Une histoire du syndicat Industrial Workers of the World


Fondé en 1905 aux États-Unis, le syn­di­cat IWW compte aujourd’­hui plus de 9 000 membres. Bâti sur l’i­dée que « la classe ouvrière et la classe patro­nale n’ont rien en com­mun », on retrouve ses membres — les Wobblies — dans les luttes des dockers de Liverpool, des mineurs de la Sierra Leone, des sans-abri de l’Ottawa ou encore des tra­vailleurs de la res­tau­ra­tion rapide du Québec. Sa devise ? « Faire du tort à un seul, c’est faire du tort à tous ». Paraît, ce jour, l’ou­vrage Solidarité fore­ver aux édi­tions Hors d’at­teinte. Ses auteurs — les his­to­riens éta­su­niens Peter Cole, David M. Struthers et Kenyon Zimmer — y retracent, sur près de 500 pages, l’his­toire d’un syn­di­ca­lisme de masse dont l’am­bi­tion finale n’est autre que l’a­bo­li­tion du sys­tème capi­ta­liste. Nous en publions un extrait.


Avec sa rhé­to­rique enflam­mée, ses tac­tiques auda­cieuses et son syn­di­ca­lisme d’industrie au pro­gramme révo­lu­tion­naire, l’IWW frap­pa l’imagination d’une géné­ra­tion de tra­vailleurs et de mili­tants radi­caux, aux États-Unis et dans le monde entier. Déterminée à sup­plan­ter l’étroitesse du syn­di­ca­lisme de métier tel que le pra­ti­quait la Fédération amé­ri­caine du tra­vail (American Federation of Labor, AFL) par la créa­tion de syn­di­cats de masse, conçus à l’échelle des sec­teurs d’activité éco­no­mique et, par consé­quent, dotés d’une puis­sance suf­fi­sante pour ren­ver­ser le capi­ta­lisme, l’organisation fit croître ses forces et sa renom­mée dans les années pré­cé­dant la Première Guerre mon­diale, en recru­tant des tra­vailleurs négli­gés par l’AFL, notam­ment les immi­grés dans le nord-est des États-Unis, les ouvriers agri­coles iti­né­rants dans les Grandes Plaines, ain­si que les bataillons plu­rieth­niques de mineurs, de scieurs de long et de sai­son­niers agri­coles qui sillon­naient les États de l’Ouest. En paral­lèle, les idées, les mili­tants et les publi­ca­tions IWW se mirent à essai­mer par delà les fron­tières des États-Unis — vers le Mexique, le Canada, les Caraïbes et l’Amérique latine, jusqu’en Europe, en Afrique, en Asie et en Australasie. L’expansion de l’IWW et de ses idéaux dans le monde entier en une seule décen­nie, comme l’engagement pas­sion­né de ses nom­breux membres et sym­pa­thi­sants, témoigne du dyna­misme de l’organisation. Cependant, leur pro­gramme révo­lu­tion­naire et leur rhé­to­rique de guerre des classes valurent aux Wobblies plus d’ennemis que d’alliés.

« Leur pro­gramme révo­lu­tion­naire et leur rhé­to­rique de guerre des classes valurent aux Wobblies plus d’ennemis que d’alliés. »

L’IWW vit le jour en 1905, l’année de la pre­mière révo­lu­tion russe, qui tour­na court. Le 2 jan­vier 1905, plu­sieurs dizaines de per­sonnes qui se recon­nais­saient sous l’appellation de « syn­di­ca­listes indus­triels », réunies à Chicago, lan­cèrent un appel pour la créa­tion d’un nou­veau syn­di­cat ouvrier. « Ce qui carac­té­rise l’industrie actuelle, décla­rèrent-ils, est le rem­pla­ce­ment du savoir-faire humain par les machines et l’accroissement du pou­voir capi­ta­liste par la concen­tra­tion de la pro­prié­té des outils et moyens de pro­duc­tion ain­si que de la dis­tri­bu­tion des richesses. » Dans la fou­lée, en juin de la même année, des cen­taines de per­sonnes appar­te­nant à plus de qua­rante syn­di­cats et orga­ni­sa­tions radi­cales se réunirent à Chicago, pour le congrès fon­da­teur des Industrial Workers of the World. Parmi les syn­di­cats repré­sen­tés, le plus impor­tant était la Fédération des mineurs de l’Ouest (Western Federation of Miners, WFM). Des membres du Parti socia­liste d’Amérique (Socialist Party of America, SPA), par­mi les­quels Eugene V. Debs, par­ti­ci­paient à la ren­contre, aux côtés de Daniel De Leon du Parti ouvrier socia­liste (Socialist Labor Party, SLP). De même que Lucy Parsons, figure anar­chiste et veuve d’Albert Parsons, l’un des mar­tyrs de Haymarket1, ou Mary Harris « Mother » Jones, socia­liste libre-pen­seuse et mili­tante syn­di­cale proche de l’Union des mineurs amé­ri­cains (United Mine Workers of America, UMWA).

De nom­breux res­pon­sables et mili­tants moins connus prirent éga­le­ment part à l’événement en tant qu’observateurs, par­mi les­quels les anar­chistes espa­gnols Pedro Esteve et Florencio Bazora. William D. « Big Bill » Haywood, diri­geant de la WFM, pré­si­da la réunion, qu’il bap­ti­sa « Congrès conti­nen­tal de la classe ouvrière » en réfé­rence à l’assemblée for­mée en 1774 qui avait pro­cla­mé la révo­lu­tion états-unienne2. Haywood for­mu­la l’espoir que l’IWW déclenche une nou­velle révo­lu­tion pour libé­rer les tra­vailleurs de la « ser­vi­tude escla­va­giste du capi­ta­lisme3 ». Le 8 juillet, les délé­gués ado­ptèrent le désor­mais célèbre pré­am­bule de la Charte de l’IWW, conte­nant ces paroles fameuses et enflammées :

La classe ouvrière et la classe patro­nale n’ont rien en com­mun. Il ne peut y avoir de paix tant que des mil­lions de tra­vailleurs sont tenaillés par la faim et le besoin, tan­dis que les quelques pri­vi­lé­giés qui forment la classe patro­nale jouissent de toutes les bonnes choses de la vie. La lutte entre ces deux classes doit se pour­suivre jusqu’à ce que tous les tra­vailleurs s’unissent […] et contrôlent le fruit de leur travail.

[Eugene V. Debs | Fotosearch | Getty Images]

À l’évidence, l’IWW croyait à la lutte des classes et à la néces­si­té d’une révo­lu­tion pro­lé­ta­rienne pour pro­pa­ger le socia­lisme dans le monde. Toutefois, à la dif­fé­rence de la plu­part des socia­listes, et ensuite des com­mu­nistes, que ce fût en Union sovié­tique ou n’importe où ailleurs, les Wobblies ne pri­vi­lé­giaient pas la voie poli­tique (ni la lutte armée) pour atteindre leurs objec­tifs socia­listes. Au lieu de quoi, l’IWW consi­dé­rait, comme d’autres orga­ni­sa­tions ouvrières, que le syn­di­ca­lisme d’industrie, l’action directe sur le tas et par-des­sus tout la grève géné­rale étaient les meilleurs moyens, et les plus logiques, pour pro­vo­quer un chan­ge­ment révo­lu­tion­naire. À par­tir de 1905, et a for­tio­ri après 1908, ce dis­tin­guo idéo­lo­gique eut une impor­tance considérable.

« L’IWW consi­dé­rait que le syn­di­ca­lisme d’industrie, l’action directe sur le tas et par-des­sus tout la grève géné­rale étaient les meilleurs moyens, et les plus logiques, pour pro­vo­quer un chan­ge­ment révolutionnaire. »

Dès sa créa­tion, l’IWW s’engagea à accueillir tous les tra­vailleurs, quelle que soit leur iden­ti­té sexuelle, raciale, eth­nique ou natio­nale. Les sta­tuts ados­sés à la Charte du syn­di­cat sti­pulent, dans leur article 1, para­graphe 1 : « Aucun ouvrier ne sera exclu, ni aucune ouvrière exclue, de l’effectif des sec­tions locales pour des motifs de croyance ou de cou­leur de peau. » Les fon­da­teurs insis­taient sur ce point à cause du racisme, du sexisme et de la xéno­pho­bie notoires de nom­breux syn­di­ca­listes de l’AFL, ain­si que de cer­taines orga­ni­sa­tions qui se pré­ten­daient socia­listes. Par exemple, les prin­cipes de lutte des classes, que défen­dait le Parti socia­liste d’Amérique (SPA), étaient mis à mal par le sou­tien qu’il appor­tait à l’exclusion des Asiatiques, et dans cer­tains cas à la ségré­ga­tion raciale, dans l’espoir de recru­ter et de conser­ver par­mi ses membres une popu­la­tion de Blancs racistes4. En 1906 et 1907, l’IWW prit part à l’encadrement des ouvriers d’usine en grève à Paterson (New Jersey) et Bridgeport (Connecticut) qui, pour la plu­part, étaient des migrants, ita­liens dans le pre­mier cas et hon­grois dans le second. L’IWW conti­nua par la suite à mobi­li­ser les ouvriers d’usine immi­grés et non qua­li­fiés dans l’ensemble des cités indus­trielles des États-Unis, et bien­tôt d’autres pays. Même s’il frap­pait puis­sam­ment les esprits, l’IWW connut des débuts modestes. Il rem­por­ta sa pre­mière grande vic­toire en 1907, aux côtés des ouvriers des mines d’or de Goldfield (Nevada), qui arra­chèrent la jour­née de huit heures à coups de grèves et de boy­cotts. En dépit de cette col­la­bo­ra­tion réus­sie, la Fédération des mineurs de l’Ouest (WFM) se reti­ra vite de l’organisation, et son départ mit en lumière les ten­sions per­pé­tuelles aux­quelles étaient — et demeurent — confron­tés les syn­di­cats radi­caux tels que l’IWW, et qui se résument à cette inter­ro­ga­tion : com­ment conci­lier le com­bat pour des gains immé­diats et la lutte à plus long terme pour la révo­lu­tion socialiste ?

Du reste, les membres — Daniel De Leon en tête — qui avaient de l’estime pour les par­tis poli­tiques car ceux-ci consti­tuaient à leurs yeux d’importants outils de lutte, quit­tèrent l’IWW en 1908. Pour autant, ces élé­ments sur­tout liés au Parti ouvrier socia­liste (SLP), refu­sant de dis­pa­raître pure­ment et sim­ple­ment dans la nature, lan­cèrent une orga­ni­sa­tion syn­di­cale concur­rente, sur­nom­mée « l’IWW de Detroit » car c’est dans cette ville que se trou­vait son nou­veau siège. Une rup­ture du même ordre se pro­dui­sit par la suite avec le Parti socia­liste d’Amérique (SPA), cha­cun des adhé­rents étant invi­té à choi­sir entre l’IWW aux posi­tions radi­cales et le SPA plus modé­ré, qui se pro­po­sait d’atteindre le socia­lisme par la voie des urnes — démarche carac­té­ris­tique du socia­lisme dit démo­cra­tique ou réfor­miste. Haywood, par exemple, qui avait été élu au comi­té exé­cu­tif natio­nal du SPA en 1912, fut écar­té l’année sui­vante dans le cadre d’une cam­pagne interne au par­ti contre les « par­ti­sans de l’action directe » ; des mil­liers de Wobblies qui étaient éga­le­ment membres du SPA prirent le large en même temps que Haywood. Les scis­sions au sein de l’IWW états-unien connurent de nom­breuses répliques dans d’autres pays où une rup­ture simi­laire sur­vint entre les socia­listes (et plus tard les com­mu­nistes) d’une part, les syn­di­ca­listes révo­lu­tion­naires et les anar­chistes de l’autre, au sujet de la voie à emprun­ter pour ins­tau­rer le socialisme.

[« Big Bill » Haywood, 1912 | DR]

Par ailleurs, l’IWW était dans le col­li­ma­teur des employeurs et des pou­voirs publics — à l’échelon des muni­ci­pa­li­tés, des États, ou au niveau fédé­ral — pour des rai­sons d’ordre à la fois prag­ma­tique et idéo­lo­gique. On assis­ta alors aux pre­mières ten­ta­tives visant à bri­ser le syn­di­cat, par­mi les­quelles une vaste cam­pagne impli­quant de nom­breux États et entre­prises incri­mi­na trois diri­geants de la WFM, dont Haywood, pour le meurtre d’un ancien gou­ver­neur de l’Idaho. À l’issue du pre­mier « pro­cès du siècle », Haywood et ses coac­cu­sés furent décla­rés non cou­pables en 1908, mais la répres­sion anti-IWW ne fai­sait que commencer5).

« Au terme de quatre mois de bas­ton­nades et d’arrestations, alors que les pri­sons étaient pleines à cra­quer, l’IWW triom­pha : tous ses adhé­rents déte­nus furent libérés. »

Les « com­bats pour la liber­té de parole » lan­cés par l’IWW consti­tuent l’un des cha­pitres les plus mar­quants de l’histoire du syn­di­cat aux États-Unis. Les pre­miers affron­te­ments écla­tèrent en 1909 à Spokane (Washington), impor­tant centre d’embauche de main‑d’œuvre immi­grée pour les régions du Nord-Ouest Pacifique, dans les sec­teurs de l’exploitation fores­tière, de l’agriculture et du bâti­ment. De nom­breux ouvriers pas­saient l’hiver à Spokane, dans l’attente d’une reprise des embauches au prin­temps, mais ils subis­saient le har­cè­le­ment des « requins » du recru­te­ment qui, de mèche avec les employeurs, leur pro­po­saient des postes en échange de « com­mis­sions ». En réac­tion, des Wobblies prirent la parole dans les rues de Spokane pour dénon­cer cette situa­tion, exhor­tant les ouvriers à boy­cot­ter ces requins et à contraindre les employeurs à pro­cé­der aux embauches sans inter­mé­diaires ni com­mis­sions. Quand ces bureaux de pla­ce­ment par­vinrent à faire inter­dire les harangues de rue par le conseil muni­ci­pal, l’IWW ripos­ta en déclen­chant son pre­mier « com­bat pour la liber­té de parole ». « ON RECHERCHE : des hommes pour emplir les pri­sons de Spokane », titra l’Industrial Worker. Aussitôt, des Wobblies sans attaches répon­dirent à l’appel et conver­gèrent à Spokane pour y enfreindre déli­bé­ré­ment l’interdiction légale de s’exprimer en public, et la ville pro­cé­da à des arres­ta­tions mas­sives (au cours du seul pre­mier mois, on en dénom­bra cinq cents). Au terme de quatre mois de bas­ton­nades et d’arrestations, alors que les pri­sons étaient pleines à cra­quer, l’IWW triom­pha : tous ses adhé­rents déte­nus furent libé­rés, l’arrêté d’interdiction des harangues de rue fut annu­lé et les « requins » se virent reti­rer leur licence. En dépit de cette vic­toire, d’autres villes ado­ptèrent la ligne répres­sive de Spokane, et cer­taines d’entre elles étouf­fèrent dans l’œuf les ten­ta­tives d’implantation syn­di­cale menées par l’IWW6.

Un autre cha­pitre emblé­ma­tique de l’histoire de l’IWW fut la grève dite « du pain et des roses », qui secoua l’industrie tex­tile à Lawrence (Massachusetts) en 1912. Au XIXe siècle, la filière tex­tile de Nouvelle-Angleterre avait été le domaine réser­vé des tra­vailleurs nés aux États-Unis, mais au fil des évo­lu­tions tech­no­lo­giques la déqua­li­fi­ca­tion et le recours à une main‑d’œuvre immi­grée se déve­lop­pèrent. Dans les années 1900, les ouvriers y étaient ori­gi­naires de plus de vingt pays et par­laient cin­quante langues ; il y avait par­mi eux une majo­ri­té de femmes et de nom­breux enfants. Leur situa­tion était ter­rible : salaires de misère, longues jour­nées de tra­vail, avec des chefs tyran­niques, racistes et sexistes. 36 % des per­sonnes qui tri­maient dans les fila­tures mou­raient avant d’avoir atteint l’âge de vingt-cinq ans ! La grève écla­ta lorsque les patrons bais­sèrent les salaires. Même si une par­tie des ouvriers et ouvrières adhé­raient par ailleurs à des syn­di­cats tra­di­tion­nels, ils et elles débrayèrent par dizaines de mil­liers — emme­nés par des Italiennes qui cla­maient que « mieux vaut cre­ver de faim en se bat­tant que cre­ver de faim en tra­vaillant ». Bien enten­du, la police locale et la milice d’État ne tar­dèrent pas à venir prê­ter main-forte aux employeurs.

[Grève « du pain et des roses » | DR]

De manière tout aus­si pré­vi­sible, l’AFL refu­sa de sou­te­nir le mou­ve­ment au pré­texte que les gré­vistes étaient sou­vent des femmes, immi­grées et « non qua­li­fiées ». L’IWW dépê­cha sur place les Italiens Joe Ettor et Arturo Giovannitti, qui par­ti­ci­pèrent à la mise en place de comi­tés de grève et de sou­tien au sein des­quels chaque natio­na­li­té était repré­sen­tée, ain­si qu’à la mul­ti­pli­ca­tion des prises de parole en public et à la dis­tri­bu­tion de docu­men­ta­tion en de nom­breuses langues. À la fin de l’hiver, les mani­fes­tants défi­laient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, for­mant des cor­tèges tou­jours en mou­ve­ment pour échap­per aux rap­pels à l’ordre des auto­ri­tés muni­ci­pales. Des arres­ta­tions mas­sives frap­pèrent les ouvrières en ces­sa­tion de tra­vail, et une Italienne fut assas­si­née ; bien que les gré­vistes eussent témoi­gné qu’elle avait en fait été tuée par un sol­dat, la police arrê­ta Ettor et Giovannitti. Deux mois plus tard, alors que l’affaire fai­sait grand bruit dans tout le pays, 20 000 per­sonnes votèrent en faveur d’une hausse de 25 % pour les salaires les plus bas et d’augmentations plus modé­rées pour les autres, assor­ties à de nou­veaux barèmes pour les heures sup­plé­men­taires et à une garan­tie de non-dis­cri­mi­na­tion envers les grévistes7. En 1913, une grève réunis­sant quelque 25 000 ouvriers des soie­ries à Paterson (New Jersey), où des anar­chistes ita­liens avaient ouvert une sec­tion IWW, pré­sente de nom­breux points com­muns avec les évé­ne­ments de Lawrence — notam­ment le rôle impor­tant joué par une main‑d’œuvre essen­tiel­le­ment immi­grée, lar­ge­ment fémi­nine, aban­don­née par l’AFL, et qui mani­fes­tait un vif inté­rêt pour l’IWW et son mili­tan­tisme de gauche8.

« L’IWW mena une autre grande cam­pagne en vue de syn­di­quer les Afro-Américains. »

En paral­lèle, les Wobblies pre­naient pied dans le sud des États-Unis, cen­sé leur être très hos­tile, mais où des ouvriers blancs et noirs, défiant le racisme géné­ra­li­sé, par­vinrent à fon­der la Fraternité des ouvriers fores­tiers (Brotherhood of Timber Workers, BTW). Bravant les lois et les habi­tudes qui empê­chaient la mise en place d’un syn­di­ca­lisme inter­ra­cial, la BTW — qui était indé­pen­dante à sa créa­tion mais ne tar­da pas à s’affilier à l’IWW — recru­ta des dizaines de mil­liers d’hommes blancs et noirs en Louisiane et au Texas. Entre 1910 et 1913, pour dis­sua­der les ouvriers de s’organiser, les employeurs avaient recours aux lock-outs, aux bri­seurs de grève, aux forces de police et aux milices pri­vées (notam­ment les détec­tives de l’agence Pinkerton) ain­si qu’au racisme. Ces évé­ne­ments balayèrent l’idée selon laquelle l’IWW n’était pas en mesure de s’implanter dans le Sud, par­mi les ouvriers agri­coles et en dépit des bar­rières raciales. De même, l’IWW par­vint à mobi­li­ser les ouvriers de l’industrie fores­tière, sur­tout dans le Nord-Ouest, pour de longues années. Afin d’empêcher le syn­di­cat de régen­ter ce sec­teur dans les années 1920, l’État fédé­ral dut mettre en œuvre une répres­sion tous azi­muts, allant jusqu’à déployer des troupes armées qui avaient pour mis­sion de bri­ser les grèves et de rem­pla­cer les Wobblies à leur poste de travail9.

L’IWW mena une autre grande cam­pagne du même type en vue de syn­di­quer les Afro-Américains. Sur les quais de Philadelphie, l’un des prin­ci­paux ports du pays, régnait depuis une décen­nie ou presque la sec­tion 8 de l’IWW, regrou­pant les ouvriers du trans­port mari­time. Là, tout comme dans les forêts de pins de Louisiane ou les usines tex­tiles du Massachusetts, les employeurs avaient réuni une main‑d’œuvre dis­pa­rate : les dockers, qui char­geaient et déchar­geaient les car­gos, étaient pour un tiers des Afro-Américains, pour un tiers des immi­grés euro­péens, et pour un tiers des Irlando-Américains. Une telle hété­ro­gé­néi­té empê­chait sou­vent les ouvriers de s’organiser avec effi­ca­ci­té, mais l’IWW prit le pro­blème à bras-le-corps. Née en 1913 à la faveur d’une grève vic­to­rieuse, la sec­tion 8 ras­sem­blait plus de 5 000 dockers, par­mi les­quels le plus célèbre Wobbly afro-amé­ri­cain, Ben Fletcher. Avec d’autres res­pon­sables IWW (noirs et blancs, autoch­tones ou immi­grés), ce mili­tant qui maniait remar­qua­ble­ment la parole contrai­gnit les employeurs à n’embaucher que des membres de la sec­tion 8 pen­dant les dix années sui­vantes. Comme dans les forêts du Nord-Ouest, l’État et les patrons (ain­si que le syn­di­cat côtier affi­lié à l’AFL) se concer­tèrent pour désta­bi­li­ser les Wobblies. Mais, contrai­re­ment à ce qui se pas­sa à peu près par­tout ailleurs, la sec­tion 8 par­vint à main­te­nir son emprise sur les docks de Philadelphie pra­ti­que­ment jusqu’en 1923, avant de suc­com­ber aux menaces et à la répres­sion. Cet épi­sode consti­tue l’illustration la plus sai­sis­sante du syn­di­ca­lisme inter­ra­cial pra­ti­qué par l’IWW — qui était peut-être alors le syn­di­cat le plus enga­gé contre les dis­cri­mi­na­tions aux États-Unis10.

[Grève des soieries à Paterson, 1913 | Library of Congress]

Au milieu des années 1910, les Wobblies lan­cèrent une nou­velle cam­pagne de syn­di­ca­li­sa­tion ciblant les ouvriers iti­né­rants dans les nom­breuses régions agri­coles du pays, notam­ment les Grandes Plaines et la Californie. Confrontés à un fort besoin de main‑d’œuvre sai­son­nière, les employeurs du sec­teur invo­quaient le nombre de tra­vailleurs sur­nu­mé­raires pour impo­ser à tous des salaires de misère, de longues jour­nées et de ter­ribles condi­tions de tra­vail. Du point de vue de l’AFL, il était impos­sible de syn­di­quer les ouvriers agri­coles iti­né­rants, mais l’IWW appor­ta la preuve que ceux-ci étaient prêts à se syn­di­quer et déci­dés à le faire. En 1913, par exemple, les Wobblies prirent contact avec les mil­liers d’ouvriers, par­lant plu­sieurs dizaines de langues, qui conver­geaient à Wheatland (Californie) pour la récolte du hou­blon. C’était l’une des pre­mières fois que l’IWW fai­sait cam­pagne auprès de migrants venus d’Asie — un autre tabou pour l’AFL, qui ne cachait pas son mépris envers les ouvriers asia­tiques. Leurs épou­van­tables condi­tions de vie et de tra­vail consti­tuaient un ter­reau pro­pice pour semer la contes­ta­tion et la mobi­li­sa­tion syn­di­cale. La police locale prê­ta main-forte aux patrons en ten­tant d’arrêter les agi­ta­teurs wob­blies, ce qui pro­vo­qua des affron­te­ments vio­lents. Ces der­niers, qu’on appel­le­rait plus tard les « émeutes du hou­blon de Wheatland », cau­sèrent la mort de plu­sieurs per­sonnes et furent sui­vis de l’inculpation pour meurtre de deux mili­tants IWW. Quelque temps plus tard, en 1915, les Wobblies fon­dèrent l’Organisation des ouvriers agri­coles (Agricultural Workers Organization, AWO), bien­tôt forte de 20 000 membres, qui pour la plu­part sillon­naient en train le Midwest et les Grandes Plaines, au rythme des sai­sons agri­coles, depuis les plan­ta­tions jusqu’aux récoltes, du sud au nord et retour. Au milieu des années 1910, l’immense suc­cès de l’AWO rejaillit sur l’IWW dans son ensemble11.

« À mesure que l’influence des Wobblies s’étendait aux quatre coins du monde, d’autres direc­tions natio­nales virent le jour en Angleterre, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, au Chili et briè­ve­ment en Suède. »

Les éco­no­mies et les mains‑d’œuvre des pays d’Amérique du Nord ont tou­jours sui­vi des tra­jec­toires entre­mê­lées. Dès le début de son his­toire, l’IWW s’implanta au Canada et au Mexique, et y créa des « direc­tions natio­nales » semi-auto­nomes. À mesure que l’influence des Wobblies s’étendait aux quatre coins du monde, d’autres direc­tions natio­nales virent le jour en Angleterre, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, au Chili et briè­ve­ment en Suède. À elle seule, la branche IWW chi­lienne comp­tait au bas mot 9 000 à 10 000 membres en 1920, et elle demeu­ra un syn­di­cat natio­nal puis­sant jusqu’à la répres­sion déclen­chée par le gou­ver­ne­ment du Chili en 1927. En outre, des antennes locales se consti­tuèrent en Argentine, à Cuba, en Équateur, en Allemagne, au Japon, au Pérou, en Russie et en Uruguay, ain­si que dans les ter­ri­toires états-uniens de Guam et Porto Rico. De son côté, « l’IWW de Detroit », l’organisation dis­si­dente de De Leon — rebap­ti­sée en 1915 Syndicat indus­triel inter­na­tio­nal des tra­vailleurs (Workers’ International Industrial Union, WIIU) — ouvrit des antennes au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie et en Afrique du Sud avant sa dis­so­lu­tion en 192412. Fidèles à leur nom, les Industrial Workers of the World rayon­naient sur le monde entier, jusque dans ses coins les plus recu­lés ou presque.

Pour autant, le syn­di­cat se heur­tait par­tout à une résis­tance achar­née. Fréquemment jetés en pri­son ou pas­sés à tabac lorsqu’ils s’efforçaient de mobi­li­ser les tra­vailleurs, les Wobblies des États-Unis étaient confron­tés à des menaces et des vio­lences qui redou­blèrent après l’entrée en guerre du pays, en avril 1917. On en pre­nait déjà le che­min avant que le conti­nent amé­ri­cain ne bas­cule dans le conflit, comme par exemple lors du mas­sacre d’Everett (Washington), en 1916 : alors que des cen­taines de Wobblies de Seattle tra­ver­saient la baie en fer­ry en direc­tion de la ville voi­sine d’Everett, les forces de l’ordre locales firent feu sur leur bateau depuis le rivage, cau­sant sept morts — et les Wobblies furent dési­gnés comme les fau­teurs de troubles. Lorsque les États-Unis entrèrent offi­ciel­le­ment en guerre, l’État fédé­ral comme les États fédé­rés se mirent en devoir de déman­te­ler le syn­di­cat, en incar­cé­rant ou en expul­sant des cen­taines de Wobblies et en votant des lois de cri­mi­na­li­sa­tion du mou­ve­ment syn­di­cal qui ren­daient l’adhésion à l’IWW pas­sible de pour­suites. Des milices pri­vées s’en prirent aus­si aux Wobblies, déployant une vio­lence illé­gale et par­fois létale. Au sein de l’IWW, la ques­tion de la posi­tion à adop­ter sur la guerre pro­vo­qua de forts remous. Au départ, lorsque celle-ci avait écla­té en Europe, les Wobblies des États-Unis l’avaient condam­née en des termes typi­que­ment socia­listes, pro­cla­mant que la « véri­table » guerre était la guerre des lasses, tan­dis que les conflits entre nations reve­naient pour l’essentiel à dres­ser les membres de la classe ouvrière les uns contre les autres et à les faire s’entre-tuer pour le compte de la classe diri­geante. Cependant, les Wobblies crai­gnaient fort que l’entrée en guerre des États-Unis ne four­nisse un pré­texte pour atta­quer le syn­di­cat. Par consé­quent, l’IWW n’adopta offi­ciel­le­ment aucune posi­tion pour ou contre la guerre, même si de nom­breux Wobblies y étaient ouver­te­ment et farou­che­ment oppo­sés à titre indi­vi­duel — à l’image de Frank Little, mili­tant légen­daire dont le bru­tal assas­si­nat à Butte (Montana), en août 1917, fit grand bruit13.

[Manifestation avec Joe Ettor s'adressant aux coiffeurs en grève à New-York, 1912 | DR]

Les lois de 1917 et 1918 contre l’espionnage et la sédi­tion per­mirent de por­ter à l’IWW des coups de bou­toir qui le lais­sèrent très affai­bli. Quelques mois à peine après la décla­ra­tion offi­cielle de guerre, le gou­ver­ne­ment du pré­sident Woodrow Wilson dési­gna à nou­veau le syn­di­cat comme cible à éli­mi­ner. À Bisbee (Arizona), 2 000 poli­ciers encer­clèrent quelque 1 200 mineurs de cuivre en grève et leurs familles, avant de les dépor­ter en toute illé­ga­li­té en plein désert du Nouveau-Mexique, dans un camp mili­taire fédé­ral où les cap­tifs pas­sèrent plu­sieurs mois sans que le gou­ver­ne­ment fédé­ral ne bouge le petit doigt. En sep­tembre 1917, des agents fédé­raux effec­tuèrent des per­qui­si­tions dans les bureaux IWW à tra­vers le pays ; les opé­ra­tions de ce type se mul­ti­plièrent, débou­chant sur l’arrestation de plu­sieurs cen­taines de diri­geants du syn­di­cat. Toute une série de tri­bu­naux d’État et fédé­raux firent com­pa­raître ces Wobblies à la fin 1917 et en 1918. Le pro­cès le plus impor­tant se tint à Chicago, où 101 Wobblies furent pour­sui­vis pour vio­la­tion des lois contre l’espionnage et la sédi­tion. À l’issue d’une pro­cé­dure qui dépas­sa les quatre mois — ce qui, en termes de durée et d’envergure, en fai­sait à l’époque le plus impor­tant pro­cès fédé­ral de l’histoire des États-Unis —, il fal­lut au jury moins d’une heure de déli­bé­ra­tion pour pro­non­cer la culpa­bi­li­té de cha­cun des accu­sés. Les Wobblies furent condam­nés à pur­ger en pri­son fédé­rale des peines de un à vingt ans, et à payer des amendes colossales14.

« Les lois de 1917 et 1918 contre l’espionnage et la sédi­tion per­mirent de por­ter à l’IWW des coups de bou­toir qui le lais­sèrent très affaibli. »

Très amoin­dri, l’IWW n’en pour­sui­vit pas moins ses acti­vi­tés après la guerre, avec des résul­tats tan­gibles en cer­tains endroits. À Philadelphie, la sec­tion 8 mena avec suc­cès, en 1920, une grève sans pré­cé­dent pour récla­mer des hausses de salaire et la limi­ta­tion à huit heures de la jour­née de tra­vail. On vit se mobi­li­ser les marins et dockers dans des dizaines de ports, aux États-Unis et tout autour de l’Atlantique. Dans les forêts du Nord-Ouest Pacifique, les bûche­rons demeu­raient fidèles à l’IWW mal­gré les dif­fi­cul­tés. De même, dans les mines de cuivre des mon­tagnes de l’Ouest, les mines de fer du Michigan et du Minnesota, les champs de blé des Grandes Plaines ou les cités indus­trielles à tra­vers tout le pays, les ouvriers bran­dis­saient avec déter­mi­na­tion leur carte rouge de membre du syn­di­cat. Comme l’a noté Fred Thompson, le pre­mier his­to­rien de l’IWW, qui était lui-même un Wobbly, le nombre d’adhérents IWW connut en fait son apo­gée en 1923. Bien sûr, les chiffres ne disent pas tout, mais l’événement qui finit par faire écla­ter le syn­di­cat fut la scis­sion qui se pro­dui­sit en 1924 autour de ce que l’on appe­lait le « Programme d’urgence ». Lors de cet épi­sode confus, les membres de l’organisation se déchi­rèrent sur diverses ques­tions imbri­quées, celle du pou­voir rela­tif des ins­tances cen­trales par rap­port aux sec­tions locales, celle de la posi­tion à adop­ter dans l’après-guerre au sujet des grâces et com­mu­ta­tions de peines pro­po­sées aux Wobblies incar­cé­rés, et celle des rela­tions avec le par­ti et l’Internationale com­mu­nistes — polé­miques que l’administration fédé­rale ins­tru­men­ta­li­sa en vue de mettre le feu aux poudres entre fac­tions au sein du syndicat15.

Mais l’IWW sur­vé­cut, et par­vint à main­te­nir tout au long des années 1930 des poches d’influence réelle au niveau local et inter­na­tio­nal ; il demeure encore actif aujourd’hui, sans avoir jamais retrou­vé l’élan de ses débuts16.


Photographie de ban­nière : mani­fes­ta­tion à New York, 1914
Image de vignette : des­sin dans la presse des IWW, 1917


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  1. Le 4 mai 1886, sur la place de Haymarket Square (Chicago), lors d’un mee­ting contre la répres­sion du mou­ve­ment pour la jour­née de huit heures, les poli­ciers s’efforcent de dis­per­ser la foule lorsqu’une bombe explose. Aussitôt, ils ouvrent le feu, cau­sant de nom­breux morts et quelque deux cents bles­sés. Au terme d’un pro­cès expé­di­tif et mal­gré l’absence de preuve, plu­sieurs diri­geants du mou­ve­ment socia­liste et anar­chiste sont pen­dus. [ndt]
  2. Le Congrès conti­nen­tal, organe des­ti­né à coor­don­ner la résis­tance des treize colo­nies bri­tan­niques en Amérique du Nord face à la férule de Londres, se mua à l’issue de la guerre d’indépendance (1774–1783) en assem­blée légis­la­tive des États-Unis. [ndt]
  3. The Founding Convention of the IWW : Proceedings (1905 ; réimp., New York, Merit, 1969) ; Salvatore Salerno, Red November, Black November : Culture and Community in the Industrial Workers of the World (New York, State University of New York Press, 1989), chap. 3
  4. Mark Pittenger, American Socialists and Evolutionary Thought, 1870–1920 (Madison, Wisc., University of Wisconsin Press, 1993) ; Sally M. Miller, « For white men only : the Socialist Party of America and issues of gen­der, eth­ni­ci­ty and race », Journal of the Gilded Age and Progressive Era, vol. 2, n° 3 (2003), p. 283–302.
  5. J. Anthony Lukas, Big Trouble : A Murder in a Small Western Town Sets Off a Struggle for the Soul of America (New York, Simon & Schuster, 1997
  6. Industrial Worker, 28 octobre 1909 ; Philip S. Foner (sous la dir. de), Fellow Workers and Friends : IWW Free-Speech Fights as Told by Participants (Westport, Greenwood Press, 1981) ; Matthew S. May, Soapbox Rebellion : The Hobo Orator Union and the Free Speech Fights of the Industrial Workers of the World, 1909–1916 (Tuscaloosa, University of Alabama Press, 2013).
  7. Ardis came­ron, Radicals of the Worst Sort : Laboring Women in Lawrence, Massachusetts, 1860–1912 (Urbana, University of Illinois Press, 1995) ; Bruce Watson, Bread and Roses : Mills, Migrants, and the Struggle for the American Dream (New York, Viking, 2005).
  8. Steve Golin, The Fragile Bridge : Paterson Silk Strike, 1913 (Philadelphie, Temple University Press, 1988) ; Kenyon Zimmer, Immigrants against the State : Yiddish and Italian Anarchism in America (Urbana, University of Illinois Press, 2015), chap. 2.
  9. James R. Green, « The Brotherhood of Timber Workers 1910–1913 : a radi­cal res­ponse to indus­trial capi­ta­lism in the Southern USA », Past & Present, vol. 60 (1973), p. 161–200 ; Robert L. Tyler, Rebels of the Woods : The IWW in the Pacific Northwest (Portland, University of Oregon Books, 1967).
  10. Peter Cole, « Black and White Together… ».
  11. Nigel Anthony Sellars, Oil, Wheat, and Wobblies : The Industrial Workers of the World in Oklahoma, 1905–1930 (Norman, University of Oklahoma Press, 1998) ; Greg Hall, Harvest Wobblies : The Industrial Workers of the World and Agricultural Laborers in the American West, 1905–1930 (Corvallis, Oregon State University Press, 2001).
  12. F. N. Brill, « A brief his­to­ry of the IWW out­side the US (1905–1999) », Industrial Workers of the World, jan­vier 1999 ; Peter DeShazo, Urban Workers and Labor Unions in Chile, 1902–1927 (Madison, University of Wisconsin Press, 1983) ; Kirk Shaffer, « Tropical liber­ta­rians : anar­chist move­ments and net­works in the Caribbean, Southern United States, and Mexico, 1890s-1920s », in Hirschet Van Der Walt (sous la dir. de), Anarchism and Syndicalism in the Colonial and Postcolonial World, p. 292 ; Steven Hirsch, « Peruvian anar­cho-syn­di­ca­lism : adap­ting trans­na­tio­nal influences and for­ging coun­te­rhe­ge­mo­nic prac­tices, 1905–1930 », in Hirschet Van Der Walt (sous la dir. de), Anarchism and Syndicalism in the Colonial and Postcolonial World, p. 255–256 ; Kirwin R. Shaffer, Black Flag Boricuas : Anarchism, Antiauthoritarianism, and the Left in Puerto Rico, 1897–1921 (Chicago, University of Illinois Press, 2013), p. 137, 146–147 ; Peter M. Wilcox, « These we will not com­pro­mise : the Detroit Industrial Workers of the World, 1908–1927 », mémoire de Master of Arts, San Diego State University, 1995, p. 78, n. 27, p. 129.
  13. William Preston, Jr., Aliens and Dissenters : Federal Suppression of Radicals, 1903–1933 (New York, Harper & Row, 1963) ; Eric Thomas Chester, The Wobblies in Their Heyday : The Rise and Destruction of the Industrial Workers of the World during the World War I Era (Santa Barbara, Praeger, 2014) ; Michael Cohen, « The Ku Klux govern­ment : vigi­lan­tism, lyn­ching, and the repres­sion of the IWW », Journal for the Study of Radicalism, vol. 1, n° 1 (2006), p. 31–56.
  14. Chester, The Wobblies in their Heyday.
  15. Fred Thompson, « They didn’t sup­press the Wobblies », Radical America, vol. 1, n° 2 (1967), p. 1–5 ; Kenyon Zimmer, « Premature anti-com­mu­nists ? American anar­chism, the Russian Revolution, and left-wing liber­ta­rian anti-com­mu­nism, 1917–1939 », Labor : Studies in Working-Class History of the Americas, vol. 6, n° 2 (2009), p. 45–71 ; Chester, The Wobblies in their Heyday.
  16. Sur les acti­vi­tés de l’IWW jusqu’au XXIe siècle, voir Fred Thompsonet Jon Bekken, The Industrial Workers of the World : Its First One Hundred Years (Cincinnati, IWW, 2006).

REBONDS

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