l’en­sei­gne­ment. Ce même jour, Anna est nom­mée dans une com­mis­sion char­gée d’or­ga­ni­ser les écoles de filles avec, entre autres, André Léo et Noémie Reclus. Mais voi­là qu’il faut se battre, se cacher et fuir.

*

« La per­cée de l’en­ne­mi dans la ville fait que des bar­ri­cades se dressent par cen­taines. Certaines sont exclu­si­ve­ment féminines. »

Les com­bats d’a­bord, et la place des femmes dans ceux-là. On sait que dix jours avant l’as­saut ver­saillais, un « Bataillon des fédé­rées » a été mis sur pied dans le XIIe arron­dis­se­ment. Mais, selon l’his­to­rien Quentin Deluermoz, la créa­tion de celui-ci, « fon­dé par un homme […] répond à une mis­sion d’hu­mi­lia­tion des sol­dats refu­sant le com­bat22 ». Par la consti­tu­tion d’un tel bataillon (entre 20 et 100 par­ti­ci­pantes, selon les témoi­gnages), il s’a­git d’op­po­ser des femmes capables de se battre à des hommes qui ne le sont pas, et par là de les contraindre à pour­suivre la lutte. Une action sym­bo­lique tou­te­fois vite dou­blée par la néces­si­té de se défendre de l’ex­té­rieur. La per­cée de l’en­ne­mi dans la ville fait que des bar­ri­cades se dressent par cen­taines. Certaines sont exclu­si­ve­ment fémi­nines23. Une cin­quan­taine de membres de l’Union, encou­ra­gées par Élisabeth Dmitrieff, rejoignent ain­si celle de la rue Blanche, à Montmartre le 21 mai. De tout cela, Louise Michel témoi­gne­ra : « Drapeau rouge en tête, les femmes étaient pas­sées ; elles avaient leur bar­ri­cade place Blanche, il y avait là, Elisabeth Dmihef, madame Lemel, Malvina Poulain, Blanche Lefebvre, Excoffons. André Léo était à celles des Batignolles. Plus de dix mille femmes aux jours de mai, éparses ou ensemble, com­bat­tirent pour la liber­té24 ».

Si cer­taines, à l’ins­tar de Louise Michel, n’ont pas atten­du les der­niers jours de la Commune pour com­battre arme à la main, la mémoire des évé­ne­ments en fera peu cas : « la figure de la pétro­leuse écrase alors les autres moda­li­tés d’ac­tion fémi­nine » et par­ti­cipe d’une « construc­tion sociale de l’ou­bli de la vio­lence guer­rière fémi­nine11 Les exé­gètes immé­diats n’y seront pas pour rien. Ainsi le jour­na­liste Prosper-Olivier Lissagaray, dont son Histoire de la Commune de 1871 fit long­temps réfé­rence, s’ar­rête plus lon­gue­ment sur la tenue et la sexua­li­té d’Élisabeth Dmitrieff que sur ses agis­se­ments lors­qu’on lui demande dans La Revue blanche, en 1897, ce qu’il en a été des femmes pen­dant les évé­ne­ments : « Elle venait de Russie, où elle avait lais­sé en plan son mari… On la vit, pen­dant la Commune, vêtue d’une miri­fique robe rouge, la cein­ture cré­ne­lée de pis­to­lets. Elle avait vingt ans et était fort belle. Elle eut des ado­ra­teurs. Soit que le peuple aux bras nus lui plût peu à huis-clos, soit que l’amour fut pour elle un sport exclu­si­ve­ment fémi­nin, nul ne put fondre ce jeune gla­çon. Et c’est chas­te­ment qu’à la bar­ri­cade, elle reçut dans ses bras Frankel bles­sé. Car elle était aux bar­ri­cades, où sa bra­voure fut char­mante. Notons la toi­lette : grand cos­tume de velours noir25. » On ne sait si Anna prend phy­si­que­ment part à la lutte. Comme celle de son amie André Léo, sa trace se perd. Cette der­nière, connue et d’au­tant plus vul­né­rable sera cachée par une amie jus­qu’en juillet. Dans la presse, un entre­fi­let fait pour­tant état de son arres­ta­tion, conjointe à celle d’Anna : « On annonce l’ar­res­ta­tion de Mmes André Léo et Jaclard, qui se sont si bien occu­pées des droits de la femme pen­dant la Commune. Elles sont pré­ve­nues d’ex­ci­ta­tion à la guerre civile, et de com­pli­ci­té de pillage et d’in­cen­die26. » Depuis Versailles, un diplo­mate russe cor­ro­bore — cette « mégère » dit-il, de même que Victor, attend en cel­lule son pro­cès27 et de pareilles allé­ga­tions cir­culent à pro­pos d’Élisabeth Dmitrieff. Pourtant, ni cette der­nière, ni Anna, ni André Léo, ne seront arrê­tées et toutes par­viennent à fuir vers la Suisse. Victor, lui, n’a pas cette chance.

[Marc Chagall, Au-dessus de la ville, 1918]

La presse fait état d’une ten­ta­tive de pen­dai­son au pre­mier jour de son enfer­me­ment dans la pri­son des Chantiers, à Versailles. L’intéressé n’in­fir­me­ra ni ne confir­me­ra. Deux décen­nies après les faits, il dira son amer­tume : « La Commune enfer­mée dans Paris, était enter­rée avant d’être morte28. » Pourtant, après avoir com­bat­tu jus­qu’aux der­nières heures, Victor par­vient à trou­ver où se cacher. Mais comme tant d’autres, une dénon­cia­tion le perd. L’intervention de la famille de sa com­pagne, par l’en­tre­mise de Sofia et Vladimir Kovalevski puis du père, rendu⋅es ensemble à Paris pour cela, le sau­ve­ra — le mariage, en ce cas, lui a peut-être bel et bien ser­vi. Il arrive à Genève en octobre, où Anna l’y attend depuis plu­sieurs mois.

« Il s’a­git d’a­pai­ser les foules, de mettre ordre et mesure dans une socié­té où la révolte, de nou­veau, se fait craindre. »

Des com­mu­nardes, on a dit l’ou­bli qui les concerne après la répres­sion. Pourtant, « jamais une menace poli­tique n’a autant été pré­sen­tée sous la forme d’une menace sexuelle que dans les écrits por­tant sur la Commune de 187129 ». Plus de mille femmes sont inquié­tées par la jus­tice. Les peines sont variables et l’on s’ar­rête peu sur le carac­tère poli­tique de leur enga­ge­ment — cer­taines seraient même incul­pées pour la seule rai­son d’être des femmes30. Si Anna est condam­née par contu­mace aux tra­vaux for­cés en décembre 1871, c’est pour un motif de droit com­mun. Mais tan­dis qu’à Paris on donne la chasse à celles que la pos­té­ri­té réac­tion­naire appel­le­ra « les pétro­leuses », Anna par­court la Suisse avec Victor avant de rega­gner la Russie. Ce der­nier y ter­mine ses études de méde­cine à Saint-Pétersbourg et assure la cor­res­pon­dance russe avec des jour­naux poli­tiques fran­çais. Pour sa part, Anna se consacre au jour­na­lisme dans sa langue maternelle.

*

Paris. Un lun­di. Ce 21 juin 1880, celui qui a pro­cla­mé voi­ci dix années la IIIe République sur le par­vis de l’Hôtel-de-Ville de Paris est à la tri­bune, devant un par­terre d’é­lus. Léon Gambetta est alors pré­sident de la Chambre des dépu­tés. Son dis­cours marque les pré­sents au point qu’il sera affi­ché dans toutes les com­munes de France. Son pro­pos ? Réclamer, une nou­velle fois, l’am­nis­tie pour les com­mu­nards et com­mu­nardes. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la République ne sou­haite par­don­ner le mas­sacre qui a mar­qué ses pre­miers mois, non : il s’a­git d’a­pai­ser les foules, de mettre ordre et mesure dans une socié­té où la révolte, de nou­veau, se fait craindre. Quelques jours plus tard, une loi per­met le retour de mil­liers d’exilé⋅es. Selon l’his­to­rienne Laure Godineau, ce fut une manière de « condam­ner fer­me­ment 1871 tout en pré­ten­dant l’oublier » — ain­si Gambetta clame-t-il dans son dis­cours la néces­si­té de « jeter le voile sur les crimes, les défaillances, les lâche­tés et les excès com­muns » pour que « l’ou­bli, le par­don, le silence [se fassent] sur la guerre civile31 ». Certain⋅es, à l’ins­tar du géo­graphe liber­taire Élisée Reclus, réfu­gié en Suisse comme tant d’autres, refusent de ren­trer dans un pays où le régime est plus oppor­tu­niste que social. Anna et Victor Jaclard, eux, pro­fitent de l’am­nis­tie et reviennent à Paris. Victor a alors qua­rante ans et ne ces­se­ra de s’in­ves­tir dans la vie poli­tique de la cité jus­qu’à sa mort, en 1901 ; Anna compte quatre années de moins mais pré­cè­de­ra son conjoint d’une décen­nie dans la tombe. Un jour d’oc­tobre 1887, celle-ci sera bai­gnée d’une pluie fine et d’un silence char­gé d’amitié.


[lire le cin­quième volet]


Illustrations de ban­nière : Marc Chagall


image_pdf
  1. Louise Michel, À tra­vers la mort. Mémoires inédits 1886–1890, La Découverte 2015.[]
  2. Sur cette épi­sode, voir Chagall, Lissitzky, Malévitch — L’avant-Garde Russe à Vitebsk, 1918–1922, Bibliothèque publique d’in­for­ma­tion du Centre Pompidou, 2018.[]
  3. Unité admi­nis­tra­tive et ter­ri­to­riale russe, diri­gée par un gou­ver­neur regrou­pant les pou­voirs civils et mili­taires.[]
  4. Woodford McClellan, Revolutionary exiles : the Russians in the First International and the Paris Commune, Frank Cass, 1979.[]
  5. « Jaclard Anna » dans La Commune de Paris 1871, édi­tions de l’Atelier, 2021.[]
  6. Jean-Jacques Marie, Les Femmes dans la révo­lu­tion russe, Seuil, 2017.[]
  7. Citée dans Édith Thomas, Les « Pétroleuses » (1964), L’Armourier, 2019. Traduction de l’au­trice.[]
  8. Ruth A. Dudgeon, « The Forgotten Minority : Women Students in Imperial Russia, 1872–1917 », Russian History, vol. 9, n° 1, 1982.[]
  9. Cité dans Jean-Jacques Marie, op. cit. Traduction de l’au­teur.[]
  10. Cité dans Woodford McClellan, op. cit. Nous tra­dui­sons.[]
  11. Ibid.[][][][]
  12. Sur Sofia Kavalevskaya, voir Michèle Audin, Souvenirs sur Sofia Kovalevskaya, Calvage & Mounet, 2008.[]
  13. Anne Hibner Koblitz, Science, Women and Revolution in Russia, Harwood Academic, 2000.[]
  14. Édith Thomas, op. cit.[]
  15. Du nom d’Auguste Blanqui.[]
  16. Kristin Ross, L’Imaginaire de la Commune, La Fabrique, 2015.[]
  17. Édith Thomas, op. cit.[]
  18. Victorine Brocher, Souvenirs d’une morte vivante, Libertalia, 2017 ; Alix Payen, C’est la nuit sur­tout que les com­bats sont furieux, Libertalia, 2020.[]
  19. Une suc­ces­sion de décon­ve­nues mili­taires et la confir­ma­tion qu’une négo­cia­tion d’ar­mis­tice se tient entre Thiers et Bismarck indignent les pari­siens et pari­siennes assiégé⋅es. Le 31 octobre, des jour­naux appellent à la pro­cla­ma­tion de la Commune ; une occu­pa­tion de l’Hôtel-de-Ville tourne à l’é­meute ; la Préfecture de police est occu­pée. Toutefois, le sou­lè­ve­ment ne gagne pas l’en­semble de la capi­tale et s’a­paise dans la nuit. Alors que le contraire leur a été pro­mis, les prin­ci­paux meneurs seront arrê­tés.[]
  20. Cité dans Robert W. Schulkind, « Le rôle des femmes dans la Commune de 1871 », 1848. Revue des révo­lu­tions contem­po­raines, vol. 185, 1950.[]
  21. Cité dans Édith Thomas, op. cit.[]
  22. Quentin Deluermoz, « Des com­mu­nardes sur les bar­ri­cades », dans Coline Cardi et Geneviève Pruvost (dir.), Penser la vio­lence des femmes, La Découverte, 2012.[]
  23. Alain Dalotel, « La bar­ri­cade des femmes », dans Alain Corbin et Jean-Marie Mayer (dir.), La Barricade, Éditions de la Sorbonne, 1997.[]
  24. Louise Michel, La Commune (1898), La Découverte, 2015.[]
  25. « Enquête sur la Commune », La Revue blanche, tome XII, 1897.[]
  26. Dans la rubrique « Arrestations et exé­cu­tions », La Petite presse, 5e année, n° 1856, 10 juin 1871.[]
  27. Cité dans Woodford McClellan, op. cit.[]
  28. « Enquête sur la Commune », art. cit.[]
  29. Gay L. Gullickson, « La Pétroleuse : Representing Revolution », Feminist Studies, vol. 17, n° 2, 1991.[]
  30. Kathleen B.Jones et Françoise Vergès, « Women of the Paris Commune », Women’s Studies International Forum, vol. 14, n° 5, 1991.[]
  31. Laure Godineau, « L’amnistie des com­mu­nards : autour du dis­cours de Léon Gambetta, 21 juin 1880 », Nineteenth-Century French Studies, vol. 49, n° 3–4, 2021. Le dis­cours de Gambetta est repro­duit en annexe.[]

REBONDS

☰ Lire notre entre­tien avec Kristin Ross : « Le pas­sé est impré­vi­sible », novembre 2020
☰ Lire notre entre­tien « Michèle Audin raconte Eugène Varlin », avril 2019
☰ Lire notre article « Zola contre la Commune », Émile Carme, mars 2019
☰ Lire notre article « Élisée Reclus, vivre entre égaux », Roméo Bondon, sep­tembre 2017
☰ Lire « La Commune ou la caste — par Gustave Lefrançais », juin 2017
☰ Lire notre abé­cé­daire de Louise Michel, mars 2017
☰ Lire notre entre­tien avec Mathieu Léonard : « Vive la Première Internationale ! », mai 2015


Découvrir nos articles sur le même thème dans le dossier :
Élie Marek

Étudie la géographie libertaire, écrit et fait du pain.

Découvrir d'autres articles de



Nous sommes un collectif entièrement militant et bénévole, qui refuse la publicité. Vous pouvez nous soutenir (frais, matériel, reportages, etc.) par un don ponctuel ou régulier.