La boxe, ce sport de prolétaires


Dans l’i­ma­gi­naire col­lec­tif, la boxe a long­temps été asso­ciée à des images de salles sombres où résonnent le bruit des coups sur les sacs, tan­dis que des corps trans­pirent à la lumière des néons. Aujourd’hui, les salles de sport pro­posent sa pra­tique sous des moda­li­tés variées à un public issu des classes moyenne ou aisée, qui veut se main­te­nir en forme, ou dans le cadre de cours d’au­to­dé­fense. Malgré tout, la boxe reste une acti­vi­té spor­tive bien ancrée dans les classes popu­laires. Par l’en­ga­ge­ment qu’elle demande et la dure­té de la pra­tique, elle fait écho à des condi­tions de vie dif­fi­cile, qu’elle aide à affron­ter. Face à sa récu­pé­ra­tion mar­chande et à la ten­ta­tive de la vider de son carac­tère sub­ver­sif, le jour­na­liste Selim Derkaoui défend pour sa part un sport « au ser­vice des com­bats que l’on mène à plu­sieurs ». Dans Rendre les coups — Boxe et lutte des classes, qui paraît ces jours-ci au Passager clan­des­tin, il rend hom­mage à la boxe popu­laire, celle que pra­ti­quait son père et qu’il est allé ren­con­trer à Aubervilliers, Pantin ou dans la ban­lieue de Caen. Nous en publions un extrait.


Si on met des points sur une carte de France, on s’aperçoit rapi­de­ment que les clubs de boxe anglaise exis­tants sont majo­ri­tai­re­ment implan­tés dans des quar­tiers popu­laires, ou à la péri­phé­rie des grandes et moyennes villes. « C’est dans ces endroits qu’existent les salles de boxe ! » affirme, caté­go­rique, le coach Rachid Hallaf. Les yeux plis­sés et tom­bants de ce petit homme chauve légè­re­ment tra­pu sont en par­faite har­mo­nie avec le ton de sa voix grave et apai­sante. Âgé de 44 ans, Rachid Hallaf est entraî­neur de boxe anglaise depuis main­te­nant une dizaine d’années à Ablon-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. De nom­breux clubs comme le sien existent dans la plupart des ban­lieues et des péri­phé­ries des villes. Exactement comme à Caen, en Normandie, où mon père puis moi avons gran­di. […]

« Les clubs de boxe anglaise sont majo­ri­tai­re­ment implan­tés dans des quar­tiers popu­laires, ou à la péri­phé­rie des grandes et moyennes villes. »

À quelques cen­taines de mètres du RER B d’Ablon-sur-Seine, Rachid Hallaf me donne ren­dez-vous dans son gym­nase. À l’extérieur, un city-stade1 rela­ti­ve­ment récent — très en vogue dans cer­tains quar­tiers, car ne coû­tant pas bien cher aux mai­ries — est occu­pé par de jeunes joueurs de foot­ball. Cela semble être la seule acti­vi­té spor­tive du coin en cet après-midi de juin. Le gym­nase, peu entre­te­nu, et les nom­breux chan­tiers de construc­tion qui l’entourent semblent à l’abandon. Pendant une dizaine de minutes, je peine à trou­ver l’entrée.

Une fois à l’intérieur, der­rière une petite porte bleue, le gym­nase est somme toute assez clas­sique : des paniers de bas­ket-ball sus­pen­dus au pla­fond et, à chaque extré­mi­té, des cages pour jouer au fut­sal et au hand­ball. Mais aucune trace d’une salle de boxe. Ni ring ni affiches jau­nies annon­çant des galas oubliés sur les murs, comme j’ai pu en obser­ver dans d’autres clubs et dans les films amé­ri­cains. Rachid Hallaf me désigne d’un geste de la main que les sacs de boxe et les rings sont ran­gés le long des murs du gym­nase, mon­tés puis démon­tés lors des entraî­ne­ments, qui ont lieu deux à trois fois par semaine. Une toute petite salle per­met éga­le­ment de sto­cker l’ensemble du maté­riel néces­saire : gants, ban­dages, pun­ching-balls, barres de trac­tion, tapis de sol… Parvenir à caser tout ce maté­riel encom­brant dans un cagi­bi aus­si exi­gu semble, à pre­mière vue, rele­ver de l’exploit.

[Club Boxing Beats d'Aubervilliers, octobre 2011 | Yann Renoult]

Son club de boxe existe depuis 2007 et l’investissement total fut de 15 000 euros. « Une somme déri­soire », confie l’entraîneur, même pour une petite ville d’à peine plus de 5 000 habi­tants comme Ablon-sur-Seine. À titre de com­pa­rai­son, le coût d’un stade de foot­ball ou d’un ter­rain de bas­ket-ball se situe entre 200 000 et 300 000 euros. La boxe anglaise, « ça ne coûte rien aux villes comme Ablon, sur­en­ché­rit le coach, car il y a besoin de peu de mètres car­rés et de maté­riel pour s’entraîner dans une salle ». Dans cette logique, il arrive même que des clubs de boxe anglaise s’installent dans le sous-sol d’une autre acti­vi­té spor­tive. À Drancy, on boxe bien dans le sous-sol d’une pis­cine municipale.

« À Drancy, on boxe dans le sous-sol d’une pis­cine municipale. »

Dans les quar­tiers popu­laires, des ser­vices publics décents et la pré­sence d’agents de l’État manquent cruel­le­ment — selon une étude publiée le mar­di 25 mai 2021 par l’Insee, la Seine-Saint-Denis est le deuxième dépar­te­ment le plus pauvre de France et le pre­mier de métro­pole. Même si la Fédération fran­çaise de boxe n’a pas de chiffres pré­cis à me com­mu­ni­quer sur l’implantation des salles de boxe dans les quar­tiers popu­laires par rap­port aux autres zones2, elle confirme que « la dure­té de la boxe de l’époque peut expli­quer pour­quoi elle s’est sur­tout déve­lop­pée dans les quar­tiers popu­laires, où elle trou­vait plus faci­le­ment des adeptes. Une ten­dance que l’on retrouve encore aujourd’hui, mais qui évo­lue. » Ces clubs sont implan­tés sur la petite cou­ronne et la cein­ture rouge, zone qui cor­res­pond aux dif­fé­rents bas­tions com­mu­nistes d’après-guerre. Dans la seconde moi­tié du XXe siècle, les clubs se sont donc pro­gres­si­ve­ment ins­tal­lés dans toutes les ban­lieues popu­laires de Paris, où la pré­sence de popu­la­tions issues de l’immigration post­co­lo­niale est par­ti­cu­liè­re­ment éle­vée : le Red Star de Saint-Ouen, des clubs à Saint-Denis ou encore à Issy-les-Moulineaux. L’ouverture d’une salle de boxe dans n’importe quel quar­tier popu­laire de France, délais­sé ou défa­vo­ri­sé, est inti­me­ment liée à l’absence d’autres offres spor­tives3, telles que l’escrime, le rug­by ou encore le vol­ley-ball, dans le cas d’Ablon-sur-Seine. Faute d’autres choix, la salle de boxe occupe donc une place impor­tante : « Il y a une vraie demande de par­ti­ci­per à la vie spor­tive, et les clubs de boxe sont sou­vent implan­tés là où il n’y a rien », confirme Rachid Hallaf.

Dans les villes plus bour­geoises, les muni­ci­pa­li­tés savent qu’il est par­ti­cu­liè­re­ment néces­saire de pro­po­ser une offre spor­tive : les parents et les grands-parents sont de poten­tiels votants. L’abstention étant par­ti­cu­liè­re­ment forte dans les quar­tiers popu­laires4, les muni­ci­pa­li­tés ne prennent pas la peine de pro­po­ser une offre consé­quente d’activités. L’entraîneur d’Ablon-sur-Seine constate l’abondance d’offres spor­tives dans les villes aisées, quand bien même beau­coup moins de jeunes y résident. Il a fal­lu qu’Ablon-sur-Seine et la com­mune voi­sine de Villeneuve-le-Roi5 se jumellent pour pro­po­ser enfin aux gosses des clubs com­muns de boxe et de foot­ball. Habituellement, un jume­lage se fait avec une petite ville d’Allemagne incon­nue au bataillon, ils appellent ça « l’amitié fran­co-alle­mande ». En Seine-Saint-Denis, ce sont deux villes pauvres qui ont choi­si de s’associer entre elles.

[Sarah Ourahmoune s'entraîne avec Saïd Bennajem, 2011, club Boxing Beats d'Aubervilliers | Yann Renoult]

Dans ces muni­ci­pa­li­tés de la grande ban­lieue qui ont connu des déve­lop­pe­ments démo­gra­phiques impor­tants ces der­nières années, l’implantation de clubs de boxe est aus­si la consé­quence de poli­tiques locales menées à par­tir des années 2000. Dans les ban­lieues dites « dif­fi­ciles », un pro­gramme d’aide à l’élaboration de clubs est lan­cé par le comi­té d’Île-de-France de boxe anglaise. À par­tir de 2003, il est sou­te­nu par le minis­tère char­gé des Sports et en par­te­na­riat avec la Fondation du sport et la région. « Ce pro­gramme visait la créa­tion de clubs dans les zones sen­sibles et a per­mis celle de douze écoles de boxe en moins de trois ans. Aujourd’hui, cette action est géné­ra­li­sée à l’ensemble du ter­ri­toire fran­çais. Ce qui ren­force ain­si le posi­tion­ne­ment social de la boxe anglaise dans le pays », ana­lyse le socio­logue Fabrice Burlot6. L’histoire, très poli­tique, de la créa­tion du club de Rachid Hallaf à Ablon, en est le par­fait exemple.

« La boxe anglaise est ins­tru­men­ta­li­sée par les pou­voirs publics pour occu­per et édu­quer ces jeunes, grâce à des entraî­neurs eux-mêmes issus des quar­tiers. »

Le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois, Zyed Benna et Bouna Traoré, res­pec­ti­ve­ment âgés de 17 et 15 ans, meurent élec­tro­cu­tés dans l’enceinte d’un poste élec­trique où ils étaient entrés pour se sous­traire à un contrôle de police. Une vio­lence poli­cière meur­trière qui fait suite à un énième contrôle quo­ti­dien des popu­la­tions issues de l’immigration post­co­lo­niale. En réac­tion, des révoltes éclatent dans l’ensemble du 93 et dans plu­sieurs com­munes du pays. Le dis­cours poli­ti­co-média­tique convoque volon­tiers l’expression « émeutes » pour dis­qua­li­fier ces événements, ce qui a ten­dance à invi­si­bi­li­ser leurs moti­va­tions poli­tiques mani­festes et leurs causes sociales et racistes. Le traitement des révoltes qui ont écla­té en juin et juillet 2023 dans les ban­lieues fran­çaises, en réac­tion à la mort du jeune Nahel abat­tu par un poli­cier, l’ont une nou­velle fois illus­tré. L’état d’urgence est décla­ré le 8 novembre 2005, avant d’être pro­lon­gé pour une durée de trois mois. Dans un contexte d’embrasement social particu­liè­re­ment ten­du, la direc­tion dépar­te­men­tale de la cohé­sion sociale (DDCS) de Seine-Saint-Denis s’empresse de contac­ter des entraî­neurs de boxe, par­mi les­quels Rachid Hallaf. Celui-ci avait ini­tia­le­ment ouvert un club en 1998, à Orly, où deux fonction­naires du minis­tère de la Jeunesse et des Sports avaient déjà remar­qué son tra­vail social et édu­ca­tif auprès des jeunes du quar­tier. Ils lui ont alors deman­dé d’ouvrir un club à Villeneuve-le-Roi, qui s’est ensuite retrou­vé, pour diverses rai­sons pra­tiques, à Ablon-sur-Seine. « On fait donc appel à des clubs de boxe pour faire du social », pour que les jeunes « fassent un truc », explique, sans détour, Rachid Hallaf. La boxe anglaise est ins­tru­men­ta­li­sée par les pou­voirs publics pour « occu­per et édu­quer » ces jeunes, grâce à des entraî­neurs eux-mêmes issus des quar­tiers. Des entraîneurs-édu­ca­teurs sou­vent béné­voles, cela va de soi, afin de pal­lier le désen­ga­ge­ment de l’État sur ces territoires.

Contrairement à des sports comme le ten­nis ou la nata­tion, qui néces­sitent des infra­struc­tures plus impor­tantes et donc plus coû­teuses, les licences d’inscription de boxe anglaise ne sont pas très oné­reuses. Un sport de misé­reux, avec peu de maté­riel néces­saire pour les pra­ti­ciens — gants, ban­dages, protège-dents, le tout pour une tren­taine d’euros — et qui peut même être four­ni gra­tui­te­ment par le club. Dans celui de Rachid Hallaf, la licence d’inscription coûte 160 euros l’année pour les enfants et 200 euros pour les adultes, pour trois cours par semaine. Le club est ouvert qua­si­ment tous les jours de septembre à début juillet, même pen­dant les vacances scolaires.

[Lyvia. Club Boxing Beats d'Aubervilliers, octobre 2011 | Yann Renoult]

Les bureaux des asso­cia­tions ne s’estiment pas suf­fi­samment sou­te­nus. Mais ils essaient, mal­gré tout, de faire « un maxi­mum par eux-mêmes » : « On n’a pas les res­sources que d’autres acti­vi­tés dans d’autres villes pour­raient avoir, regrette Rachid Hallaf, j’ouvre un club de vol­ley-ball, à Paris, je sais que j’aurai des adhé­rents pour tout mieux struc­tu­rer et trou­ver des par­te­naires pri­vés, la sur­vie du club est plus facile ! » Solliciter des aides finan­cières auprès du sec­teur pri­vé s’avère mis­sion impos­sible. Les coti­sa­tions et les sub­ven­tions muni­ci­pales sont maigres, « on reste dans un sport de quar­tier, implan­té dans les villes dif­fi­ciles », conclut-il, légè­re­ment frus­tré. L’attri­bu­tion des sub­ven­tions est sou­mise au vote du conseil muni­ci­pal, sur pro­po­si­tion de la com­mis­sion ad hoc, ren­seigne la mai­rie d’Ablon-sur-Seine. Le docu­ment, public, indique que la boxe anglaise a reçu 1 500 euros de sub­ven­tions en 2022, contre 2 500 euros pour le ten­nis, 5 000 euros pour le foot­ball et 4 500 euros pour le vol­ley-ball, mais « la méthode de cal­cul est un docu­ment interne qui n’est pas par­ta­gé avec le public », pré­cise un agent de la mairie.

« Solliciter des aides finan­cières auprès du sec­teur pri­vé s’avère mis­sion impos­sible. Les coti­sa­tions et les sub­ven­tions muni­ci­pales sont maigres. »

Nasser Lalaoui, ancien boxeur ama­teur deve­nu coach en 1992 et direc­teur d’un club de boxe anglaise à Aulnay-sous-Bois, brosse un tableau simi­laire. Son club se situe en péri­phé­rie de la ville, dans le com­plexe spor­tif Marcel-Cerdan, entou­ré d’un parc et de plu­sieurs ter­rains de foot­ball. Pour accé­der à la salle de boxe, il faut tra­ver­ser l’un des nom­breux cou­loirs de ce vaste gym­nase. Les cou­leurs vives, sol vert et ring fuch­sia, com­pensent l’absence de lumière de cette petite salle, han­di­capée par un pla­fond rela­ti­ve­ment bas et de petites fenêtres. Une vague odeur âcre de trans­pi­ra­tion se mêle à celle de la matière syn­thé­tique des sacs de boxe, pla­cés métho­di­que­ment en ligne juste en face des deux rings.

Nasser Lalaoui, petit homme bara­qué, avec une touffe de che­veux poivre et sel très courts sur le crâne, a le nez légèrement apla­ti, la marque indé­lé­bile de coups reçus lorsqu’il était jeune boxeur. Son phy­sique est éton­nam­ment sem­blable à celui de Rachid Hallaf et de mon père, typique du boxeur d’origine magh­ré­bine à la retraite deve­nu coach en ban­lieue. Mon père l’avait croi­sé une seule fois, dans les années 1990, lors d’un gala de boxe à Paris, et m’a vive­ment conseillé de le contac­ter. Nasser Lalaoui m’accueille dans le petit bureau qu’il occupe avec son col­lègue qua­ran­te­naire aux lunettes noires, Halim Chalabi, avec qui il tra­vaille depuis plu­sieurs années. « Attends, tu me dis que ton père m’a croi­sé, quelques minutes… Et il s’en souvient encore, trente ans plus tard ? C’est fou, je ne pen­sais pas mar­quer les esprits à ce point ! » s’étonne Nasser dans un large sou­rire. Même si son club ne paie pas de mine, ce mon­sieur est un sacré connais­seur de l’univers de la boxe anglaise en France et de son évo­lu­tion. Il enchaîne ain­si anec­dote sur anec­dote : un com­bat en Crimée en plein conflit ukrai­nien en 2014, entou­ré de Russes ivres morts dans le public, des his­toires de matchs tron­qués… Ses yeux glo­bu­leux et son ton boute-en-train lui donnent un petit côté car­too­nesque. Nasser, c’est un peu Philoc­tète, sur­nom­mé Phil’, dans le des­sin ani­mé Disney Hercule, le petit bouc bla­gueur et sar­cas­tique qui coache les héros de la mytho­lo­gie grecque. Sauf qu’ici, les boxeurs ont rem­pla­cé Achille et Hercule.

[Club Boxing Beats d'Aubervilliers, décembre 2012 | Yann Renoult]

Dans son club de boxe, le prix des licences est à peine plus éle­vé que dans celui de Rachid Hallaf : « C’est 220 euros à l’année pour les moins de 16 ans et 250 euros pour les plus de 16 ans. La boxe, c’est le sport d’un milieu social en dif­fi­cul­té, ce sont les petites classes sociales dans les cités qui la pra­tiquent. C’est un public qui est dur. » À titre de com­pa­rai­son, au club de ten­nis d’Aulnay-sous-Bois, on débourse 250 euros pour les enfants et on monte à 455 pour les adultes. Il pour­suit, ravi de pou­voir s’étendre sur la dimen­sion sociale de sa pas­sion : « La boxe anglaise, c’est obli­ga­toire que ce soit un sport popu­laire ! Ce sont des mecs des quar­tiers qui ont une vie dif­fi­cile, qui galèrent au quo­ti­dien dans leur vie de tous les jours et vivent dans des endroits par­fois très chauds. » Depuis le bureau de Nasser, on entend les boxeurs hur­ler à chaque coup de poing7 assé­né dans le sac de frappe : « Aaargh ! Tssaah ! Ouutch ! » Les yeux grands ouverts et son doigt poin­té en direc­tion de la salle, l’entraîneur inter­rompt sa démons­tra­tion : « Tu les entends crier, hein ? C’est exac­te­ment ce que je te dis ! Tu vois, ça ne les dérange pas de faire un sport dur. Au contraire, c’est très cohé­rent ! Eux, ils res­tent jusqu’au bout, dans une salle de boxe. »


Extrait de Selim Derkaoui, Rendre les coups — Boxe et lutte des classes, Le Passager Clandestin, 2023.
Photographies de ban­nière et de vignette : Yann Renoult


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  1. Un city-stade est un ter­rain mul­ti­sports en exté­rieur et en libre accès entou­ré par une enceinte. On y trouve des cages de foot, des pan­neaux de bas­ket et des poteaux pour ins­tal­ler un filet pour jouer au vol­ley ou au bad­min­ton.[]
  2. D’après le rap­port 2009 de l’Observatoire natio­nal des zones urbaines sen­sibles, les asso­cia­tions d’arts mar­tiaux et de sports de com­bat sont les orga­ni­sa­tions spor­tives les plus nom­breuses au sein des 215 quar­tiers les plus dif­fi­ciles. Sur les 2 400 struc­tures recen­sées dans ces quar­tiers, 17,7 % font la part belle au kara­té, au judo ou au full-contact, dont la boxe anglaise, contre 13,9 % au foot­ball et 4,8 % au bas­ket-ball. Viennent ensuite l’aviron, l’escalade, l’escrime et l’haltérophilie. Les sports de com­bat et les arts mar­tiaux sont près de deux fois plus repré­sen­tés dans les zones urbaines sen­sibles (ZUS) que dans le reste du pays. « Les sports de com­bat frappent fort dans les cités », Le Parisien, décembre 2009.[]
  3. On compte dans les zones sen­sibles 20 équi­pe­ments spor­tifs pour 10 000 habi­tants, deux fois moins qu’à l’échelle natio­nale. Source : Observatoire natio­nal des zones urbaines sen­sibles, rap­port de 2009.[]
  4. La Seine-Saint-Denis figure par­mi les dépar­te­ments fran­çais ayant eu la plus faible par­ti­ci­pa­tion au pre­mier tour des légis­la­tives de 2022 : 61,07 % des per­sonnes ins­crites ont sno­bé le scru­tin, soit neuf points de plus que la moyenne natio­nale.[]
  5. 20 000 habi­tants, selon l’Insee.[]
  6. Fabrice Burlot, L’univers de la boxe anglaise. Sociologie d’une dis­ci­pline contro­ver­sée, Paris, INSEP, 2013.[]
  7. Que l’on appelle des directs du bras avant ou du bras arrière, selon que vous êtes droi­tier ou gau­cher.[]

REBONDS

☰ Lire notre tra­duc­tion « Les arts mar­tiaux et l’ex­trême droite », Kurt Hollander, juin 2023
☰ Lire notre article « Sport popu­laire : oxy­more ou idéal ? », Igor Martinache, mars 2023
☰ Voir notre port­fo­lio « Rocky Balboa ou la revanche de l’Amérique blanche », Loïc Artiaga, mars 2023
☰ Lire notre article « Au quo­ti­dien le sport », Roméo Bondon, février 2023
☰ Lire notre entre­tien avec Natacha Lapeyroux : « Boxer contre les sté­réo­types de genre », février 2020
☰ Lire notre entre­tien avec Mickaël Correia : « Le foot­ball : un ins­tru­ment d’é­man­ci­pa­tion », avril 2018


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