André Bouny : « Agent orange, le déni reste total »


Entretien inédit pour le site de Ballast

La guerre du Viêt Nam n’est pas finie : c’est le pro­pos avan­cé par André Bouny, auteur de l’es­sai Agent Orange, Apocalypse Viêt Nam, depuis main­te­nant vingt ans. Nombre de ses vic­times vivent encore à l’heure où ces lignes s’é­crivent : l’agent orange — un défo­liant mas­si­ve­ment employé par l’aviation nord-amé­ri­caine — frap­pa des mil­lions d’in­di­vi­dus, de géné­ra­tion en géné­ra­tion : fausses couches, mal­for­ma­tions congé­ni­tales, patho­lo­gies, can­cers… Si le grand public sait l’u­sage qui fut fait du napalm, l’agent orange demeure mécon­nu. En mai 2014, Bouny ins­ti­gua, aux côtés de Tran To Nga, ancienne résis­tante viet­na­mienne conta­mi­née lors du conflit, le pro­cès inten­té contre 26 com­pa­gnies chi­miques amé­ri­caines — dont Monsanto. Nous avons consa­cré un article à ce sujet dans le numé­ro 3 de notre revue papier : le pré­sent échange est la ver­sion inté­grale de l’un des nom­breux entre­tiens menés lors de son écriture.


bouny L’agent orange est « un sujet d’i­ni­tiés, obs­cur et mal iden­ti­fié du grand public », écri­vez-vous. Pourquoi ce brouillard autour de lui ? Mais, en tant que mili­tant actif, per­ce­vez-vous mal­gré tout une évo­lu­tion au fil de ces der­nières années ?

Tout d’abord, je ne suis pas un mili­tant au sens pre­mier du mot, « sol­dat », plu­tôt un « paci­fiste déniai­sé » ; et dans son inter­pré­ta­tion moderne, je m’y sens à l’étroit. Il s’agit d’un enga­ge­ment actif plus large pour la jus­tice, qui n’est jamais acquise. C’est un tra­vail inter­mi­nable – deman­dant de ce fait à la jeu­nesse de se l’approprier –, pré­cis, exi­geant et scru­pu­leux, comme écrire ou don­ner une confé­rence ; une res­pon­sa­bi­li­té consé­quente sous le regard de mil­lions de vic­times. Tout ceci n’impose pas ascé­tisme et tris­tesse, seule­ment de l’énergie. À l’attention de ceux qui ignorent le sujet, je dois rap­pe­ler que les épan­dages d’agent orange durant la guerre amé­ri­caine au Viêt Nam avaient pour but d’anéantir la forêt tro­pi­cale afin d’empêcher les com­bat­tants indé­pen­dan­tistes de s’y cacher, ain­si que d’empoisonner et détruire les res­sources vivrières, les pri­vant ain­si de nour­ri­ture — eux, mais aus­si les popu­la­tions. Dans un deuxième temps, cela obli­geait les habi­tants à aban­don­ner terres et vil­lages : ils étaient alors dépla­cés dans 3 à 4 000 camps appe­lés « hameaux stra­té­giques », per­met­tant leur contrôle et pri­vant ain­si la gué­rilla de nour­ri­ture et la cou­pant de tout ren­sei­gne­ment. L’agent orange reste – bien que les choses soient en train de chan­ger dou­ce­ment – un sujet d’initiés parce qu’il imbrique de nom­breux domaines : poli­tiques et mili­taires, scien­ti­fiques et sani­taires, juri­diques et diplo­ma­tiques, envi­ron­ne­men­taux et éco­no­miques, etc. Et, par-des­sus tout, his­to­riques. Au fond, comme la plu­part des sujets ! Mais c’est sur­tout du domaine his­to­rique que vient le brouillard qui entoure l’agent orange. Pour dif­fé­rentes rai­sons – guerres secrètes et illé­gales au Laos et au Cambodge, entre autres –, l’Histoire ne men­tionne pas cette guerre chi­mique, et quand elle est évo­quée, elle n’est jamais pré­sen­tée (et donc encore moins recon­nue, comme telle). Par ailleurs, l’agent orange ne fut qu’une des nom­breuses armes uti­li­sées lors de cette gigan­tesque entre­prise de des­truc­tion que fut la guerre du Viêt Nam.

« Comment le crime de l’agent orange pour­rait-il être notoire ? Outre les obs­truc­tions finan­cières, sa vul­ga­ri­sa­tion n’est pas aisée. »

Dans ces condi­tions, com­ment le crime de l’agent orange pour­rait-il être notoire ? Outre les obs­truc­tions finan­cières, sa vul­ga­ri­sa­tion n’est pas aisée. D’où la néces­si­té de dif­fu­ser le sujet, le rendre acces­sible afin de ne pas rebu­ter en le can­ton­nant à une cause anxio­gène : autre­ment dit, faire confiance à l’intelligence des gens. C’est donc bien l’Histoire qui a occul­té cette guerre chi­mique – pour­tant la plus impor­tante de l’histoire de l’humanité. D’une part, on ne res­taure pas l’Histoire écrite et impo­sée par les vain­queurs et puis­sants en cla­quant des doigts tan­dis qu’elle conti­nue d’être insuf­flée dans les esprits depuis le plus jeune âge au tra­vers de dis­cours erro­nés et de manuels sco­laires au conte­nu inexact relayés sans fin comme véri­té. D’autre part, nous savons que la pre­mière empreinte reste qua­si­ment indé­lé­bile dans les esprits. Or, il ne nous est pas ensei­gné de réflé­chir, mais de répé­ter. Aussi, les gens vous regardent avec des yeux incré­dules lorsque vous par­lez de mil­lions de vic­times « incon­nues », et ne vous prennent pas au sérieux même si vous l’êtes bien davan­tage qu’eux. Et puis, il ne s’agit pas d’une simple réha­bi­li­ta­tion qui débou­che­rait sur la bonne conscience de la chose enfin recon­nue donc « répa­rée », puisque les vic­times sont là, aujourd’hui, cin­quante ans après sous nos yeux qui regardent ailleurs. Il y a bien des années de cela, j’ai fait appel à de grandes consciences états-uniennes, dont Howard Zinn et Noam Chomsky – per­son­nages cha­leu­reux, concrets et posi­tifs ; le pre­mier, aujourd’hui dis­pa­ru, a d’ailleurs pré­fa­cé Agent Orange, Apocalypse Viêt Nam. Tous deux membres de la pre­mière heure du Comité inter­na­tio­nal de sou­tien que j’ai consti­tué. D’autres vien­dront ensuite : Angela Davis, Joan Baez… plus de cent per­sonnes. Mais cela ne suf­fit pas, car il sem­ble­rait que rien ne puisse agir contre l’ignorance crasse « qui est celle par laquelle l’homme omet­trait de savoir ce qu’il pour­rait et devrait savoir », comme disait un reli­gieux à pro­pos d’un tout autre sujet. La pro­cé­dure fran­çaise actuelle contre 26 mul­ti­na­tio­nales états-uniennes ayant fabri­qué l’agent orange – conduite par Maître William Bourdon et ses col­la­bo­ra­teurs, Maîtres Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt – faci­lite le débat public : les choses bougent. La géné­ra­tion mon­tante de jour­na­listes en appé­tit prend contact et nous sol­li­cite — je la remer­cie au nom de toutes les vic­times pré­sentes, pas­sées, et à venir. Reportages et docu­men­taires, émis­sions et inter­views se suc­cèdent, cour­roie d’un débat nais­sant, même si c’est encore très insuf­fi­sant, et, espé­rons-le, début d’une prise de conscience de l’opinion publique.

Cependant, même si, offi­ciel­le­ment, le déni reste total du côté de « nos alliés amé­ri­cains », il n’est plus rare que pro­fes­seurs d’universités et étu­diants entrent en contact pour abor­der et trai­ter ce crime de guerre, crime contre l’humanité, voire géno­cide dou­blé d’un géno­cide à retar­de­ment – si ce n’est ce que j’appelle un « atten­tat contre le génome humain », pro­prié­té de l’humanité tout entière. Actuellement, une recherche scien­ti­fique récente venant à point pré­cise et démontre l’action néfaste trans­gé­né­ra­tion­nelle de la dioxine TCDD conte­nue dans l’agent orange. Au-delà de ses mul­tiples consé­quences et effets sani­taires, can­cé­ro­gènes et autres recon­nus par l’Académie natio­nale des sciences de Washington, une vieille contro­verse entre­te­nue s’était ins­tal­lée à pro­pos des effets téra­to­gènes de cette dioxine. Or, cette der­nière étude scien­ti­fique sur la molé­cule incri­mi­née, menée par Michael K. Skinner et son équipe – qui a eu la gen­tillesse de me trans­mettre l’original –, pro­fes­seur de bio­chi­mie à l’Université de l’État de Washington, démontre et confirme les ter­ribles enchaî­ne­ments qu’il bap­tise épi­gé­né­tiques trans­gé­né­ra­tion­nels. Si l’appellation scien­ti­fique change quelque peu, les nou­veau-nés échap­pant à la mor­pho­lo­gie géné­rique de l’espèce humaine n’en res­tent pas moins ce qu’ils sont.

1967 (BAO HANH/ANOTHER VIETNAM/NATIONAL GEOGRAPHIC BOOKS)

Vous par­lez de la guerre du Viêt Nam comme d’un « labo­ra­toire de la guerre du futur ». À quoi son­gez-vous, précisément ?

Toute guerre de haute inten­si­té est, de fait, une expé­rience en matière d’armement pour la sui­vante, bien qu’entre-temps (si j’ose dire, puisque la guerre n’arrête jamais) essais et expé­riences se pour­suivent. Par exemple, durant la Seconde Guerre mon­diale, États-Unis d’Amérique et Royaume-Uni avaient étu­dié 12 000 sub­stances chi­miques. Puis ils en sélec­tion­nèrent 7 000 pou­vant entrer dans la com­po­si­tion d’armes. Le but était de détruire et empoi­son­ner les rizières pour affa­mer le Japon et obte­nir sa capi­tu­la­tion. Parallèlement, l’effrayant pro­jet Manhattan abou­tis­sait, et ces sub­stances chi­miques res­tèrent en réserve avant d’être réac­ti­vées et uti­li­sées plus tard par l’Angleterre contre la gué­rilla com­mu­niste en Malaisie… Parmi elles se trou­vaient les ancêtres de l’agent orange ! Quant à la guerre amé­ri­caine au Viêt Nam, la pano­plie des armes non-conven­tion­nelles uti­li­sée est tout sim­ple­ment hal­lu­ci­nante, autant que mécon­nue. Par ailleurs, l’aviation amé­ri­caine largue des mil­liers de petites sondes acous­tiques, et des sondes sis­miques sen­sibles aux dépla­ce­ments des coo­lies [tra­vailleurs agri­coles d’o­ri­gine asia­tique]. Des cap­teurs noc­turnes à infra­rouge, des détec­teurs de sources de cha­leur – comme, par exemple, les moteurs ou même les selles humaines fraî­che­ment excré­tées – consti­tuent une véri­table bar­rière élec­tro­nique appe­lée « ligne McNamara ». Cette pano­plie est reliée à un lacis infor­ma­tique embar­qué dans des avions relais Boeing RC-135V/W Rivet joint, qui syn­thé­tisent les infor­ma­tions et dirigent les frappes aériennes qui hachent l’objectif, de jour comme de nuit. Il m’est impos­sible de faire ici un inven­taire exhaus­tif, sauf à rem­plir des pages au risque de las­ser vos lec­teurs (je ne peux que ren­voyer à mon ouvrage celles et ceux qui veulent aller plus loin). Nous ne devons pas oublier que cette pano­plie mar­tiale appar­tient à une époque où la tech­no­lo­gie amé­ri­caine per­met d’envoyer les leurs sur la Lune. L’éventail d’armes télé­gui­dées uti­li­sées au Viêt Nam pré­fi­gu­rait celles de la guerre en Irak, et même l’arrivée des drones aériens – et bien­tôt sous-marins, en cours de mise au point. Une pre­mière en matière de ter­ro­risme dans l’épopée humaine. Depuis la poudre qui per­mit à ceux qui la maî­tri­saient de s’accaparer la majeure par­tie du monde, le but est d’allonger sans fin le bras de celui qui donne la mort sans ris­quer sa vie. Mais cela reste phy­sique, avant que l’intelligence arti­fi­cielle conduise des armes offen­sives auto­nomes « robots tueurs » dému­nies de toute conscience, ter­ro­risme lobo­to­mi­sé ouvrant un monde où la cog­ni­tion devien­drait trouble psychiatrique.

Vous avan­cez la notion d’éco­cide, peu connue du grand public. Que recouvre-t-elle et quels liens entre­tient-elle avec la guerre du Viêt Nam ?

« L’éventail d’armes télé­gui­dées uti­li­sées au Viêt Nam pré­fi­gu­rait celles de la guerre en Irak. Une pre­mière en matière de ter­ro­risme dans l’épopée humaine. »

Le mot « éco­cide » refait sur­face avec la guerre chi­mique au Viêt Nam, pré­ci­sé­ment dans la bouche de Vo Quy, scien­ti­fique viet­na­mien, orni­tho­logue et envi­ron­ne­men­ta­liste. Il écrit : « Les toxiques défo­liants, dont l’agent orange, qui furent déver­sés mas­si­ve­ment sur le Sud-Viêt Nam pen­dant la guerre amé­ri­caine et qui conte­naient de la dioxine, ont rava­gé les éco­sys­tèmes natu­rels, et par voie de consé­quence les équi­libres de la vie de l’homme dans la région. C’est la seule guerre chi­mique de l’histoire de cette ampleur qu’ait connu le monde à ce jour. Les effets prin­ci­paux furent un bou­le­ver­se­ment éten­du, durable et sévère, des zones fores­tières et des terres culti­vées, base essen­tielle pour une socié­té agri­cole. Les effets de la dioxine ont pour­sui­vi leur œuvre de des­truc­tion dans le silence et à long terme, tant sur les popu­la­tions que sur l’environnement. » C’est une bonne défi­ni­tion de l’écocide, spé­ci­fique à la guerre du Viêt Nam. L’effondrement d’un règne entraîne inévi­ta­ble­ment les autres. Le Tribunal inter­na­tio­nal d’opinion, de type Russel/Sartre, tenu à Paris en 2009 en sou­tien aux vic­times viet­na­miennes de l’agent orange, a condam­né le gou­ver­ne­ment états-unien et les com­pa­gnies chi­miques au crime d’écocide — entre autres. À cette occa­sion une jus­tice a été ren­due par des som­mi­tés juri­diques venues de tous les conti­nents. Si le ver­dict d’un tri­bu­nal d’opinion ne peut prendre effet, les conclu­sions remises en main propre au pré­sident du Viêt Nam d’alors, Nguyen Minh Triet, au nou­veau pré­sident des États-Unis, Barack Obama, ain­si qu’au Secrétaire géné­ral de l’ONU, Ban Ki–moon, don­nèrent quelque espoir aux vic­times et à ceux qui les soutiennent.

On consi­dère sou­vent la Seconde Guerre mon­diale comme la pire des catas­trophes modernes de l’hu­ma­ni­té. Vous écri­vez que « la confron­ta­tion majeure de l’his­toire de l’hu­ma­ni­té » fut en réa­li­té le Viêt Nam. Comment expli­quez-vous ce déca­lage de perceptions ?

Tout d’abord, afin de ne pas affo­ler l’aiguille du comp­teur des his­to­riens, il est néces­saire de remettre l’extrait que vous citez dans son contexte, qui est : « Du point de vue de l’armement, la guerre du Viêt Nam (et plus lar­ge­ment cette seconde guerre d’Indochine pen­dant laquelle le ton­nage des bombes uti­li­sées fut six fois celui de la Seconde Guerre mon­diale) reste la confron­ta­tion majeure de l’histoire de l’humanité. » Vous m’invitez donc à entrer dans les détails. Ici, je n’évoque pas le nombre de morts, mais l’intensité mili­taire et tech­no­lo­gique de la confron­ta­tion, l’hallucinante dis­pro­por­tion des moyens mis en œuvre. Dans sa grande majo­ri­té, l’opinion publique occi­den­tale, tout entière obnu­bi­lée par les drames de sa propre his­toire, ignore que le Viêt Nam seul a reçu trois fois et demie le ton­nage de bombes lar­guées durant toute la Seconde Guerre mon­diale : com­pa­rai­son des 7 078 032 tonnes de bombes sur le Viêt Nam aux 2 057 277 tonnes de toute la Seconde Guerre mon­diale, ceci sur une sur­face tel­le­ment moindre et concen­trée… qu’elle reste bien, et de loin, la confron­ta­tion majeure de l’histoire de l’humanité. Il est clai­re­ment démon­tré que chaque cen­ti­mètre car­ré et cube de Viêt Nam était un objec­tif mili­taire*. D’autre part, il est néces­saire d’aborder les pertes humaines. Si l’on pro­je­tait la pro­por­tion de 7 bles­sés états-uniens pour un tué, avec ses 5 mil­lions de morts (1 mil­lion de com­bat­tants, 4 mil­lions de civils, annonce du gou­ver­ne­ment viet­na­mien en 2005 qu’aucun pays de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale n’a remis en cause), le Viêt Nam pour­rait avoir connu l’équivalent fara­mi­neux de 35 mil­lions de bles­sés. Cependant, il convient de se méfier d’une telle extra­po­la­tion, car les moyens sani­taires pour trai­ter les vic­times viet­na­miennes (com­bat­tants ou civils) n’étaient nul­le­ment com­pa­rables à ceux dont dis­po­sait l’armée amé­ri­caine pour soi­gner les GI bles­sés. Par ailleurs, il est même dif­fi­cile d’estimer la popu­la­tion viet­na­mienne avant que débute la guerre.

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1970. L’équipe radio d’un groupe d’assaut de l’armée nord-vietnamienne lors de l’offensive sur la ville de Quang Tri (© Doan Công Tinh)

Nous savons seule­ment qu’en 1975, elle était de 47,63 mil­lions d’habitants. Ce dont il faut réel­le­ment prendre conscience, réside dans la signi­fi­ca­tion des chiffres : dans leur froide rigueur, ils nous apprennent qu’il s’agit non d’une simple guerre asy­mé­trique, mais bien d’une véri­table exter­mi­na­tion, puisque pour chaque sol­dat amé­ri­cain mort, 100 Vietnamiens furent tués, dont 80 % de civils. Pour bien se péné­trer de l’immensité du car­nage, il est inté­res­sant d’opérer un bas­cu­le­ment de para­digme. En 1975, les États-Unis comp­taient 220 mil­lions d’habitants. S’ils avaient subi les mêmes pertes humaines que celles qu’ils ont infli­gées, 23 mil­lions d’Américains auraient suc­com­bé, 106 mil­lions auraient été bles­sés, tan­dis qu’exilés et dépla­cés tota­li­se­raient res­pec­ti­ve­ment 8 et 48 mil­lions. Quel nom por­te­rait pareil bilan si les vic­times avaient été états-uniennes ? Quelle aurait pu être l’ampleur du trau­ma­tisme sachant ce qu’il fut avec des pertes tel­le­ment moins impor­tantes ? Au cours de la guerre secrète, le petit Laos voi­sin a pour sa part reçu, à lui seul, une quan­ti­té plus impor­tante que durant toute la Seconde Guerre mon­diale. Mais cette ter­rible pesée n’est pas ter­mi­née, car nous devons encore y ajou­ter les bom­bar­de­ments consi­dé­rables d’une autre guerre, secrète elle aus­si, menée paral­lè­le­ment au Cambodge, qui en reçut peu ou prou autant que le Laos. Ces chiffres ahu­ris­sants, inima­gi­nables, suf­fisent à don­ner une idée de l’ampleur, et du nombre effroyable de vic­times, du conflit.

« Pareil désastre humain n’est pos­sible dans les pays enga­gés dans la guerre que par une insen­si­bi­li­sa­tion col­lec­tive de la popu­la­tion, alliée de fait ou juste complaisante. »

Concernant le Viêt Nam, n’oublions pas les 10,5 mil­lions de per­sonnes dépla­cées, les veuves et les orphe­lins eux aus­si dénom­brés par mil­lions ; et le mil­lion et demi d’exilés – car après toute guerre d’occupation vient une guerre civile – dont 300 000 mour­ront sous les balles de la réuni­fi­ca­tion, ou en mer, de soif ou de mala­die, des nau­frages ou des pirates. À cette lita­nie de vic­times, il faut encore ajou­ter celles qui n’apparaissent jamais, tuées ou bles­sées en temps de « paix » – cette période entre 2 conflits – par des engins qui n’avaient pas explo­sé lors des bom­bar­de­ments et qui truffent tou­jours le sol du pays. D’après le minis­tère de la Défense viet­na­mien, les mines occupent un ter­ri­toire d’une super­fi­cie de 6,6 mil­lions d’hectares (équi­valent à plus de 2 fois la Belgique). Elles abondent éga­le­ment au Cambodge et au Laos. Mines et autres engins non explo­sés ont fait entre 100 000 et 150 000 vic­times au seul Viêt Nam, dont 42 000 morts. Parmi les­quels beau­coup d’enfants : au début des années 1980, plus de 40 % de la popu­la­tion avait moins de 15 ans. Enfin, de nom­breuses vies furent écour­tées, soit par la famine, soit par l’embargo qui sui­vit la « chute de Saigon » et que l’opinion publique a tota­le­ment oublié, bien qu’il ait duré presque 20 ans. Tel est le bilan humain pour un minus­cule pays du Sud-Est asia­tique, qui vou­lait son indé­pen­dance. Mme Nguyen Thi Binh, qui signa à Paris les Accords de paix pour le Gouvernement révo­lu­tion­naire pro­vi­soire, plu­sieurs fois ministre et ancienne Vice-pré­si­dente de la République Socialiste du Viêt Nam, me disait un jour avec dou­ceur, d’une voix tein­tée d’une pro­fonde et véri­table incom­pré­hen­sion mal­gré son expé­rience excep­tion­nelle : « Pourquoi nous ont-ils fait la guerre ? » La comp­ta­bi­li­té macabre ne s’arrête mal­heu­reu­se­ment pas là. Car pour être com­plet, il faut encore addi­tion­ner les mil­lions de vic­times de l’agent orange éta­lées sur trois géné­ra­tions déjà, même si l’Histoire offi­cielle ne les men­tionne pas. Pareil désastre humain n’est pos­sible dans les pays enga­gés dans la guerre que par une insen­si­bi­li­sa­tion col­lec­tive de la popu­la­tion, alliée de fait ou juste complaisante.

La dif­fi­cul­té, quant aux pos­sibles suites juri­diques, est, assu­rez-vous, d’a­bord « d’ordre poli­tique », plus que juri­dique. À quels niveaux ?

Suite à la pro­cé­dure inten­tée aux USA par des vic­times viet­na­miennes et l’Association viet­na­mienne des vic­times de l’agent orange (VAVA), début 2004, le Tribunal de pre­mière ins­tance de New York-Est a débou­té les plai­gnantes en mars 2005, puis elles sai­sirent la Cour d’appel fédé­rale du second cir­cuit qui, à son tour, les débou­ta fin 2008. Enfin, en der­nier recours, elles firent l’ultime appel pos­sible auprès de la Cour suprême des États-Unis d’Amérique, à Washington, qui ne dai­gna même pas exa­mi­ner la requête et la repous­sa début 2009. Politiquement, c’était impen­sable et insup­por­table. Perdre une pro­cé­dure inten­tée par l’ancien enne­mi sur son propre ter­ri­toire au moyen de son propre arse­nal juri­dique n’est pas made in USA — le pré­sident George W. Bush inter­ve­nant en per­sonne, par le biais du Département de la jus­tice. À la suite de quoi se tint le Tribunal d’opinion à Paris. À ce moment-là, rien n’interdit une pro­cé­dure au Viêt Nam. Sauf que, imman­qua­ble­ment, une pro­cé­dure au Viêt Nam (souf­frant d’une pénu­rie de juristes com­pé­tents, par ailleurs en pleine éva­lua­tion de ses manques juri­dic­tion­nels afin de déve­lop­per un arse­nal juri­dique moderne, de plus, pays non-ali­gné) inten­tée par des vic­times viet­na­miennes auprès d’un tri­bu­nal viet­na­mien contre l’ancien enne­mi et géant amé­ri­cain n’aurait trou­vé aucune cré­di­bi­li­té auprès des États occi­den­taux, pour des rai­sons his­to­riques et idéo­lo­giques. Sans comp­ter que, poli­ti­que­ment, ce serait un coup d’épée dans l’eau raillé par ces mêmes pays néocolonialistes.

(HOANG MAI/ANOTHER VIETNAM/NATIONAL GEOGRAPHIC BOOKS)

De plus, le Viêt Nam est dans une phase de rap­pro­che­ment accé­lé­ré avec les États-Unis, afin de conte­nir l’expansionnisme chi­nois, et ne peut com­mettre pareil accroc diplo­ma­tique avec des Américains, qui ne lâchent rien contre rien. Pour preuve, au mois de juillet 2013, en Corée du Sud, alliée des USA et ancien coa­li­sé lors du conflit viet­na­mien, la Haute cour de Séoul a condam­né les firmes Dow Chemical et Monsanto à ver­ser des sommes pré­cises à ses vété­rans vic­times eux aus­si de l’agent orange. Ce fut sans suite. Le Droit inter­na­tio­nal en construc­tion n’est pas suf­fi­sam­ment avan­cé et, de toute façon, les États-Unis n’y mettent jamais les doigts, ne prennent jamais d’engagement d’ordre moral pou­vant frei­ner ulté­rieu­re­ment un inter­ven­tion­nisme escor­tant leurs inté­rêts tou­jours plus vastes dans le monde. Quand on sait quels com­bats ont dû mener les vété­rans US, eux-mêmes vic­times de l’agent orange, pour obte­nir recon­nais­sance, indem­ni­sa­tion et prise en charge de leurs patho­lo­gies, on est fixé… et tout ce qu’ils obtinrent le fut « à l’a­miable ». Façon de ne pas créer un pré­cé­dent qui ferait juris­pru­dence ! Encore que la juris­pru­dence, dans ce cas… Figurez-vous que les patho­lo­gies recon­nues en lien avec l’agent orange ne sont à leurs yeux valables que pour les vété­rans US, et ne sont pas expor­tables ! Les autres n’existent pas. En France, que pou­vait-on faire ? J’identifie une vic­time fran­çaise de l’agent orange, d’origine viet­na­mienne : Madame Tran To Nga, et la mets en contact avec Maître Bourdon.

« Figurez-vous que les patho­lo­gies recon­nues en lien avec l’agent orange ne sont à leurs yeux valables que pour les vété­rans US, et ne sont pas exportables ! »

Malencontreusement, le 9 août 2010, sous la pré­si­dence de Nicolas Sarkozy, le Parlement fran­çais posait quatre ver­rous qui confis­quaient toute com­pé­tence au juge en matière de droit inter­na­tio­nal. Sauf à vou­loir faire de nôtre pays une terre d’asile pour grands cri­mi­nels inter­na­tio­naux, impos­sible de faire plus res­tric­tif. Que pou­vions-nous entre­prendre ? Il exis­tait la pos­si­bi­li­té d’ouvrir une pro­cé­dure dans un autre pays de la com­mu­nau­té. En Europe, les juri­dic­tions espa­gnole et belge accor­daient à leurs juges de grandes com­pé­tences en matière de droit inter­na­tio­nal… La Belgique avait même octroyé une com­pé­tence uni­ver­selle abso­lue à ses juges, tel­le­ment que la chose ne tar­da pas à poser de grandes dif­fi­cul­tés diplo­ma­tiques à son gou­ver­ne­ment puisque n’importe quel citoyen du monde pou­vait sai­sir sa juri­dic­tion contre n’importe quel diri­geant de la pla­nète, mena­çant d’une part l’équilibre inter­na­tio­nal et, d’autre part, la Belgique de rétor­sions éco­no­miques ouvrant la porte à des conflits sociaux internes. Une situa­tion com­pa­rable guet­tait l’Espagne : les deux pays finirent par recu­ler. Le temps passe et Madame Tran s’épuise à com­battre ses patho­lo­gies. Lors de la cam­pagne élec­to­rale pour la pré­si­den­tielle de 2012, le can­di­dat François Hollande inclu­ra dans ses pro­po­si­tions la levée des ver­rous posés par le Parlement fran­çais en 2010. Un objec­tif qui ne retien­dra pas l’attention des foules et pas­se­ra qua­si inaper­çu. En février 2013, sous la pré­si­dence Hollande, le Parlement res­taure la com­pé­tence du juge fran­çais en matière de droit inter­na­tio­nal en levant trois des quatre ver­rous : pre­miè­re­ment, la condi­tion de rési­dence habi­tuelle du sus­pect en France est aban­don­née ; deuxiè­me­ment, il n’est plus exi­gé que les faits soient punis par la loi du pays où ils ont été com­mis ; troi­siè­me­ment, le Parquet ne deman­de­ra plus à la Cour pénale inter­na­tio­nale de se pro­non­cer la pre­mière – condi­tion par ailleurs incom­pa­tible avec le Statut de Rome qui donne au contraire la prio­ri­té aux États.

Reste le qua­trième ver­rou : le mono­pole du Parquet, « sujet déli­cat entre tous » selon la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui ajoute : « Il paraît incon­ce­vable de dire sans autre forme de pro­cès qu’une vic­time ne peut enga­ger l’action publique ; mais en même temps on ne peut igno­rer l’expérience qu’ont vécue d’autres pays » et la crainte de voir les tri­bu­naux fran­çais ins­tru­men­ta­li­sés par des plaintes venues du monde entier. Mais il suf­fit d’un seul ver­rou pour que la porte de la jus­tice se ferme à une vic­time. Toutefois, l’ouverture d’une pro­cé­dure par une vic­time ayant la natio­na­li­té fran­çaise pour un tort extra­ter­ri­to­rial com­mis par un tiers étran­ger n’est plus empê­chée. Mais sa réus­site posait une ques­tion impor­tante et déli­cate : la plainte devait-elle être por­tée devant un tri­bu­nal de droit pénal, ou bien civil ? Compte-tenu de la charge que sous-tend la pro­cé­dure en ques­tion, le pénal amè­ne­rait à coup sûr la ren­contre d’obstacles insur­mon­tables, appa­ren­tés à ceux vécus par les pays voi­sins. Le mieux devra être aban­don­né au pro­fit du bien ; la plainte se fera donc au civil — ce qui ne devrait pas empê­cher une condam­na­tion à répa­rer les dom­mages cau­sés à autrui (cor­po­rels, maté­riels ou moraux), en ver­sant des dom­mages-inté­rêts ou en exé­cu­tant une obli­ga­tion. Il s’agirait d’un fait sans pré­cé­dent contre les com­pa­gnies chi­miques états-uniennes ayant fabri­qué et four­ni l’agent orange en pleine connais­sance de son « excep­tion­nelle toxi­ci­té », selon l’expression écrite, en date du 24 juin 1965, par un des prin­ci­paux four­nis­seurs, Dow Chemical, dont le chiffre d’affaires dépas­sait il y a encore peu de temps le PIB du Viêt Nam. Le cabi­net William Bourdon – Léa Forestier a donc assi­gné 26 socié­tés mul­ti­na­tio­nales états-uniennes. Les audiences ont com­men­cé au Tribunal d’Évry. On en est là. Les pro­cé­dures pré­cé­dentes ont été mar­gi­na­li­sées, en par­tie par le fait que les médias connaissent mal ou pas du tout le sujet pour les rai­sons évo­quées pré­cé­dem­ment. Mais aujourd’hui, l’envergure de Maître Bourdon sti­mule le débat public. Même si beau­coup reste à faire : la conscience d’une opi­nion publique inter­na­tio­nale bien infor­mée, par la pres­sion qu’elle exer­ce­rait, pour­rait vrai­ment por­ter secours aux vic­times de l’agent orange.

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(© James Nachtwey)

Quel regard por­tez-vous sur Obama, aujourd’­hui ? Vous par­liez, dans un article paru en 2008, d’un « espoir mesu­ré ».

Je vais vous répondre à rebours. En 2008, l’élection de Barack H. Obama, né de sang mêlé, a sou­le­vé un enthou­siasme déme­su­ré. Au regard de l’histoire raciale des États-Unis, son élec­tion était la cari­ca­ture d’une pro­gres­sion morale évi­dente de la part de la popu­la­tion. Le monde dans sa gri­saille ne vou­lut y voir que ce côté posi­tif, et l’amplifia. Par ailleurs, quoique brillant, Obama res­tait ce qu’il était, métis. Car s’il avait été noir, il n’est pas du tout cer­tain qu’il eût été élu. Sa poli­tique lui res­semble. Mais peut-il en faire une autre au regard des méca­nismes qui l’ont élu ? D’où un « espoir mesu­ré », m’évitant à l’époque d’écrire « espoir scep­tique » dans un contexte qui n’était pas prêt à l’entendre. Effectivement, vis-à-vis des vic­times de l’agent orange, il dou­ble­ra la pro­messe d’une aide finan­cière prise par son pré­dé­ces­seur à hau­teur de 3 mil­lions de dol­lars… puis pro­po­se­ra au Congrès 12 mil­lions… quand Nguyen Van Rinh, pré­sident de VAVA, l’estime à plus de mille mil­liards. Cette aide res­te­ra tou­te­fois une aumône, mais qua­si uni­que­ment au béné­fice d’entreprises amé­ri­caines car si pol­luer rap­porte, dépol­luer aus­si, et sou­vent aux mêmes ! Nous pou­vons tou­jours espé­rer et croire qu’intérieurement le per­son­nage a conscience qu’il se tient très en deçà de ce qui serait décent de faire… mais bien sûr cela ne change rien à la situa­tion réelle des victimes.

Un der­nier point : Kennedy est une icône posi­tive de la culture occi­den­tale (aus­si bien poli­tique qu’i­co­no­gra­phique et artis­tique) : vous rap­pe­lez son rôle dans la guerre du Viêt Nam. Pourquoi un tel trou noir, dans la mémoire collective ?

S’agit-il d’un trou de mémoire où d’une dis­si­mu­la­tion his­to­rique ? Difficile d’oublier ce qui n’a jamais été dit en son temps. En quelques mots donc, début 1961, John F. Kennedy sou­hai­tant ras­su­rer l’Amérique sur le fait qu’il n’était pas « rose », dépê­cha 400 bérets verts, des forces d’opérations spé­ciales avec pour mis­sion d’instruire les sol­dats sud-viet­na­miens aux dif­fé­rents moyens de com­battre la gué­rilla com­mu­niste au sud. Le nombre des « conseillers mili­taires », que son pré­dé­ces­seur avait envoyés par cen­taines, fut por­té à 16 000. Sous l’égide des conseillers états-uniens, l’armée du Sud lan­ça des mil­liers d’opérations de ratis­sage au sein de la popu­la­tion. Le sous-secré­taire d’État, George Ball, fut le seul des prin­ci­paux conseillers du pré­sident à le mettre en garde. Il pré­vint son ami Kennedy que le Viêt Nam ne se plie­rait pas faci­le­ment à la volon­té de l’Amérique. « Maintenir l’indépendance du Sud-Viêt Nam », insis­ta Ball, « signi­fie que dans cinq ans il y aura 300 000 sol­dats amé­ri­cains dans les rizières et les jungles du Viêt Nam. » Kennedy ne crut pas une seconde à cette pro­phé­tie. Des bom­bar­diers et des héli­co­ptères amé­ri­cains vinrent s’ajouter aux forces en pré­sence, confir­mant l’interventionnisme états-unien, tan­dis que l’armée du Sud-Viêt Nam enga­geait 100 000 hommes sup­plé­men­taires. Plus tard, ses effec­tifs appro­che­ront le mil­lion. C’est le pré­sident Kennedy qui don­na son feu vert en 1961 au lan­ce­ment de l’opération « Ranch Hand » dési­gnant l’épandage des agents chi­miques au Viêt Nam. L’amnésie col­lec­tive de cet envers de Kennedy réside dans le seul fait que les choses qui ne sont pas dites ne peuvent pas être sues ! Dans le contexte des années 1960, Kennedy (et ses frères) était celui qui ren­voyait l’image la plus proche des aspi­ra­tions de la jeu­nesse d’après-guerre, culti­vant – sans mau­vais esprit de ma part – une repré­sen­ta­tion de sur­face proche de celle d’une star de ciné­ma… en quelque sorte, un Obama blanc. À cette dif­fé­rence impor­tante qu’Obama n’est pas issu d’un clan fami­lial richis­sime enra­ci­né en poli­tique depuis le XIXe siècle comme celui des Kennedy. Par la suite, JFK, qui était en fric­tion avec les puis­sances occultes de l’« État pro­fond » (ser­vices secrets, milieu des affaires et de la finance, mafia, etc.), fut assas­si­né, ne lais­sant pas au temps la pos­si­bi­li­té de ter­nir l’icône : cela scel­la le mythe.


http://www.agent-orange-vietnam.org/


NOTES 

* Cf. le rap­port de Peter Weiss publié en juillet 1968, aux édi­tions du Seuil, dans la col­lec­tion « Combats » diri­gée par Claude Durand.


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REBONDS

☰ Lire « Journal d’un résis­tant viet­na­mien », Ngo-Van-Chiêu (Memento), juin 2015
☰ Lire notre article « Léo Figuères : d’une résis­tance à l’autre », Alain Ruscio, juin 2015
☰ Lire notre article « Daniel Guérin, à la croi­sée des luttes », mars 2015
☰ Lire notre article « Indochine : gloire aux déser­teurs », Émile Carme, jan­vier 2015
☰ Lire notre article « Tuer pour civi­li­ser : au cœur du colo­nia­lisme », Alain Ruscio, novembre 2014

Ballast

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