Bob Lee, cofondateur de la Rainbow Coalition


Traduction d’un texte de Jacobin pour le site de Ballast

En avril 1969, la Rainbow Coalition voyait le jour à Chicago. Elle fédé­rait les Black Panthers, la Young Patriots Organization et les Young Lords. La pre­mière de ces trois orga­ni­sa­tions pro­mou­vait l’au­to­dé­ter­mi­na­tion de la com­mu­nau­té noire et la lutte contre les vio­lences poli­cières et le capi­ta­lisme ; la deuxième recru­tait par­mi la jeu­nesse blanche dés­œu­vrée et aspi­rait à l’a­bo­li­tion des classes sociales ; la der­nière défen­dait les Portoricains, l’é­ga­li­té entre les sexes et la pers­pec­tive d’une socié­té socia­liste. Si l’on convoque volon­tiers le fon­da­teur de la Rainbow Coalition, le mili­tant révo­lu­tion­naire Fred Hampton, on omet sou­vent Bob Lee, che­ville ouvrière de ce front his­to­rique. Quelques mois plus tard, Hampton était bru­ta­le­ment assas­si­né par le FBI ; Bob Lee, lui, décé­de­ra en 2017. Jakobi E. Williams, pro­fes­seur dans l’État de l’Indiana et auteur de l’ou­vrage From the Bullet to the Ballot, l’a connu : il est reve­nu sur le par­cours de l’in­fa­ti­gable acti­viste anti­ra­ciste, pour qui l’arc-en-ciel était le « nom de code pour la lutte des classes ».


Bob Lee, membre clé de l’ILBPP (Illinois Chapter of the Black Panther Party), fon­da­teur de la pre­mière Rainbow Coalition à Chicago et orga­ni­sa­teur com­mu­nau­taire sa vie durant, est décé­dé le mar­di 21 mars 2017 après avoir lut­té contre le can­cer. Il était âgé de 74 ans. Il laisse der­rière lui sa femme Faiza, deux frères, un fils et une longue liste de mili­tants et d’or­ga­ni­sa­teurs influen­cés par son dévoue­ment à l’en­droit des pauvres et des défa­vo­ri­sés. J’ai vu Bob Lee pour la der­nière fois moins de deux semaines avant sa mort, dans sa chambre d’hô­pi­tal à Houston, au Texas. Toujours aus­si inves­ti, il ten­tait de struc­tu­rer les infir­mières et le per­son­nel de res­tau­ra­tion de l’hô­pi­tal depuis son lit. En obser­vant, non sans stu­pé­fac­tion, ses efforts, Bob m’a rap­pe­lé qu’« il ne faut jamais lais­ser pas­ser une occa­sion d’or­ga­ni­ser ceux qui sont dans le besoin ».

« J’ai vu Bob Lee pour la der­nière fois moins de deux semaines avant sa mort, dans sa chambre d’hô­pi­tal à Houston, au Texas. »

Bob Lee, de son nom com­plet Robert E. Lee III, est né le 16 décembre 1942 — de Robert et Selma Lee. Il a gran­di à Houston, où il a fré­quen­té le lycée Phillis Wheatley avec deux autres cama­rades de classe tris­te­ment célèbres, Mickey Leland, membre du Congrès de Houston, et Carl Hampton, lea­der assas­si­né du People’s Party II, un groupe révo­lu­tion­naire noir local ins­pi­ré des Black Panthers et dont le nom avait été sug­gé­ré par Lee afin d’é­vi­ter la répres­sion poli­cière. Ceci en vain. Bob Lee a acquis d’ef­fi­caces fon­da­men­taux orga­ni­sa­tion­nels en obser­vant les mili­tants dans la boîte de nuit de sa mère, l’ac­ti­visme des droits civiques de son père et les luttes ouvrières du Longshoreman’s Union [syn­di­cat de débar­deurs], lequel se trou­vait juste en face de sa mai­son d’en­fance. Lee a décla­ré un jour : « J’ai été éle­vé dans le syn­di­ca­lisme. Dans toutes les boîtes de nuit du Sud pen­dant la ségré­ga­tion, toutes les conver­sa­tions que j’é­cou­tais étaient liées au tra­vail d’or­ga­ni­sa­tion. Avoir gran­di dans un tel monde m’a per­mis de déve­lop­per cet ins­tinct. »

Lee a démé­na­gé de Houston à Chicago en 1968, comme volon­taire pour Volunteers in Service to America [orga­ni­sa­tion gou­ver­ne­men­tale lut­tant contre la pau­vre­té] au YMCA d’Isham [mou­ve­ment asso­cia­tif de jeu­nesse]. La jour­née, il avait la charge des loi­sirs de l’é­ta­blis­se­ment ; le soir, il était conseiller. Lee tra­vaillait exclu­si­ve­ment avec les membres des gangs de la région, notam­ment les Afro-Américains, les Portoricains et les Blancs du Sud. Après l’as­sas­si­nat du révé­rend Martin Luther King en 1968, Lee a rejoint la sec­tion de l’Illinois du Black Panther Party afin de s’en­ga­ger dans des acti­vi­tés com­mu­nau­taires. En rai­son de sa connais­sance et de son expé­rience en tant qu’or­ga­ni­sa­teur de la jeu­nesse blanche du North Side de Chicago, le vice-pré­sident de l’ILBPP, Fred Hampton, l’a nom­mé secré­taire de sec­teur et chef de sec­tion régio­nal. Le North Side était prin­ci­pa­le­ment com­po­sé de quar­tiers iso­lés et non noirs.

[Martin Luther King à Baltimore, le 31 octobre 1964 | Leonard Freed]

Fin 1968, Fred Hampton et Bob Lee ont indi­rec­te­ment créé la toute pre­mière Rainbow Coalition. Dirigée par l’ILBPP, celle-ci com­pre­nait les Young Lords, un gang por­to­ri­cain à conscience sociale, et la Young Patriots Organization (YPO), un groupe d’é­mi­grés blancs du Sud qui arbo­rait le dra­peau confé­dé­ré1. Cette for­ma­tion poli­tique devien­dra célèbre, en 1983, lorsque Harold Washington s’en ser­vi­ra comme base pour sa can­di­da­ture au poste de maire de Chicago. Lee a été rejoint par ses col­lègues des Panthers — Hank « Poison » Gaddis, Jerry Dunnigan et Ruby Smith — pour avan­cer aux côtés des Young Patriots du nord de Chicago (le quar­tier Uptown, plus pré­ci­sé­ment), et ce à l’in­su de Hampton ain­si que des autres diri­geants des Panthers de l’Illinois. Après que Lee a infor­mé Hampton de leurs acti­vi­tés, les deux hommes se sont par­lés sur le toit du quar­tier géné­ral des Panthers. Seuls. Tous deux étaient bien conscients de ce que repré­sen­tait la construc­tion d’une coa­li­tion mul­ti­ra­ciale : une grande pro­messe tout autant qu’une poten­tielle fra­gi­li­sa­tion. Bob Lee se souviendra :

[Fred Hampton et moi] pen­sions que la soli­da­ri­té à Chicago était plus forte que par­tout ailleurs. Nous savions que notre orga­ni­sa­tion ne dure­rait pas long­temps et que nous devions agir rapi­de­ment. Nous ne nous sommes pas trom­pés… Il y avait une mys­tique au sein du Parti envers les cadres, parce que per­sonne ne savait ce que Poison et moi fai­sions. Je n’ai par­lé qu’a­vec Fred.

« En théo­rie, on ne met pas ensemble les Blancs du Sud et les Panthers. C’était une erreur de pro­gram­ma­tion. »

Lee insis­tait sur le fait que « Fred Hampton a intro­duit la lutte des classes » dans le mou­ve­ment gran­dis­sant de Chicago, évo­quant « les ras­sem­ble­ments et ses dis­cours, qui ont mis en place l’i­déo­lo­gie que j’ai ensuite appli­quée ». Fred Hampton était le visage de la Rainbow Coalition, et Bob Lee l’homme de main. Si Hampton a pro­non­cé des dis­cours et par­ti­ci­pé à des entre­tiens au nom de l’or­ga­ni­sa­tion, Bob Lee était le moteur et l’ins­ti­ga­teur du groupe. Il était dans la rue pour poli­ti­ser les groupes du North Side [nord de Chicago] et les pré­sen­ter au Black Panther Party. La pre­mière ren­contre entre lui et les Young Patriots s’est en réa­li­té pro­duite par acci­dent. Lee avait été convié à par­ler à l’é­glise des Trois Croix du Near North Side par Charlotte Engelmann, une avo­cate blanche. La congré­ga­tion de l’é­glise se com­po­sait prin­ci­pa­le­ment de Blancs de la classe moyenne supé­rieure. Engelmann avait éga­le­ment invi­té les Young Patriots à par­ler ce soir-là. Lee dira :

En théo­rie, on ne met pas ensemble les Blancs du Sud et les Panthers. C’était une erreur de pro­gram­ma­tion. Lorsque j’ai reçu un appel télé­pho­nique et qu’on m’a deman­dé de par­ler, je n’ai pas été infor­mé de la pré­sence des Young Patriots. Mon inten­tion était de pré­sen­ter le Black Panther Party de l’Illinois parce que l’or­ga­ni­sa­tion était nou­velle dans la ville de Chicago… Cet évé­ne­ment a été mon pre­mier discours.

Les Young Patriots avaient été conviés à par­ler de la bru­ta­li­té poli­cière : Bob Lee fut sur­pris par l’in­tense hos­ti­li­té et le « dia­logue » de classe à l’œuvre entre les deux groupes blancs — il n’é­tait pas habi­tué à voir un groupe de la classe moyenne atta­quer de la sorte, ver­ba­le­ment, les Young Patriots…

Venant du Sud, ça a été pour moi un choc cultu­rel. Je n’a­vais jamais vu ça aupa­ra­vant : parce que dans le Sud, les Blancs étaient unis autour de la race… Je n’a­vais jamais vu les Blancs atta­quer les Blancs pauvres. Je n’a­vais jamais vu de pauvres Blancs s’ex­pli­quer avec d’autres Blancs… Quand on m’a deman­dé de par­ler, j’ai fait mon dis­cours, et un lien émo­tion­nel s’est éta­bli avec les Young Patriots car je per­ce­vais l’hos­ti­li­té à leur égard. Ce fut le début de notre alliance.

[Fred Hampton en 1969 | Paul Sequeira

Bob Lee a pré­sen­té aux jeunes réunis ce soir-là l’i­déo­lo­gie du Black Panther Party et ses pro­grammes pour la com­mu­nau­té noire. Les Young Patriots, récep­tifs au concept de soli­da­ri­té de classe, se sont faci­le­ment lais­sés per­sua­der de tra­vailler avec les Panthers. En pous­sant la YPO à adop­ter la notion de soli­da­ri­té de classe, laquelle trans­cende les divi­sions raciales, Lee a éga­le­ment for­cé ses membres à rééva­luer leur iden­ti­fi­ca­tion mémo­rielle au dra­peau confé­dé­ré. Alors que Lee et d’autres contri­buèrent à struc­tu­rer la YPO autour de l’i­déo­lo­gie défen­due par les Panthers, l’or­ga­ni­sa­tion allait rapi­de­ment deve­nir la prin­ci­pale repré­sen­ta­tion poli­tique du quar­tier d’Uptown — une alter­na­tive au clien­té­lisme élec­to­ral de l’an­cien maire Richard Daley. Ensemble, les Panthers, la YPO et les Young Lords de Lincoln Park ont contri­bué à for­mer la Uptown Coalition of Poor People. Cette coa­li­tion com­mu­nau­taire a uni les habi­tants contre les pro­prié­taires, qu’ils iden­ti­fiaient désor­mais comme des sei­gneurs régnant sur les taudis.

« Les Young Patriots, récep­tifs au concept de soli­da­ri­té de classe, se sont faci­le­ment lais­sés per­sua­der de tra­vailler avec les Panthers. »

La pre­mière Rainbow Coalition a été de courte durée : elle s’est effon­drée après le tra­gique assas­si­nat de Hampton en décembre 19692. Lee ne se mon­tre­ra pas tota­le­ment amer quant à l’ap­pro­pria­tion de leur concept de « Rainbow Coalition » par le révé­rend Jesse Jackson — pour ses propres inté­rêts et pro­grammes poli­tiques — au cours des années 1980. C’est que, selon lui, Jackson « lui a don­né une nou­velle paire de jambes ». Mais il appré­cie­ra davan­tage la cam­pagne élec­to­rale de Harold Washington en 1983, qui recon­naî­tra les racines his­to­riques et la puis­sance de la pre­mière ver­sion de la Rainbow Coalition. Bob Lee esti­me­ra ainsi :

Ce n’est qu’a­vec l’é­lec­tion d’Harold Washington que les orga­ni­sa­teurs ont pris conscience de la force réelle de la Rainbow Coalition : ça a éga­le­ment aidé les membres à com­prendre l’en­ga­ge­ment struc­tu­rel du pou­voir local à éli­mi­ner notre groupe, car il repré­sen­tait une véri­table menace poli­tique pour les machines poli­tiques3 à Chicago.

Lee a ensuite quit­té les Panthers puis est ren­tré chez lui en 1970, où il a conti­nué son tra­vail d’or­ga­ni­sa­teur com­mu­nau­taire de base — jus­qu’à sa mort. Je l’ai ren­con­tré pour la pre­mière fois en 2007, chez lui, à Houston ; je l’ai alors inter­viewé pour mon livre, From the Bullet to the Ballot. Mais, avant de s’as­seoir, il a vou­lu véri­fier mon enga­ge­ment auprès des per­sonnes dans le besoin. Plus tard, Lee a dû se dépla­cer en fau­teuil rou­lant à cause de sa sclé­rose en plaques. Il m’a tou­te­fois conduit dans le Fifth Ward [quar­tier de Huston], où il était connu comme « le maire ». Une Afro-Américaine d’un âge avan­cé a fait signe à notre voi­ture ; nous nous sommes arrê­tés. Elle a fait savoir à Lee qu’elle avait besoin d’une paire de chaus­sures, en pre­nant soin de men­tion­ner sa poin­ture : il lui a répon­du qu’il lui en trou­ve­rait une. Quelques blocs plus tard, un vieil Afro-Américain a deman­dé à ce que sa pelouse soit ton­due. Peu après, Bob Lee s’est appro­ché d’un jeune homme, qui nous a dit qu’il n’a­vait pas man­gé depuis plu­sieurs jours. Quelques heures plus tard, nous avons emprun­té une ton­deuse à gazon à un voi­sin ; Lee s’est arrê­té dans un centre com­mu­nau­taire et a pris quelques paires de chaus­sures pour la femme ; le jeune homme qui avait besoin de nour­ri­ture a ton­du la pelouse du mon­sieur âgé, avant de nous rejoindre à la mai­son de retraite de la femme âgée, celle qui avait besoin de chaus­sures. Nous nous sommes assis pour prendre un repas et avons tous man­gé de bon cœur.

[Petit-déjeuner organisé par le Black Panther Party à l'hiver 1969 |Bev Grant | Getty Images]

Tous ceux que Bob Lee a aidés ce jour-là lui ont assu­ré qu’ils vote­raient pour El Franco Lee, son frère (qui le pré­cé­de­ra dans la mort), pour le poste de com­mis­saire de la cir­cons­crip­tion 1 du com­té de Harris, ain­si que pour les autres can­di­dats que Lee sou­te­nait. Tout ce tra­vail de grande impor­tance, Lee l’a effec­tué depuis son fau­teuil roulant.

« Si Bob Lee a pu unir les gens par-delà des dif­fé­rences raciales pro­fondes en pleine ségré­ga­tion des années 1960, alors nous n’a­vons aucune excuse pour ne pas l’égaler. »

Son exemple m’a ins­pi­ré et a fait l’ac­ti­viste que je suis aujourd’­hui. Il m’a appris à entrer en contact avec les per­sonnes dans le besoin, à ren­con­trer les gens sans les prendre de haut et à com­prendre l’im­por­tance des rela­tions pour favo­ri­ser l’or­ga­ni­sa­tion de la com­mu­nau­té de base. Dans notre cli­mat actuel de pola­ri­sa­tion raciale et poli­tique, aggra­vé par l’é­lec­tion de notre pré­sident orange [allu­sion à Donald Trump], le tra­vail de Lee en matière d’or­ga­ni­sa­tion inter­ra­ciale au sein d’une classe s’a­vère d’au­tant plus néces­saire. Si Bob Lee a pu unir les gens par-delà des dif­fé­rences raciales pro­fondes — en par­ti­cu­lier des gens comme les Young Patriots — en pleine ségré­ga­tion des années 1960, alors nous n’a­vons aucune excuse pour ne pas éga­ler, voire éclip­ser le suc­cès de Lee dans notre contexte de pola­ri­sa­tion actuel. En tant qu’­his­to­rien, je ne vois pas la néces­si­té de réin­ven­ter la roue pour s’at­ta­quer, ici et main­te­nant, au trumpisme.

Ce sont des mili­tants comme Lee, ses cama­rades des Black Panthers et la pre­mière Rainbow Coalition qui ont per­mis le chan­ge­ment dans notre nation, en osant inves­tir des quar­tiers éloi­gnés et en for­geant des alliances. C’est par l’ap­pli­ca­tion des mul­tiples stra­té­gies du pas­sé, com­bi­nées aux prin­cipes d’or­ga­ni­sa­tion de ter­rain du pré­sent — com­pre­nant les médias sociaux, les bases de don­nées, les archives numé­riques, les algo­rithmes, etc. —, que les oppo­si­tions radi­cales de notre époque pour­ront être reliées afin d’é­ta­blir un lien de com­pré­hen­sion, de com­mu­ni­ca­tion et de res­pect. En tant que sym­bole poli­tique, l’arc-en-ciel ne se réfère pas seule­ment à une série de cou­leurs : il repré­sente un arc de connexion entre dif­fé­rents lieux et per­sonnes. Pour Lee et pour ceux qui ont par­ti­ci­pé à ses côtés à la lutte, c’é­tait là le seul point de départ pos­sible pour une soli­da­ri­té révolutionnaire.


Traduit de l’an­glais par la rédac­tion de Ballast, avec l’ai­mable auto­ri­sa­tion de l’au­teur et de Jacobin | Jakobi E. Williams, « Bob Lee (1942–2017) », Jacobin, 31 mars 2017.


image_pdf
  1. Le dra­peau confé­dé­ré a vu le jour en 1861, aux États-Unis : sym­bole popu­laire du Sud, il entend hono­rer son « mode de vie » dis­pa­ru et sa lutte his­to­rique contre le Nord ; pour nombre d’Afro-Américains, il ren­voie en revanche à l’es­cla­vage et au racisme. Hy Thurman, membre de la Young Patriots Organization, expli­que­ra : « De nom­breux habi­tants du Sud ne le consi­dé­raient pas comme un sym­bole du racisme asso­cié à l’es­cla­vage, mais comme un sym­bole de la guerre d’a­gres­sion du Nord. Les Sudistes asso­ciaient alors, et asso­cient encore aujourd’­hui, le dra­peau au fait d’être un rebelle. […] Nous vou­lions par­ler aux Blancs pauvres des condi­tions de vie dans les quar­tiers chics et essayer de les impli­quer dans la Young Patriots pour amé­lio­rer leurs condi­tions de vie. De nom­breuses approches ont été faites pour amor­cer un dia­logue : musique coun­try, bru­ta­li­té poli­cière, sexe, etc. Mais les sym­boles uni­ver­sels aux­quels tous pou­vaient se réfé­rer étaient le dra­peau amé­ri­cain et le dra­peau confé­dé­ré. Sachant que le dra­peau amé­ri­cain ne sus­ci­te­rait pas beau­coup de conver­sa­tion, l’i­dée s’est tour­née vers le dra­peau rebelle. Nous savions qu’il n’y avait que quelques Noirs vivant dans les quar­tiers chics et nous les res­pec­tions en essayant de cou­vrir le dra­peau quand nous les voyions. » Nous tra­dui­sons [ndlr].
  2. Dans le cadre du pro­gramme de contre-espion­nage COINTELPRO, le FBI et la police ont assas­si­né Hampton en pleine nuit, à Chicago, durant son som­meil : un agent infil­tré l’a­vait préa­la­ble­ment dro­gué. Le mili­tant avait 21 ans [ndlr].
  3. « Political machine » : la notion remonte au XIXe siècle éta­su­nien. Il s’a­git d’une orga­ni­sa­tion conçue aux seules fins de rem­por­ter des élec­tions. La vic­toire adve­nue, un patron ou un petit groupe de per­sonnes règne sur l’en­semble d’une ville, d’un com­té ou d’un État [ndlr].

REBONDS

☰ Lire notre tra­duc­tion d’un entre­tien avec Kali Akuno : « Nous n’allons pas mou­rir pour les riches », novembre 2020
☰ Lire notre ren­contre entre Angela Davis et Assa Traoré, mai 2020
☰ Lire la ren­contre « Ce qui fait peur, c’est l’alliance », juin 2018
☰ Lire notre tra­duc­tion « Anarchisme et révo­lu­tion noire — par Lorenzo Kom’boa Ervin », décembre 2017
☰ Lire notre tra­duc­tion « Pour un monde socia­liste — Huey P. Newton (Black Panther Party) », décembre 2017
☰ Lire notre tra­duc­tion « Femmes, noires et com­mu­nistes contre Wall Street — par Claudia Jones », décembre 2017


Découvrir nos articles sur le même thème dans le dossier :
Jakobi E. Williams

Jakobi E. Williams est professeur associé d'histoire et d'études de la diaspora afro-américaine et africaine à la Indiana University-Bloomington. Il est l'auteur de l'ouvrage From the Bullet to the Ballot: The Illinois Chapter of the Black Panther Party and Racial Coalition Politics in Chicago (2013).

Découvrir d'autres articles de



Nous sommes un collectif entièrement militant et bénévole, qui refuse la publicité. Vous pouvez nous soutenir (frais, matériel, reportages, etc.) par un don ponctuel ou régulier.