Revenir au bois : pour des alternatives forestières

20 juin 2023


Texte inédit | Ballast

À coup sûr, l’é­té à venir sera comme le pré­cé­dent, comme les pro­chains : cani­cu­laire et ryth­mé par des feux de forêts aux quatre coins de la France et du monde. Les chan­ge­ments cli­ma­tiques se constatent dans les bois plus qu’ailleurs et les arbres peinent à suivre. En cause, notam­ment, l’ex­ploi­ta­tion des forêts en tous points contraire à leur adap­ta­tion. Depuis quinze ans, le Réseau pour les alter­na­tives fores­tières (RAF) mène des réflexions sur le fon­cier fores­tier, le tra­vail dans les bois et la pré­ser­va­tion des forêts afin d’im­pul­ser une vision contraire à celle de l’in­dus­trie. Nous avons par­ti­ci­pé à l’une des for­ma­tions que le réseau pro­pose, dans le Tarn. Reportage. ☰ Par Roméo Bondon


Tarn, février 2023.

Un sapin de Douglas vient d’être abat­tu. À gauche du tronc, dans le pré où il a été mis à terre, Mathias l’é­branche. Une fois l’arbre à terre, c’est jus­te­ment le titre d’une bande des­si­née que le bûche­ron et ges­tion­naire fores­tier, éga­le­ment auteur et des­si­na­teur, a écrite il y a quelques années. Plus loin, Benjamin attache la chaîne reliée au treuil de son trac­teur et tire un tronc jusque sur une place de dépôt située à l’o­rée de la forêt, à 300 mètres de là. Je m’ap­prête à mon­ter sur le mar­che­pied de l’en­gin pour obser­ver le débar­deur1 manœu­vrer la longue grume2 dans la boue. Ailleurs dans les bois, une dizaine de sta­giaires venu·es d’un peu par­tout en France suivent les conseils de François, bûche­ron, éla­gueur et arbo­riste-grim­peur ori­gi­naire du nord de l’Hérault. Certain·es sont charpentier·es ou menuisier·es et connaissent avant tout le bois sous l’une de ses formes usi­nées, après le pas­sage du tronc sur un banc de scie. D’autres s’o­rientent, timi­de­ment ou avec assu­rance, vers un métier qui se passe en forêt — ges­tion, bûche­ron­nage, débar­dage. D’autres encore ont acquis des par­celles ou en ont héri­té, et cherchent à se for­mer pour mieux les connaître et mieux agir, ou au contraire se gar­der de le faire3. Pour l’heure, chacun·e attend son tour pour abattre des épi­céas, choi­sis la veille, afin qu’à côté d’eux d’autres arbres d’es­sences diverses poussent plus libre­ment, avec de l’es­pace et de la lumière.

On pra­tique une éclaircie.

Là ce n’est pas un trac­teur qui les tire mais Brume, une impo­sante jument com­toise que mène Véronique. Débardeuse depuis vingt-cinq ans, elle est arri­vée d’Ariège pour par­ta­ger sa longue et pré­cieuse expé­rience. Grâce à Gaëtan qui, plus tôt dans la semaine, a dis­pen­sé quelques rudi­ments de ges­tion fores­tière, les rai­sons d’une coupe nous sont plus claires. On sait ce qui est pris à la forêt et, para­doxa­le­ment, ce que ce retrait lui apporte. Partout autour de nous des arbres poussent et se dis­putent une place au soleil, des semis percent le sol, des che­vreuils se cachent en atten­dant la nuit, des troncs sèchent et se laissent consom­mer par les insectes. Nous sommes dans une forêt jeune, plan­tée il y a une soixan­taine d’an­nées, qui s’é­tale désor­mais sur 80 hec­tares, à 1 200 mètres d’al­ti­tude, quelque part sur les marges sud-ouest du Massif cen­tral. Depuis dix ans, Mathias s’é­chine à remettre de la diver­si­té dans ces bois, à coups de tron­çon­neuse, de plan­ta­tions et d’une patiente attention.

« Étienne ne ces­se­ra de le rap­pe­ler durant toute la durée de cette for­ma­tion : le cir­cuit court, c’est l’a­ve­nir. Et le cir­cuit court, il est notam­ment là, dans la forêt où nous sommes réuni·es. »

Lorsque la machine de Mathias se tait un ins­tant, que le trac­teur de Benjamin tourne au ralen­ti, je dis­tingue le son du ruban qui entre en contact avec le bois. Depuis deux jours, la scie mobile4 qu’a fabri­quée Étienne et que manœuvre Julien, qui a récem­ment pris sa suite, tourne de façon conti­nue. Une scie mobile : voi­là qui doit lais­ser per­plexe toute per­sonne pour qui les métiers du bois s’ar­rêtent à la confec­tion du pro­duit fini ou qui ima­gine que les scie­ries ne sont plus que des sites indus­triels comme les autres. Et c’est vrai que d’é­normes com­plexes s’ins­tallent ou se déve­loppent sur le modèle scan­di­nave et s’ac­com­pagnent par­fois d’ex­pro­pria­tions, comme cela a lieu en ce moment à Égletons, en Corrèze. Pourtant, il y a soixante ans à peine, la pro­por­tion de scie­ries fixes et nomades était équi­li­brée et leur nombre total dix fois supé­rieur à celui d’au­jourd’­hui5. D’un même élan, Étienne et Julien résistent à leur façon au phé­no­mène de concen­tra­tion et de stan­dar­di­sa­tion qui touche le milieu du sciage et font tran­quille­ment figure de pré­cur­seurs. Étienne ne ces­se­ra de le rap­pe­ler durant toute la durée de cette for­ma­tion orga­ni­sée par le Réseau pour les alter­na­tives fores­tières (RAF) pour laquelle on a fait appel à lui : le cir­cuit court, c’est l’a­ve­nir. Et le cir­cuit court, il est effec­tif dans la forêt où nous sommes réuni·es.

Depuis une dizaine d’an­nées, les forêts font en France l’ob­jet d’une mobi­li­sa­tion poli­tique d’une ampleur inédite6. De plus en plus de col­lec­tifs, asso­cia­tions et par­ti­cu­liers, pro­fes­sion­nels ou non, se mobi­lisent pour pro­mou­voir et défendre une vision alter­na­tive à l’ex­ploi­ta­tion indus­trielle et capi­ta­liste des forêts pri­vées, tan­dis que des syn­di­cats et des comi­tés s’é­chinent à défendre l’Office natio­nal des forêts (ONF) char­gé de la ges­tion des forêts publiques, c’est-à-dire doma­niales et com­mu­nales. Non que la forêt régresse : elle couvre aujourd’­hui plus de 30 % du ter­ri­toire natio­nal. Mais le nombre gros­sit de celles et ceux qui s’in­surgent contre la « mal­fo­res­ta­tion » dans cer­tains mas­sifs fran­çais, aux pre­miers des­quels les Landes, le Limousin et le Morvan7. À titre d’exemple, pen­dant que nous nous for­mions, une mobi­li­sa­tion citoyenne pour s’op­po­ser à une coupe rase sur six hec­tares de feuillus a cris­tal­li­sé deux visions de l’u­sage des bois à quelque 350 kilo­mètres de là, sur la com­mune de Tarnac, en Corrèze, au point de deve­nir emblé­ma­tique d’une réap­pro­pria­tion citoyenne des forêts du quo­ti­dien. Une de ces « luttes fores­tières » qui, peu à peu, gagnent un écho natio­nal et tentent de se fédé­rer pour enfin peser. Ainsi, au moment de ter­mi­ner cet article, une autre de ces mobi­li­sa­tions a eu cours dans l’Eure, à proxi­mi­té de Rouen, où 1 500 per­sonnes se sont ras­sem­blées contre la des­truc­tion de la forêt de Bord, mena­cée par un pro­jet autoroutier.

[Roméo Bondon | Ballast]

Ici, dans la forêt du Passet, s’il n’est pas direc­te­ment ques­tion de lutte, les enjeux sont bien poli­tiques. On serait proche de ce que la socio­logue Geneviève Pruvost nomme la « poli­ti­sa­tion du moindre geste8 » : celle qu’ins­ti­tue la pra­tique col­lec­tive et volon­taire, et qu’un tis­su ser­ré d’al­ter­na­tives construit ici depuis une dizaine d’an­nées afin d’é­la­bo­rer une autre façon de s’ap­pro­prier la forêt et les arbres qui s’y trouvent. Ce sont le par­tage d’ex­pé­rience, l’é­coute et l’ob­ser­va­tion qui occupent les participant·es. Ces bois ont été le « lieu fon­da­men­tal de mon appren­tis­sage », explique Mathias dans l’un des textes qu’il publie régu­liè­re­ment en ligne. Il ajoute : « Ma rela­tion au Passet est un truc qui a tou­jours été là, je suis né dedans, les tripes incrus­tées. » Pour moi, c’est une forêt où l’ob­ser­va­tion dis­tan­ciée du jour­na­liste et du cher­cheur se trouve, un ins­tant, suspendue.

Petit précis de bûcheronnage

C’est François qui, sché­ma et machines à l’ap­pui, se charge de dis­pen­ser les bases néces­saires au manie­ment d’une tron­çon­neuse. Au pro­gramme : fonc­tion­ne­ment de la méca­nique, affû­tage de la chaîne, tech­niques d’a­bat­tage simples et com­plexes. S’il est désor­mais for­ma­teur une par­tie de son temps, lui a appris sur le tas. On le sait, le métier de bûche­ron est l’un des plus acci­den­to­gènes qui soient et, en rai­son de l’u­sure ou d’ac­ci­dents mor­tels, leur espé­rance moyenne de vie est seule­ment de 62,5 ans. Cadences éle­vées deman­dées par les coopé­ra­tives, inves­tis­se­ments lourds à rem­bour­ser, frais jour­na­liers impor­tants, bana­li­sa­tion du risque, accrois­se­ment de ce der­nier à cause d’arbres malades dont les réac­tions à l’a­bat­tage sont par­fois impré­vi­sibles : autant d’élé­ments avec les­quels doivent com­po­ser celles et ceux qui tra­vaillent en forêt. Des tra­vaux « au mépris du corps », selon les mots du socio­logue Florent Schepens9, pour les­quels, on le devine, il est dif­fi­cile de recru­ter.

« Les novices écoutent, apprennent, et attendent de voir sur le ter­rain ce que plan­cher, pla­fond, mor­taise et per­çage à cœur veulent dire en pratique. »

Après un bre­vet de tech­ni­cien agri­cole et mal­gré des ensei­gnants qui l’ont inci­té à pour­suivre en BTS, François a rejoint une scie­rie. Il vou­lait tra­vailler, et dehors de pré­fé­rence. Devenir agri­cul­teur. On lui a pro­po­sé d’être bûche­ron. « Je suis pas­sé du sty­lo, le ven­dre­di soir où je finis­sais mon exa­men du Bac, à la 372 XP le lun­di matin. Ça m’a fait drôle. J’ai ado­ré. Je me suis retrou­vé dans une ambiance où t’as les tron­çon­neuses qui hurlent, un skid­der [machine fores­tière, ndlr] qui est tou­jours sur deux roues au lieu de quatre, où ça arrache, où ça casse. » Les méthodes de tra­vail l’ont très vite ques­tion­né : « Pour ali­men­ter la scie­rie, on fai­sait que des coupes à blanc, il fai­sait très chaud, tout était pous­sié­reux, toutes les feuilles avaient séché, il y avait des branches dans tous les sens… Ça ne m’al­lait pas. » Alors François a cher­ché des coupes pour com­men­cer à vendre du bois de chauf­fage et est entré en contact avec un éle­veur afin de s’oc­cu­per des forêts qui se trou­vaient sur ses terres. « Le pay­san chez qui je suis tom­bé m’a dit Par contre, on coupe pas tous les arbres ici : par­fait. » Pendant sept ans, il alterne les coupes pour l’en­tre­prise qu’il a mon­tée et les sai­sons dans divers sec­teurs agri­coles. Peu à peu, son sou­hait de deve­nir éle­veur cède du ter­rain face à son envie de pour­suivre son che­min dans les tra­vaux fores­tiers. Ses pre­miers contacts avec le RAF finissent de le convaincre : « J’ai trou­vé mes sem­blables. Le RAF a par­fai­te­ment rem­pli son rôle : me mettre en réseau avec des gens comme moi, avec la même sen­si­bi­li­té, et en plus avec de l’ex­pé­rience, avec qui j’ai com­men­cé à tra­vailler — et avec qui je tra­vaille encore. J’ai com­men­cé à m’impliquer de plus en plus en forêt, plus lar­ge­ment que le bois de chauf­fage en cli­mat médi­ter­ra­néen comme je le fai­sais chez moi. Je me suis ren­du compte que mon cœur était dans la forêt. J’ai com­men­cé à ren­con­trer plein de bûche­rons et d’élagueurs dif­fé­rents, à me per­fec­tion­ner dans ce tra­vail, à faire de la for­ma­tion. »

Les ques­tions que lui posent les quelques initié·es sont infor­mées et pré­cises : quelle marque pré­fé­rer ? quelle huile, quel mélange uti­li­ser ? quelles limes employer ? Les novices écoutent, apprennent, et attendent de voir sur le ter­rain ce que « plan­cher », « pla­fond », « mor­taise » et « per­çage à cœur » veulent dire en pra­tique. Abattre un arbre ne se fait pas impu­né­ment et, on le découvre, néces­site une fine connais­sance tech­nique qui contre­dit les cli­chés habi­tuels sur le bûche­ron­nage10. Il convient de choi­sir avec soin lequel abattre, d’apprécier la qua­li­té de son bois ou le ser­vice que son absence ren­dra à d’autres arbres, plus petits et pro­met­teurs — en somme, de com­prendre sa place dans la par­celle et de trou­ver celle qu’il aura dans la filière qu’il ali­men­te­ra une fois abat­tu11. Puis, il faut pré­pa­rer la coupe, défi­nir l’en­droit où tom­be­ra la cime, cher­cher à rendre le fût le plus acces­sible pos­sible au débar­deur ou à la débar­deuse, au che­val ou au trac­teur. Là, François est rejoint par les autres per­sonnes char­gées de la for­ma­tion pour prendre le relais, chacun·e selon ses com­pé­tences. Ce même jour, tan­dis que la neige recouvre peu à peu le sol, Véronique donne ain­si les élé­ments qui l’ont conduite à choi­sir une voie plu­tôt qu’une autre pour sor­tir les petits chênes que nous abat­tons du peu­ple­ment où nous nous trou­vons : il faut évi­ter les pentes trop fortes pour éco­no­mi­ser l’éner­gie de son che­val, ou encore contour­ner une zone humide iden­ti­fiée non loin pour la pré­ser­ver. « Je consi­dère que mon argent vient du tra­vail de mes che­vaux, donc je leur dois une retraite et une bonne san­té », expli­que­ra-t-elle ensuite. Et lorsque nos pos­tures n’ont d’autre consé­quence que de nous cas­ser le dos, elle n’hé­site pas à nous indi­quer les bons gestes avant de nous mon­trer ce qu’elle attend de l’é­bran­chage et du façon­nage du tronc pour rendre le débar­dage le plus aisé pos­sible, à elle et à son cheval.

[Roméo Bondon | Ballast]

Une culture forestière ?

On pour­rait mul­ti­plier les exemples d’at­ten­tions et de conseils venus des for­ma­teurs, des for­ma­trices et des autres participant·es — un car­net de notes à la cou­ver­ture noire est plein d’ob­ser­va­tions de ce genre. À mesure que les jours passent, une fami­lia­ri­té s’ins­taure entre les sta­giaires, la forêt qui nous accueille, les outils qui per­mettent d’y tra­vailler, celles et ceux qui s’y emploient depuis long­temps. En creux, se des­sinent quelques-uns des objec­tifs du RAF, à l’i­ni­tia­tive de la for­ma­tion : aider à par­cou­rir ce long che­min qu’est l’au­to­no­mie indi­vi­duelle et col­lec­tive, don­ner le goût de la forêt et du bois, accom­pa­gner ou créer des voca­tions. Plus sim­ple­ment, par­ta­ger une pas­sion. En somme : faire émer­ger une culture fores­tière alter­na­tive, popu­laire, sociale et écologique.

Culture fores­tière. Encore faut-il s’en­tendre sur cette expres­sion qui revient sans cesse dans les dis­cus­sions avec des professionnel·les de la filière forêt-bois, plus encore lors­qu’on échange avec des élu·es et des technicien·nes. Pour François, c’est l’en­tre­tien d’un rap­port avec « un milieu dont on connaît le fonc­tion­ne­ment, en tout cas l’utilité et l’utilisation », choses qu’il ne retrouve pas dans sa région d’o­ri­gine. « Pour eux, un bûche­ron c’est n’importe qui qui achète une tron­çon­neuse et coupe du bois. » Les forêts jeunes d’une par­tie du Massif cen­tral, issues de reboi­se­ment ou d’ac­crus spon­ta­nés, ont loca­le­ment opé­ré une véri­table « inver­sion pay­sa­gère » : landes, prai­ries, marais, tour­bières ont lais­sé place à des plan­ta­tions de rési­neux, des friches et des forêts spon­ta­nées de feuillus, comme sur le Plateau de Millevaches, dans le Limousin, ou dans la Montagne noire où nous nous trou­vons. Là, contrai­re­ment au Jura, aux Vosges, à des ter­ri­toires dans les­quelles la forêt est res­tée un socle de la vie éco­no­mique et sociale, l’ab­sence de vastes espaces fores­tiers pen­dant des siècles a contraint le déve­lop­pe­ment d’une véri­table culture asso­ciée, ce qui expli­que­rait en par­tie l’in­dus­tria­li­sa­tion à marche for­cée de ces nou­veaux mas­sifs ain­si que les mobi­li­sa­tions qui s’op­posent aujourd’­hui à ce modèle extrac­ti­viste. Si, sur ces ter­ri­toires, les plus âgé·es ont pu déplo­rer le rem­pla­ce­ment des habitant·es, paysan·nes en tête, par des ran­gées d’arbres, les plus jeunes, eux, ont gran­di avec ce pay­sage fores­tier qu’il faut se réap­pro­prier. Certain·es se forment, apprennent à vivre au milieu de la forêt ou de ses pro­duits, agissent pour qu’é­merge loca­le­ment cette culture introu­vable. C’est ce à quoi par­ti­cipent Pauline et Marie-Élise au sein de l’ONG Envol Vert, dont une par­tie de l’ac­ti­vi­té se déroule dans la région. Leur but : accom­pa­gner les pro­prié­taires fores­tiers dési­reux de pré­ser­ver leurs par­celles de l’ex­ploi­ta­tion ou de les gérer selon les prin­cipes d’une syl­vi­cul­ture res­pec­tueuse des peu­ple­ments, et sou­te­nir l’é­mer­gence d’une filière arti­sa­nale courte autour des métiers de la forêt et du bois. 

Trouver sa place à côté de l’industrie

Deux avions de chasse passent en rase-motte au-des­sus des bois — pri­vi­lège des régions fai­ble­ment peuplées.

« La scie­rie est un maillon aus­si mal connu que sous-esti­mé de la filière. C’est l’une des pièces maî­tresse de l’in­dus­tria­li­sa­tion en forêt et un des points aveugle des alter­na­tives qui cherchent à y répondre. »

Pour celles et ceux qui ont conser­vé leur casque anti-bruit, ça n’est rien de plus qu’un ron­ron­ne­ment d’in­secte. Pour les autres, c’est une sou­daine déchi­rure, dont le seul mérite est de rendre un ins­tant agréable le bruit de la scie mobile. Depuis son ins­tal­la­tion dans le bois du Passet quelques jours plus tôt, Julien pro­duit des pièces en conti­nu pour un couple de maraî­chers, un cou­sin de Mathias qui envi­sage avec une asso­ciée la reprise d’une scie­rie arti­sa­nale dans une val­lée proche, ou encore pour le jeune repre­neur d’une autre scie­rie, au nord du dépar­te­ment. Les ache­teurs s’ac­tivent à côté de l’en­gin : Julien, comme Étienne avant lui, tient à ce que les clients soient asso­ciés au pro­ces­sus de trans­for­ma­tion, et com­prennent com­ment un dou­glas ou un épi­céa deviennent des poutres, des bas­taings, des che­vrons, des solives ou des tas­seaux. Pendant que Julien fait des allers-retours à mi-hau­teur, juché sur un siège fixé à la scie qui suit le fil du bois, Étienne par­tage un peu de son éru­di­tion technique.

Il faut bien le dire : dans le petit monde des alter­na­tives fores­tières, Étienne est une som­mi­té. Son por­trait a été réa­li­sé bien des fois, des­si­né par Mathias et d’autres, écrit, fil­mé. Pourtant, il ne semble pas se las­ser de racon­ter son par­cours, de sa for­ma­tion en méca­nique agri­cole jus­qu’à la fabri­ca­tion de plu­sieurs scies ou de détailler tel ou tel point tech­nique. Depuis ses débuts, son but n’a pas dévié : créer autour de lui un cir­cuit court, en met­tant en rela­tion un pro­prié­taire et un ache­teur, puis en sciant sur place des pièces de bois « à façon », c’est-à-dire en fonc­tion des besoins pré­cis d’un pro­jet de construc­tion et selon les contraintes de chaque arbre.

[Roméo Bondon | Ballast]

Étienne est éga­le­ment un obser­va­teur cri­tique du monde de la scie­rie et du bois en géné­ral. Il pro­fite d’un matin en salle pour détailler les dimen­sions sociales de sa démarche et la logique éco­no­mique qui la sous-tend. À par­tir du prix final d’un mètre cube de bois trans­for­mé, il détaille les coûts atta­chés à chaque acteur du pro­ces­sus et explique ce que pour­rait être une bonne répar­ti­tion de la valeur ajou­tée pro­duite. Pour lui, il est pos­sible pour les scie­ries arti­sa­nales de s’en sor­tir en tra­vaillant des pro­duits spé­ci­fiques. Pour le reste, « il faut pro­fi­ter de l’in­dus­trie, leur don­ner la merde et gar­der le beau ». Véronique, elle, déplore que les bilans d’ex­ploi­ta­tion ne prennent pas en compte les dégâts envi­ron­ne­men­taux occa­sion­nés par les abat­teuses, ni les sub­ven­tions qui per­mettent aux conduc­teurs d’en­gin de s’en­det­ter pour inves­tir. « Oui je suis plus chère qu’une abat­teuse, mais on ne cal­cule rien ! » Les traites jour­na­lières et les échéances à rem­bour­ser conduisent bûcheron·nes et débardeur·euses à devoir cou­per plus de bois pour s’en sor­tir. « Tous ces arbres qui tombent par terre pour payer du car­bu­rant, c’est une honte », conclut Véronique, qui espère que sous la pres­sion du public les choses changent.

À entendre Étienne et comme le dira Mathias un peu plus tard, la scie­rie est un maillon aus­si mal connu que sous-esti­mé de la filière. Pourtant, c’est l’une des pièces maî­tresses de l’in­dus­tria­li­sa­tion en forêt et un des points aveugles des alter­na­tives qui cherchent à y répondre. Nicolas Sarkozy avait fait du déve­lop­pe­ment des méga-scie­ries le pilier de sa poli­tique fores­tière. En 2009, à Urmatt dans le Bas-Rhin, il avait décla­ré depuis le site de SCIAT, le plus gros scieur fran­çais, vou­loir « libé­rer les contraintes qui pèsent depuis trop long­temps dans la ges­tion de la forêt ». Heureux de rap­pe­ler qu’il était le pre­mier pré­sident à s’ex­pri­mer sur le sujet depuis vingt ans, il déplo­rait ensuite le « gâchis phé­no­mé­nal » de ce qu’il per­ce­vait comme une sous-exploi­ta­tion, avant de pour­suivre, lyrique : « La France n’a pas de pétrole. La France n’a pas de gaz. Mais la France a des ter­ri­toires ruraux, une géo­gra­phie, des res­sources natu­relles qui repré­sentent un poten­tiel for­mi­dable » — la forêt, cet « immense gise­ment inex­ploi­té », en tête. Une dizaine d’an­nées plus tard, ce même groupe SCIAT qui avait accueilli un pré­sident regret­tant qu’« aucune entre­prise fran­çaise [ne soit] pré­sente dans les vingt pre­mières entre­prises de sciages euro­péennes » vient de rache­ter deux sites en Occitanie et construit patiem­ment un mono­pole dans le domaine. La « dia­go­nale des scie­ries », sou­hait et fan­tasme des indus­triels depuis dix ans, est tou­jours dans les tiroirs.

Décloisonner les alternatives

« Les uni­tés indus­trielles, ali­men­tées en par­tie par les sub­ven­tions accor­dées à la filière bois, repré­sentent 10 % des scie­ries, mais prennent en charge 70 % des volumes sciés. Qu’opposer à une telle démesure ? »

Si des mobi­li­sa­tions récentes ont pu faire plier de gigan­tesques pro­jets dans le Morvan et dans les Pyrénées, le che­min est encore long pour espé­rer mettre à mal le phé­no­mène de concen­tra­tion qui frappe la scie­rie fran­çaise. Les uni­tés indus­trielles, ali­men­tées en par­tie par les sub­ven­tions accor­dées à la filière bois, repré­sentent 10 % des scie­ries, mais prennent en charge 70 % des volumes sciés. Qu’opposer à une telle déme­sure ? Pour l’heure, rien de plus que des expé­ri­men­ta­tions, des exemples, et espé­rer qu’ils se déve­loppent. Certaines de ces ini­tia­tives sont des ins­ti­tu­tions de l’au­to­ges­tion, à l’ins­tar d’Ambiance bois, ins­tal­lé depuis qua­rante ans sur le pla­teau de Millevaches12, mais ont plus de retard sur la proxi­mi­té et la qua­li­té de leur appro­vi­sion­ne­ment. D’autres, comme la jeune Scop auver­gnate La Scie d’i­ci, placent la relo­ca­li­sa­tion au cœur de leur pro­jet. D’autres, encore, ont pour objet d’as­su­rer le char­nière entre l’a­val de la filière, c’est-à-dire les charpentier·es, menuisier·es et particulier·es qui uti­lisent le bois, et ce qui se passe en amont. Au coin des scieurs en Dordogne, Faites et racines en Corrèze, Noz’Ateliers en Ardèche sont, elles, autant d’i­ni­tia­tives qui par­ti­cipent à façon­ner et dif­fu­ser une culture fores­tière émer­gente13.

Force est de consta­ter que ces expé­riences, pour ori­gi­nales et enthou­sias­mantes qu’elles soient, pèsent encore bien peu face à la cohorte des abat­teuses, por­teurs, gru­miers, scie­ries, pape­tiers ou toute autre usine de trans­for­ma­tion du bois de taille indus­trielle. Étienne le répète et on le croit sans peine : aujourd’­hui, on adapte la forêt à l’in­dus­trie. Pas éton­nant, dès lors, que des plan­ta­tions de peu­pliers ou de rési­neux res­semblent aux motifs géo­mé­triques d’un vieux tapis. Mais une même inter­ro­ga­tion anime les tenants d’une syl­vi­cul­ture douce14 et d’une pay­san­ne­rie agroé­co­lo­gique : com­ment passe-t-on de la marge au centre, de l’al­ter­na­tive à la norme ?

[Roméo Bondon | Ballast]

Il fau­drait ima­gi­ner des mil­liers de bûche­rons et de bûche­ronnes, de scieurs et de scieuses, de ges­tion­naires, de char­pen­tiers et de char­pen­tières. En somme, tout un peuple qui pren­drait la place des machines dans les bois et des robots dans les ate­liers — un doux rêve pour beau­coup, une néces­si­té pour d’autres15. Olivia et Raphaël sont de ceux-là. Tous deux venus de Montpellier, ils se pré­parent au rachat d’une scie­rie arti­sa­nale située dans une val­lée proche, à quelques dizaines de kilo­mètres. Après des études de droit et une brève expé­rience d’at­ta­ché par­le­men­taire auprès de dépu­tés insou­mis, Raphaël cherche une place dans l’é­co­no­mie de la forêt où nous sommes, qu’il par­court depuis enfant. Cette place, elle pour­rait se trou­ver à bord d’un gru­mier ou der­rière une scie, pour com­mer­cia­li­ser des bois issus de peu­ple­ments locaux. Quant à Olivia, elle s’é­chine depuis plu­sieurs années à por­ter un ate­lier de menui­se­rie col­la­bo­ra­tif à Montpellier. Les dif­fi­cul­tés à trou­ver un modèle finan­cier pérenne et les aléas du col­lec­tif l’ont récem­ment conduite à prendre quelques dis­tances pour mieux remon­ter la filière et pas­ser de la menui­se­rie au sciage. Une SCOP devrait naître de leur ren­contre et palier, à leur mesure, au manque criant de scie­ries artisanales.

Parmi les participant·es, l’en­thou­siasme ne manque pas et ces quelques lignes ne sont pas suf­fi­santes pour rendre compte de tous les pro­jets en cours ou à venir. J’aurais dû par­ler plus lon­gue­ment de Fanny, l’ins­ti­ga­trice de l’École des renardes, une for­ma­tion iti­né­rante de char­pente tra­di­tion­nelle. Face à l’im­mi­nence d’une coupe rase à proxi­mi­té de son habi­ta­tion, en Corrèze, elle a acquis les quelques hec­tares de forêt mena­cés après avoir convain­cu son pro­prié­taire qu’une autre ges­tion était pos­sible. Il aurait fal­lu évo­quer Maxime et Florian, char­pen­tiers en quête de cohé­rence dans leurs chan­tiers sur un monu­ment his­to­rique ou le pont d’un bateau, ou encore Maud, qui hésite sur l’en­droit où elle com­men­ce­ra sa for­ma­tion de conduc­trice de tra­vaux fores­tiers en sep­tembre. L’enthousiasme ne fait néan­moins pas tout. Marie-Élise et Pauline ne cachent pas leurs doutes quant à leur acti­vi­té de sen­si­bi­li­sa­tion et d’a­ni­ma­tion. Si elles par­ti­cipent à l’é­mer­gence et l’ac­com­pa­gne­ment d’une filière courte, elles ne se font pas d’illu­sion sur les per­sonnes qui indiquent vou­loir y prendre part pour le moment. Les quelques pro­fes­sion­nels avec les­quels elles sont en contact sont convain­cus depuis long­temps des bien­faits d’une telle relo­ca­li­sa­tion — à charge donc pour elles de se por­ter désor­mais vers les acteurs de la filière conven­tion­nelle pour qui un chan­ge­ment de pra­tique n’est pas évident.

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Pour modeste que soit leur impact, il reste que ces deux semaines d’é­changes ali­mentent chez chacun·e une tran­quille abné­ga­tion pour pré­ser­ver la forêt et se défendre col­lec­ti­ve­ment lors­qu’on y tra­vaille. Venu d’Ardèche, Vincent est le plus jeune par­ti­ci­pant à la for­ma­tion. Chaussures anti-cou­pures et veste de bûche­ron trou­vées à moindre prix sur un site de vête­ments de seconde main, il compte débu­ter une for­ma­tion en conduite de tra­vaux fores­tiers à la ren­trée pro­chaine. La réha­bi­li­ta­tion avec quelques amis d’une châ­tai­gne­raie lui a don­né le goût d’être dehors, de tra­vailler par­mi les arbres. Comme Vincent, mais aus­si Charlotte et Guillaume, de plus en plus de novices choi­sissent de se pro­fes­sion­na­li­ser après avoir appris des rudi­ments de bûche­ron­nage dans des for­ma­tions comme celle-ci. Il y a aus­si des citoyen·nes qui consi­dèrent que si la forêt qu’ils espèrent voir adve­nir néces­site des cen­taines de mil­liers de tra­vailleurs et de tra­vailleuses, il va bien fal­loir prendre sa part. Au sein de la filière conven­tion­nelle, des technicien·nes ne sup­portent plus les direc­tives des coopé­ra­tives et décident, mal­gré les risques, de s’ins­tal­ler de manière indé­pen­dante pour offrir la pos­si­bi­li­té d’une ges­tion alter­na­tive à des pro­prié­taires fores­tiers sou­vent sans repère pour agir. Enfin, à bas bruit, des agent·es de l’ONF refusent de suivre les déci­sions de leur direc­tion et s’a­charnent à pra­ti­quer une syl­vi­cul­ture res­pec­tueuse de leurs par­celles, plu­tôt que de cou­per tou­jours plus de bois pour com­bler un défi­cit dont ils ne sont pas res­pon­sables. En somme, les occa­sions de résis­ter pour et avec la forêt sont nom­breuses — fai­sons feu de tout bois.


L’auteur tient à remer­cier Mathias Bonneau et le Réseau pour les alter­na­tives fores­tières (RAF), ain­si que les par­ti­ci­pants et les par­ti­ci­pantes rencontré·es durant les évé­ne­ments men­tion­nés, pour leur accueil, leur gen­tillesse et leur enthou­siasme au cours des échanges.


Photographies de ban­nière et de vignette : Roméo Bondon | Ballast


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  1. Qui s’oc­cupe du débar­dage, c’est-à-dire du trans­port des grumes une fois l’arbre abat­tu, jus­qu’à une place de dépôt.[]
  2. Tronc d’arbre ébran­ché mais pas encore équar­ri, qui porte encore son écorce.[]
  3. Voir le livre de Pascale Laussel, Marjolaine Boitard et Gaëtan du Bus de Warnaffe, Agir ensemble en forêt — Guide pra­tique, juri­dique et humain, Éditions Charles Léopold Mayer, 2018.[]
  4. Une scie mobile est un petit outil de sciage dépla­çable sur une remorque ou un pla­teau, dont le but est de s’ins­tal­ler à proxi­mi­té des par­celles sujettes à des coupes de bois.[]
  5. Autant d’in­for­ma­tions et de chiffres dis­po­nibles sur le site de L’observatoire des métiers de la scie­rie, ani­mé par Maurice Chalayer.[]
  6. Les mobi­li­sa­tions pour défendre des mas­sifs fores­tiers ou des usages spé­ci­fiques en forêt remontent au XIXe siècle. Dans les années 1820, dans les Pyrénées cata­lanes, des sou­lè­ve­ments popu­laires ont font par exemple fait suite à la volon­té de judi­cia­ri­ser l’ac­cès aux bois par l’État — voir Louis Assier Andrieu, « La cou­tume dans la ques­tion fores­tière. La lutte d’une com­mu­nau­té des Pyrénées cata­lanes (1820–1828), Revue fores­tière fran­çaise, vol. 32, 1980 et, pour une pers­pec­tive plus large, Jean-Baptiste Vidalou, Être forêts — Habiter des ter­ri­toires en lutte, Zones, 2017. Quelques décen­nies plus tard, des peintres s’or­ga­nisent pour défendre les pay­sages fores­tiers de la forêt de Fontainebleau et obtiennent la créa­tion d’une « série artis­tique » pré­ser­vée. Plus proche de nous, l’en­ré­si­ne­ment [note] rapide et encou­ra­gé par l’État dans le Morvan et plu­sieurs régions du Massif cen­tral a conduit certain.e.s de leurs habitant·es à s’or­ga­ni­ser contre la ges­tion des forêts locales et le prin­cipe, bien connu dans ces régions, de l’en­chaî­ne­ment plan­ta­tion, éclair­cie, coupe rase, replan­ta­tion — voir à ce titre le numé­ro 15 de la revue Z, « Montagne Limousine. Forêts désen­chan­tées », 2022.[]
  7. Voir à ce pro­pos la contri­bu­tion de Gaspard d’Allens inti­tu­lée « La mal­fo­res­tion » dans le livre-jour­nal Forêts, édi­té par le média La Relève et la Peste en 2022.[]
  8. Geneviève Pruvost, « Chantiers par­ti­ci­pa­tifs, auto­gé­rés, col­lec­tifs : la poli­ti­sa­tion du moindre geste », Sociologie du tra­vail, vol. 57, n° 1, 2015.[]
  9. Florent Schepens, « Se réa­li­ser au mépris du corps : les entre­pre­neurs de tra­vaux fores­tiers », Sociologies pra­tiques, vol. 26, n° 1, 2013.[]
  10. Sur le métier de bûche­ron, on peut lire Florent Schepens, « Bûcheron : une pro­fes­sion d’homme des bois ? », ethnographiques.org, 2003 et plus lar­ge­ment, Florent Schepens, Hommes des bois ? Socio-anthro­po­lo­gie d’un groupe pro­fes­sion­nel, Comité des tra­vaux his­to­riques et scien­ti­fiques (CTHS), 2007.[]
  11. Une réflexion inverse et cri­tique a récem­ment été pré­sen­tée par Agnès Stienne dans Bouts de bois — Des objets aux forêts, Zones, 2023. L’autrice, plas­ti­cienne et car­to­graphe, remonte d’ob­jets quo­ti­diens en bois — palettes, cagettes, tra­verses de che­min de fer — jus­qu’aux forêts qui les pro­duisent pour détailler leur his­toire, leur par­cours dans la filière, les impli­ca­tions envi­ron­ne­men­tales qu’ils sus­citent.[]
  12. Michel Lulek, Scions… tra­vaillait autre­ment, Éditions REPAS, 2003.[]
  13. À noter qu’une « culture du feu », expli­quée et défen­due par la phi­lo­sophe Joëlle Zask dans Quand la forêt brûle — Penser la nou­velle catas­trophe éco­lo­gique (Premier Parallèle, 2019), ne pour­rait man­quer de figu­rer dans cette culture fores­tière cohé­rente.[]
  14. Ensemble de pra­tiques qui visent à accom­pa­gner la dyna­mique natu­relle d’une forêt pour pro­duire du bois de qua­li­té, tout en pré­ser­vant un cou­vert fores­tier conti­nu et diver­si­fié.[]
  15. Je m’ins­pire ici des pers­pec­tives énon­cées par l’Atelier pay­san pour l’a­gri­cul­ture dans Reprendre la terre aux machines — Manifeste pour une auto­no­mie pay­sanne et ali­men­taire, Seuil, 2020.[]

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