« J’appartenais aux souffrants » — un récit de Maria Occhipinti


Traduction inédite | Ballast | Série « Italie : des écrivaines et leurs luttes »

En 1980 paraît aux édi­tions Maspero Une femme de Sicile, un texte écrit et publié une ving­taine d’an­nées plus tôt en Italie. Son autrice, Maria Occhipinti, y relate son enfance dans une socié­té rigide et fon­dée sur l’hon­neur, sa pro­gres­sive éman­ci­pa­tion de la tutelle fami­liale et sa révolte contre la guerre, qui lui vau­dra deux années d’en­fer­me­ment. Sa libé­ra­tion n’au­ra rien d’une fête : ses voi­sins, ses amis et sa famille réprouvent en bloc son geste d’in­sou­mis­sion, qui ne trouve d’ap­pro­ba­tion qu’au­près de quelques cama­rades anar­chistes. C’est de ce retour dont il est ques­tion dans ce texte tra­duit par Eugenia Fano, extrait de Una don­na libe­ra, le second volet de l’au­to­bio­gra­phie de Maria Occhipinti, publié de façon post­hume. Deuxième volet de notre série « Italie : des écri­vaines et leurs luttes ».


[pre­mier volet : « Maria Occhipinti : corps et âme contre la guerre »]


Maria Occhipinti se remé­more sa vie durant la Seconde Guerre mon­diale, décla­rée deux ans après son mariage. Elle suit son mari à Cassino, dans le sud de la pénin­sule ita­lienne où il a été affec­té, avant de reve­nir à Raguse, en Sicile, au moment d’un nou­veau trans­fert. Maria est affai­blie à cause des rations médiocres attri­buées aux sol­dats et à leur famille et sa pre­mière fille meurt quelques heures après l’ac­cou­che­ment. Elle livre peu après ses pre­mier dis­cours anti­mi­li­ta­ristes, fer­ments du mou­ve­ment « Non si parte ! » qu’elle ini­tia.

À l’aube, la porte s’ouvrit toute grande. Le par­fum du prin­temps s’immisça par­tout, c’était le mois de mai, de nom­breuses fleurs étaient en train d’éclore ain­si que l’espoir dans le cœur des gens, mais le mien avait été bles­sé. Dans le quar­tier, la nou­velle de l’événement s’était répan­due, les femmes qui avaient des fils au front regar­daient le petit cadavre au pied du lit et disaient : « Bienheureuse, tu t’es envo­lée au ciel dès ta nais­sance, ain­si tu n’as pas vu la lai­deur du monde. »

Ma petite fille avait été vic­time de la guerre, elle était née ané­mique à cause de la faim que j’avais endu­rée à Cassino. La sage-femme n’avait pas remar­qué que son état de san­té était cri­tique ; si j’avais été emme­née à l’hôpital, peut-être que les méde­cins auraient pu la sau­ver, mais à cette époque on accou­chait à la maison.

À mon mari, j’avais envoyé un télé­gramme annon­çant la nais­sance et la mort de la petite. Le colo­nel ne lui don­na même pas congé, notre dou­leur fut piétinée.

Leur pou­voir me sem­blait mons­trueux et la rési­gna­tion du peuple m’effrayait. Dans l’état d’esprit dans lequel j’étais, je ne sup­por­tais pas les plaintes des autres, et, pour ne pas les entendre, je cou­vrais ma tête avec un cous­sin. Mon grand-père mater­nel se déso­la en voyant la petiote, un mois plus tard son mal empi­ra et quand le moment cri­tique arri­va, la mai­son se rem­plit de parents. Grand-mère envoya tout le monde dans une autre petite chambre, moi seule pus res­ter à ses côtés et je vis com­ment elle pré­pa­ra son homme au trépas.

Elle priait et l’encourageait en lui disant : « Tous ceux qui t’aiment te sui­vront un jour. »

Il pou­vait à peine répondre aux orai­sons. Le chêne fut abat­tu phy­si­que­ment mais, spi­ri­tuel­le­ment, res­ta vivant dans nos cœurs. Sa fin fut douce parce qu’il avait eu près de lui une âme sen­sible et pleine d’amour.

J’étais fati­guée d’entendre tou­jours les mêmes dis­cours et les mêmes plaintes, j’avais envie de bri­ser cette absurde mono­to­nie. J’étais convain­cue qu’il suf­fi­sait d’un peu de cou­rage pour ren­ver­ser n’importe quelle situation.

Les conseils d’Erasmo1 furent très impor­tants. Il me sug­gé­ra de faire aux femmes une confé­rence contre la guerre pour leur expli­quer ce qu’était le communisme.

[Louise Nevelson, Double Imagery, 1967]

Un dimanche après-midi, la mai­son de ma cou­sine Sara se rem­plit de gens, les petites vieilles arri­vèrent cou­vertes d’un châle noir et regar­dèrent stu­pé­faites le dra­peau rouge accro­ché au mur der­rière moi. Nous lais­sâmes la porte ouverte à cause de la cha­leur et les pas­sants s’arrêtaient pour écou­ter : ils vou­laient entendre ce que pou­vait bien dire une jeune femme sans instruction.

Tout le monde me connais­sait, j’avais gran­di dans le quar­tier. Les mots brû­laient sur mes lèvres et mes pen­sées explo­saient dans mon esprit comme un vol­can en érup­tion. Le cœur plein d’amertume, je dis que les mères avaient été consi­dé­rées comme infé­rieures aux bêtes durant trop de siècles ; car une chienne si elle voit ses chiots en dan­ger, elle affronte la mort pour les sauver.

Si les femmes s’étaient révol­tées contre les puis­sants qui orga­ni­saient les guerres, elles auraient évi­té de nom­breux mas­sacres. À la fin, j’affirmai que seul le com­mu­nisme, s’il avait été au pou­voir, aurait pu nous garan­tir la paix, la liber­té et du tra­vail. Les femmes pleu­raient, les quelques hommes pré­sents bais­sèrent la tête comme quand le cer­cueil d’un mort passe. Je me sen­tais épui­sée, ce jour-là, j’avais lan­cé la graine contre la guerre.

Quand il y eut le deuxième appel aux armes, j’étais prête à tout. Erasmo me pria de suivre la ligne du par­ti, nous devions inci­ter les jeunes à par­tir pour chas­ser les Allemands d’Italie du Nord. Les Siciliens qui avaient sur­vé­cu aux enrô­le­ments for­cés des Allemands et ceux qui avaient pas­sé la ligne de feu et étaient arri­vés à la mai­son par miracle devaient de nou­veau affron­ter la mort au nom de la Maison de Savoie2.

Mais com­ment ! Quelques mois aupa­ra­vant j’avais fait une confé­rence contre la monar­chie, et, main­te­nant, je devais renier tout ce que j’avais dit ? Furibonde, j’explosai contre le par­ti. Erasmo, indi­gné de mon com­por­te­ment, me don­na une gifle. Je m’enfuis de la grande salle où il y avait les res­ca­pés en m’ex­cla­mant : « Tu ne me ver­ras plus jamais ! Gare à celui qui ose me tou­cher d’un doigt ! »

Deux semaines après, à onze heures du soir, on enten­dit comme un coup de feu près de la mai­son. Le len­de­main je sus qu’Erasmo avait fait sau­ter deux doigts de sa main gauche avec une petite bombe qu’il avait fabri­quée, et qu’il refu­sait de se faire soigner.

Sa sœur me sup­plia de l’accompagner à l’hôpital. Il subit les soins médi­caux sans se plaindre et, au retour, avant de ren­trer dans la grande salle, il me dit : «  Comme ça, j’ai frap­pé la main qui t’a giflée. »

À ces mots, je com­pris com­bien il tenait à mon ami­tié. Son père et ses frères me remer­cièrent de lui avoir par­don­né mais j’étais bou­le­ver­sée par la folie qu’il avait com­mise. Depuis lors, quoique je pense ou fasse, je ne lui deman­dai plus aucun conseil.

Quand on lui racon­ta que je m’étais jetée devant les roues du camion qui était en train de rafler les jeunes, il fut stu­pé­fait parce qu’il ne pou­vait pas m’imaginer capable de sou­te­nir seule la pro­tes­ta­tion contre la guerre. Je ne sais pas, je ne me suis jamais deman­dé pour­quoi j’avais eu besoin d’être à la tête de la révolte. Ainsi, comme par enchan­te­ment, nous y fûmes impli­qués, à l’in­su l’un de l’autre. […]

Durant ces moments de révolte, mes com­pa­triotes lut­tèrent héroï­que­ment contre un régi­ment bien armé : le front était à un kilo­mètre de leur habi­ta­tion. Les mamans, enfer­mées chez elles, priaient Dieu pour que leur fils soit sau­vé du dan­ger de mort. À leur place, j’aurais enfer­mé le mien à la mai­son et je serais allée me battre contre les assas­sins qui vou­laient me le prendre.

En effet, lors des jour­nées de révolte, mon mari res­ta caché, je ne vou­lais pas que le père de la petite que je por­tais dans mon ventre devienne de la chair à canon.

Certains insur­gés me deman­dèrent : « Pourquoi ton mari n’est pas ici avec nous ? ». Je répon­dis : « Mais pour­quoi vos femmes et vos mères ne font pas comme moi ? ».

Une fois, mon mari vint me voir ; les res­pon­sa­bi­li­tés que j’assumais l’émouvaient. Il me deman­da de faire l’amour.

Je fus atter­rée par cette demande. Comment pou­vais-je le ser­rer dans mes bras ? J’avais secou­ru des morts et des bles­sés, dont le sang s’était déver­sé dans mes mains, j’aurais eu la sen­sa­tion de désa­cra­li­ser la mémoire de ces morts. Pour ne pas le vexer, je lui dis que je n’allais pas bien, mais ces jours-là, je ne pou­vais pas rem­plir mes devoirs d’épouse parce que j’appartenais aux souffrants.

Pour moi, la défaite de cette révolte fut atroce. Je n’aurais jamais ima­gi­né que j’allais subir autant d’humiliations morales. La sus­pi­cion que je fus la maî­tresse d’Erasmo Santangelo avait suf­fi pour me jeter tant de boue au visage. Les gens ne savent pas qu’un amour spi­ri­tuel mer­veilleux peut naître quand on lutte ensemble pour une cause. Si notre pas­sion avait été phy­sique, nous aurions évi­té le dan­ger de mort pour pro­fi­ter de la vie.

Et donc, une fois la tem­pête pas­sée, de nom­breuses per­sonnes oublièrent notre géné­ro­si­té et souillèrent un tel héroïsme. Avec leurs calom­nies, elles vou­laient me faire bais­ser le front, mais j’étais tel­le­ment convain­cue de la rec­ti­tude de mes actions que je n’acceptais pas de me plier devant une men­ta­li­té arrié­rée. Avec ces pré­ju­gés, l’évolution de notre terre était entra­vée, car le peuple, en per­dant du temps à com­mé­rer, négli­geait des pro­blèmes bien plus impor­tants, et les plaies sociales ne gué­ris­saient jamais. Tout cela ne pou­vait pro­fi­ter qu’aux réac­tion­naires. J’enviais les femmes du Nord, elles avaient aidé les par­ti­sans contre les Allemands durant la résis­tance, elles avaient été com­prises, aimées et elles pou­vaient conti­nuer de lut­ter pour faire pros­pé­rer l’Italie.

[Louise Nevelson, Double Imagery, 1967]

Maria Occhipinti est condam­née à plu­sieurs années de pri­son pour avoir ini­tié la révolte paci­fiste qui s’est dérou­lée à Raguse en jan­vier 1945. Elle les passe sur l’île d’Ustica, au large de Palerme, où elle accouche d’une fille, puis dans la pri­son pour femmes des Bénédictines. Inquiète des consé­quences des condi­tions de déten­tion sur sa fille, elle finit par la confier à sa mère. Maria est amnis­tiée quelques jours après la pro­cla­ma­tion de la République et libé­rée en décembre 1946. Elle revient à Raguse.

Sortie de pri­son, j’espérais trou­ver à la mai­son un accueil affec­tueux qui aurait pu me gué­rir phy­si­que­ment et spi­ri­tuel­le­ment des peines endu­rées à cause de la guerre. Je n’aurais jamais ima­gi­né que les médi­sances puissent obs­cur­cir l’esprit des gens de ma famille. Leur froi­deur et leur silence me pesaient sur le cœur comme un tas de décombres. Je n’osais pas deman­der pour­quoi mon mari ne venait pas me voir, je n’avais pas la force d’affronter cer­tains sujets, depuis plu­sieurs mois il avait emmé­na­gé dans la mai­son de sa mère. Mon unique conso­la­tion était la petite, Maria Lenina, que tout le monde appe­lait Mariuccia ; je la voyais jouer, heu­reuse, avec d’autres jeunes filles, la nuit je la ser­rais dans mes bras et regar­dais son petit visage rose et ses boucles blondes, elle res­sem­blait à un ange. J’espérais qu’elle aurait un meilleur des­tin que le mien et je me jurais que je ferais tout pour la com­prendre et créer une har­mo­nie par­faite entre nous.

Deux semaines après mon retour, un same­di soir, mon père revint ner­veux de la place [du vil­lage] : « Qui cherche un mari, cherche l’honneur, tu dois aller chez ta belle-mère. »

Je répon­dis, indi­gnée : « J’ai ris­qué ma vie pour qu’il ne soit pas envoyé à la guerre, et, main­te­nant, je dois m’humilier en plus de ça ? »

« Si tu n’obéis pas, je te tue » répon­dit-il. Il savait très bien que je n’avais peur de per­sonne face à la véri­té. Ma mère et ma petite sœur Rosina, crai­gnant une tra­gé­die, se mirent à pleurer.

Très en colère, je criai : « Mon mari est un lâche, il ne mérite pas autant d’importance ! »

Ma mère, avec son regard, me sup­pliait de céder.

J’éprouvai alors de la pitié et de la recon­nais­sance à son égard, elle avait pris soin de ma fille pen­dant mon absence. À contre­cœur, je me fis accom­pa­gner chez ma belle-mère. En me voyant, elle vint à ma ren­contre en pleu­rant et me prit dans ses bras.

Peu après, son fils arri­va aus­si ; il m’embrassa ému et obéit comme un esclave à mon père qui lui ordon­na de reve­nir chez nous. Mais quand nous fûmes seuls dans la petite pièce où nous avions pas­sé notre pre­mière nuit d’amour, il s’exclama : « Putain, salope, j’espérais qu’on te tue­rait pen­dant que tu étais en tôle ! »

Avec toute la haine que j’avais dans le cœur, à voix basse, je lui répon­dis : « Avec quel cou­rage oses-tu m’offenser ? Dis-moi com­bien de fois tu as été au bor­del pen­dant que j’étais en pri­son ! »

Je mau­dis mon père qui m’avait obli­gée à ava­ler cet autre calice amer.

Alors que Maria Occhipinti revient d’une visite chez une ins­ti­tu­trice com­mu­niste, son père la fouette vio­lem­ment au bas du dos, trou­vant qu’elle était ren­trée trop tard et esti­mant qu’une femme devait res­ter le soir chez elle. Sa mère ne réagit pas, mais sa sœur Rosina s’in­ter­pose avant de s’é­va­nouir, ce qui inter­rompt le déluge de vio­lence. Cette nuit-là, le mari de Maria, qui a assis­té à la scène sans inter­ve­nir, lui chu­chote qu’il espé­rait que son père la tue­rait.

Je com­pris enfin que ma famille était dis­po­sée à me tuer pour sau­ver leur honneur.

Je réus­sis à peine à me laver et à aller chez Leggio3, sa mère m’aida à mon­ter les esca­liers. En me voyant dans cet état, elle alla cher­cher la méde­cin, notre amie qui, ayant tou­ché les bleus au bas de mon dos, me dit qu’il fal­lait por­ter plainte. J’étais contre, mais elle, en bonne com­pagne, me fit com­prendre qu’il était néces­saire d’intimider ma famille avec la loi, car la pro­chaine fois, elle me tue­rait. Je lui don­nai mon consentement.

Le com­mis­saire pas­sa un savon à mon père et à mon mari ; il leur dit qu’ils auraient pu être condam­nés à quelques mois de pri­son si je n’avais pas reti­ré ma plainte. Ils revinrent à la mai­son doux comme des agneaux.

Je cher­chai déses­pé­ré­ment une mai­son­nette à louer, mais per­sonne ne vou­lait de moi en tant que voi­sine parce que j’avais la répu­ta­tion d’être pour­sui­vie par la police mais aus­si d’avoir tra­hi mon mari. Certains parents que j’avais tel­le­ment aimés ne me saluaient plus ; quand ils me voyaient, ils fai­saient sem­blant de ne pas me connaître. […]

[Louise Nevelson, Double Imagery, 1967]

Le quo­ti­dien de Maria Occhipinti est de plus en plus étouf­fant. Son enga­ge­ment dans le mou­ve­ment « Non si parte ! » a été consi­dé­ré comme un acte de débauche. De plus, elle a appris à son retour que son mari a eu une petite fille avec une autre femme pen­dant son absence. Elle com­prend qu’elle n’a plus d’autres solu­tions que celle de par­tir avec son propre enfant.

Je me mis à réflé­chir à l’avenir de ma fille. Si elle gran­dis­sait en Sicile, elle aurait été humi­liée parce que fille d’une rebelle, d’une femme adul­tère. Elle aurait sûre­ment fini par me haïr ; si j’étais morte, mes parents lui auraient mis les brides et la pauvre inno­cente serait tom­bée malade si elle n’avait pas eu la force de se révolter.

Je devais lui enle­ver ces épines du pied avant qu’il ne fût trop tard.

Je sup­pliai Leggio de m’aider à m’enfuir ; pour faire un pre­mier pas, je vou­lais aller à Palerme. De là, avec l’aide de mon cama­rade Paolo Schicchi4, j’envisageai de par­tir à New York. Pour concré­ti­ser cette fuite, j’apportai petit à petit le strict néces­saire de mon linge chez une amie, Leggio ache­ta le billet et dépo­sa la valise à la gare.


Traduction inédite par Eugenia Fano de plu­sieurs extraits de Maria Occhipinti, Una don­na libe­ra, Sicilia Punto L, 2021
Illustration de ban­nière : Louise Nevelson, Double Imagery, 1967


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  1. Erasmo Santangelo (1917–1996) com­mu­niste révo­lu­tion­naire Sicilien de Gaeta (la ville de Goliarda Sapienza). Envoyé au confi­no, aux confins, sur l’île d’Ustica, avec Maria Occhipinti, il fut le seul à être jugé pour cette révolte et condam­né à 23 ans de pri­son. Douze ans plus tard, il mit fin à ses jours dans la pri­son de Rebibbia, à Rome. Après le guerre, les rouages poli­tiques et judi­ciaires n’avaient pas été pur­gés des élé­ments fas­cistes, et le diri­geant com­mu­niste Palmiro Togliatti lui-même res­ta inac­tif. Seuls Franco Leggio, Maria Occhipinti et Paolo Schicchi ten­tèrent de défendre sa cause, mais en vain [note de la tra­duc­trice].[]
  2. Après une suc­ces­sion de revers mili­taires et des dis­sen­sions au sein de l’ap­pa­reil fas­ciste, le roi d’Italie Victor-Emmanuel III fait arrê­ter Mussolini et nomme à sa place le maré­chal Pietro Badoglio en juillet 1943. En sep­tembre, une armis­tice est signée avec les Alliés. Rome est aban­don­née, Victor-Emmanuel III et le nou­veau gou­ver­ne­ment se réfu­gient à Brindisi, dans les Pouilles. La struc­ture consti­tu­tion­nelle du royaume d’Italie est main­te­nue et le roi déclare offi­ciel­le­ment la guerre à l’Allemagne un mois plus tard, sol­li­ci­tant une seconde fois des sol­dats entre-temps démo­bi­li­sés [ndlr].[]
  3. Franco Leggio (1921- 2006), anar­chiste, mili­tant impor­tant actif sur­tout dans la presse liber­taire et a été lié à l’insurrection anti­mi­li­ta­riste « Non si parte ! ». En 1947, il fut le seul à rendre visite à la révo­lu­tion­naire à sa sor­tie de pri­son et à l’aider à par­tir de Raguse. Il a été un ami pré­cieux de l’au­trice, toute sa vie durant [note de la tra­duc­trice].[]
  4. Paolo Schicchi (1865–1950) était un anar­chiste radi­cal sici­lien, fervent anti­mi­li­ta­riste et anti­co­lo­nia­liste. Il fon­da le Cercle inter­na­tio­nal des étu­diants anar­chistes, dont le mani­feste fut lar­ge­ment dif­fu­sé en Italie, en Suisse et en France. Son enga­ge­ment mili­tant lui valut plu­sieurs condam­na­tions, notam­ment une peine de onze ans de pri­son pour déser­tion, ain­si que pour son impli­ca­tion pré­su­mée dans les atten­tats de Palerme et de Gênes, et une ten­ta­tive d’assassinat. Très actif dans la presse liber­taire et socia­liste, il inci­ta éga­le­ment les pay­sans à s’approprier et à culti­ver les terres en friche [note de la tra­duc­trice].[]

REBONDS

☰ Lire les bonnes feuilles « Croit-on pou­voir faire la révo­lu­tion sans les femmes ? », Ludivine Bantagny, mars 2025
☰ Lire les bonnes feuilles « Sur les traces de la révo­lu­tion­naire Lucy Parsons », Francis Dupuis-Déri, sep­tembre 2024
☰ Lire notre tra­duc­tion « Constance Markievicz, socia­liste irlan­daise », David Swanson, décembre 2022
☰ Lire notre article « Paule Minck : le socia­lisme aux femmes », Élie Marek, jan­vier 2022
☰ Lire notre article « La langue retrou­vée », Eugenia Fano, juin 2021
☰ Lire notre article « Goliarda Sapienza, vivre abso­lu­ment », David Guilbaud, février 2019

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