L’abécédaire d’Élisée Reclus


La pen­sée d’Élisée Reclus n’a pas fini de nous mobi­li­ser : géo­graphe pro­li­fique, à la fois com­mu­niste et anar­chiste, fémi­niste et végé­ta­rien, cet adver­saire de la « funeste ins­ti­tu­tion » que fut l’esclavage aux États-Unis a fait siennes, sou­vent contre son temps, la plu­part des luttes pour l’émancipation1. Cela, il le paya de deux exils : un pre­mier au len­de­main du coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte, un second après son enga­ge­ment dans les rangs de la Commune. Proche de Bakounine, ce der­nier disait de lui et de son frère aîné, Élie, qu’ils étaient « les hommes les plus modestes, les plus dés­in­té­res­sés, les plus purs, les plus reli­gieu­se­ment dévoués à leurs prin­cipes » qu’il ait ren­con­trés au cours de sa vie bien rem­plie. Entrons, le temps de quelques lettres, chez cet homme pour qui la vic­toire du capi­tal impli­que­rait que l’humanité « a[it] ces­sé de vivre ». Une porte d’entrée en 26 lettres.


[lire en espagnol]


Animaux : « Si nous devions réa­li­ser le bon­heur de tous ceux qui portent figure humaine et des­ti­ner à la mort tous nos sem­blables qui portent museau et ne dif­fèrent de nous que par un angle facial moins ouvert, nous n’aurions cer­tai­ne­ment pas réa­li­sé notre idéal. Pour ma part, j’embrasse aus­si les ani­maux dans mon affec­tion de soli­da­ri­té socia­liste. [….] Je ne com­prends pas le meurtre d’un ani­mal ou d’un homme […]. » (Lettre à Richard Health [1884], Les Grands textes, Flammarion, 2014)

Beauté : « Nous vivons dans un siècle d’ingénieurs et de sol­dats, pour les­quels tout doit être tra­cé à la ligne et au cor­deau. L’alignement ! tel est le mot d’ordre de ces pauvres esprits qui ne voient la beau­té que dans la symé­trie, la vie que dans la rigi­di­té de la mort. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Commune : « Associez-vous aux com­pa­gnons dont la terre est mena­cée comme la vôtre par les usi­niers, les ama­teurs de chasse, les prê­teurs d’argent ; oubliez toutes vos petites ran­cunes de voi­sin à voi­sin, et grou­pez-vous en com­munes où tous les inté­rêts soient soli­daires, où chaque motte de gazon ait tous les com­mu­niers pour défen­seurs. À cent, à mille, à dix mille, vous serez déjà bien forts contre le sei­gneur et ses valets ; mais vous ne serez pas encore assez forts contre une armée. Associez-vous donc de com­mune à com­mune et que la plus faible dis­pose de la force de toutes. Bien plus, faites appel à ceux qui n’ont rien, à ces gens déshé­ri­tés des villes qu’on vous a peut-être appris à haïr, mais qu’il faut aimer parce qu’ils vous aide­ront à gar­der la terre et à recon­qué­rir celle qu’on vous a prise. Avec eux, vous atta­que­rez, vous ren­ver­se­rez les murailles d’enclos ; avec eux, vous fon­de­rez la grande com­mune des hommes, où l’on tra­vaille­ra de concert à vivi­fier le sol, à l’embellir et à vivre heu­reux, sur cette bonne terre qui nous donne le pain. » (« À mon frère le pay­san », Genève, impri­me­rie des Eaux Vives, 1893)

Décadence : « Il existe une cause majeure, la cause des causes, résu­mant l’histoire de la déca­dence. C’est la consti­tu­tion d’une par­tie de la socié­té en maî­tresse de l’autre par­tie, c’est l’accaparement de la terre, des capi­taux, du pou­voir, de l’instruction, des hon­neurs par un seul ou par une aris­to­cra­tie. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Égout : « Dans nos pays de l’Europe civi­li­sée où l’homme inter­vient par­tout pour modi­fier la nature à son gré, le petit cours d’eau cesse d’être libre et devient la chose des rive­rains. Ils l’utilisent à leur guise, soit pour en arro­ser leurs terres, soit pour moudre leur blé ; mais sou­vent aus­si ils ne savent point l’employer uti­le­ment ; ils l’emprisonnent entre des murailles mal construites que le cou­rant démo­lit ; ils en dérivent les eaux vers les bas-fonds où elles séjournent en flaques pes­ti­len­tielles ; ils l’emplissent d’ordures qui devraient ser­vir d’engrais à leurs champs ; ils trans­forment le gai ruis­seau en un immonde égout. » (Histoire d’un ruis­seau [1869], Arthaud, 2017)

Femme : « C’est dans la famille sur­tout, c’est dans ses rela­tions jour­na­lières avec les siens que l’on peut le mieux juger l’homme : s’il res­pecte abso­lu­ment la liber­té de sa femme, si les droits, la digni­té de ses fils et de ses filles lui sont aus­si pré­cieux que les siens, alors la preuve est faite ; il est digne d’entrer dans une assem­blée de citoyens libres ; sinon, il est encore esclave, puisqu’il est tyran. » (L’Homme et la Terre [1905], FM/La Découverte, 1982)

Grève : « Un fait capi­tal domine toute la civi­li­sa­tion moderne, le fait que la pro­prié­té d’un seul peut s’accroître indé­fi­ni­ment, et même, en ver­tu du consen­te­ment presque uni­ver­sel, embras­ser le monde entier. Le pou­voir des rois et des empe­reurs est limi­té, celui de la richesse ne l’est point. Le dol­lar est le maître des maîtres : c’est par sa ver­tu, avant toute autre rai­son, que les hommes sont répar­tis diver­se­ment sur la face de la Terre, dis­tri­bués ça et là dans les villes et les cam­pagnes, dans les champs, les ate­liers et les usines, qu’ils sont menés et mal­me­nés de tra­vail en tra­vail, comme le galet de grève en grève. » (L’Homme et la Terre [1905], FM/La Découverte, 1982)

Hache : « Comme le chas­seur pour­sui­vant une proie, comme le sol­dat cher­chant à tuer son sem­blable, l’abatteur d’arbres s’exaspère dans son œuvre de des­truc­tion parce qu’il sent avoir devant lui un être vivant. Le tronc gémit sous la mor­sure du fer, et sa plainte est répé­tée de proche en proche par tous les arbres de la forêt comme s’ils com­pa­tis­saient à la dou­leur et com­pre­naient que la hache se retour­ne­ra contre eux. » (Histoire d’un ruis­seau [1869], Arthaud, 2017)

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Ingénieurs : « Au reste, n’est-ce pas ain­si que nous agis­sons envers la nature entière ? Lâchez une meute d’ingénieurs dans une val­lée char­mante, au milieu des prai­ries et des arbres, sur les rives de quelque beau fleuve, et vous ver­rez bien­tôt ce qu’ils en auront fait ! Ils auront mis tout leur soin à rendre leur œuvre per­son­nelle aus­si évi­dente que pos­sible et à mas­quer la nature sous leurs amas, de pier­railles et de char­bon ; de même ils seront tout fiers de voir la fumée de leurs loco­mo­tives s’entrecroiser dans le ciel en un réseau mal­propre de bandes jau­nâtres ou noires. » (« À pro­pos du végé­ta­risme », La Réforme ali­men­taire, volume V, n° 3, 1901)

Justice : « De deux choses l’une : ou bien la jus­tice est l’idéal humain et, dans ce cas, nous la reven­di­quons pour tous ; ou bien la force seule gou­verne les socié­tés et, dans ce cas, nous use­rons de la force contre nos enne­mis. Ou la liber­té des égaux, ou la loi du talion. » (« Pourquoi sommes-nous anar­chistes » [1889], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Képis : « […] l’esprit de corps entre gens qui sortent d’une même école à diplôme trans­forme tous les cama­rades, si braves gens qu’ils soient, en autant de conspi­ra­teurs incons­cients, ligués pour leur bien-être par­ti­cu­lier et contre le bien public, autant d’hommes de proies qui détrous­se­ront les pas­sants et par­ta­ge­rons le butin. Voyez-les déjà, les futurs fonc­tion­naires, au col­lège avec leurs képis numé­ro­tés ou dans quelque uni­ver­si­té avec leurs cas­quettes blanches ou vertes : peut-être n’ont-ils prê­té aucun ser­ment en endos­sant l’uniforme, mais s’ils n’ont pas juré, ils n’en agissent pas moins sui­vant l’esprit de caste, réso­lus à prendre tou­jours les meilleures parts. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Labeur : « Le labeur est indis­pen­sable à qui veut jouir du repos, de même que le loi­sir jour­na­lier est néces­saire à chaque tra­vailleur pour renou­ve­ler ses forces. La socié­té ne ces­se­ra de souf­frir, elle sera tou­jours dans un état d’équilibre instable, aus­si long­temps que les hommes, voués en si grand nombre à la misère, n’auront pas tous, après la tâche quo­ti­dienne, une période de répit pour régé­né­rer leur vigueur et se main­te­nir ain­si dans la digni­té d’êtres libres et pen­sants. » (Histoire d’un ruis­seau [1869], Arthaud, 2017)

Moral : « Ainsi l’homme qui veut se déve­lop­per en être moral doit prendre exac­te­ment le contre-pied de ce que lui recom­mandent et l’Église et l’État : il lui faut pen­ser, par­ler, agir libre­ment. Ce sont là les condi­tions indis­pen­sables de tout pro­grès. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Négation : « Entrez dans une école supé­rieure : le pro­fes­seur y parle de Descartes et nous raconte com­ment le grand phi­lo­sophe a com­men­cé par faire table rase de tous les pré­ju­gés, de toutes les idées reçues, de tous les sys­tèmes anté­rieurs. Il le loue fort d’avoir eu cette vigueur intel­lec­tuelle ; il nous dit qu’à dater de l’heure où fut pro­non­cé l’audacieuse parole d’absolue néga­tion, la pen­sée humaine était éman­ci­pée ; mais ce même pro­fes­seur n’a plus que des excla­ma­tions d’horreur pour tous ceux qui seraient ten­tés d’imiter son héros ! » (« L’évolution légale et l’anarchie » [1878], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

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Œuvre : « Le tigre peut se détour­ner de sa vic­time, mais les livres de banque pro­noncent des arrêts sans appels ; les hommes, les peuples sont écra­sés sous ces pesantes archives, dont les pages silen­cieuses racontent en chiffre l’œuvre impi­toyable. Si le capi­tal devait l’emporter, il serait temps de pleu­rer notre âge d’or, nous pour­rions alors regar­der der­rière nous et voir, comme une lumière qui s’éteint, tout ce que la terre eut de doux et de bon, l’amour, la gaie­té, l’espérance. L’Humanité aurait ces­sé de vivre. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Poison : « Voyez ce que les boud­dhistes ont fait du Bouddha, ce que les chré­tiens ont fait du Christ, à sup­po­ser que l’un et l’autre aient vécu, ce qui importe peu d’ailleurs, car l’un et l’autre ne sont pour nous que des voix. De leurs paroles, si essen­tiel­le­ment humaines, aux­quelles se mêlaient par consé­quent des erreurs et des fai­blesses, les prêtres ont fait des paroles divines, indis­cu­tables, et les inter­pré­tant à leur gré, ils les ont uti­li­sées pour impo­ser au trou­peau des hommes leurs propres erreurs et leurs folies. Toutefois, la tra­hi­son du Bouddha par les boud­dhistes, du Christ par les chré­tiens, ne nous empêche pas de reprendre les docu­ments pri­mi­tifs de leur his­toire et je me gar­de­rai bien de négli­ger par exemple tout ce que je trouve d’humain et de vrai dans les Évangiles. Mais, dès qu’on me les apporte comme étant un ouvrage divin ou comme ayant je ne sais quelle divi­ni­té, quelle sain­te­té par­ti­cu­lière, je n’en veux plus. Attribuer quoi que ce soit d’infaillible à une œuvre quel­conque, Évangiles ou Paroles d’un Croyant, ou Chants de la Commune, je n’en veux plus, je pro­teste. C’est de là que nous vien­dra le poi­son. » (Lettre à Richard Heath, 28 juillet 1884)

Quatre : « Telle que nous la pra­ti­quons aujourd’hui, la domes­ti­ca­tion témoigne aus­si à maints égards d’une véri­table régres­sion morale, car, loin d’améliorer les ani­maux, nous les avons enlai­dis, avi­lis, cor­rom­pus. Nous avons pu, il est vrai, par le choix des sujets, aug­men­ter dans l’animal telle ou telle qua­li­té de force, d’adresse, de flair, de vitesse à la course, mais en notre rôle de car­nas­siers, nous avons eu pour pré­oc­cu­pa­tion capi­tale d’augmenter les masses de viande et de graisse qui marchent à quatre pieds, de nous don­ner des maga­sins de chair ambu­lante qui se meuvent avec peine du fumier à l’abattoir. Pouvons-nous dire que le cochon vaille mieux que le san­glier ou la peu­reuse bre­bis mieux que l’intrépide mou­flon ? » (« La grande famille », Le Magazine International, 1897)

Révolution : « […] l’évolution et la révo­lu­tion sont les deux actes suc­ces­sifs d’un même phé­no­mène, l’évolution pré­cé­dant la révo­lu­tion, et celle-ci pré­cé­dant une évo­lu­tion nou­velle, mère des révo­lu­tions futures. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Solidarité : « Que l’on voie d’un côté la tourbe des pauvres affa­més, de l’autre quelques pri­vi­lé­giés man­geant à leur appé­tit et s’habillant à leur fan­tai­sie, on doit croire en toute naï­ve­té qu’il ne sau­rait en être autre­ment ! Il est vrai qu’en temps d’abondance on n’aurait qu’à prendre au tas et qu’en temps de disette tout le monde pour­rait se mettre de concert à la ration, mais pareille façon d’agir sup­po­se­rait l’existence d’une socié­té étroi­te­ment unie par un lien de soli­da­ri­té fra­ter­nel. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Terre : « Là où le sol s’est enlai­di, là où toute poé­sie a dis­pa­ru du pay­sage, les ima­gi­na­tions s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la rou­tine et la ser­vi­li­té s’emparent des âmes et les dis­posent à la tor­peur et à la mort. Parmi les causes qui dans l’histoire de l’humanité ont déjà fait dis­pa­raître tant de civi­li­sa­tions suc­ces­sives, il fau­drait comp­ter en pre­mière ligne la bru­tale vio­lence avec laquelle la plu­part des nations trai­taient la terre nour­ri­cière. Ils abat­taient les forêts, lais­saient tarir les sources et débor­der les fleuves, dété­rio­raient les cli­mats, entou­raient les cités de zones maré­ca­geuses et pes­ti­len­tielles ; puis, quand la nature, pro­fa­née par eux, leur était deve­nue hos­tile, ils la pre­naient en haine, et, ne pou­vant se retrem­per comme le sau­vage dans la vie des forêts, ils se lais­saient de plus en plus abru­tir par le des­po­tisme des prêtres et des rois. » (« Du Sentiment de la nature dans les socié­tés modernes », La Revue des deux Mondes,63, 15 mai 1866)

Utilité : « Le savant a son immense uti­li­té comme car­rier : il extrait les maté­riaux, mais ce n’est pas lui qui les emploie, c’est au peuple, à l’ensemble des hommes asso­ciés qu’il appar­tient d’élever l’édifice. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

[Popcube]

Voter : « Voter, c’est abdi­quer ; nom­mer un ou plu­sieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renon­cer à sa propre sou­ve­rai­ne­té. Qu’il devienne monarque abso­lu, prince consti­tu­tion­nel ou sim­ple­ment man­da­taire muni d’une petite part de royau­té, le can­di­dat que vous por­tez au trône ou au fau­teuil sera votre supé­rieur. Vous nom­mez des hommes qui sont au-des­sus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédi­ger et que leur mis­sion est de vous faire obéir. » (Lettre à Jean Grave, Le Révolté, 1885)

Wagon : « […] c’est en dehors de l’école que l’on s’instruit le plus, dans la rue, dans l’atelier, devant les baraques de foire, au théâtre, dans les wagons de che­mins de fer, sur les bateaux à vapeur, devant les pay­sages nou­veaux, dans les villes étran­gères. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

XIV : « Chaque sou­ve­rain a sa cama­rilla, sans comp­ter ses ministres, ses délé­gués, ses conseillers d’État, tout autant de vices-rois ; puis il est tenu, lié par des pré­cé­dents, des consi­dé­rants, des pro­to­coles, des conven­tions, des situa­tions acquises, une éti­quette, qui est toute une science aux pro­blèmes infi­nis : le Louis XIV le plus inso­lent se trouve pris dans les mille filets d’un réseau dont il ne se débar­ras­se­ra jamais. Toutes ces conven­tions dans les­quelles le maître s’est fas­tueu­se­ment enser­ré lui donne un avant-goût de la tombe et dimi­nuent d’autant sa force pour la réac­tion. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Yeux : « […] c’est par coups d’État, petits ou grands, qu’il faut vaincre la dif­fi­cul­té : les sou­ve­rains, les puis­sants se plaignent dans ce cas là que la léga­li­té les tue et en sortent bra­ve­ment pour ren­trer dans le droit. Le suc­cès légi­time leurs actes aux yeux de l’historien ; l’insuccès les met au rang des scé­lé­rats. » (L’Évolution, la révo­lu­tion et l’idéal anar­chique [1902], Écrits sociaux, Héros-Limite, 2012)

Zèle : « Enfin nous comp­tons sur un troi­sième lien, celui que les élèves et les audi­teurs noue­ront entre nous par leur amour de la véri­té, par leur haut esprit d’étude sin­cère et dés­in­té­res­sée. À eux de nous éle­ver et de nous main­te­nir très haut par l’appel constant qu’ils ont le droit de faire à notre zèle, car nous leur devons un ensei­gne­ment, sinon tou­jours nou­veau, du moins inces­sam­ment renou­ve­lé par l’âpre recherche et la réflexion pro­fonde. » (« Le bon­heur auquel la science nous convie » [1895], La joie d’apprendre, Élisée Reclus et Pierre Kropotkine, Héros-Limite, 2018)


Tous les abé­cé­daires sont confec­tion­nés, par nos soins, sur la base des ouvrages, articles, entre­tiens ou cor­res­pon­dance des auteur·es.
Illustration de ban­nière : Popcube

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  1. Pour mieux sai­sir son rap­port ambi­gu au colo­nia­lisme en Algérie, on lira Béatrice Giblin : « Élisée Reclus et les colo­ni­sa­tions », Hérodote, vol. 117, n° 2, 2005, p. 135-152, ain­si que Federico Ferretti et Philippe Pelletier, « Sciences impé­riales et dis­cours hété­ro­doxes : Élisée Reclus et le colo­nia­lisme fran­çais », L’Espace géo­gra­phique, vol. 42, n° 1, 2013, p. 1-14.[]

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