L’évopsy, une « science » antiféministe


Pour pro­duire de la dés­in­for­ma­tion scien­ti­fique, le siècle der­nier a vu des indus­triels finan­cer des think tanks et des scien­ti­fiques. Au tour­nant des années 2000, de nom­breux scan­dales ont écla­té : en leur cœur, les stra­té­gies de ceux que l’on appelle les « mar­chands de doute ». Dans leur livre tout juste paru aux édi­tions La Découverte, Les Gardiens de la rai­son, Stéphane Foucart, Stéphane Horel et Sylvain Laurens — deux jour­na­listes, un socio­logue — s’in­té­ressent aux nou­veaux canaux de dif­fu­sion d’ar­gu­men­taires au ser­vice d’in­té­rêts éco­no­miques et poli­tiques. Des « bri­gades de gar­diens auto­pro­cla­més de la science » relaient, par­fois sans le savoir, les thèses liber­ta­riennes et conser­va­trices au nom d’un ratio­na­lisme dévoyé. D’autres le font sciem­ment : ils tra­vaillent à l’im­por­ta­tion de théo­ries « scien­ti­fiques » pour s’at­ta­quer aux sciences humaines et sociales, aux éco­lo­gistes ou aux fémi­nistes. Dans cet extrait que nous publions, les auteurs décrivent com­ment l’é­vo­lu­tion­nisme psy­cho­lo­gique — ou évop­sy — pro­pose une lec­ture pour le moins par­ti­cu­lière du dar­wi­nisme afin d’ex­pli­quer les rap­ports de domi­na­tion entre hommes et femmes…


Students for Liberty n’est pas réser­vée aux cam­pus amé­ri­cains. L’organisation s’intéresse aus­si aux étu­diants des grandes écoles, des écoles de com­merce ou des uni­ver­si­tés sélec­tives comme l’université Paris-Dauphine. Depuis 2011, sa ver­sion fran­çaise orga­nise un nombre non négli­geable de confé­rences sur les cam­pus. Le 31 mai 2018, les membres de l’association étu­diante à Sciences Po Paris accueillent en grande pompe Édouard Fillias, le direc­teur de l’agence d’influence digi­tale Jin Agencya. Depuis Alternative libé­rale jusqu’à Liberté ché­rie et Jin Agency, il pré­sente son par­cours et « son com­bat libé­ral » à un par­terre d’étudiants admi­ra­tifs. Il « œuvre comme un fou », s’enthousiasme alors sur Twitter le direc­teur de la branche fran­çaise de Students for Liberty, Christophe Seltzer, bien­tôt direc­teur des rela­tions publiques du think tank libé­ral de Gaspard Koenig, Génération libre. Les jeunes liber­ta­riens fran­çais se connectent sans trop de peine aux tenants du libé­ra­lisme de la géné­ra­tion pré­cé­dente, et même de la pré­cé­dente encore : la ren­contre a lieu dans les locaux de l’auguste Association pour la liber­té éco­no­mique et le pro­grès social (Aleps), créée en 1966 par l’industriel libé­ral André Arnoux. Chaque évé­ne­ment est annon­cé sur Contrepoints, un site admi­nis­tré par l’association « Les Libéraux » et ani­mé par Alexis Vintray, un jeune diplô­mé en mana­ge­ment d’HEC. Tout comme son homo­logue états-unienne, Students for Liberty France s’évertue à dis­po­ser de relais dans toutes les écoles de pou­voir afin d’y occu­per une posi­tion d’« extrême centre ». Les stra­té­gies qu’elle emploie sont les mêmes qu’outre-Atlantique : il s’agit avant tout d’engager la conver­sa­tion sans heur­ter fron­ta­le­ment l’opinion des étudiants.

« Les socio­bio­lo­gistes et les psy­cho-évo­lu­tion­nistes appliquent ce rai­son­ne­ment aux socié­tés humaines comme si elles étaient équi­va­lentes aux espèces ani­males et aux végétaux. »

[…] [E]n novembre 2018, la branche fémi­nine de Students for Liberty France, Women for Liberty, sol­li­cite la jour­na­liste pour une confé­rence qu’elle orga­nise à la pres­ti­gieuse École nor­male supé­rieure (ENS) autour de son tra­vail. Le débat vise à dénon­cer le « carac­tère contre-pro­duc­tif du fémi­nisme vic­ti­maire ». Le nom de Peggy Sastre n’est pas for­cé­ment fami­lier aux oreilles du public. Mais un texte coré­di­gé par celle-ci a connu un grand reten­tis­se­ment : la fameuse tri­bune sur la « liber­té d’importuner » les femmes, publiée dans Le Monde en jan­vier 2018. « Le viol est un crime. Mais la drague insis­tante ou mal­adroite n’est pas un délit, ni la galan­te­rie une agres­sion machiste », assurent, en plein cli­max du mou­ve­ment #MeToo, qui encou­rage la prise de parole des femmes sur le viol et les agres­sions sexuelles, les comé­diennes Catherine Deneuve, la cri­tique d’art Catherine Millet ou encore Élisabeth Lévy, direc­trice de la rédac­tion du maga­zine réac­tion­naire Causeur.

[…] [S]ur Twitter ou sur sa page Facebook, [Peggy Sastre] fait la part belle aux réfé­rences liber­ta­riennes en langue anglaise. Écrits du psy­cho­logue Jonathan Haidt et de son Heterodox Academy sur le tri­ba­lisme des gens de gauche. Articles de l’Intellectual Dark Web, ce pan­théon d’auteurs pré­ten­du­ment sul­fu­reux où se croisent pen­seurs de gauche reven­di­quant leur athéisme et auteurs ultra-libé­raux. Pour Le Point, Peggy Sastre tra­duit des articles de Quillette. Tenu par la jour­na­liste aus­tra­lienne Claire Lehmann, ce site d’information qui publie des articles à haute pré­ten­tion scien­ti­fique joue un rôle cen­tral dans la mise en avant des auteurs se récla­mant de la pen­sée liber­ta­rienne. Financé par du crowd­fun­ding et des « sou­tiens en Californie1 » — c’est la seule infor­ma­tion publique sur ses fonds —, il relaie des tra­vaux issus de cou­rants bien par­ti­cu­liers, très en vogue dans les milieux conser­va­teurs, que porte éga­le­ment Peggy Sastre : la « socio­bio­lo­gie » et l’« évo­lu­tion­nisme psy­cho­lo­gique ». On connaît tous la théo­rie de Charles Darwin qui, au milieu du XIXe siècle, pro­po­sa une expli­ca­tion à l’évolution bio­lo­gique des espèces par la sélec­tion natu­relle. Selon le natu­ra­liste anglais, les orga­nismes vivants ont dû s’adapter aux varia­tions de leur envi­ron­ne­ment pour sur­vivre, et seuls les mieux adap­tés ont sur­vé­cu, se sont repro­duits et ont trans­mis leurs gènes. Les socio­bio­lo­gistes et les psy­cho-évo­lu­tion­nistes appliquent ce rai­son­ne­ment aux socié­tés humaines comme si elles étaient équi­va­lentes aux espèces ani­males et aux végé­taux. Pour eux, les com­por­te­ments humains seraient en pre­mier lieu déter­mi­nés par la géné­tique. Ainsi, les hommes por­teurs de gènes qui leur donnent un « avan­tage » — comme l’agressivité par exemple — ont mieux sur­vé­cu et ont pu trans­mettre leurs gènes mieux « adap­tés » à l’environnement à une des­cen­dance plus abon­dante. Cette vision évo­lu­tion­niste admet cepen­dant que, dans cer­tains cas, des gènes de coopé­ra­tion ont pu être trans­mis : l’altruisme pour assu­rer la sur­vie de son groupe a été obser­vé chez de nom­breuses espèces animales.

[František Kupka, série Amorpha (1912)]

C’est le bio­lo­giste Edward Osborne Wilson qui a posé les bases de cette pen­sée dans un livre qui a fait date au milieu des années 1970, Sociobiologie : la nou­velle syn­thèse. Une « œuvre monu­men­tale », qui vise « à com­prendre les bases bio­lo­giques des com­por­te­ments sociaux2 », selon Peggy Sastre. À l’époque déjà, ce spé­cia­liste des four­mis est lour­de­ment cri­ti­qué pour ten­ter de trans­po­ser sa vision étho­lo­gique aux humains et ce, depuis plu­sieurs points de vue dis­ci­pli­naires3. En France, ce sont les his­to­riens des sciences Patrick Tort et l’anthropologue Georges Guille-Escuret qui portent les cri­tiques les plus struc­tu­rées. Ce der­nier sou­ligne une erreur fon­da­men­tale des socio­bio­lo­gistes : ils pré­tendent extra­po­ler des ani­maux vers l’humain, alors qu’une socié­té humaine n’est pas l’équivalent d’une espèce4. Plus récem­ment, Aaron Panofsky est reve­nu sur le sujet à tra­vers un tra­vail d’historien minu­tieux. Retraçant la genèse de la géné­tique com­por­te­men­tale — une branche de la géné­tique qui pré­tend étu­dier les liens entre géné­tique et « com­por­te­ments men­taux » —, il pointe les impasses suc­ces­sives dans les­quelles cette dis­ci­pline s’est retrou­vée à chaque ten­ta­tive d’extrapolation de ses résul­tats à des fins poli­tiques. Comme par exemple dans les années 1960, lorsqu’une par­tie des géné­ti­ciens amé­ri­cains pen­saient pou­voir iso­ler un lien entre « appar­te­nance raciale » et niveau de quo­tient intel­lec­tuel5. L’on pour­rait consi­dé­rer que ces cher­cheurs ou essayistes se récla­mant de façon abu­sive du « néo­dar­wi­nisme » ont certes rai­son lorsqu’ils défendent une approche évo­lu­tion­niste de l’histoire de l’espèce humaine. Mais consi­dé­rer que l’ensemble de l’évolution des socié­tés humaines s’expliquerait par une évo­lu­tion des traits géné­tiques à l’issue d’une sélec­tion natu­relle, voi­là qui est fort différent.

« La bonne façon d’être fémi­niste serait d’adopter une lec­ture évo­lu­tion­niste des rap­ports de domi­na­tion entre hommes et femmes. Et être fémi­niste autre­ment, ce serait être contre la science. »

L’évolutionnisme est une théo­rie valable et maintes fois vali­dée, mais l’idée que tous nos traits géné­tiques seraient le pro­duit d’adaptations évo­lu­tives est abu­sive. Gommer la média­tion de la socié­té entre les actes humains et la géné­tique, comme le fait ce « réduc­tion­nisme adap­ta­tion­niste », c’est nier toute la force socia­li­sa­trice des struc­tures fami­liales, éco­no­miques ou sociales, comme l’école. D’ailleurs, cer­tains auteurs se récla­mant de la socio­bio­lo­gie, comme Edward Osborne Wilson, ont fait l’objet de tant de cri­tiques qu’ils sont aujourd’hui bien moins cités. La socio­bio­lo­gie, quant à elle, assi­mi­lée à une forme de pen­sée réac­tion­naire, a cédé la place à un label plus frais : l’évolutionnisme psy­cho­lo­gique ou « évop­sy6 ». « En mini­mi­sant l’importance de leur filia­tion avec la socio­bio­lo­gie, les psy­cho­logues évo­lu­tion­nistes sont ain­si par­ve­nus à lan­cer une nou­velle dyna­mique », résument Sylvain Lavau, Julien Larrègue et Madhi Kelfaoui dans leur tra­vail sur l’histoire de ces cher­cheurs. « Ils ont donc, à leur façon, éga­le­ment par­ti­ci­pé à la démise de la socio­bio­lo­gie, ne serait-ce qu’en éta­blis­sant un nou­veau domaine de recherche à l’allure plus res­pec­table, sans pour autant cou­per les ponts avec les repré­sen­tants de leur parent proche7. »

L’évopsy ou l’excuse génétique au sexisme

L’évopsy est aujourd’hui un ciment essen­tiel dans l’argumentation des anti­fé­mi­nistes. Et au pre­mier chef de Peggy Sastre, tenante de l’« évo­fé­mi­nisme ». « Ce n’est pas moi qui me dis : Tiens, ce serait bien de fon­der le fémi­nisme sur la théo­rie de l’évolution, c’est qu’aujourd’hui on ne peut pas faire sans », explique l’essayiste lors de la confé­rence orga­ni­sée en novembre 2018 à l’ENS par Women for Liberty. « Ce n’est même pas mon opi­nion. Le mes­sage à faire pas­ser, c’est que ce n’est même pas moi qui dis. Moi, je reste en fait une jour­na­liste scien­ti­fique. Ce n’est pas moi qui tra­vaille, ce n’est pas moi qui fais de la recherche. Moi, à la limite, mon tra­vail c’est un tra­vail de syn­thèse. » À écou­ter Peggy Sastre, son point de vue repo­se­rait tout bon­ne­ment sur l’état de la science. Ainsi, la bonne façon d’être fémi­niste serait d’adopter une lec­ture évo­lu­tion­niste des rap­ports de domi­na­tion entre hommes et femmes. Et être fémi­niste autre­ment, ce serait être contre la science.

[František Kupka, série Amorpha (1912)]

Cette syn­thèse, qui a tous les appa­rats de la science, est d’autant plus abou­tie chez Peggy Sastre que son argu­men­ta­tion évo­lu­tion­niste mûrit depuis de longues années. Une « trame évo­lu­tion­niste semble tra­ver­ser de part en part son par­cours intel­lec­tuel, puisque, en tant que jour­na­liste-autrice, elle déve­loppe le concept d’évoféminisme, qui se veut un fémi­nisme basé sur des connais­sances et des ana­lyses évo­lu­tion­nistes (au sens de Darwin), plu­tôt que sur des ana­lyses socio­lo­giques8 », résume le mathé­ma­ti­cien Sylvain Lavau dans une ana­lyse publiée en ligne. La jour­na­liste n’a en effet pas atten­du les pen­seurs liber­ta­riens pour contrer le fémi­nisme à grand ren­fort de réfé­rences à la bio­lo­gie. En 2007, dans un livre inti­tu­lé Sexe Machines, elle se réclame éga­le­ment du néo­dar­wi­nisme mais en fait une lec­ture toute per­son­nelle. Son coau­teur, Charles Champetier, alias Charles Muller, n’est autre que cet ani­ma­teur du blog « cli­mat-scep­tique » à l’origine de l’importation du concept en France au milieu des années 2000. « Vous allez décou­vrir une cin­quan­taine de tra­vaux scien­ti­fiques récents ayant explo­ré les mys­tères de notre com­por­te­ment sexuel, à la lumière notam­ment de la théo­rie dar­wi­nienne de l’évolution », explique l’ouvrage en intro­duc­tion. « Vous allez décou­vrir que les déter­mi­nants bio­lo­giques de notre pas­sé évo­lu­tif n’ont pas dis­pa­ru, et exercent encore leur influence tan­tôt dis­crète tan­tôt impor­tante sur les jeux appa­rem­ment aléa­toires de notre désir et de notre plai­sir9. » Le cha­pitre sur le viol laisse beau­coup de place au tra­vail du psy­cho­logue évo­lu­tion­niste Randy Thornhill, pour qui le viol aurait des fina­li­tés repro­duc­tives. Contre les socio­logues qui défendent l’idée que le viol serait un rap­port de domi­na­tion où la ques­tion de la sexua­li­té joue­rait un rôle secon­daire, Randy Thornhill avance que « le viol n’est pas seule­ment un déri­vé de l’agressivité mas­cu­line mais aus­si un avan­tage repro­duc­tif pour le vio­leur si celui-ci passe ses gènes à l’occasion d’un rap­port for­cé10 ».

« Ainsi, la domi­na­tion mas­cu­line serait un fait bio­lo­gique sans aucun rap­port avec le bouillon social et cultu­rel infu­sant un modèle aux petits humains dès leur plus jeune âge. »

Les hommes ayant vio­lé depuis la pré­his­toire auraient, plus que les autres, trans­mis les gènes pré­dis­po­sant à l’agressivité sexuelle, tan­dis que les femmes, sou­mises par stra­té­gie de sur­vie, seraient logi­que­ment domi­nées. Ainsi, la domi­na­tion mas­cu­line serait un fait bio­lo­gique sans aucun rap­port avec le bouillon social et cultu­rel infu­sant un modèle aux petits humains dès leur plus jeune âge. En d’autres termes, c’est la sélec­tion natu­relle qui fait l’homme violent et la femme sou­mise. Le livre de Peggy Sastre et Charles Champetier repose ain­si sur une suc­ces­sion de cha­pitres, cha­cun cen­tré sur l’article d’un cher­cheur, mais sans que l’on n’ait jamais accès à la cri­tique adres­sée à ces tra­vaux dans l’espace dis­ci­pli­naire concer­né. Le lec­teur de Sexe Machines n’y appren­dra donc pas que l’hypothèse de Randy Thornhill, fon­dée sur des paral­lèles dou­teux avec les rap­ports sexuels for­cés chez les ani­maux, est plus que cri­ti­quée dans le champ scien­ti­fique, notam­ment par les cher­cheurs Tony Ward et Richard Siegert11 ou la phi­lo­sophe et bio­lo­giste Elisabeth Lloyd. Cette vision du monde, qui allie une cri­tique des logiques sociales à la réaf­fir­ma­tion d’un pri­mat bio­lo­gique, ne se limite pas seule­ment au féminisme.

Chez Peggy Sastre, elle s’applique à toutes les formes de com­por­te­ments humains. Soutenu à Reims en 2011, son doc­to­rat de phi­lo­so­phie est pétri de réfé­rences dar­wi­nistes et socio­bio­lo­giques (notam­ment au spé­cia­liste des four­mis Edward Osborne Wilson). Mais il est aus­si nour­ri du « psy­cho-évo­lu­tion­nisme » du média­tique Steven Pinker12. Pour encap­su­ler en une phrase le psy­cho-évo­lu­tion­nisme du psy­cho­logue amé­ri­ca­no-cana­dien, on pour­rait dire qu’il s’agit de socio­bio­lo­gie à la Wilson qui serait pas­sée dans une IRM. Formalisée dans les années 1990 en paral­lèle des pro­grès de l’imagerie céré­brale et de la mon­tée en puis­sance de la recherche en neu­ro­bio­lo­gie sur les com­por­te­ments humains, la psy­cho­lo­gie cog­ni­tive que défend Steven Pinker déploie le même type de dis­cours que celui des bio-évo­lu­tion­nistes avec les gènes, mais en se foca­li­sant sur le fonc­tion­ne­ment du cer­veau. « Les pro­grès en pri­ma­to­lo­gie, géné­tique, neu­ro­bio­lo­gie et autres dis­ci­plines cha­peau­tées par la théo­rie de l’évolution ont bou­le­ver­sé la donne, et ont pro­vo­qué des chan­ge­ments de pers­pec­tive en phi­lo­so­phie des sciences et épis­té­mo­lo­gie », écrit Peggy Sastre dans sa thèse. « Non seule­ment la bio­lo­gie peut expli­quer l’émergence de la morale, mais cer­tains pensent qu’elle a aus­si son mot à dire sur le conte­nu de celle-ci13. »

[František Kupka, série Amorpha (1912)]

La socio­lo­gie, cela va de soi, figure par­mi les cibles récur­rentes de Peggy Sastre. Selon elle, la dis­ci­pline ne devrait son exis­tence qu’à un rai­son­ne­ment « anti­na­tu­ra­liste » ayant reje­té toute idée d’une connexion entre la culture et la maté­ria­li­té bio­lo­gique des humains. À l’inverse, les sciences cog­ni­tives se seraient qua­si tota­le­ment ral­liées à l’idée d’un conti­nuum entre la maté­ria­li­té bio­lo­gique et l’expression des pré­fé­rences sociales chez les humains. Ce point de vue repose sur une lec­ture exten­sive des études récentes en neu­ros­ciences — élé­ment que l’on trouve éga­le­ment chez le socio­logue Gérald Bronner. Mais il sup­pose aus­si la construc­tion d’un pan­théon scien­ti­fique fait mai­son. L’évolutionnisme psy­cho­lo­gique repose en effet sur des hypo­thèses recon­nues par seule­ment quelques cher­cheurs, telle par exemple la « modu­la­ri­té mas­sive de l’esprit », une idée qui vou­drait que notre cer­veau soit décou­pé en zones spé­cia­li­sées mais pilo­tées depuis un « module » cen­tral. Notre cer­veau aurait ain­si plu­sieurs fonc­tions cog­ni­tives qui cor­res­pon­draient à des pro­blèmes évo­lu­tifs spé­ci­fiques que l’humain aurait ren­con­trés à tra­vers les âges. Or cette idée est aujourd’hui contes­tée par divers cher­cheurs, y com­pris ceux qui l’ont impul­sée, comme le phi­lo­sophe Jerry Fodor14. Après Edward Osborne Wilson et ses four­mis, Richard Dawkins repré­sente une autre figure cen­trale pour Peggy Sastre. Lui et d’autres néo­dar­wi­niens auraient mon­tré que « la morale est un com­por­te­ment codé par des gènes, qui a été sélec­tion­né au cours de l’évolution car il favo­ri­sait la sur­vie des indi­vi­dus qui en étaient por­teurs15 ». Le pan­théon sur mesure de Peggy Sastre com­prend éga­le­ment des spé­cia­listes de neu­ros­ciences incon­tes­tables, comme Jean-Pierre Changeux, neu­ro­bio­lo­giste au Collège de France ; Antonio Damasio, dont le grand public connaît les tra­vaux sur le rôle des émo­tions et des sen­ti­ments dans les pro­ces­sus cog­ni­tifs ; le psy­cho­logue Joseph LeDoux, auteur du Cerveau des émo­tions16. Autant de cher­cheurs qui l’aident à pen­ser, selon ses termes, une « neu­ro-ana­to­mie de l’éthique17 ».

« Cette approche socio­bio­lo­giste ouvre un espace idéo­lo­gique unique, où l’extrême droite et les mou­ve­ments catho­liques tra­di­tion­nels peuvent se connecter. »

En rame­nant la morale à un pro­duit des gènes et de l’activité cog­ni­tive du cer­veau dans sa dimen­sion pure­ment bio­chi­mique, Peggy Sastre énonce une théo­rie qui rela­ti­vise les pro­blèmes moraux au nom de la science. Le viol n’est pour elle pas un pro­blème moral, mais le pro­duit de notre évo­lu­tion natu­relle. Elle pré­tend ain­si asseoir sur la science une prise de dis­tance vis-à-vis des valeurs morales qui, selon elle, empêchent les femmes de se pen­ser autre­ment que comme des vic­times. C’est aus­si pour cela que Peggy Sastre se réfère fré­quem­ment à Nietzsche : elle tente de faire la syn­thèse entre le bio­lo­giste Darwin et le phi­lo­sophe alle­mand, qui reje­tait l’idée de valeurs morales trans­cen­dantes, supé­rieures aux hommes. Elle replace ain­si la ques­tion du fémi­nisme à un niveau natu­ra­liste : les divi­sions entre hommes et femmes res­tent d’abord natu­relles, et la morale n’a rien à voir là-dedans. Cette approche socio­bio­lo­giste, à laquelle s’ajoute la liber­té de dis­po­ser de la pro­prié­té de son corps propre à la pen­sée liber­ta­rienne, ouvre un espace idéo­lo­gique unique, où l’extrême droite et les mou­ve­ments catho­liques tra­di­tion­nels peuvent se connec­ter. Tandis que ceux-ci attri­buent la divi­sion homme/femme à la seule volon­té de Dieu, l’approche socio­bio­lo­giste la rat­tache à la bio­lo­gie. Ce que pro­pose en défi­ni­tive Peggy Sastre en com­bi­nant « évop­sy » et neu­ros­ciences gros­siè­re­ment sim­pli­fiées, c’est une forme de natu­ra­lisme athée, certes oppo­sé à l’homophobie18, mais catho­tra­di-com­pa­tible car enté­ri­nant une divi­sion natu­relle des sexes. Celui-ci pour­rait être résu­mé en ces termes : si les femmes sont domi­nées, c’est parce qu’elles ont dû adop­ter des tac­tiques par­ti­cu­lières de sur­vie, de sélec­tion de leurs par­te­naires sexuels et qu’il en reste une trace dans leur patri­moine géné­tique. Un pro­pos qu’elle défend notam­ment dans La Domination mas­cu­line n’existe pas — un livre qui se veut une réponse cri­tique à La Domination mas­cu­line, ouvrage du socio­logue Pierre Bourdieu.

« Si les hommes ont le pou­voir, y écrit Peggy Sastre, c’est parce que les femmes l’ont bien vou­lu et ce tout au long des 99,98 % de l’histoire de notre espèce. Et même pire encore : parce que ces mil­lions d’années qui nous ont vus len­te­ment deve­nir ce que nous sommes, elles les ont pas­sées à fré­tiller du derche au moindre petit indi­ca­teur de force, d’autorité et de bru­ta­li­té. Pourquoi ? Parce que lorsque votre orga­nisme ren­ferme des ovaires et un uté­rus, que votre repro­duc­tion vous fait cou­rir un dan­ger vital aus­si extrême qu’indispensable et que vous vivez dans un envi­ron­ne­ment hos­tile où vous ne savez si vous allez pas­ser la nuit (et encore moins l’hiver), de tels attri­buts sont encore les meilleurs moyens pour vous pro­té­ger — vous et le fruit de vos entrailles —, et pour vous aider à trans­mettre vos gènes aux géné­ra­tions sui­vantes. […] En d’autres termes, il n’y a pas de domi­na­tion mas­cu­line. Un tel sys­tème oppres­seur, ver­ti­cal et uni­la­té­ral n’existe pas. Ce qui existe, ce dont nous sommes les vec­teurs, c’est une his­toire évo­lu­tive qui aura pous­sé les deux sexes à deux stra­té­gies repro­duc­tives certes dis­tinctes mais qui ne vont pas l’une sans l’autre19. »

[František Kupka, série Amorpha (1912)]

L’approche de Peggy Sastre crée un récit de l’espèce humaine où la coopé­ra­tion entre humains est soit absente, soit limi­tée à un reste d’avantage adap­ta­tif (ce que le socio­bio­lo­giste Robert Trivers a théo­ri­sé sous le terme « altruisme réci­proque » ins­tinc­tif20). Dans cette vision, les rap­ports de force bru­taux sont omni­pré­sents. La for­ma­tion des couples n’implique aucune dimen­sion sociale. Et la dimen­sion esthé­tique ou cultu­relle des rap­ports humains et leurs varia­tions s’expliquent par une théo­rie « com­pu­ta­tion­na­liste » de l’esprit, soit : l’esprit humain est certes agile, mais il ne fait que jouer à l’intérieur d’un sys­tème de règles pré­éta­blies. Au début des années 2000, Peggy Sastre contri­buait même au site du grou­pus­cule trans­hu­ma­niste « Les Mutants », qui plai­dait pour la sélec­tion, par les indi­vi­dus, de leurs propres gènes dans le but d’améliorer les per­for­mances humaines. Cet eugé­nisme assu­mé était cen­sé être le « préa­lable ter­restre à une aven­ture de plus grande enver­gure » dans laquelle l’intelligence pour­rait être « opti­mi­sée21 ».

« Pourtant, cette réduc­tion du dar­wi­nisme à une lutte de tous contre tous est fausse de bout en bout pour la plu­part des espèces animales. »

Pourtant, cette réduc­tion du dar­wi­nisme à une lutte de tous contre tous est fausse de bout en bout pour la plu­part des espèces ani­males : la coopé­ra­tion existe chez de nom­breuses espèces, et par­fois entre espèces. Plus fâcheux encore, elle débouche sur une jus­ti­fi­ca­tion des vio­lences entre humains au nom du déter­mi­nisme géné­tique, et celle d’une sélec­tion qui n’aurait lais­sé chez les hommes que des pré­dis­po­si­tions à agir avec bru­ta­li­té ou à maxi­mi­ser la sur­vie et la trans­mis­sion de leurs gènes. À ce titre, Peggy Sastre consi­dère que la notion de « har­cè­le­ment sexuel » est une « notion pro­blé­ma­tique22 » car elle nie­rait les traces de l’évolution en gom­mant le déter­mi­nisme bio­lo­gique. Aussi, elle estime qu’il y aurait une « pré­dis­po­si­tion héré­di­taire à la per­son­na­li­té anti­so­ciale (avec héri­ta­bi­li­té plus forte chez les filles, les gar­çons ado­les­cents et pour les com­por­te­ments agres­sifs) ». Une pré­dis­po­si­tion qui serait « par­fois orga­ni­que­ment asso­ciée à des dys­fonc­tion­ne­ments du cor­tex fron­tal, du cor­tex tem­po­ral gauche ou de l’amygdale23 ».

Un acharnement scientiste suspect

Depuis la fin des années 2000, des voix s’élèvent aux États-Unis contre ces uti­li­sa­tions frau­du­leuses de l’évolutionnisme à des fins anti­fé­mi­nistes. Et en par­ti­cu­lier celle de la phi­lo­sophe et bio­lo­giste Elisabeth Lloyd (uni­ver­si­té de l’Indiana), deve­nue la bête noire des par­ti­sans du déter­mi­nisme socio­bio­lo­gique et de l’évolutionnisme psy­cho­lo­gique. La cher­cheuse se dit pour­tant elle-même « pas du tout oppo­sée à l’application de la bio­lo­gie de l’évolution au rai­son­ne­ment humain et ani­mal, ni à la psy­cho­lo­gie en géné­ral ». Elle voit même une « étape posi­tive » dans le rap­pro­che­ment entre les deux dis­ci­plines. Mais pour elle, « l’un des aspects les plus per­ni­cieux, à l’heure actuelle, du cli­mat de dis­cus­sion est que la situa­tion est sou­vent pré­sen­tée comme un choix que l’on serait for­cé de faire entre accep­ter les théo­ries très par­ti­cu­lières de la psy­cho­lo­gie évo­lu­tion­niste et ses prin­cipes sim­pli­fiés à l’excès, ou se replier vers un déni pré-dar­wi­nien du fait que nous sommes des ani­maux évo­lués24 ». La cri­tique qu’elle adresse aux posi­tions de Peggy Sastre et consorts s’articule autour d’un argu­ment prin­ci­pal : l’évolution ne peut pas se résu­mer à l’adaptationnisme, c’est-à-dire à une sélec­tion natu­relle des gènes « per­for­mants ». « La bio­lo­gie évo­lu­tive paraît si simple, si élé­gante, si puis­sante ; une fois que l’on a éva­lué la capa­ci­té d’un pro­ces­sus de sélec­tion à pro­duire un chan­ge­ment évo­lu­tif, il est ten­tant d’appliquer ce pro­ces­sus à toute situa­tion. Mais, comme l’ont recon­nu les théo­ri­ciens de l’évolution depuis Darwin, l’évolution implique plus que le pro­ces­sus de sélec­tion natu­relle. D’autres pro­ces­sus évo­lu­tifs — qui impliquent un échan­tillon­nage géné­tique aléa­toire, divers types de contraintes sur la varia­tion et le déve­lop­pe­ment, ou l’histoire phy­lo­gé­né­tique [c’est-à-dire des rela­tions de paren­té entre êtres vivants] — sont tou­jours pré­sents et peuvent même être plus puis­sants que la sélec­tion natu­relle dans la pro­duc­tion d’un résul­tat évo­lu­tif inté­res­sant don­né7. »

[František Kupka, série Amorpha (1912)]

En ne pre­nant en compte que le résul­tat des adap­ta­tions à l’environnement natu­rel, l’évoféminisme exclut la par­ti­ci­pa­tion de tout autre fac­teur à la consti­tu­tion du patri­moine géné­tique de l’humanité. Alors, s’il n’est pas aus­si scien­ti­fi­que­ment rigou­reux qu’on pour­rait le croire, pour­quoi l’évoféminisme a‑t-il le vent en poupe ? Un début de réponse est sans doute à trou­ver dans la façon dont il sert sys­té­ma­ti­que­ment le camp conser­va­teur. Elisabeth Lloyd s’étonne de voir sans cesse sur­gir ces argu­ments assi­mi­lant les fémi­nistes à des oppo­sants à la science. Or « quand l’ennemi s’entête à lan­cer des bombes dans une zone que vous consi­dé­rez sans rap­port avec votre propre défense, cela vaut tou­jours la peine d’enquêter », sug­gère-t-elle. « À chaque fois que fémi­nisme et science sont uti­li­sés dans le même souffle, plu­sieurs décla­ra­tions inter­dé­pen­dantes se maté­ria­lisent avec une régu­la­ri­té aus­si stricte que dérou­tante, écrit-elle. Comme par exemple : Les fémi­nistes jugent les résul­tats scien­ti­fiques en fonc­tion de normes idéo­lo­giques plu­tôt qu’en fonc­tion de la véri­té et des preuves, et recom­mandent aux autre de faire de même ; les fémi­nistes sont toutes rela­ti­vistes au sujet de la connais­sance donc elles ne com­prennent et n’acceptent pas les pré­sup­po­sés fon­da­men­taux de la recherche scien­ti­fique […]. En résu­mé, les fémi­nistes ne croient pas en la véri­té, elles rejettent l’objec­ti­vi­té comme une source d’oppression, elles sont hos­tiles aux objec­tifs et aux idéaux de la recherche scien­ti­fique et elles renoncent à l’idée même de la ratio­na­li­té. Si ces cri­tiques n’avaient pas visé des cher­cheuses fémi­nistes par­mi celles ayant expli­ci­te­ment pris des enga­ge­ments pros­cience, on pour­rait inter­pré­ter ces affir­ma­tions comme étant sim­ple­ment mal infor­mées, mais ce n’est pas le cas ; les autrices visées font par­tie des fémi­nistes les plus ouver­te­ment pros­cience25. »

[…] Le socio­logue Julien Larrègue a décrit com­ment les réfé­rences à la géné­tique ont aujourd’hui très lar­ge­ment dépas­sé leur champ dis­ci­pli­naire d’origine pour être uti­li­sées dans de mul­tiples arènes comme un outil pré­ten­dant à la scien­ti­fi­ci­té. « Génétique du crime, géné­tique des opi­nions poli­tiques, géné­tique de la fer­ti­li­té, géné­tique des inves­tis­se­ments finan­ciers. Malgré les appa­rences, ces tra­vaux ne sont pas tou­jours l’œuvre de géné­ti­ciens ou bio­lo­gistes, mais de cher­cheurs en sciences sociales res­pec­ti­ve­ment for­més à la cri­mi­no­lo­gie, à la science poli­tique, à la socio­lo­gie et à l’économie. Loin d’être anec­do­tiques, ces quelques exemples illus­trent l’apparition, depuis une quin­zaine d’années, d’une lin­gua fran­ca géné­tique, c’est-à-dire d’un lan­gage inter­dis­ci­pli­naire et flexible qui prend sa source dans la géné­tique. De façon crois­sante, socio­logues, poli­tistes, éco­no­mistes ou cri­mi­no­logues anglo­phones mobi­lisent des théo­ries, des concepts et des méthodes issus de la géné­tique26. » Or, que ce soient les tra­vaux pré­ten­dant avoir iso­lé le « gène de la vio­lence » ou l’idée, avan­cée par Peggy Sastre, qu’un patri­moine géné­tique sélec­tion­né par des siècles de bru­ta­li­té expli­que­rait le viol, aucun de ces énon­cés ne tient la route scien­ti­fi­que­ment. Un arri­mage à des don­nées géné­tiques et la mul­ti­pli­ca­tion du recours à l’imagerie céré­brale ont per­mis aux sciences cog­ni­tives de conso­li­der la scien­ti­fi­ci­té de cer­tains de leurs résul­tats. Mais elles ont aus­si favo­ri­sé l’émergence d’un cer­tain impé­ria­lisme dis­ci­pli­naire chez des patrons de labo­ra­toires uni­ver­si­taires, voire l’apparition de gou­rous for­més en psy­cho­lo­gie mais don­nant leur avis bien au-delà de leur champ de spé­cia­li­té initial.


Illustrations de ban­nière et de vignette : František Kupka, série Amorpha (1912)


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  1. Amelia Lester, « The voice of the intel­lec­tual dark web », Politico, décembre 2018.[]
  2. Peggy Sastre, Généalogies de la morale : pers­pec­tive nietz­schéenne et dar­wi­nienne sur l’o­ri­gine des com­por­te­ments et des sen­ti­ments moraux, thèse pour le doc­to­rat de phi­lo­so­phie, uni­ver­si­té de Reims, 2011, p. 15.[]
  3. Marshall Sahlins, Use and Abuse of Biology. An anthro­po­lo­gi­cal Critique of Sociobiology, Univesity of Michigan Press, Ann Arbor, 1976 ; Arthur L Caplan (dir.), The Sociobiology Debate. Readings on the Ethical and Scientific Issues, Harper and Row, New York, 1978 ; Ashley Montagu, Sociobiology Examined, New York University Press, New York, 1980. Sur la récep­tion posi­tive par Maurice Tubiana de cette pre­mière vague, voir Sylvain Laurens, Militer pour la science, op. cit., p. 169 et sui­vantes.[]
  4. Georges Guille-Escuret, Le Décalage humain. Le fait social dans l’é­vo­lu­tion, Kimé, Paris, 1994.[]
  5. Aaron Panofsky, Misbehaving Science. Controversy and the Development of Behavior Genetics, University of Chicago Press, Chicago, 2014.[]
  6. Sylvain Lavau, Julien Larrègue, Mahdi Khelfaoui, « La socio­bio­lo­gie est morte, vive la psy­cho­lo­gie évo­lu­tion­niste ! Le rôle de l’am­bi­guï­té et du tra­vail généa­lo­gique dans la trans­for­ma­tion des spé­cia­li­tés scien­ti­fiques », Zilsel, à paraître, octobre 2020.[]
  7. Ibid.[][]
  8. Sylvain Lavau, « De la scien­ti­fi­ci­té dans le débat fémi­niste », 14 mai 2017.[]
  9. Charles Muller et Peggy Sastre, Sexe Machines, Max Milo, Paris, 2007, p. 8.[]
  10. Ibid, p. 22.[]
  11. Tony Ward et Richard Siegert, « Rape and evolutionary psychology: a critique of Thornhill and Palmer's theory », Agression and Violent Behavior, volume 7, n° 2, 2002, p. 145–168.[]
  12. Peggy Sastre, Généalogies de la morale, op. cit.[]
  13. Ibid, p. 12.[]
  14. Sur l’é­vo­lu­tion de la notion, lire la recen­sion du livre La Modularité de l’es­prit de Jerry Fodor parue sur le site Sciences Humaines.[]
  15. Peggy Sastre, Généalogies de la morale, op. cit., p. 15.[]
  16. Joseph LeDoux, Le Cerveau des émo­tions, Odile Jacob, Paris, 2005.[]
  17. Peggy Sastre, Généalogies de la morale, op. cit.[]
  18. Pour Sastre, l’ho­mo­pho­bie ne peut se récla­mer comme le font cer­tains mili­tants tra­di­tio­na­listes d’une nature divine qui aurait « vou­lu » l’hé­té­ro­sexua­li­té chez toute une série d’es­pèces ani­males. Peggy Sastre, « Opposants au mariage gay : non, la « nature » ne jus­ti­fie pas votre homo­pho­bie », Nouvel Obs, 24 novembre 2012.[]
  19. Peggy Sastre, La Domination mas­cu­line n’existe pas, Éditions Anne Carrière, Paris, 2015, p. 11.[]
  20. Robert Trivers, Social Evolution, The Benjamin/Commungs Publishing Company, Menlo Park (California), 1985.[]
  21. Voir le site lesmutants.com[]
  22. Peggy Sastre, La domi­na­tion mas­cu­line n’existe pas, op. cit., p. 42.[]
  23. Peggy Sastre, Généalogies de la morale, op. cit., p. 26.[]
  24. Elisabeth Lloyd, Science, Evolution and Politics, Cambridge Studies in Philosophy and Biology, Cambridge, 2008, p. 150.[]
  25. Ibid, p. 202.[]
  26. Julien Larregue, « C’est géné­tique : ce que les twin stu­dies font dire aux sciences sociales », Sociologie, 2018/3, vol. 9, 2018, p. 285–304.[]

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