Alternative libertaire : « La sortie du capitalisme est indissociable de l’abolition du salariat »


Entretien inédit pour le site de Ballast | rubrique Relier

Une orga­ni­sa­tion auto­gé­rée et un jour­nal men­suel : voi­là ce qu’est Alternative liber­taire. Fondée en 1991, celle qui jure n’être pas un par­ti milite en faveur d’une socié­té com­mu­niste liber­taire et défend, pour ce faire, la lutte des classes (le pro­lé­ta­riat moderne enten­du comme « uni­té nou­velle, beau­coup plus large » que la seule et tra­di­tion­nelle classe ouvrière : c’est bien « l’ensemble des groupes sociaux sans pou­voir réel de déci­sion sur la pro­duc­tion » qu’il convient de fédé­rer et de mobi­li­ser), le syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire et la démo­cra­tie auto­ges­tion­naire et fédé­ra­liste (contre l’État et le par­le­men­ta­risme, fussent-ils « répu­bli­cains »). Son jour­nal, tiré à 9 000 exem­plaires, fait ain­si la part belle aux luttes d’au­jourd’­hui et d’hier, dési­reux de relier les com­bats sociaux, éco­lo­gistes, fémi­nistes, anti­ra­cistes, LGBT et anti-impé­ria­listes. Plusieurs membres du secré­ta­riat fédé­ral d’Alternative liber­taire, man­da­tés par l’en­semble de l’or­ga­ni­sa­tion, ont répon­du à nos questions.


On célèbre cette année les 50 ans de la mort du Che. « Une étoile qui aveugle », avez-vous un jour écrit…

En rai­son de la plé­ni­tude et de la sin­cé­ri­té de son enga­ge­ment, Che Guevara était une étoile, assu­ré­ment. Ce qui a quelque peu aveu­glé les révo­lu­tion­naires des vingt années sui­vantes, c’est le « gué­va­risme ». La théo­rie du foyer de gué­rilla armée — foco —, appli­quée à mau­vais escient, s’est sol­dée par des échecs, voire des catas­trophes, pour l’extrême gauche sud-amé­ri­caine des années 1970–1980. Cependant, le foquisme n’est pas à jeter en bloc à la pou­belle. Lorsqu’il s’est exer­cé dans le cadre d’une lutte de libé­ra­tion natio­nale, et qu’il a su s’extraire du pur mili­ta­risme pour inter­agir avec une contes­ta­tion civile, il a pu engen­drer des expé­riences poli­tiques extrê­me­ment riches. Nous pen­sons bien évi­dem­ment à l’EZLN et au PKK en disant cela.

Vos sta­tuts existent en 26 langues, et l’in­ter­na­tio­na­lisme compte au nombre de vos piliers. Comment cette exi­gence se tra­duit-elle, par-delà les nobles sen­ti­ments, dans vos acti­vi­tés d’or­ga­ni­sa­tion fédé­rale et dans votre jour­nal mensuel ?

« C’est dans la lutte que s’éveillent les consciences, les soli­da­ri­tés, que les tra­vailleuses et les tra­vailleurs peuvent appré­cier leur force collective. »

Alternative liber­taire est membre du réseau com­mu­niste liber­taire inter­na­tio­nal Anarkismo qui regroupe une ving­taine d’organisations dans qua­torze pays, sur quatre conti­nents. C’est un réseau d’entraide, qui faci­lite une expres­sion com­mune sur un cer­tain nombre de sujets — contre le Sommet du G8 en 2009, par exemple, ou en faveur de la gauche kurde lors de la bataille de Kobané en 2014. Au sein du réseau, il existe des regrou­pe­ments en fonc­tion de cer­taines aires géo­gra­phiques, prin­ci­pa­le­ment l’Amérique du Sud et l’Europe. Ainsi, à la suite de la ren­contre d’Anarkismo-Europe en 2010, une cam­pagne com­mune a‑t-elle été menée en faveur de la liber­té de cir­cu­la­tion des migrantes et des migrants, avec les mêmes affiches décli­nées en quatre langues. Le cycle alter­mon­dia­liste des années 1999–2003 a joué un grand rôle dans le res­ser­re­ment des liens entre cama­rades par delà les fron­tières. Les « contre-som­mets » (Prague et Nice en 2000, Göteborg et Gênes en 2001, Séville en 2002, Évian en 2003) en ont consti­tué des moments pri­vi­lé­giés. Ils ont per­mis — et c’é­tait plus que jamais néces­saire — de s’extraire de la com­mu­ni­ca­tion par Internet pour par­ta­ger des temps forts de confron­ta­tion avec les forces de l’ordre, de dis­cus­sions pas­sion­nées jusqu’à 3 heures du matin et, fina­le­ment, d’amitié. Dans ces moments-là, il se forge une confiance qui faci­lite gran­de­ment les rela­tions à dis­tance par la suite. Et, bien évi­dem­ment, les pages inter­na­tio­nales du men­suel Alternative liber­taire en béné­fi­cient largement.

La ques­tion de la par­ti­ci­pa­tion aux élec­tions, écrit l’un de vos membres, « divise AL de manière récur­rente » : vous n’a­vez pas sou­hai­té don­ner de consignes de vote aux der­nières pré­si­den­tielles (« Le Pen ou Macron ? Risque fas­ciste ou capi­ta­lisme ultra­li­bé­ral ? »). Par quels moyens enten­dez-vous bâtir la socié­té auto­ges­tion­naire et éco­lo­giste que vous appe­lez de vos vœux ?

La stra­té­gie révo­lu­tion­naire d’AL repose sur l’action des mou­ve­ments sociaux, leur exten­sion et leur radi­ca­li­sa­tion. Parce que c’est dans la lutte que s’éveillent les consciences, les soli­da­ri­tés, que les tra­vailleuses et les tra­vailleurs peuvent appré­cier leur force col­lec­tive. Dans cette optique, des orga­ni­sa­tions larges, comme les syn­di­cats, ont un rôle de pre­mier plan à jouer. Elles sont aus­si un lieu pri­vi­lé­gié pour remettre en cause les inéga­li­tés sexistes ou racistes. Autant dire que les révo­lu­tion­naires se doivent d’en être, pour apprendre et se for­mer autant que pour y insuf­fler de la radi­ca­li­té. Nos cama­rades des orga­ni­sa­tions sud-amé­ri­caines parlent à ce pro­pos de « construc­tion du pou­voir popu­laire » ; pour notre part, nous par­lons plu­tôt de « construc­tion de contre-pou­voirs », mais l’idée est la même : nous sommes pour l’empowerment des classes popu­laires. C’est une stra­té­gie qui peut sem­bler ingrate quand la conflic­tua­li­té sociale est atone — comme en 2017 —, mais qui s’avère par­ti­cu­liè­re­ment payante dans les périodes de remon­tée de la lutte de classe. Il y a au sein d’AL un large consen­sus pour consi­dé­rer qu’il n’y a rien à attendre des ins­ti­tu­tions républicaines.

Là où il peut y avoir diver­gence de vues, c’est sur la néces­si­té ou non d’appeler à « voter contre » une menace réac­tion­naire. La ques­tion s’est posée aux pré­si­den­tielles de 2002, de 2007 et de 2017. La pre­mière fois, AL a appe­lé à ne pas voter Le Pen ; les deux sui­vantes, elle n’a don­né aucune consigne de vote, pré­fé­rant affir­mer à nou­veau sa convic­tion que la meilleure façon de saper la mon­tée du fas­cisme sont les luttes sociales et la soli­da­ri­té de classe qu’elles engendrent. Le sché­ma révo­lu­tion­naire qui est le nôtre se déroule par étapes suc­ces­sives : contre-pou­voirs ; double pou­voir ; pou­voir popu­laire. La construc­tion de contre-pou­voirs, c’est la tâche à accom­plir dans une période non révo­lu­tion­naire que nous vivons aujourd’­hui ; l’ac­ces­sion à un double pou­voir, avec concur­rence entre le mou­ve­ment popu­laire et l’autorité éta­tique et capi­ta­liste, peut adve­nir à la faveur de cer­taines cir­cons­tances his­to­riques ; enfin, le ren­ver­se­ment de l’autorité éta­tique et capi­ta­liste pour bas­cu­ler vers un pou­voir popu­laire consti­tue l’étape déci­sive vers la révo­lu­tion sociale et la socié­té nou­velle. L’organisation com­mu­niste liber­taire a un rôle à jouer dans ce sché­ma. Il y a certes besoin d’un mou­ve­ment social fort pour cré­di­bi­li­ser un pro­jet anti­ca­pi­ta­liste. Mais une for­ma­tion com­mu­niste liber­taire dyna­mique est éga­le­ment néces­saire pour que ce pro­jet anti­ca­pi­ta­liste prenne un tour fédé­ra­liste et auto­ges­tion­naire — faute de quoi, on laisse le champ libre à des « solu­tions » réfor­mistes, éta­tistes ou natio­na­listes. Notre cou­rant s’efforce donc de mar­cher sur ces deux jambes : action au sein du mou­ve­ment social, d’une part ; déve­lop­pe­ment d’un cou­rant com­mu­niste liber­taire audible, de l’autre.

Vous affi­chez une esthé­tique fidèle à la tra­di­tion com­mu­niste liber­taire : le rouge et le noir. Un nombre gran­dis­sant de mili­tants semble aujourd’­hui aspi­rer à sor­tir de l’i­co­no­gra­phie révo­lu­tion­naire, afin de sus­ci­ter l’adhé­sion du plus grand nombre. L’entendez-vous ?

« Notre cou­rant s’efforce donc de mar­cher sur ces deux jambes : action au sein du mou­ve­ment social, d’une part ; déve­lop­pe­ment d’un cou­rant com­mu­niste liber­taire audible, d’autre part. »

Tous les cou­rants poli­tiques ont un code cou­leur qui per­met de les iden­ti­fier du pre­mier coup d’œil. Les Républicains ont le bleu, les com­mu­nistes, le rouge, les éco­lo­gistes, le vert, l’o­range est la cou­leur du Modem et de la CFDT, le vio­let, du fémi­nisme, le bleu-blanc-rouge convient au FN et à la France insou­mise (mais aus­si, pour cette der­nière, le bleu et l’o­range)… on pour­rait mul­ti­plier les exemples. Pour le com­mu­nisme liber­taire, c’est le rouge et noir. Rien ne jus­ti­fie qu’on l’abandonne et, à vrai dire, per­sonne ne l’a jamais deman­dé. Cela ne veut pas dire que notre ico­no­gra­phie doive être inté­gra­le­ment rouge et noir. Les unes du men­suel Alternative liber­taire, par exemple, sont de cou­leurs variées ; le rouge et noir est réser­vé à l’élé­ment per­ma­nent qu’est le logo-titre — comme pour tout pério­dique, à vrai dire.

Frédéric Lordon pro­pose une sor­tie de l’eu­ro à des fins anti­ca­pi­ta­listes. « Ni franc, ni euro : abo­li­tion du sala­riat ! », objecte, de manière plus géné­rale, l’une de vos sec­tions. Cette abo­li­tion n’é­tant pas pour demain, est-il impen­sable d’i­ma­gi­ner des paliers ?

La sor­tie du capi­ta­lisme, que nous défen­dons, est indis­so­ciable de l’a­bo­li­tion du sala­riat, de la struc­ture mar­chande, de la valeur et de l’argent, dans la mesure où ces caté­go­ries sont des caté­go­ries spé­ci­fi­que­ment capi­ta­listes. Le risque, avec les pro­po­si­tions de Lordon, est que le « palier » devienne une forme fixe, une façon d’a­mé­na­ger le capi­ta­lisme au niveau natio­nal, et que l’ho­ri­zon révo­lu­tion­naire soit fina­le­ment aban­don­né. En outre, Lordon défend une struc­ture natio­nale et éta­tique, et consi­dère que la cri­tique de l’État, ain­si que l’in­ter­na­tio­na­lisme, sont peu « réa­listes ». Son pro­jet, dans son ouvrage Imperium par exemple, est bien de « dégri­ser » les liber­taires — nous lui avons répon­du sur ce point. Nous consi­dé­rons que le concept lor­do­nien d’« État géné­ral » (qui ren­voie à une forme de struc­ture « ver­ti­cale » qui régi­rait néces­sai­re­ment toute socié­té humaine) n’est pas viable, car flou et his­to­ri­que­ment peu déter­mi­né. Nous insis­tons de notre côté sur la néces­saire cri­tique de l’État capi­ta­liste. Nous consi­dé­rons, en outre, que l’i­déo­lo­gie natio­nale est à décons­truire, et que l’in­ter­na­tio­na­lisme n’est pas qu’un « doux rêve », mais bien la seule issue pour abo­lir effec­ti­ve­ment le capi­ta­lisme, qui s’est mon­dia­li­sé. Nous pen­sons nous aus­si, bien sûr, que cette lutte est pro­gres­sive, et qu’elle sup­pose des paliers, mais nous pré­fé­rons poser d’emblée des moyens de lut­ter et des fina­li­tés direc­te­ment éman­ci­pa­trices. Lordon, très sou­vent, cri­tique le néo­li­bé­ra­lisme et défend, pour l’ins­tant, davan­tage le prin­cipe d’une éco­no­mie natio­nale capi­ta­liste « régu­lée » que l’a­bo­li­tion du capi­ta­lisme. Comme anti­ca­pi­ta­listes consé­quents, nous ne pou­vons nous ins­crire dans cette logique « régulationniste ».

Le salaire à vie tel que défen­du par Bernard Friot appa­raît comme une alter­na­tive inédite ; vous esti­mez pour­tant que celle-ci « pro­pose une bien étrange socié­té : des direc­teurs d’u­sine, des retrai­tés qui ne s’ar­rêtent pas de tra­vailler, des gra­da­tions de salaire par rap­port aux diplômes ». Pouvez-vous développer ?

Tout à fait. Nous fai­sons plu­sieurs objec­tions à la pro­po­si­tion de salaire à vie de Bernard Friot. Tout d’abord, comme l’analyse notre cama­rade Alain Bihr, Bernard Friot a une concep­tion tota­le­ment faus­sée de la valeur, ce qui rend son pro­jet dif­fi­ci­le­ment défen­dable au niveau éco­no­mique1. De plus, il pro­pose de chan­ger la répar­ti­tion du pro­duit du salaire, mais ne remet nul­le­ment en ques­tion les fon­de­ments du capi­ta­lisme : hié­rar­chie au sein du tra­vail, pro­duc­ti­visme, usage de la mon­naie… Or, il nous semble qu’il n’est pas pos­sible de bâtir une socié­té éman­ci­pée en uti­li­sant les caté­go­ries du capi­tal… Cette pen­sée, pour nous, pré­sente d’ailleurs les mêmes limites que les « uto­pistes » d’avant Marx. Le sys­tème est basé sur une idée magique et non sur des expé­riences concrètes de lutte et sur l’action des exploi­tés — d’où ses failles. C’est le cas du sys­tème de « grades » que pro­pose Friot : quatre grades de rému­né­ra­tion liés à la qua­li­fi­ca­tion — un peu comme dans la fonc­tion publique —, avec quatre « niveaux » qui cor­res­pon­draient en gros au bac, à la licence, au mas­ter et au doc­to­rat, avec res­pec­ti­ve­ment comme rému­né­ra­tion 1 500, 3 000, 4 500 et 6 000 euros… Il a par la suite nuan­cé sa posi­tion, mais il n’en demeure pas moins que l’idée est de gra­duer la rému­né­ra­tion, donc de fon­der les inéga­li­tés non pas sur la pos­ses­sion du capi­tal ou le tra­vail four­ni, mais sur le niveau de connais­sances ou de qua­li­fi­ca­tion, qui devien­drait alors un « capi­tal » jus­ti­fiant une rente maté­ria­li­sée par une rému­né­ra­tion plus éle­vée… Difficile de sou­te­nir une telle vision du monde d’un point de vue éga­li­taire, com­mu­niste et libertaire.

Il y a chez vous un sou­ci constant d’ar­ti­cu­ler le pas­sé et le pré­sent. Archinov, Guérin, Fontenis, Cafiero : autant d’au­teurs que nous par­ta­geons avec vous. Mais, nous glisse quelque dia­blo­tin, qu’ont encore à dire à notre époque zap­peuse, connec­tée et macro­ni­sée toutes ces vieilles barbes ?

« Il nous semble qu’il n’est pas pos­sible de bâtir une socié­té éman­ci­pée en uti­li­sant les caté­go­ries du capital »

Révolutionnaire ita­lien des années 1870–1880, Carlo Cafiero a for­te­ment pesé dans deux débats qui ont mar­qué la Première Internationale finis­sante et ont déter­mi­né la nais­sance de l’anarchisme en tant que cou­rant révo­lu­tion­naire à part entière : le com­mu­nisme comme but ; l’insurrectionnalisme comme stra­té­gie. Qu’en dire aujourd’hui ? Ses argu­ments insur­rec­tion­na­listes étaient liés à la conjonc­ture ita­lienne de l’époque, et n’ont pas de carac­tère d’actualité dans l’Europe contem­po­raine. Quant à ses argu­ments en faveur du com­mu­nisme, ils ont quelque peu vieilli, puisque fon­dés sur un refus de quan­ti­fier la pro­duc­tion et la répar­ti­tion des richesses. Ils ont conduit au mythe de la « prise au tas ». Avec la crise éco­lo­gique et la néces­si­té de fixer des limites à la pro­duc­tion, on n’envisage plus le com­mu­nisme dans ces termes. Avec Nestor Makhno, Piotr Archinov a ani­mé dans les années 1920 un groupe d’anarchistes russes en exil, res­ca­pés des per­sé­cu­tions bol­ché­viques. Plutôt que de confire dans sa ran­cœur, ce groupe a réflé­chi sur les ensei­gne­ments de la révo­lu­tion et en a tiré un pro­jet de réno­va­tion théo­rique et pra­tique de l’anarchisme, connu sous le nom de « Plateforme com­mu­niste liber­taire » (ou « Plateforme de Makhno et Archinov ». Ses quatre piliers sont l’« uni­té théo­rique », l’« uni­té tac­tique », le « fédé­ra­lisme » et la « res­pon­sa­bi­li­té col­lec­tive »). On peut consi­dé­rer la Plateforme comme une étape his­to­rique dans la for­ma­tion du cou­rant com­mu­niste liber­taire contem­po­rain. Pour AL, c’est une réfé­rence, même si elle n’est pas centrale.

Georges Fontenis, lui, a été, dans les années 1950, un acteur de pre­mier plan du renou­veau com­mu­niste liber­taire au sein de l’anarchisme, au prix de luttes intes­tines assez vio­lentes qui enta­che­ront dura­ble­ment son image. Son Manifeste com­mu­niste liber­taire a été adop­té par la Fédération anar­chiste en 1953, avant qu’elle ne se trans­forme en Fédération com­mu­niste liber­taire, la FCL. Mais le prin­ci­pal écrit qu’il nous a légué, ce sont ses mémoires, où il raconte les com­bats — des grandes grèves de 1947 à Mai 68, en pas­sant par l’anticolonialisme qui entraî­na le déman­tè­le­ment de la FCL par l’État fran­çais. Il explique les posi­tions prises à l’époque : le sou­tien cri­tique au MNA, puis au FLN algé­rien ; la ligne « 3e front révo­lu­tion­naire : ni Washington ni Moscou ». Autant de thèmes qui ren­contrent encore un écho de nos jours ! Daniel Guérin est le prin­ci­pal théo­ri­cien du com­mu­nisme liber­taire contem­po­rain, notam­ment dans les années 1960–1970, lorsqu’il s’at­telle à la « recherche » d’une syn­thèse entre le mar­xisme et l’anarchisme. Sa vision était celle d’un Marx libé­ré du léni­nisme et du jaco­bi­nisme dans les­quels l’historiographie com­mu­niste l’avait cor­se­té — le mar­xisme comme outil d’analyse, l’anarchisme comme but, en quelque sorte. Il aura par ailleurs été de tous les com­bats révo­lu­tion­naires du siècle : mou­ve­ment ouvrier, anti­ra­cisme, anti­co­lo­nia­lisme, éman­ci­pa­tion homo­sexuelle… il les aura tous embras­sés ! Il aura ain­si réus­si le tour de force d’être jusqu’à la fin de sa vie un homme de son temps. Jamais rin­gar­di­sé. C’est à méditer !

La ques­tion ani­male vous divise, semble-t-il, entre des par­ti­sans anti­spé­cistes et d’autres visi­ble­ment plus proches de la Confédération pay­sanne (l’é­le­vage per­çu comme un « don/­contre-don »). On ima­gine que les dis­sen­sions internes doivent être nom­breuses, dans une orga­ni­sa­tion comme la vôtre, sur bien d’autres enjeux : com­ment par­ve­nez-vous à trou­ver une voix com­mune ou à faire état de ces dissensions ?

Alternative liber­taire n’est pas une orga­ni­sa­tion mono­li­thique, et des sen­si­bi­li­tés dif­fé­rentes peuvent co-exis­ter sur cer­tains sujets. Cela peut par­fois engen­drer des ten­sions, mais l’organisation est tou­jours par­ve­nue à les sur­mon­ter, à s’en enri­chir plu­tôt que d’en souf­frir. C’est la seule orga­ni­sa­tion d’extrême gauche en France qui, en vingt-six ans d’existence, n’a jamais subi de guerre de ten­dances ni de scis­sion. À quoi cela tient-il ? Trois rai­sons sont plau­sibles. La pre­mière, c’est qu’AL est fon­dée sur un socle poli­tique déli­mi­té — le com­mu­nisme liber­taire — qui lui épargne le côté auberge espa­gnole caco­pho­nique qui a pu exis­ter jadis dans le mou­ve­ment anar­chiste. La seconde, c’est son mode de fonc­tion­ne­ment fédé­ra­liste, avec des pro­cé­dures démo­cra­tiques écrites noir sur blanc qui per­mettent, au bout d’un temps de débat, de défi­nir une posi­tion com­mune. La troi­sième ne repose pas sur l’écrit — elle est donc fra­gile, et il faut la pré­ser­ver : c’est une culture de tolé­rance et de bien­veillance qui limite l’agressivité et les polé­miques, en com­pa­rai­son avec ce que peuvent subir d’autres orga­ni­sa­tions. Donnons un exemple avec la façon dont sont rédi­gés les textes d’orientation dans les congrès d’AL. Si, sur un sujet, se mani­festent deux sen­si­bi­li­tés diver­gentes, leurs repré­sen­tants peuvent tout à fait pré­sen­ter cha­cun un texte, le défendre devant le congrès, et cher­cher à empor­ter la majo­ri­té — sché­ma clas­sique, qui pousse sou­vent à accen­tuer les diver­gences pour bien se dis­tin­guer l’un de l’autre. Pourtant, une autre pos­si­bi­li­té existe, à condi­tion d’être dans cette culture de tolé­rance : les deux sen­si­bi­li­tés peuvent com­men­cer par iden­ti­fier leurs points d’accord — et bien sou­vent elles sont en réa­li­té d’accord à 80 %. Elles rédigent alors conjoin­te­ment un texte qui leur ser­vi­ra de tronc com­mun, et seuls les points de diver­gence seront mis au vote de façon contra­dic­toire. Sur la ques­tion ani­male, le congrès d’AL de 2017 a enté­ri­né un consen­sus et des dif­fé­rences de sen­si­bi­li­té. Ce qui fait consen­sus c’est que, pour des rai­sons éco­lo­giques et sociales, il est néces­saire que la socié­té change de modèle ali­men­taire et réduise dras­ti­que­ment la consom­ma­tion de viande. La dif­fé­rence de sen­si­bi­li­tés porte sur les choix ali­men­taires de cha­cune et de cha­cun, sur les­quels l’organisation consi­dère qu’elle n’a pas à être prescriptive.

Vous avez affi­ché vos distances avec le Syndicat du tra­vail sexuel et appelez, dans cer­tains textes, à l’a­bo­li­tion de la pros­ti­tu­tion au nom des idéaux liber­taires : une posi­tion très cri­ti­quée dans une par­tie de la gauche radicale…

« Aucun sta­tut ne com­bat­tra le lien d’op­pres­sion entre le client et la pros­ti­tuée. L’interdiction de consom­mer ne suf­fit cer­tai­ne­ment pas à faire dis­pa­raître la prostitution. »

Alternative liber­taire se classe plu­tôt dans le cou­rant néo-abo­li­tion­niste, un cou­rant qui sait qu’on ne peut pas « décré­ter » l’a­bo­li­tion de la pros­ti­tu­tion, mais qui voit que la pros­ti­tu­tion est une vio­lence faite aux femmes et qu’elle doit être com­bat­tue en tant que telle — en inter­di­sant donc que cette vio­lence soit com­mise. Les forces qui défendent la pros­ti­tu­tion sont puis­santes : c’est un mar­ché énorme, dont le chiffre d’affaires avoi­si­ne­rait les 3 mil­liards d’euros annuels, rien qu’en France. Des pros­ti­tuées indé­pen­dantes, membres du Strass, se disent « fières d’être putes » ? Nous ne les contre­di­sons pas. Mais cet arbre ne doit pas cacher la forêt, en l’occurrence le sys­tème proxé­nète, puis­qu’en France, 85 % de la pros­ti­tu­tion relève des réseaux de traite et de l’asservissement sexuel des migrantes. On ne peut donc, au nom de quelques cas par­ti­cu­liers, accep­ter l’idée d’un « sta­tut pro­fes­sion­nel de tra­vailleuse du sexe ». Comme le sta­tut d’auto-entrepreneur, il ne pro­fi­te­rait qu’au patro­nat, en mas­quant le lien de sujé­tion entre le proxé­nète et la pros­ti­tuée. Ainsi, en Allemagne, le sta­tut et sa régle­men­ta­tion ont fait explo­ser le mar­ché et dopé l’« impor­ta­tion » de femmes par les réseaux de traite. Par ailleurs, aucun sta­tut ne com­bat­tra le lien d’op­pres­sion entre le client et la pros­ti­tuée. L’interdiction de consom­mer ne suf­fit cer­tai­ne­ment pas à faire dis­pa­raître la pros­ti­tu­tion. Cette lutte s’inscrit dans une lutte plus géné­rale contre l’exploitation, contre la pré­ca­ri­té, qui touche en pre­mier lieu les femmes. Il faut donc sur­tout faire recu­ler la misère engen­drée par le capi­ta­lisme : par le droit au loge­ment ; par le droit à un reve­nu pour toutes et tous ; par la liber­té de cir­cu­la­tion des migrantes et des migrants (la clan­des­ti­ni­té en font des proies idéales pour les proxé­nètes et les réseaux de tra­fi­quants) ; par l’éducation des hommes à des rap­ports non sexistes et au res­pect du consen­te­ment. Car c’est bien cela, aus­si, que nous visons : chan­ger la men­ta­li­té des hommes. Tant qu’on leur fera croire qu’ils ont des besoins sexuels irré­pres­sibles et qu’ils peuvent légi­ti­me­ment « se payer » l’u­sage du corps d’autrui, on ali­men­te­ra le patriar­cat. Il faut aus­si se deman­der qui porte la voix des proxé­nètes dans ce débat… Et rap­pro­cher le com­bat néo-abo­li­tion­niste de celui contre la ges­ta­tion pour autrui. Dans les deux cas, on est à l’in­ter­sec­tion du racisme, du patriar­cat et de l’ex­ploi­ta­tion économique.

L’essayiste Laurent Lévy vous a accusé de défendre une posi­tion « pro­hi­bi­tion­niste » sur le voile dans son essai « La gauche », les Noirs et les Arabes. Pouvez-vous rap­pe­ler ici la ligne exacte que vous défendez ?

Sur ce point, Laurent Lévy a com­mis une erreur — qu’il a ensuite recon­nue, et il s’en est excu­sé — parce qu’il n’avait pas pris connais­sance de la posi­tion d’Alternative liber­taire. En 2004, AL a carac­té­ri­sé la loi d’interdiction du voile dans les lycées comme étant une loi faus­se­ment fémi­niste, faus­se­ment laïque, et réel­le­ment raciste. Et c’est dans les mêmes termes qu’elle a cri­ti­qué l’interdiction du voile inté­gral dans l’espace public en 2011, ou la pro­hi­bi­tion du « bur­ki­ni » par cer­taines muni­ci­pa­li­tés en 2016. En réa­li­té, tout ce bat­tage n’a qu’un but : l’invisibilisation de l’islam, constam­ment stig­ma­ti­sé comme un « enne­mi de l’intérieur » incom­pa­tible avec la socié­té fran­çaise, ce qui est insup­por­table. Bien évi­dem­ment, AL n’a fait là que défendre la liber­té indi­vi­duelle, la liber­té de choix et la liber­té de culte garan­tie par la laï­ci­té — en aucun cas les ins­ti­tu­tions reli­gieuses qui prônent « la pudeur de la femme », notion qui relève du plus antique patriar­cat, qu’il soit juif, chré­tien ou musul­man. Dans le cli­mat de réac­tion xéno­phobe qui pré­vaut aujourd’hui en France et en Europe, il nous semble cru­cial de lut­ter contre les dis­cri­mi­na­tions. L’antiracisme est en soi un com­bat néces­saire. Mais, pour des révo­lu­tion­naires, il a une valeur sup­plé­men­taire : il est vital pour la cohé­sion du pro­lé­ta­riat. Si on perd ce point de vue de classe, on peut assez rapi­de­ment glis­ser dans l’antiracisme pater­na­liste ou identitaire.

Nous avons, avec vous — quoique sans concer­ta­tion aucune —, abon­dam­ment trai­té de la ques­tion du Rojava : avec le Chiapas, c’est l’une des seules expé­riences révo­lu­tion­naires contem­po­raines à large échelle. Qu’a-t-elle à nous apprendre, dans ses apports comme dans ses limites ?

Elle nous apprend que la gauche révo­lu­tion­naire peut être à la fois radi­cale et prag­ma­tique, avec la prise de risque que cela com­porte. La gauche kurde est radi­cale parce qu’au milieu du chaos ira­ko-syrien, dans une guerre civile hor­rible qui accu­mule les haines racistes et reli­gieuses, elle pro­pose un pro­jet poli­tique radi­ca­le­ment dif­fé­rent : éga­li­taire, social et anti­pa­triar­cal, et qui se reven­dique de l’autogestion. Ce qui, déjà, suf­fit lar­ge­ment à légi­ti­mer le sou­tien qu’on lui apporte, sans tom­ber dans la mythi­fi­ca­tion. « Oui, le peuple peut chan­ger les choses », comme l’écrivait un obser­va­teur au Rojava dès 2013, et c’est cru­cial de le rap­pe­ler. Ce qui inter­dit la mythi­fi­ca­tion, jus­te­ment, c’est le prag­ma­tisme dont la gauche kurde fait preuve. Elle a su jouer des riva­li­tés inter­im­pé­ria­listes entre les États-Unis, l’Iran, la Turquie et la Russie pour ne pas être éli­mi­née, mais au risque d’être ins­tru­men­ta­li­sée. Dans le pro­ces­sus révo­lu­tion­naire, ensuite, la gauche kurde est plus inci­ta­tive que coer­ci­tive — ce qu’en tant que com­mu­nistes liber­taires nous ne pou­vons qu’applaudir. Elle ne se livre pas à un col­lec­ti­visme auto­ri­taire, mais cela signi­fie aus­si des accom­mo­de­ments — pro­vi­soires ? — avec le féo­da­lisme et le tri­ba­lisme locaux. Ensuite, la logique de « paix armée » avec le régime de Bachar el-Assad lui a per­mis de réser­ver ses forces pour affron­ter les dji­ha­distes ; mais, avec la Pax Russia qui se pro­file en Syrie, ne risque-t-elle pas d’être accu­sée de conni­vence avec ce régime fan­toche ? Enfin, rap­pe­lons la coexis­tence, au Rojava, d’un sys­tème démo­cra­tique auto­ges­tion­naire et d’un par­ti hégé­mo­nique, le Parti de l’u­nion démo­cra­tique, ayant le mono­pole de la force armée ; le contexte de la guerre explique cela, mais le risque plane tou­jours d’une dérive dic­ta­to­riale — comme on l’a connue avec le FLN algé­rien il y a 50 ans. Le prag­ma­tisme est une arme à double tran­chant. Il rend pos­sible ce qui res­te­rait sinon can­ton­né à la théo­rie. Tant que le pro­ces­sus révo­lu­tion­naire avance, on se féli­cite de ce prag­ma­tisme. Quand sur­viennent les pre­miers revers, on met le prag­ma­tisme en accu­sa­tion… Pour résu­mer, la poli­tique de la gauche kurde au Moyen-Orient est pour nous une source constante de réflexion et d’analyse, d’espoirs enthou­siastes… mais aus­si d’une cer­taine intranquillité.

À l’is­sue de votre 13e Congrès, vous avez recon­nu ceci : « Vingt-cinq ans après sa nais­sance, AL repose tou­jours sur le modèle du groupe d’ex­trême gauche actif tous azi­muts, avec des débats internes par­fois sophis­ti­qués. Ce fonc­tion­ne­ment peut être excluant pour les salarié.e.s n’ayant pas le temps, ou pas le capi­tal cultu­rel adé­quat. » Comment sor­tir de l’écueil grou­pus­cu­laire ?

C’est une réflexion qui est en cours. Les gens rejoignent une orga­ni­sa­tion poli­tique d’abord pour ce qu’elle défend ; ils n’y res­tent dura­ble­ment que s’ils s’y sentent bien, s’ils s’y sentent utiles. Donc, en plus d’une réflexion constante sur nos pro­po­si­tions et nos pra­tiques poli­tiques, il est bon, de temps à autre, de faire le point sur Alternative liber­taire en tant que telle. Toute orga­ni­sa­tion vivante génère des codes, un méta­lan­gage, des signes de recon­nais­sance, un habi­tus, pour employer les grands mots ! C’est inévi­table, et pas néga­tif en soi : cela par­ti­cipe d’une culture com­mune ; mais il ne faut pas en être dupes, et savoir iden­ti­fier ce qui peut être excluant ou mar­gi­na­li­sant dans cette culture. Nous vivons dans une socié­té capi­ta­liste, patriar­cale et inéga­li­taire. Au sein même du pro­lé­ta­riat, tout le monde n’a pas la même dis­po­ni­bi­li­té et ne se sent pas la même légi­ti­mi­té à l’engagement poli­tique : les tra­vailleuses et tra­vailleurs manuels et intel­lec­tuels pour com­men­cer, mais aus­si les hommes et les femmes, les Blancs et les mino­ri­tés arabes, noires, asia­tiques ou autres… Soyons clairs : il n’y a aucune for­mule magique pour ren­ver­ser ces obs­tacles ; mais on peut tes­ter des choses. Plusieurs groupes AL pro­posent des for­mules d’adhésion plus souples, plus adap­tées à des cama­rades ayant peu de temps libre. Mais comme dans toute orga­ni­sa­tion auto­ges­tion­naire, il ne faut pas que se creuse trop le fos­sé entre un « noyau » actif et une « péri­phé­rie » délé­ga­taire ; cela oblige à ins­tau­rer des temps forts où l’on se retrouve pour réflé­chir et agir tous ensemble. C’est fina­le­ment une pré­oc­cu­pa­tion assez simi­laire à celle de nom­breuses équipes syn­di­cales vis-à-vis de leurs syndiqué.e.s. Cela fait 15 ans éga­le­ment qu’AL tra­vaille sur la répar­ti­tion de la parole, avec quelques règles de débat assez simples et qui aident à endi­guer les « ténors ». Les tech­niques issues de l’éducation popu­laire ins­pirent de plus en plus de groupes locaux d’AL et ont fait leur appa­ri­tion au der­nier congrès fédé­ral. Tout ceci est assez empi­rique. On fait le point sur les expé­riences, et on garde ce qui marche. Cela peut-il suf­fire à dépas­ser le stade du grou­pus­cule ? En soi, non. Mais c’est une gym­nas­tique très saine, qui peut pré­pa­rer la fédé­ra­tion à faire face à une crois­sance des groupes et des effec­tifs quand la conflic­tua­li­té sociale repar­ti­ra à la hausse.


ENGRENAGES — « dis­po­si­tif de trans­mis­sion d’un mou­ve­ment géné­ra­le­ment cir­cu­laire for­mé par plu­sieurs pièces qui s’engrènent », en méca­nique. Cette rubrique don­ne­ra, au fil des mois, la parole à ceux que l’usage nomme, dans le camp de l’émancipation, l’é­di­tion et les médias « indé­pen­dants » ou « alter­na­tifs » : autant de sites, de revues et de mai­sons d’é­di­tion qui nour­rissent la pen­sée-pra­tique. Si leurs diver­gences sont à l’évidence nom­breuses, reste un même désir d’endiguer les fameuses « eaux gla­cées du cal­cul égoïste » : par­tons de là.


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  1. Alain Bihr, « Friot, ou l’émancipation a mini­ma », Alternative liber­taire, sep­tembre 2013.[]

REBONDS

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☰ Lire notre article « Shûsui Kôtoku : appel au bon­heur », Émile Carme, octobre 2017
☰ Lire notre tra­duc­tion « Quelle révo­lu­tion au Rojava ? », avril 2017
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☰ Lire notre entre­tien avec Frédéric Lordon : « L’internationalisme réel, c’est l’organisation de la conta­gion », juillet 2016
☰ Lire notre entre­tien avec Bernard Friot : « Nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires pour pro­duire », sep­tembre 2015
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