Relire l’histoire de l’IRA [1/2]


Traduction d’un entretien de Rebel pour Ballast | Série « Résistances irlandaises »

Milieu des années 1960 : pour faire face aux per­sé­cu­tions et aux dis­cri­mi­na­tions dont elle est l’ob­jet, la popu­la­tion catho­lique nord-irlan­daise met en place un mou­ve­ment des droits civiques direc­te­ment ins­pi­ré des mobi­li­sa­tions éta­su­niennes. L’IRA — Armée répu­bli­caine irlan­daise — se scinde en 1969 : naît l’IRA pro­vi­soire (la PIRA) et renaît la lutte armée contre le colo­nia­lisme bri­tan­nique. L’IRA pro­vi­soire se donne pour objec­tif de défendre les ghet­tos catho­liques, de faire face aux assauts de l’oc­cu­pant monar­chique et de chas­ser ce der­nier une fois pour toutes. C’est bien­tôt la gué­rilla. Puis, en jan­vier 1972, le Blooday Sunday : l’ar­mée bri­tan­nique tue qua­torze mani­fes­tants à Derry. Il fau­dra attendre 1998 pour qu’un accord de paix voie le jour en Irlande du Nord, et 2005 pour que l’IRA pro­vi­soire renonce défi­ni­ti­ve­ment aux armes. Le jour­na­liste Daniel Finn a publié en 2019 l’ou­vrage One Man’s Terrorist : une étude appro­fon­die de la résis­tance irlan­daise. Deux ans plus tard, l’au­teur s’en­tre­te­nait avec le média socia­liste irlan­dais Rebel. Nous tra­dui­sons aujourd’­hui leur dis­cus­sion. 


De nom­breux ouvrages ont déjà été publiés sur l’IRA pro­vi­soire. Qu’est-ce qui dis­tingue votre travail ?

Une grande par­tie de la lit­té­ra­ture exis­tante sur le mou­ve­ment répu­bli­cain a été publiée il y a quinze ou vingt ans, au moment de l’Accord du Vendredi saint [le 10 avril 1998, ndlr] et de la tran­si­tion de la lutte armée à la poli­tique consti­tu­tion­nelle sous la direc­tion de Gerry Adams [lea­der his­to­rique du par­ti irlan­dais Sinn Féin, ndlr]. Beaucoup de ces livres ont été écrits par des jour­na­listes comme Peter Taylor, Brendan O’Brien ou Ed Moloney, qui cou­vraient les « Troubles » depuis long­temps. Ils sont tou­jours essen­tiels mais, aujourd’­hui, de nom­breuses sources aux­quelles les cher­cheurs n’a­vaient pas accès au début du siècle sont deve­nues dis­po­nibles : les docu­ments offi­ciels des gou­ver­ne­ments bri­tan­nique et irlan­dais, jus­qu’à la fin des années 1980 ; les mémoires de ceux qui ont par­ti­ci­pé aux évé­ne­ments comme Richard O’Rawe et Kieran Conway1. Il est éga­le­ment deve­nu de plus en plus facile d’é­crire sur cette période en adop­tant une démarche his­to­rienne. Jusqu’à récem­ment, bon nombre des prin­ci­pales per­son­na­li­tés poli­tiques du nord de l’Irlande étaient déjà pré­sentes sur la scène poli­tique au début du conflit : John Hume, Ian Paisley, Gerry Adams, Martin McGuinness, etc. Alors que j’é­tais en train d’é­crire ce livre, McGuinness est décé­dé et Adams a quit­té la pré­si­dence du Sinn Féin, pas­sant le relais à une nou­velle géné­ra­tion, celle de l’a­près ces­sez-le-feu. Ce pas­sage de l’ac­tua­li­té à l’Histoire est encore inache­vé — et il le res­te­ra peut-être tou­jours (il suf­fit pour ça de voir les débats en cours sur la guerre d’in­dé­pen­dance dans le Sud !). Mais il est cer­tai­ne­ment plus facile aujourd’­hui de voir le conflit dans depuis une pers­pec­tive historique.

La fin des années 1960 a été mar­quée par d’im­por­tants bou­le­ver­se­ments poli­tiques avec l’é­mer­gence du mou­ve­ment des droits civiques. Les choses ont fini par tour­ner au vinaigre, les actions armées pre­nant le pas sur les mani­fes­ta­tions de masse. Certains his­to­riens affirment que la res­pon­sa­bi­li­té de la vio­lence connue sous le nom de « Troubles » doit être prin­ci­pa­le­ment impu­tée à l’IRA. Mais l’IRA n’est pas sor­tie de rien : l’é­poque est celle d’une réac­tion vio­lente de l’État à l’en­contre les mani­fes­tants pour les droits civiques. C’est aus­si la période l’af­faire Burntollet2 et de ce qu’on appelle le retour de bâton des loya­listes. Quels sont, selon vous, les fac­teurs clés de ce pas­sage des pro­tes­ta­tions du mou­ve­ment des droits civiques au déve­lop­pe­ment de l’IRA provisoire ?

Il existe deux récits concur­rents sur la période clé située entre 1968 et 1972. Le pre­mier rejette la res­pon­sa­bi­li­té du conflit sur les Provisionals [ou « Provos » : sur­noms don­nés aux membres de l’IRA pro­vi­soire , ndlr]. Dans sa forme la plus extrême, on trouve encore des poli­ti­ciens unio­nistes Nelson McCausland, par exemple — qui affirment que le mou­ve­ment des droits civiques était une conspi­ra­tion répu­bli­caine-com­mu­niste visant à ren­ver­ser l’État, et que les évé­ne­ments d’août 1969 étaient une insur­rec­tion soi­gneu­se­ment pla­ni­fiée par l’IRA. Le plus sou­vent, les poli­ti­ciens, les jour­na­listes et les his­to­riens recon­naissent que les mani­fes­tants pour les droits civiques avaient des griefs légi­times mais affirment éga­le­ment que le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique était en train de répondre à ces doléances lorsque les Provos sont inter­ve­nus. Dans ce cadre, il leur est pos­sible d’af­fir­mer que l’in­tern­ment [poli­tique d’emprisonnement sans charges ni pro­cès des per­sonnes soup­çon­nées de sou­te­nir l’IRA, ndlr] a été une ter­rible erreur ou bien que le Bloody Sunday a été une atro­ci­té contre des civils inno­cents, tout en affir­mant que les actions du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique ont été une réponse — mal­adroite et stu­pide, peut-être — aux pro­vo­ca­tions de l’IRA.

« Il est deve­nu de plus en plus facile d’é­crire sur cette période en adop­tant une démarche historienne. »

Ce récit passe sous silence la poli­tique bri­tan­nique menée durant les pre­mières années des « Troubles ». Après août 1969, il était encore pos­sible de réa­li­ser des réformes qui auraient satis­fait la plu­part des per­sonnes impli­quées dans le mou­ve­ment des droits civiques. Mais les gou­ver­ne­ments Wilson3 et Heath4 ont per­du cette oppor­tu­ni­té parce qu’ils étaient déter­mi­nés à pré­ser­ver le sys­tème unio­niste afin qu’il fasse tam­pon, les pro­té­geant de toute impli­ca­tion directe. Une fois le choix fait de main­te­nir l’as­sem­blée nord-irlan­daise de Stormont [siège du par­le­ment nord-irlan­dais jus­qu’en 1972, aujourd’­hui lieu où se réunit l’Assemblée d’Irlande du Nord, ndlr], une évi­dente logique poli­tique a sapé toute pos­si­bi­li­té de réforme : les diri­geants unio­nistes — d’a­bord James Chichester-Clark, puis Brian Faulkner — devaient conser­ver le sou­tien de leur propre par­ti, ce qui exi­geait des poli­tiques de « loi et d’ordre » intrin­sè­que­ment sec­taires. Le com­man­dant de l’ar­mée Ian Freeland com­pre­nait par­fai­te­ment ce que les poli­ti­ciens unio­nistes enten­daient par la loi et l’ordre : comme il le fai­sait remar­quer en pri­vé, il s’a­gis­sait de remettre à leur place les nationalistes.

À Derry, Ballymurphy ou Lower Falls, l’ac­tion de plus en plus répres­sive de l’ar­mée avait com­men­cé à ostra­ci­ser les natio­na­listes, bien avant que les Provos ne com­mencent à atta­quer les sol­dats bri­tan­niques. Dans ce contexte, il est clair que l’inter­n­ment était plus qu’une erreur poli­tique : c’é­tait une néces­si­té poli­tique en termes de stra­té­gie glo­bale du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique. En reje­tant la demande de Faulkner d’u­ti­li­ser l’inter­n­ment, Heath aurait dû mettre fin aux acti­vi­tés du gou­ver­ne­ment nord-irlan­dais, ce qu’il a fini par faire, bien sûr, non sans avoir cau­sé d’é­normes dégâts entre­temps. De la même manière, le Bloody Sunday a cer­tai­ne­ment été un crime, mais un crime qui pro­vient du choix effec­tué par les poli­ti­ciens bri­tan­niques après août 1969, choix main­te­nu par eux pen­dant plus de deux ans mal­gré les preuves crois­santes qu’il s’a­vé­re­rait désas­treux. Si les Provos n’a­vaient jamais exis­té, les natio­na­listes auraient conti­nué à exi­ger une réforme radi­cale — en par­ti­cu­lier une réforme de l’ap­pa­reil de sécu­ri­té et de son cocon légis­la­tif — qu’au­cune admi­nis­tra­tion située à Stormont n’é­tait en mesure de four­nir. Tant que la poli­tique bri­tan­nique consis­tait à main­te­nir l’as­sem­blée de Stormont en place, une crise devait écla­ter. Voilà pour le pre­mier récit.

[DR]

Le deuxième récit est celui pré­sen­té par les Provisionals eux-mêmes. Ils affirment que la cam­pagne de l’IRA était une réponse jus­ti­fiée et inévi­table à la répres­sion de l’État. Pour éva­luer cette affir­ma­tion, nous devons faire des dis­tinc­tions pru­dentes : par exemple, entre les jeunes hommes et femmes — comme les sœurs Price — qui ont rejoint l’IRA pro­vi­soire après 1969, et les per­sonnes situées au cœur du mou­ve­ment qui ont déci­dé de sa stra­té­gie durant les pre­mières années de l’or­ga­ni­sa­tion. Il ne fait aucun doute que le noyau dur des diri­geants de l’IRA pro­vi­soire s’est for­mé avec le pro­jet de lan­cer une cam­pagne de gué­rilla, en sui­vant le modèle éta­bli pen­dant la guerre d’in­dé­pen­dance. Ils n’ont pas étu­dié assez atten­ti­ve­ment la séquence des évé­ne­ments entre la marche de Derry en octobre 1968 et le Bloody Sunday, ni éva­lué dif­fé­rentes stra­té­gies avant de se dire que la lutte armée était la voie à suivre. Ils ont tou­jours eu l’in­ten­tion de prendre les armes contre la domi­na­tion bri­tan­nique. Dans de nom­breux cas, leur idée du répu­bli­ca­nisme était rigide et stric­te­ment mili­ta­riste : ils reje­taient toute forme d’ac­ti­vi­té poli­tique, les dénon­çant comme une dis­trac­tion, voire une tra­hi­son. L’ironie est que leur capa­ci­té à lan­cer une insur­rec­tion à grande échelle dépen­dait entiè­re­ment du tra­vail de mili­tants pour qui la « poli­tique » n’é­tait pas un gros mot. C’était notam­ment le cas des mani­fes­ta­tions pour les droits civiques qui ont désta­bi­li­sé l’État unio­niste en 1968–69. C’était éga­le­ment celui de la cam­pagne de résis­tance civile qui a écla­té après la mise en place des déten­tions admi­nis­tra­tives en août 1971, avec plu­sieurs facettes : la grève des loca­taires des HLM, les zones inter­dites à Derry et à Belfast5, et la reprise des mani­fes­ta­tions de rue à la fin de 1971, pen­dant la période pré­cé­dant le Bloody Sunday.

Il est remar­quable de consta­ter que la lit­té­ra­ture sur les « Troubles » aborde sou­vent le Bloody Sunday sans poser cette ques­tion fon­da­men­tale : pour­quoi vingt mille per­sonnes ont-elles défi­lé dans les rues de Derry ce jour-là ? Il s’a­gis­sait d’un choix poli­tique conscient de la part d’un panel d’ac­teurs poli­tiques — le People’s Democracy6 (PD) et le Northern Resistance Movement (NRM), les Officials et la Northern Ireland Civil Rights Association (NICRA) — de retour­ner dans les rues à ce moment-là, dans l’es­poir de don­ner un nou­vel élan à la cam­pagne de résis­tance civile. Les Provos ont par­ti­ci­pé au NRM, et cer­tains de leurs diri­geants — Ruairí Ó Brádaigh par exemple — ont mené la cam­pagne de résis­tance civile. La plu­part, cepen­dant, pen­saient que la lutte armée suf­fi­rait à atteindre leur objec­tif : que les Britanniques s’en­gagent à se reti­rer du Nord. Bien enten­du, le résul­tat du Bloody Sunday a été de leur don­ner un for­mi­dable coup de pouce, de nom­breuses nou­velles recrues tirant la conclu­sion qu’il était essen­tiel de prendre les armes contre la domi­na­tion bri­tan­nique. Le rap­port cynique et men­son­ger de Widgery7 a pro­ba­ble­ment contri­bué autant que le mas­sacre lui-même à conso­li­der leur pensée.

« C’est la poli­tique du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique qui a per­mis aux diri­geants Provisionals de recru­ter beau­coup de jeunes et de les convaincre que la lutte armée était le seul moyen d’ob­te­nir justice. »

Mais il y avait une manière très dif­fé­rente de regar­der les évé­ne­ments dans les pre­miers mois de 1972. Le Bloody Sunday a‑t-il vrai­ment son­né le glas des mani­fes­ta­tions de rue ? En réa­li­té, la marche de la NICRA à Newry, peu de temps après, a été la plus impor­tante à ce jour, avec cin­quante mille per­sonnes bra­vant l’in­ter­dic­tion du gou­ver­ne­ment. La grève des loyers et des impôts locaux a tenu soli­de­ment, tout comme les zones inter­dites de Belfast Ouest et du Bogside. L’action de soli­da­ri­té s’est éten­due au Sud, avec une grève géné­rale que le gou­ver­ne­ment de Jack Lynch a hâti­ve­ment rebap­ti­sée « jour­née de deuil natio­nal » — Lynch s’est même enga­gé au Dáil [assem­blée d’Irlande à Dublin, ndlr] à finan­cer la déso­béis­sance civile ! La posi­tion du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique n’a jamais été aus­si mino­ri­taire qu’au len­de­main du Bloody Sunday, et la cam­pagne de résis­tance civile a été un élé­ment cru­cial de cette faiblesse.

Les Provos n’ont pas vrai­ment sai­si ça : ils pen­saient que la chute de l’as­sem­blée de Stormont, et l’in­vi­ta­tion de William Whitelaw8 à des pour­par­lers directs, était exclu­si­ve­ment le pro­duit de leur propre cam­pagne (qui avait bien enten­du lar­ge­ment contri­bué à rendre la région ingou­ver­nable). Lorsque leurs pour­par­lers avec Whitelaw ont pris fin, et ce, comme on pou­vait s’y attendre, sans que les Britanniques s’en­gagent à se reti­rer d’Irlande, ils sont repar­tis en guerre, pen­sant qu’ils pour­raient faire dis­pa­raître l’État bri­tan­nique de l’île grâce à une cam­pagne courte et per­cu­tante. Mais l’é­tat d’es­prit de la popu­la­tion natio­na­liste avait chan­gé : Heath et Whitelaw par­laient de réforme, et beau­coup de gens étaient prêts à leur don­ner une chance. Les Provos n’a­vaient pas d’or­ga­ni­sa­tion poli­tique capable d’ex­pli­quer aux gens pour­quoi il était néces­saire de conti­nuer à se battre — et même s’ils avaient pos­sé­dé une telle orga­ni­sa­tion, ils auraient nagé à contre-cou­rant de l’o­pi­nion natio­na­liste. La reprise de leur cam­pagne a rapi­de­ment conduit au désastre du Bloody Friday [série d’at­ten­tats à la bombe à Belfast en 1972, en repré­sailles du Bloody Sunday, ndlr]. Ça a per­mis au gou­ver­ne­ment bri­tan­nique de lan­cer l’o­pé­ra­tion Motorman, qui a détruit les zones inter­dites. La grève des loyers et des impôts s’est éteinte pro­gres­si­ve­ment, le gou­ver­ne­ment de Dublin et le SDLP9 ont enta­mé des pour­par­lers avec Heath et Whitelaw, et les Provos se sont retrou­vés iso­lés. Pour résu­mer : d’une part, c’est la poli­tique du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique, déci­dée par des poli­ti­ciens et des fonc­tion­naires très expé­ri­men­tés, qui a per­mis aux diri­geants Provisionals de recru­ter beau­coup de jeunes et de les convaincre que la lutte armée était le seul moyen d’ob­te­nir jus­tice. D’autre part, ce mes­sage sur la néces­si­té — et la suf­fi­sance — de la lutte armée, les Provos l’ont por­té dès le début. Ça n’a pas été une réponse éla­bo­rée face au dérou­le­ment des événements.

[Cathal McNaughton | Reuters]

Tommy McKearney — lui-même ancien membre de l’IRA et auteur d’un livre sur cette période — affirme que la cam­pagne armée se divise en deux périodes. Il y a eu la phase ini­tiale de ce qu’il appelle la période insur­rec­tion­nelle, puis la der­nière étape, sou­vent décrite comme « la longue guerre », où les Provisionals ont tour­né le dos aux pers­pec­tives de lutte de masse et se sont réor­ga­ni­sés en une struc­ture cel­lu­laire. La cam­pagne s’est alors rap­pro­chée de ce que l’a­nar­chiste russe Bakounine appe­lait la « pro­pa­gande par le fait ». Dans quelle mesure pen­sez-vous que cette éva­lua­tion soit exacte, et y avait-il des alter­na­tives à cette stra­té­gie de longue guerre ?

Cette dis­tinc­tion se retrouve éga­le­ment dans l’his­toire offi­cielle de l’ar­mée bri­tan­nique sur le conflit (qu’ils ont appe­lé « Operation Banner »). Ils iden­ti­fient l’é­té 1972 comme un tour­nant, lorsque les Provos sont pas­sés de l’« insur­rec­tion » au « ter­ro­risme ». Dans ce contexte, ils n’u­ti­lisent pas le mot « ter­ro­risme » dans un sens mora­li­sa­teur : il est plus proche de ce que des mar­xistes comme Léon Trotsky auraient vou­lu dire lors­qu’ils se sont éle­vés contre le « ter­ro­risme indi­vi­duel » — de petits groupes d’hommes et de femmes armés menant des attaques contre les forces de l’État sans aucun enga­ge­ment popu­laire plus large dans leur lutte. Il a fal­lu plu­sieurs années aux nou­veaux diri­geants Provisionals, regrou­pés autour de Gerry Adams, pour éla­bo­rer la stra­té­gie de la longue guerre et l’ar­ti­cu­ler auprès de leurs par­ti­sans. Au début des années 1970, les Provos s’at­ten­daient à gagner en peu de temps — deux ou trois ans tout au plus. Kieran Conway a décla­ré dans ses mémoires qu’ils comp­taient le nombre de sol­dats tués par l’IRA jus­qu’à ce qu’il cor­res­ponde aux pertes de la contre-insur­rec­tion bri­tan­nique à Aden : ils pen­saient que ce serait le point de bas­cule pour le retrait. Après la rup­ture de la trêve de 1972, les Provos parlent encore de vic­toire dans un ave­nir proche, mais leur rhé­to­rique manque de plus en plus de convic­tion. À la fin de l’an­née 1974, ils se bat­taient depuis bien plus long­temps que l’an­cienne IRA pen­dant la guerre d’in­dé­pen­dance et avaient tué bien plus de gens — sol­dats et civils confon­dus — mais il n’y avait aucun signe de vic­toire mili­taire. C’est dans ce contexte qu’Ó Brádaigh et le reste des diri­geants ont accep­té la trêve de 1975 avec le gou­ver­ne­ment britannique.

Comme Niall Ó Dochartaigh l’a fait valoir de manière convain­cante dans son tra­vail sur cet épi­sode, il n’est pas réa­liste de sug­gé­rer qu’Ó Brádaigh et ses cama­rades ont sim­ple­ment été dupés par des fonc­tion­naires du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique. C’est deve­nu un argu­ment cru­cial pour les jeunes Provos du Nord qui les ont rem­pla­cés après la rup­ture de la trêve, mais ça ne nous aide pas à com­prendre ce qui se pas­sait à l’é­poque. Ce n’est pas que la vieille garde pen­sait avoir rem­por­té une vic­toire mili­taire à la fin de 1974. La trêve était un pari cal­cu­lé. Ó Brádaigh espé­rait que le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique se las­se­rait de la situa­tion inex­tri­cable dans le Nord et opte­rait pour le retrait, autant à cause de l’in­tran­si­geance des Unionistes — la véri­table cause de l’é­chec de Sunningdale — qu’à cause de ce que fai­saient les Provisionals. Le mes­sage que les fonc­tion­naires bri­tan­niques ont trans­mis aux diri­geants Provos, en par­lant de « struc­tures de désen­ga­ge­ment » ou de « struc­tures de retrait », était ambi­gu : il pou­vait faire réfé­rence à l’i­dée d’une Irlande du Nord indé­pen­dante, à laquelle Harold Wilson avait pen­sé. Garret Fitzgerald était très inquiet des inten­tions de Wilson et a deman­dé à Henry Kissinger de le pres­ser à ce sujet. Il n’é­tait donc pas absurde pour Ó Brádaigh de pen­ser la même chose.

« La seule façon pour eux d’at­teindre leurs objec­tifs était de construire un mou­ve­ment poli­tique capable de rendre la posi­tion bri­tan­nique intenable. »

Pouvaient-ils résoudre la qua­dra­ture du cercle entre les appels unio­nistes à une Irlande du Nord indé­pen­dante — for­mu­lés par Vanguard et cer­tains para­mi­li­taires loya­listes, par exemple — et le pro­jet Eire Nua [« Nouvelle Irlande » en gaé­lique, ndlr] d’une Irlande fédé­rale avec un par­le­ment d’Ulster [une des quatre pro­vince his­to­rique qui recoupe le ter­ri­toire de l’Irlande du Nord, ndlr] à neuf com­tés ? Ó Brádaigh l’es­pé­rait et il a essayé de tendre la main aux unio­nistes, en public comme en pri­vé. Mais en fin de compte, ces ini­tia­tives n’ont abou­ti à rien, et l’an­née de la trêve voit éga­le­ment les Provos s’en­ga­ger dans une sor­dide vio­lence sec­taire, culmi­nant avec le mas­sacre de Kingsmill puis leur ten­ta­tive ratée d’a­néan­tir l’IRA officielle10. Lorsqu’ils reprennent la guerre au début de 1976, c’est à un moment d’ex­trême fai­blesse. Lorsque Gerry Adams et ses alliés ont pro­gres­si­ve­ment pris le contrôle du mou­ve­ment, ils ont éla­bo­ré une nou­velle stra­té­gie pour rem­pla­cer celle qui avait clai­re­ment fait son temps. J’aborderai plus tard les aspects poli­tiques de cette stra­té­gie : ici, il est impor­tant de sou­li­gner son côté mili­taire. Le nou­veau modèle de l’IRA de la fin des années 1970 était allé­gé, avec un nombre de membres actifs beau­coup plus faible qu’au­pa­ra­vant. Elle n’a­vait pas besoin d’un grand nombre de per­sonnes impli­quées, en tant que membres ou en tant que sym­pa­thi­santes. Les attaques indi­vi­duelles contre les forces de sécu­ri­té pou­vaient être menées par de petits groupes de l’IRA, ou même par une seule per­sonne — un tireur d’é­lite ou un poseur de bombe.

À la fin de la décen­nie, dans un article pour le maga­zine d’in­ves­ti­ga­tion Magill, Mary Holland a sug­gé­ré que le sou­tien à la cam­pagne des Provisionals dans les zones natio­na­listes était plus faible qu’il ne l’a­vait jamais été, mais que ça ne sem­blait pas avoir d’im­por­tance. Selon ses mots, les Provos sem­blaient avoir défié les lois de la gué­rilla puisque les pois­sons étaient tou­jours capables de nager sans qu’il n’y ait besoin de beau­coup d’eau. Vous avez deman­dé s’il exis­tait une alter­na­tive à la stra­té­gie de la guerre longue : je dirais que si les Provos vou­laient pour­suivre une cam­pagne armée contre la domi­na­tion bri­tan­nique pen­dant encore dix ou quinze ans, comme ils l’ont dit. Une telle stra­té­gie était iné­luc­table. C’était la seule façon de mener une guerre de cette durée avec les res­sources — tant tech­niques que poli­tiques — dont ils dis­po­saient. D’un autre côté, si l’IRA amai­grie était plus dif­fi­cile à battre, il était éga­le­ment très dif­fi­cile d’i­ma­gi­ner un mou­ve­ment de ce type infli­geant à l’État bri­tan­nique une défaite à la viet­na­mienne. À par­tir de la fin des années 1970, il n’y avait plus d’ho­ri­zon réa­liste de vic­toire mili­taire pour les Provos. La seule façon pour eux d’at­teindre leurs objec­tifs était de construire un mou­ve­ment poli­tique capable de rendre la posi­tion bri­tan­nique inte­nable. On pour­rait dire qu’il n’y a jamais eu d’ho­ri­zon réa­liste pour une vic­toire mili­taire, même au début des années 1970. Mais ce qui est nou­veau dans la stra­té­gie de la guerre longue, c’est que les Provos l’ont recon­nu eux-mêmes en public. Le dis­cours de Jimmy Drumm à Bodenstown en 197711 a été très clair sur ce point. Dans la mesure où ils par­laient encore de la cam­pagne de l’IRA pour for­cer un retrait bri­tan­nique, les Provos consi­dé­raient qu’il s’a­gis­sait d’u­ser la volon­té de leurs adver­saires — ce qui était une ques­tion poli­tique et non mili­taire, bien sûr.

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Votre livre détaille de manière exhaus­tive les rebon­dis­se­ments poli­tiques des Provisionals. Dans les années 1980, le mou­ve­ment était consi­dé­ré comme une force de gauche radi­cale, peut-être même comme une force socia­liste. Mais lorsque les Provisionals et les Officials se sont sépa­rés en 1969, la plu­part des gens ont vu les Provisionals comme l’aile droite du mou­ve­ment, et les Officials comme l’aile gauche, la sec­tion mar­xiste du répu­bli­ca­nisme. Pouvez-vous nous par­ler du glis­se­ment pro­gres­sif vers un lan­gage plus à gauche au sein du mou­ve­ment Provisional ? Dans quelle mesure pen­sez-vous que des groupes de gauche comme People’s demo­cra­cy ont eu une influence sur ce chan­ge­ment au sein du républicanisme ?

Les Officials s’é­taient enga­gés dans une cer­taine poli­tique de gauche au moment de la scis­sion, et leur adhé­sion au mar­xisme est deve­nue plus expli­cite au fil des années. Ça a conduit les gens à pen­ser que si une par­tie de cette scis­sion était la gauche, l’autre devait être la droite — et les Provos ont encou­ra­gé cette per­cep­tion avec une part d’an­ti­com­mu­nisme et de rhé­to­rique mac­car­thyste qu’on peut trou­ver dans les pre­miers numé­ros d’An Phoblacht12. Mais il serait plus exact de dire que les Provisionals, au début de leur his­toire, avaient un cadre idéo­lo­gique hété­ro­gène : ce n’é­taient pas des socia­listes purs et durs ni des conser­va­teurs sur le plan éco­no­mique. Le pro­gramme d’Eire Nua est sur­tout connu pour son pro­jet fédé­ral de répu­blique pour toute l’Irlande. Mais il s’ar­ti­cu­lait éga­le­ment autour d’une sorte de socia­lisme petit-bour­geois — petit-bour­geois non pas dans le sens d’in­sulte poli­tique comme les mar­xistes l’u­ti­lisent sou­vent, mais dans un sens des­crip­tif. Il s’a­gis­sait d’une forme de « socia­lisme » adap­tée aux petits pro­prié­taires — en par­ti­cu­lier aux petits agri­cul­teurs, qui consti­tuaient bien enten­du une part impor­tante de la base répu­bli­caine. Les grandes indus­tries et les banques devaient deve­nir la pro­prié­té de l’État, la taille des pro­prié­tés fon­cières devait être pla­fon­née, mais les petites exploi­ta­tions ne devaient pas être touchées.

Beaucoup de mili­tants pro­vos de l’é­poque n’ont sans doute pas lu ce pro­gramme, si tant est qu’ils aient été au cou­rant de son exis­tence. L’élément clé de l’i­déo­lo­gie des Provisionals à cette époque n’est pas qu’elle soit de gauche ou de droite, mais qu’elle était assez mini­male : pour être un Provisional, vous deviez croire que la lutte armée était néces­saire pour obte­nir une Irlande unie. Au-delà de ça, on pou­vait avoir toute sorte de pers­pec­tives poli­tiques dif­fé­rentes, des conser­va­teurs catho­liques comme Billy McKee aux radi­caux de gauche comme Brian Keenan, en pas­sant par ceux qui n’a­vaient tout sim­ple­ment pas réflé­chi à ces ques­tions. Martin McGuinness a été très franc à ce sujet lors­qu’il a été inter­viewé au prin­temps 1972, alors qu’il avait encore une ving­taine d’an­nées : il a dit qu’il n’é­tait pas sûr que le socia­lisme puisse fonc­tion­ner mais que, de toute façon, il n’y avait pas lieu de s’en inquié­ter tant que l’Irlande n’é­tait pas unie. Si vous regar­dez les Republican News au début des années 1970, vous y ver­rez un article notoire dénon­çant la contra­cep­tion comme étant un com­plot bri­tan­nique qui vise­rait à saper la fibre morale de la nation irlan­daise. Naturellement, ça a contri­bué à ce qu’on per­çoive les Provos comme la « bri­gade des cha­pe­lets ». Mais au même moment, dans le jour­nal, vous aviez des articles de Bob Purdie, par exemple, un trots­kyste écos­sais qui était membre de l’International Marxist Group. C’était un méli-mélo d’élé­ments dif­fé­rents et, de toute façon, la plu­part des membres de l’IRA ne fai­saient pas grand cas de ce qui était publié dans leur jour­nal : ils étaient pré­oc­cu­pés par la lutte armée.

« C’était un méli-mélo d’élé­ments dif­fé­rents et, de toute façon, la plu­part des membres de l’IRA ne fai­saient pas grand cas de ce qui était publié dans leur journal. »

Les choses ont com­men­cé à chan­ger avec la mon­tée en puis­sance de la direc­tion de Gerry Adams. C’est en par­tie dû à l’in­fluence de People’s Democracy (PD), qui avait pro­po­sé un autre type de mar­xisme irlan­dais, bien plus accep­table pour les Provos. Il n’y avait pas que les idées, bien sûr, il y avait aus­si les per­sonnes qui les expri­maient : Michael Farrell était une figure très res­pec­tée dans les cercles pro­vos, tout comme Bernadette McAliskey. Les Provos reje­taient sou­vent la gauche mar­xiste comme étant com­po­sée de révo­lu­tion­naires de salon, de hur­leurs dans le vent, mais ils fai­saient une excep­tion pour des gens comme Farrell et McAliskey. Le livre de Farrell, The Orange State, a eu un grand impact lors de sa sor­tie à la fin des années 1970. Certaines des idées avan­cées par le PD ont ali­men­té la nou­velle stra­té­gie des Provisionals, mais il s’a­gis­sait d’un pro­ces­sus très sélec­tif ; ils ont pris ce qu’ils pen­saient être utile, sans adop­ter en bloc une quel­conque idéo­lo­gie mar­xiste. À l’é­poque, le PD sou­te­nait que la cam­pagne de l’IRA était une impasse et appe­lait à un retour à la résis­tance civile comme alter­na­tive à la lutte armée. Les Provos mépri­saient tota­le­ment cet argu­ment : ils disaient que c’é­tait un défai­tisme lâche. Pour eux, la lutte armée devait se pour­suivre jus­qu’à la vic­toire. L’action poli­tique devait être un com­plé­ment à la cam­pagne de l’IRA, pas un sub­sti­tut. La rela­tion entre les Provos et les petits groupes de gauche comme le PD est pro­ba­ble­ment mieux résu­mée par un com­men­taire d’Adams dans ses Mémoires, Before The Dawn : « J’ai été frap­pé par le fait que tout le poten­tiel de mobi­li­sa­tion était à nous, alors que le PD avait la théo­rie. » Il situe ce com­men­taire au début de 1972 et à l’al­liance entre le PD et les Provos dans le Northern Resistance Movement, mais je pense qu’il vaut mieux le lire comme une obser­va­tion géné­rale sur toute la période allant du début des années 1970 à 1981.

Les grèves de la faim ont évi­dem­ment eu un impact consi­dé­rable sur la pen­sée des diri­geants Provisionals, en par­ti­cu­lier après l’é­lec­tion de Bobby Sands en tant que dépu­té. Pouvez-vous nous dire com­ment ça a influen­cé ceux qui, comme Gerry Adams, vou­laient entrer dans l’a­rène électorale ?

Il serait facile, avec le béné­fice du recul, de tra­cer une ligne droite entre la nou­velle pen­sée expo­sée dans le dis­cours de Jimmy Drumm à Bodenstown en 1977 et la mon­tée du Sinn Féin comme force poli­tique au début des années 1980. Drumm avait par­lé de mettre fin à la « poli­tique du spec­ta­teur » et de construire un mou­ve­ment poli­tique aux côtés de l’IRA, et c’est bien ce qui est arri­vé. Mais ça ne rend pas jus­tice à ce qui se pas­sait alors. En fait, la nou­velle stra­té­gie des Provisionals, résu­mée par ce dis­cours et par d’autres à l’é­poque, n’a jamais été réa­li­sée. Les Provos par­laient de construire un mou­ve­ment ouvrier mili­tant dans le Sud qui sou­tien­drait la lutte contre la domi­na­tion bri­tan­nique. Ça ne s’est jamais pro­duit. Dans la mesure où il y avait une lutte des classes dans le Sud à cette époque — les marches pour la jus­tice fis­cale, par exemple — ça n’a­vait rien à voir avec le sou­tien à l’IRA. Le Sinn Féin n’a construit une base poli­tique signi­fi­ca­tive au sud de la fron­tière qu’a­près le ces­sez-le-feu de l’IRA dans les années 1990. Entretemps, les diri­geants pro­vi­sio­nals ont négli­gé la ques­tion qui allait réel­le­ment four­nir au Sinn Féin une rampe de lan­ce­ment. Ce sont des gens comme Bernadette McAliskey, le PD et l’Irish Republican Socialist Party (IRSP) qui ont appe­lé à une vaste cam­pagne de sou­tien aux pri­son­niers répu­bli­cains qui refu­saient de se confor­mer au nou­veau régime après l’a­bo­li­tion du sta­tut spé­cial des pri­son­niers para­mi­li­taires [en 1976, ndlr].

[DR]

Pendant plu­sieurs années, les Provisionals se sont mon­trés très hos­tiles à l’i­dée d’un mou­ve­ment ouvert aux per­sonnes qui ne sou­te­naient pas sans réserve la cam­pagne de l’IRA. Lorsque Bernadette McAliskey s’est pré­sen­tée aux élec­tions euro­péennes de 1979 sur une pla­te­forme sou­te­nant les pri­son­niers, Gerry Adams et Martin McGuinness l’ont atta­quée assez dure­ment. McGuinness l’a même sui­vie dans Derry avec un méga­phone pour dire aux gens de boy­cot­ter l’é­lec­tion ! En 1979, les Provos ont chan­gé d’at­ti­tude et ont per­mis au mou­ve­ment anti-H-Block13 de prendre son envol. C’était une condi­tion préa­lable essen­tielle pour les mani­fes­ta­tions de masse de 1980–81. Pendant la grève de la faim de 1981, Bernadette McAliskey a émis l’i­dée de se pré­sen­ter à l’é­lec­tion par­tielle de Fermanagh/South Tyrone, mais elle vou­lait sur­tout encou­ra­ger les Provos à pré­sen­ter un can­di­dat de la pri­son. Les « groupes mous­tiques » de la gauche mar­xiste — comme An Phoblacht les a un jour appe­lés avec mépris — ont alors appor­té une der­nière contri­bu­tion à l’é­vo­lu­tion de la pen­sée des Provisionals pen­dant la grève de la faim. Le Sinn Féin ayant déjà déci­dé de boy­cot­ter les élec­tions locales, le PD et l’IRSP ont pré­sen­té des can­di­dats à la place et ont rem­por­té deux sièges cha­cun. Les Provos se sont alors dit que si ces cam­pagnes limi­tées per­met­taient de gagner des sièges, ils auraient pu faire mieux s’ils s’é­taient pré­sen­tés. À la fin de la grève de la faim, ils étaient déter­mi­nés à entrer dans le domaine de la poli­tique élec­to­rale, et ce dès que possible.


[lire la seconde partie]


Traduit de l’anglais par la rédac­tion de Ballast | « Interview with Daniel Finn (1/2) », Rebel, 19 août 2021
Photographies de ban­nière et de vignette : DR


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  1. Kieran Conway est un ancien membre de l’IRA pro­vi­soire. Il a été son chef du ren­sei­gne­ment dans les années 1970. Après le ces­sez-le-feu décré­té par l’or­ga­ni­sa­tion au début des années 1990, il est deve­nu avo­cat dans la ville de Dublin [ndlr].
  2. Une marche du par­ti People’s Democracy est atta­quée à coups de pierre, de barres de fer et de gour­dins héris­sés de pointes par des loya­listes de l’Ulster le 4 jan­vier 1969 alors qu’elle passe par Burntollet. On dénombre cent bles­sés. L’incident est par­fois décrit comme l’é­tin­celle qui a engen­dré les « Troubles » [ndlr].
  3. Premier ministre du Royaume-Uni à deux reprises entre 1964 et 1970 puis entre 1974 et 1976 [ndlr].
  4. Premier ministre du Royaume-Uni entre 1970 et 1974 [ndlr].
  5. Zones où l’ar­mée et la police bri­tan­niques ne pou­vaient ren­trer [ndlr].
  6. Organisation de lutte pour les droits civiques nord-irlan­daise d’ex­trême gauche. Elle est fon­dée par des étu­diants de l’u­ni­ver­si­té Queen’s de Belfast, dont l’ac­ti­viste trots­kiste Michael Farrell qui en sera un des lea­ders jus­qu’à la fin des années 1970 [ndlr].
  7. Rapport sur le Bloody Sunday qui dédouane l’ar­mée bri­tan­nique de ses res­pon­sa­bi­li­tés dans le mas­sacre pour en faire por­ter la faute aux mani­fes­tants [ndlr].
  8. Vice-Premier ministre des gou­ver­ne­ments de Margaret Thatcher, de 1979 à 1988 [ndlr].
  9. Parti social-démo­crate et tra­vailliste. Parti poli­tique d’Irlande du Nord qui repré­sente en géné­ral les inté­rêts du natio­na­lisme irlan­dais et donc des catho­liques d’Irlande du Nord. Il est membre du par­ti socia­liste euro­péen (PSE) et de l’Internationale socia­liste [ndlr].
  10. Suite à la trêve, des com­bats fra­tri­cides entre orga­ni­sa­tions répu­bli­caines font plu­sieurs morts [ndlr].
  11. La nou­velle ligne poli­tique du Sinn Féin fut habi­le­ment présentée dans un dis­cours du vétéran Jimmy Drumm, à Bodenstown, en juin 1977, rédigé en grande par­tie par Gerry Adams [ndlr].
  12. Journal du Sinn Fein [ndlr].
  13. Anti H‑Block est une éti­quette poli­tique uti­li­sée en 1981 par les par­ti­sans de la grève de la faim de la répu­blique irlan­daise qui se pré­sentent aux élec­tions en Irlande du Nord et en République d’Irlande. « H‑Block » est une méto­ny­mie dési­gnant la pri­son de Maze, dans laquelle se déroule la grève de la faim [ndlr].

REBONDS

☰ Lire notre tra­duc­tion « Constance Markievicz, socia­liste irlan­daise », David Swanson, décembre 2022


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