Quand les Young Patriots s'alliaient aux Black Panthers

12 juillet 2021


Traduction inédite pour le site de Ballast

Chicago, 1969. Pour contrer le maire de la ville — un élu démo­crate homo­phobe qui répri­mait les oppo­sants à la guerre du Viêtnam et don­nait l’ordre d’a­battre tout émeu­tier afro-amé­ri­cain —, faire face aux vio­lences poli­cières et œuvrer à l’é­man­ci­pa­tion quo­ti­dienne des classes popu­laires, une coor­di­na­tion inédite se mit en place : la Rainbow Coalition. Elle repo­sait prin­ci­pa­le­ment sur les Black Panthers, les Young Patriots et les Young Lords. Autrement dit, des Noirs, des Blancs et des Latinos alliés contre le sys­tème capi­ta­liste et raciste. Face à la menace que repré­sen­tait un tel mou­ve­ment, le pou­voir ne tar­da pas à répondre : le socia­liste Fred Hampton, ini­tia­teur de la Rainbow Coalition, était exé­cu­té quelques mois plus tard par le FBI et la police. Hy Thurman fut l’un des cofon­da­teurs de la Young Patriots Organization : ori­gi­naire du Tennessee et enfant d’une famille d’ou­vriers agri­coles, il s’é­tait ren­du à Chicago, ado­les­cent, dans l’es­poir d’y trou­ver la « Terre pro­mise »… En 2020, il a publié ses sou­ve­nirs, Revolutionary Hillbilly. Dans cet entre­tien que nous tra­dui­sons, le mili­tant revient sur la nais­sance de la trop brève coa­li­tion « arc-en-ciel ».


Comment en êtes-vous venu à faire par­tie de l’or­ga­ni­sa­tion des Young Patriots ?

Je me suis d’a­bord impli­qué dans les Good Fellows, auprès des per­sonnes qui ont ensuite créé les Young Patriots. Mon frère, Tex, était l’un des lea­ders des Peace Makers, un gang de rue qui est deve­nu ensuite les Good Fellows, puis les Young Patriots — avant de faire par­tie, enfin, de la Rainbow Coalition. Nous avons fon­dé les Young Patriots en 1968, dans le quar­tier d’Uptown, à Chicago, pour aider à mettre fin aux diverses oppres­sions aux­quelles les rési­dents étaient confron­tés au quo­ti­dien. Et, aus­si, pour don­ner aux pauvres une voix afin de com­battre la machine oppres­sive de haine clas­siste et raciste du maire de l’é­poque, Richard J. Daley. La com­mu­nau­té d’Uptown était prin­ci­pa­le­ment com­po­sée de migrants blancs pauvres du Sud qui ont com­men­cé à migrer vers le Nord peu après la Seconde Guerre mon­diale afin de trou­ver du tra­vail et d’é­chap­per aux griffes de la pau­vre­té, pour, fina­le­ment, se voir pris dans des condi­tions mons­trueuses — elles étaient, à plu­sieurs égards, pires que celles qu’ils avaient connues dans le Sud. D’après leurs esti­ma­tions, en dix ans, plus de 70 000 Sudistes ont fran­chi les portes d’Uptown. À un moment don­né, jus­qu’à 40 000 d’entre eux ont essayé de s’y enra­ci­ner dans l’es­poir de gagner leur vie.

Ça pour­rait sur­prendre cer­tains lec­teurs que la bru­ta­li­té poli­cière soit si répan­due dans un quar­tier blanc.

« Daley uti­li­sait la police comme son gang per­son­nel. Ils étaient auto­ri­sés à faire valoir leur propre inter­pré­ta­tion de la loi. »

Daley uti­li­sait la police comme son gang per­son­nel. Ils étaient auto­ri­sés à faire valoir leur propre inter­pré­ta­tion de la loi en même temps qu’ils exer­çaient leurs fonc­tions de police. Il sem­blait aus­si que tout poli­cier dont on iden­ti­fiait qu’il avait des com­por­te­ments de psy­cho­pathe, ou qu’il ne pou­vait s’in­té­grer dans les quar­tiers de la classe moyenne de la ville, était affec­té à Uptown, South et West Side, et dans les quar­tiers pauvres de Chicago, comme les quar­tiers lati­nos. Ils n’hé­si­taient pas à vous tirer des­sus, à vous tor­tu­rer ou à vous battre. Les femmes et les jeunes filles n’é­chap­paient pas non plus à leur com­por­te­ment pervers.

[…] Avec trois autres per­sonnes de Good Fellows, dont une femme, nous avons été arrê­tés par une voi­ture de police de Chicago, avec trois hommes à bord. Nous avons dû sor­tir de notre véhi­cule. Après avoir véri­fié notre iden­ti­té, sans fouiller la voi­ture, le conduc­teur, Bobby McGinnis, a reçu l’ordre de s’as­seoir sur le siège arrière de la voi­ture de patrouille tan­dis que le reste d’entre nous a été som­mé de res­ter dehors, dans le froid, où nous pou­vions être obser­vés. Les flics ont dit qu’ils avaient trou­vé un sac de pilules illé­gales dans notre voi­ture. Ils ont dit à Bobby qu’ils allaient « bai­ser la fille » ou que nous irions en pri­son pour pos­ses­sion de drogues, que la voi­ture serait sai­sie comme preuve. Nous avons pris la déci­sion d’es­sayer d’é­chap­per aux flics et d’al­ler dans un quar­tier d’Uptown où on savait que d’autres Good Fellows trai­naient et se pré­pa­raient en vue d’une confron­ta­tion. Nous avons réus­si. Les flics nous ont dépas­sés alors que nous entrions dans un res­tau­rant local avec d’autres gars et filles du quar­tier. Ces inci­dents — sans par­ler des autres — avec les flics fas­cistes ont conduit les Peace Makers, JOIN [l’or­ga­ni­sa­tion Jobs or Income Now, ndlr] ain­si que d’autres groupes et indi­vi­dus à orga­ni­ser une marche en direc­tion du poste de police de Summerdale, contre la bru­ta­li­té et le meurtre. Deux jours plus tard, le frère d’un paci­fiste a été assas­si­né par les flics et le bureau de JOIN a fait l’ob­jet d’une des­cente : des drogues y avaient été pla­cées pour jus­ti­fier cette action. Ce qui a conduit à l’ar­res­ta­tion de deux étu­diants de Students for a Democratic Society. C’est là que les Peace Makers ont chan­gé de nom pour deve­nir les Good Fellows, et qu’ils ont com­men­cé à se mettre au ser­vice de la communauté.

[Leaders du collectif anti-impérialiste The Weathermen à Chicago, 1969, durant les Days of Rage | David Fenton | Getty Images]

Les ins­ti­tu­tions du pou­voir à Chicago n’é­taient donc pas très enthou­siastes à l’i­dée de rece­voir la sec­tion blanche de la dia­spo­ra sudiste ?

Je veux juste men­tion­ner un autre inci­dent démo­ra­li­sant que j’ai ren­con­tré et sou­li­gner la façon dont les Sudistes étaient per­çus par la police de Chicago. J’avais 17 ans. Je n’é­tais à Chicago que depuis deux semaines quand deux hommes dans une voi­ture de police m’ont arrê­té sur Sunnyside Avenue, dans Uptown. J’étais seul. Je mar­chais dans la rue quand ils se sont arrê­tés, m’ont menot­té et fait mon­ter à l’ar­rière de la voi­ture. L’un des poli­ciers a dit qu’il y avait eu beau­coup de cam­brio­lages dans le quar­tier et m’a deman­dé si j’en savais quelque chose et si je pos­sé­dais des outils de cam­brio­lage. Ils ont enten­du mon très fort accent du Sud après que j’ai nié toute connais­sance de ces faits et dit n’a­voir aucun outil. Un des flics a dit : « Pas un autre stu­pide péque­naud. Pourquoi vous ne retour­nez pas dans le Sud bai­ser votre mère, vos sœurs, vos cou­sins ou vos chiens, ou tout ce que vous bai­sez là-bas ? Restez en dehors de Chicago. Maintenant, dégage de ma voi­ture. Si je te revois, je ne serai pas aus­si poli. » L’un d’entre eux m’a déta­ché les menottes, face contre terre, les genoux dans le dos, tan­dis que l’autre se tenait debout avec un pied sur le côté de mon visage. Ce ne sont là que deux exemples du com­por­te­ment de la police. Des détails ont été écrits sur d’autres actes per­fides. Les meurtres, les extor­sions, les vols et les innom­brables actes de vio­lence étaient mon­naie cou­rante. Plusieurs membres des Peacemakers et des Good Fellows ont été assas­si­nés par les flics de Chicago.

« Ça n’a pas aidé les migrants du Sud, en matière de tra­vail, à obte­nir des emplois décents. Ça a créé les condi­tions de la haine de classe. »

Le chô­mage, les condi­tions de vie dans les tau­dis, la dis­cri­mi­na­tion en matière de loge­ment, la réno­va­tion urbaine, la haine de classe, le racisme, le manque de soins de san­té, la mal­nu­tri­tion, les taux éle­vés de mor­ta­li­té infan­tile, la mala­die et la pau­vre­té avaient tous une emprise sur les pauvres d’Uptown. C’était un cloaque de misère pour beau­coup. Au début des années 1960, le Chicago Tribune a publié une série d’ar­ticles avi­lis­sant et dia­bo­li­sant les migrants blancs du Sud. Ils étaient décrits comme un « essaim de sau­te­relles » des­cen­dant sur la ville armés de leur tem­pé­ra­ment violent, de leur igno­rance, de leur manque d’é­du­ca­tion et de leur com­por­te­ment inces­tueux, prompts à se battre pour un rien. Ça n’a pas aidé les migrants du Sud, en matière de tra­vail, à obte­nir des emplois décents. Ça a créé les condi­tions de la haine de classe.

Ceci ne va-t-il pas à l’en­contre de la per­cep­tion com­mune selon laquelle les choses allaient plu­tôt bien pour tous les Blancs de la classe ouvrière, dans le monde du tra­vail de l’après-guerre ?

Selon un livre écrit par Roger Guy, inti­tu­lé From Diversity to Unity, le taux de chô­mage à Uptown à la fin des années 1960 était de 47 %. Et la popu­la­tion migrante du Sud dépas­sait le nombre d’emplois stables de Chicago. Ceux qui trou­vaient du tra­vail se fai­saient géné­ra­le­ment embau­cher par des agences de tra­vail jour­na­lier. Elles étaient pri­vées et fonc­tion­naient comme les agences d’in­té­rim, à la dif­fé­rence que les agences de tra­vail jour­na­lier n’of­fraient pas la pos­si­bi­li­té d’un emploi à temps plein et qu’elles payaient moins que le salaire mini­mum. J’y ai tra­vaillé quelques fois. J’étais tou­jours affec­té aux tâches les plus subal­ternes, comme balayer le sol ou accom­plir celles qui pré­sen­taient un risque éle­vé de bles­sures. Des tâches pénibles, comme le char­ge­ment et le déchar­ge­ment des camions. Le soir de mon deuxième jour, lorsque je suis retour­né à l’a­gence des tra­vailleurs jour­na­liers, un employé m’a fait entrer dans son bureau. Il m’a dit que comme j’é­tais nou­veau, je ne connais­sais pas la pro­cé­dure de paie­ment des tra­vailleurs. Il a ajou­té que j’é­tais res­pon­sable du paie­ment du trans­port vers et depuis le chan­tier. Ce ser­vice était annon­cé comme gra­tuit pour les entre­prises qui fai­saient appel aux ser­vices de l’a­gence de tra­vail jour­na­lier. C’était moi qui étais res­pon­sable des frais de trans­port : 20 % de mes gains allaient donc être déduits de mon salaire. Il a dit qu’ils nous fai­saient une faveur en nous choi­sis­sant pour tra­vailler et que nous devions leur en être recon­nais­sants. Il a dit que cet accord était la condi­tion pour être choi­si pour tra­vailler chaque jour. Comme je n’a­vais per­sonne auprès de qui me plaindre, j’ai déci­dé de mettre fin à ma col­la­bo­ra­tion avec eux et de cher­cher d’autres moyens de gagner ma vie. Il a quand même rete­nu 20 % de mon salaire pour les deux jours de travail.

[Richard J. Daley (à droite) en campagne pour Jimmy Carter, 1976| Library of Congress, Washington, D.C.]

Ça a main­te­nu beau­coup de gens dans une pau­vre­té constante. Beaucoup ont été pous­sés à vendre leur sang. À Uptown et dans de nom­breux quar­tiers pauvres, les banques de sang ou les maga­sins étaient situés tout près des agences de tra­vail jour­na­lier. Lorsque les indi­vi­dus et les familles ne pou­vaient pas trou­ver d’emploi ou avaient besoin de com­plé­ter leur salaire ou leur aide sociale, ils n’a­vaient d’autre choix que de vendre leur sang, de se tour­ner vers le crime, la pros­ti­tu­tion ou vers d’autres moyens illé­gaux. Mais pour ceux qui arri­vaient du Sud avec des mala­dies comme celle dite du pou­mon noir, la tuber­cu­lose ou le satur­nisme et un cer­tain nombre de mala­dies phy­siques, ce n’é­tait pas une option. Ils étaient trop malades pour tra­vailler et devaient comp­ter sur l’aide du gou­ver­ne­ment, qui n’é­tait pas énorme. J’ai dû rava­ler ma fier­té plu­sieurs fois et vendre mon sang pour survivre.

Les habi­tants d’Uptown avaient aus­si un autre pro­blème à gérer : les pro­jets de réno­va­tion urbaine qui détrui­saient les quar­tiers noirs et latinos.

« En plus de la bru­ta­li­té poli­cière, la réno­va­tion urbaine a été un fac­teur impor­tant de mon impli­ca­tion dans l’or­ga­ni­sa­tion d’Uptown. »

La dis­cri­mi­na­tion en matière de loge­ment et la réno­va­tion urbaine ont joué un rôle majeur dans mon impli­ca­tion dans les Young Patriots. Une par­tie d’Uptown était un bidon­ville. C’est là que les pauvres étaient obli­gés de vivre, exploi­tés par des pro­prié­taires absents qui per­ce­vaient les loyers mais qui refu­saient de réno­ver leurs pro­prié­tés. La pein­ture à base de plomb a contri­bué à l’in­toxi­ca­tion de nom­breuses per­sonnes ou a dété­rio­ré l’é­tat de celles qui y avaient déjà été expo­sées dans le Sud, en rai­son de l’ex­ploi­ta­tion minière à ciel ouvert, qui pol­luait l’eau potable et les cours d’eau. Les enfants étaient obli­gés d’emprunter des rues recou­vertes de verre et d’autres débris. Les voi­tures aban­don­nées et les ordures jon­chaient les rues. Les ser­vices muni­ci­paux igno­raient la région alors que dans les zones plus pros­pères, la pro­pre­té était pré­ser­vée. Selon les sta­tis­tiques com­pi­lées par le Southern Cultural Exchange Center, Uptown avait le taux de mor­ta­li­té infan­tile le plus éle­vé de tous les quar­tiers de Chicago. Les ser­vices de san­té étaient inexis­tants et les hôpi­taux refu­saient de ser­vir les per­sonnes sans assurance.

En plus de la bru­ta­li­té poli­cière, la réno­va­tion urbaine a été un fac­teur impor­tant de mon impli­ca­tion dans l’or­ga­ni­sa­tion d’Uptown. Uptown a été dési­gné comme une zone de réno­va­tion et une uni­ver­si­té devait être construite là où vivait la majo­ri­té des Blancs du Sud. La ville n’a­vait pas l’in­ten­tion de relo­ger les rési­dents. Le maire Daley a lui-même choi­si le comi­té, com­po­sé de pro­prié­taires fon­ciers et de chefs d’en­tre­prise, pour super­vi­ser tous les plans de réno­va­tion urbaine : ça n’in­cluait aucun résident pauvre. Trente-huit hommes, femmes, enfants et han­di­ca­pés phy­siques pauvres ont été assas­si­nés par le feu lorsque les pro­prié­taires des bidon­villes ont enga­gé des per­sonnes pour incen­dier les bâti­ments afin de for­cer les rési­dents à par­tir. Aucune charge ou pour­suite n’a été enga­gée contre qui que ce soit. Le rap­port indique éga­le­ment que le chan­ce­lier du City College, Oscar Chabot, a convain­cu trois de ses amis d’a­che­ter des ter­rains et des bâti­ments sur le site dési­gné pour pou­voir les brû­ler ou les démo­lir afin de tou­cher l’as­su­rance et, ensuite, vendre le ter­rain à la ville de Chicago avec un béné­fice considérable.

[Travailleurs du bâtiment à New York, mai 1970 | Neal Boenzi | The New York Times

Y a‑t-il eu beau­coup de résis­tance ou les gens ont-ils sim­ple­ment déménagé ?

En nous joi­gnant à la l’Uptown Area Planning Coalition, nous avons pu pré­sen­ter une alter­na­tive au site pro­po­sé pour l’u­ni­ver­si­té. Chuck Geary, un migrant du Kentucky, a mené le com­bat avec notre sou­tien. Nous avons appe­lé ce pro­jet le Hank Williams Village, qui était une réplique d’une ville du Sud avec ses propres ser­vices, sa police et son gou­ver­ne­ment. Les bâti­ments inha­bi­tables seraient rem­pla­cés par de nou­velles struc­tures et ceux qui pour­raient être sau­vés seraient réno­vés et, éven­tuel­le­ment, pro­po­sés à l’a­chat aux rési­dents pauvres. Un hôtel serait construit pour les nou­veaux arri­vants et des ser­vices d’aide et d’emploi seraient four­nis jus­qu’à ce qu’ils puissent deve­nir indé­pen­dants et trou­ver leur propre loge­ment. Après que les Young Patriots ont pris la direc­tion du comi­té, la pro­po­si­tion a été accep­tée à condi­tion que nous puis­sions obte­nir un financement.

« Du fait de notre connais­sance sans cesse crois­sante du socia­lisme, nous vou­lions un nom qui serait recon­nu et faci­le­ment explicable. »

[…] Entre 1966 et les der­niers mois de 1968, l’am­biance était infer­nale dans les rues d’Uptown. De nom­breux paci­fistes ain­si que le col­lec­tif Good Fellows ont été for­cés par les flics de quit­ter Chicago, ont été tués ou enga­gés dans la guerre du Viêtnam. Il ne res­tait plus que quelques Good Fellows. Bobby McGinnis, June Bug Boykin et moi-même avons assu­mé les postes de direc­tion et avons com­men­cé à recru­ter d’autres membres. Nous avons éga­le­ment déci­dé de chan­ger de nom pour deve­nir les Young Patriots, car nous avions le sen­ti­ment que les Patriots pro­té­geaient et se bat­taient pour leur peuple. Du fait de notre connais­sance sans cesse crois­sante du socia­lisme, nous vou­lions un nom qui serait recon­nu et faci­le­ment expli­cable — et, dans le même temps, nous éloi­gner du nom de Good Fellow qui était asso­cié au crime. Même si nous aimions tou­jours être asso­ciés au côté bad ass des Good Fellows : un groupe avec lequel il ne fal­lait pas déconner.

En 1968, et même pen­dant une bonne par­tie de l’an­née 1966, nous avons com­men­cé à inten­si­fier notre tra­vail à Uptown. Nous sommes deve­nus plus bruyants et mili­tants dans notre approche de l’op­po­si­tion aux pro­grammes capi­ta­listes et fas­cistes de l’ad­mi­nis­tra­tion Daley. Nous avons exi­gé une voix et l’au­to­dé­ter­mi­na­tion pour le quar­tier d’Uptown. Nous avons rejoint d’autres orga­ni­sa­tions pour com­battre le sys­tème cor­rom­pu qui contrô­lait notre vie quo­ti­dienne. Nous avons exi­gé des soins de san­té adé­quats, des loge­ments décents, la fin de la bru­ta­li­té poli­cière, du racisme, de la haine de classe et nous avons exi­gé d’être res­pec­tés et enten­dus. Nous avons exi­gé de sié­ger dans tous les comi­tés qui déter­mi­naient notre sort. Nous avons pris d’as­saut les réunions de pla­ni­fi­ca­tion de la réno­va­tion urbaine, nous avons fait entendre notre voix et la vision des Young Patriots arri­vant aux réunions a fait peur à beau­coup de per­sonnes que Daley avait nom­mées. Nous por­tions des blou­sons de cuir et un dra­peau confé­dé­ré1 avec des badges Huey [cofon­da­teur du Black Panther Party, ndlr], des badges Black Panther et un badge repré­sen­tant chaque cou­leur de chaque race. Nous avons adop­té le slo­gan de la police de Chicago — « Nous ser­vons et pro­té­geons » — parce qu’elle était inca­pable de faire l’un ou l’autre pour les pauvres. On nous crai­gnait, mais on était éga­le­ment détes­tés par les flics et l’ad­mi­nis­tra­tion Daley. Ce que nous igno­rions, c’est que les Black Panthers et les Young Lords nous obser­vaient de près.

[Huey P. Newton au Boston College, 1970 | Jeff Albertson]

Votre orga­ni­sa­tion a fait alliance avec les Panther et les Lords : la Rainbow Coalition originelle.

Le 4 avril 1969, jour du pre­mier anni­ver­saire de l’as­sas­si­nat de Martin Luther King, Fred Hampton, Bobby Rush et Bobby Lee, du Black Panther Party de l’Illinois, ont invi­té les Young Patriots à se joindre à eux et aux Young Lords, un ancien gang de rue por­to­ri­cain, pour for­mer la pre­mière coa­li­tion « arc-en-ciel » de soli­da­ri­té révo­lu­tion­naire. Les Black Panthers étaient au fait de notre enga­ge­ment en faveur du mou­ve­ment pour l’é­ga­li­té raciale grâce à la par­ti­ci­pa­tion des Good Fellows, ain­si que d’autres orga­ni­sa­tions pauvres, à la cam­pagne pré­si­den­tielle Eldridge Cleaver – Peggy Terry, en 1966. Peggy Terry, une femme blanche pauvre et orga­ni­sa­trice com­mu­nau­taire2 qui vivait à Uptown, a été choi­sie pour être la par­te­naire de bul­le­tin d’Eldridge Cleaver [figure du Black Panther Party : il devien­dra, plus tard, un mili­tant répu­bli­cain, ndlr], can­di­date à la vice-pré­si­dence de Peace and Freedom, contre le gou­ver­neur de l’Alabama, en rai­son de ses convic­tions racistes et supré­ma­tistes. La cam­pagne vou­lait éga­le­ment mon­trer que les Noirs et les Blancs pauvres pou­vaient s’u­nir dans la soli­da­ri­té. Les trois groupes se sont mis d’ac­cord pour qu’au­cune orga­ni­sa­tion ne contrôle la coa­li­tion. Chaque orga­ni­sa­tion contrô­le­rait sa com­mu­nau­té et lut­te­rait pour l’au­to­dé­ter­mi­na­tion. Les trois groupes ont décla­ré que dans la ville la plus ségré­guée des États-Unis, il était pos­sible que toutes les races tra­vaillent ensemble. Nous nous ras­sem­ble­rions par soli­da­ri­té pour sou­te­nir nos pro­grammes res­pec­tifs et défier l’ad­mi­nis­tra­tion Daley. Nous nous uni­rions dans des mani­fes­ta­tions et nous nous tien­drions côte à côte pour vaincre le racisme et le fas­cisme. Nous avons accep­té de par­ti­ci­per à leur ser­vice de sécu­ri­té en nous tenant à leurs côtés lors de nom­breuses manifestations.

À cause de votre tra­vail au sein de la Rainbow Coalition, vous avez été har­ce­lé pen­dant de nom­breuses années par le gou­ver­ne­ment. Pourquoi la Rainbow Coalition a‑t-elle fait à ce point peur aux pou­voirs en place ?

« Je crois fer­me­ment que le modèle Rainbow peut être uti­li­sé aujourd’­hui encore, s’il est orga­ni­sé efficacement. »

Je pense qu’une grande par­tie de la peur a été géné­rée par la façon dont les gou­ver­ne­ments fédé­ral et local consi­dé­raient les Black Panthers et le fait que nous sor­tions des rôles qui nous étaient assi­gnés dans la socié­té. Le len­de­main du jour où nous avons cimen­té notre soli­da­ri­té de fra­ter­ni­té révo­lu­tion­naire, le FBI et son pro­gramme illé­gal COINTELPRO ont com­men­cé à sur­veiller les Young Patriots. Ils étaient déjà au cou­rant de notre exis­tence, car la Red Squad3 de la police de Chicago recueillait des infor­ma­tions sur les Good Fellows et les Young Patriots depuis des années. Ils nous sur­veillaient en grande par­tie parce que le maire Daley crai­gnait que la Rainbow Coalition par­vienne véri­ta­ble­ment à affai­blir son pouvoir.

Des docu­ments du FBI, qui avaient été scel­lés après l’in­ter­ven­tion de celui-ci et de la police de Chicago, indiquent clai­re­ment que les Black Panthers repré­sen­taient pour le FBI la menace numé­ro un pour la sécu­ri­té natio­nale, et que le Black Panther Party avait recru­té d’autres orga­ni­sa­tions aux vues simi­laires. Le mémo du FBI de Chicago à J. Edgar Hoover [pre­mier direc­teur du FBI, ndlr] iden­ti­fie deux autres orga­ni­sa­tions dan­ge­reuses : les Young Lords et les Young Patriots. Hoover déclare dans un autre mémo qu’il y a un mes­sie en deve­nir à Chicago, et qu’il doit être éli­mi­né — tous les membres de la coa­li­tion pen­saient qu’il s’a­gis­sait de Fred Hampton. Je crois que si la Rainbow Coalition avait conti­nué, elle aurait été une force majeure à Chicago : elle aurait uni des mil­liers de pauvres qui se bat­taient habi­tuel­le­ment les uns contre les autres ou s’é­vi­taient. Un modèle pour s’or­ga­ni­ser et gagner du pou­voir à Chicago et dans le reste du pays. Daley et Hoover n’é­taient pas prêts à lais­ser ça se pro­duire. Les étu­diants qui pro­tes­taient étaient faciles à trou­ver mais les com­mu­nau­tés pauvres qui s’u­nis­saient, en par­ti­cu­lier les Blancs pauvres qui se liaient à d’autres groupes raciaux et mino­ri­taires prê­chant le chan­ge­ment révo­lu­tion­naire et le socia­lisme, consti­tuaient, elles, une menace majeure. La coa­li­tion devait être contrô­lée ou détruite. Je crois fer­me­ment que le modèle Rainbow peut être uti­li­sé aujourd’­hui encore, s’il est orga­ni­sé efficacement.

[La Rainbow Coalition à Chicago | José Cha-Cha Jiménez]

Qu’aviez-vous à l’es­prit en choi­sis­sant le dra­peau confé­dé­ré comme sym­bole ? À la lumière des contro­verses sur le dra­peau confé­dé­ré de l’an­née der­nière4, recom­man­de­riez-vous d’es­sayer de le « récu­pé­rer », dans l’es­prit de la rébel­lion multiraciale ?

Dans les années 1960, à Uptown et dans le Sud, le dra­peau confé­dé­ré « rebelle » se trou­vait dans la plu­part des bars, sur les auto­col­lants de pare-chocs, les vête­ments et à bien d’autres endroits. Il était tel­le­ment pré­sent qu’il en était presque invi­sible. De nom­breux Sudistes ne le consi­dé­raient pas comme un sym­bole de racisme asso­cié à l’es­cla­vage, mais comme un sym­bole de la « guerre d’a­gres­sion du Nord ». Les Sudistes, à l’é­poque comme aujourd’­hui, asso­cient le dra­peau au fait d’être un rebelle. Rebelle non pas dans le sens de sol­dat confé­dé­ré, mais plu­tôt dans celui de dur à cuire, de rebelle à l’au­to­ri­té. Nous vou­lions par­ler aux Blancs pauvres des condi­tions de vie à Uptown et essayer de les impli­quer dans les Young Patriots afin d’a­mé­lio­rer leur sort. De nom­breuses approches pro­po­sées pour enta­mer un dia­logue : musique coun­try, dis­cours sur les bru­ta­li­tés poli­cière, sexe, etc. Mais les sym­boles uni­ver­sels aux­quels ils pou­vaient tous s’i­den­ti­fier étaient le dra­peau amé­ri­cain et le dra­peau confé­dé­ré. Sachant que le dra­peau amé­ri­cain ne sus­ci­te­rait pas beau­coup de remous, on s’est tour­nés vers le dra­peau rebelle. Nous savions qu’il n’y avait que quelques Noirs qui vivaient à Uptown. Nous comp­tions les res­pec­ter en essayant de cou­vrir le dra­peau lorsque nous les ver­rions. Quelques Noirs actifs à Uptown pen­saient que si c’é­tait ce qu’il fal­lait pour atteindre les Blancs, et sachant que nous ne l’u­ti­li­sions pas comme un sym­bole raciste, ils pou­vaient consi­dé­rer que c’é­tait une bonne façon de l’utiliser.

« Nous expli­quions les objec­tifs des Young Patriots et le fait que tous les pauvres ont la même pauvreté. »

Lorsque nous por­tions le dra­peau rebelle, nous pla­cions autour du dra­peau un badge « Free Huey », un badge Black Panther et un badge arc-en-ciel. Certains avaient le dra­peau bro­dé sur le dos de leur veste et d’autres sur leur béret. Ça a sus­ci­té de nom­breuses dis­cus­sions. Pas tant sur le dra­peau que sur les badges. Nous expli­quions alors les objec­tifs des Young Patriots et le fait que tous les pauvres ont la même pau­vre­té. Que les pauvres noirs, lati­nos, indiens d’Amérique et asia­tiques sont tous exploi­tés et main­te­nus dans la pau­vre­té par le sys­tème capi­ta­liste. Après avoir ain­si bri­sé la glace, nous avons pu connaître leurs besoins et leur appor­ter de l’aide. Beaucoup ont été sur­pris d’ap­prendre que le Black Panther Party a joué un rôle majeur dans l’ob­ten­tion de per­son­nel médi­cal et d’é­qui­pe­ment pour la cli­nique de san­té Young Patriot, et qu’il a four­ni de la nour­ri­ture aux enfants avant qu’ils n’aillent à l’é­cole. Nous nous sommes tenus au coude à coude avec le ser­vice de sécu­ri­té des Panthers en por­tant notre dra­peau. Avec le dra­peau confé­dé­ré entou­ré par « Free Huey », les Black Panthers et la Coalition, nous fai­sions une décla­ra­tion au maire Daley : « Fuck You ! Tu ne vas pas nous sépa­rer plus long­temps ». Son plan raciste et répres­sif a échoué.

En gran­dis­sant poli­ti­que­ment et en ayant de la consi­dé­ra­tion pour les Black Panthers et les Young Lords, nous avons com­pris qu’il n’y avait pas de place dans le mou­ve­ment ou dans le monde pour le dra­peau confé­dé­ré. Il sym­bo­lise une période où nos frères et sœurs noirs étaient de simples biens à vendre ou à détruire, à la conve­nance de l’homme blanc. Le dra­peau confé­dé­ré a été créé pour ser­vir de sym­bole aux pro­prié­taires des plan­ta­tions afin de per­pé­tuer la sla­vo­cra­tie. Je ne recom­man­de­rais pas son uti­li­sa­tion par quelque groupe ou per­sonne que ce soit. Je crois même qu’il devrait être détruit en hom­mage à ceux qui ont subi la dou­leur et l’an­goisse pen­dant une période très sombre de notre histoire.

[Les Young Patriots et les Panthers à Chicago, en 1969 | Paul Sequeira | Getty Images]

Vous faites actuel­le­ment beau­coup d’ef­forts pour relan­cer l’or­ga­ni­sa­tion des Young Patriots. Pourquoi pen­sez-vous que ce soit nécessaire ?

Je crois que les Young Patriots sont néces­saires pour offrir aux Blancs un modèle auquel ils peuvent s’i­den­ti­fier. Si vous regar­dez le pays aujourd’­hui, et que vous voyez tous les Blancs qui auraient tout inté­rêt à lut­ter pour amé­lio­rer leur vie, vous ver­rez qu’un petit pour­cen­tage seule­ment est très actif. Bien sûr, vous voyez plus de Blancs de la classe moyenne impli­qués dans des acti­vi­tés mili­tantes que de Blancs pauvres, car ils ont le luxe d’a­voir du temps libre et des res­sources finan­cières. Mais cette classe moyenne dimi­nue en nombre sous l’ef­fet du sys­tème capi­ta­liste, qui la détruit et fait bas­cu­ler ses membres dans la pau­vre­té. J’aimerais pou­voir dire qu’il existe une classe ouvrière dans ce pays — mais, même si c’é­tait le cas, elle ne peut pas vivre des salaires qu’elle gagne. Chaque année, ses condi­tions finan­cières se dégradent davan­tage. Certains membres de la classe moyenne font la queue dans les banques ali­men­taires avec la classe pauvre. Mais regar­dez du côté des Blancs pauvres qui essaient de sur­vivre en gagnant moins que le salaire mini­mum : la plu­part d’entre eux doit avoir deux ou trois emplois et n’ar­rive pas à joindre les deux bouts ! Beaucoup aban­donnent l’es­poir de chan­ger les choses car ils n’ont pas de modèle auquel s’identifier.

« Si des gens de gauche ont le temps de s’as­seoir et d’é­crire sur le fait que la classe ouvrière n’oc­cu­pe­ra plus jamais une place impor­tante dans les luttes pour la jus­tice sociale, alors c’est de la mas­tur­ba­tion intellectuelle. »

Les Young Patriots peuvent offrir un modèle aux Blancs en leur prou­vant qu’ils doivent se battre pour appor­ter des chan­ge­ments qui affectent posi­ti­ve­ment leur vie. Pas seule­ment une rhé­to­rique intel­lec­tuelle, mais un modèle qui a fonc­tion­né dans le pas­sé. Notre pro­gramme en sept points touche tous les domaines de leur vie. La Young Patriots Organization existe pour trou­ver, sou­te­nir, ins­pi­rer, offrir des res­sources, y com­pris des pro­grammes de sur­vie, et for­mer les rési­dents des com­mu­nau­tés pauvres et ouvrières, sans dis­tinc­tion de race, d’âge, de pré­fé­rence sexuelle, de sexe, afin qu’ils deviennent des lea­ders dans les prises de déci­sions qui affectent leur vie quo­ti­dienne, en s’ap­puyant sur le tra­vail de base effec­tué par la Rainbow Coalition et la Young Patriot Organization.

De nom­breux écrits de gauche affirment que les Blancs de la classe ouvrière ne joue­ront jamais un rôle impor­tant dans les luttes pour la jus­tice sociale. Cela vous rend-il les choses plus difficiles ?

Eh bien, tout d’a­bord, je pense que si les des gens de gauche ont le temps de s’as­seoir et d’é­crire sur le fait que la classe ouvrière n’oc­cu­pe­ra plus jamais une place impor­tante dans les luttes pour la jus­tice sociale, alors c’est de la mas­tur­ba­tion intel­lec­tuelle. Soit ils ne savent pas com­ment sor­tir et s’or­ga­ni­ser, soit ils trouvent plus confor­table de res­ter assis sur leur cul et de décou­ra­ger ceux qui se battent pour chan­ger les choses. Non pas que je sois le meilleur orga­ni­sa­teur qui soit, mais je sais qu’il est très dif­fi­cile de voir les luttes des gens depuis une salle de classe. Les gens ordi­naires ne sau­raient pas, de toute façon, de quoi ils parlent. Ceux qui s’oc­cupent de l’or­ga­ni­sa­tion au jour le jour laissent à leurs groupes intel­lec­tuels le soin de déter­mi­ner leur rôle à jouer dans la lutte.

Quelles luttes et formes d’or­ga­ni­sa­tion actuelles vous inspirent ?

Au niveau local, j’ad­mire mes frères et sœurs de Chicago qui mènent les mêmes com­bats que la Rainbow Coalition ori­gi­nelle il y a cin­quante ans. Contre la bru­ta­li­té poli­cière, l’embourgeoisement, le mal-loge­ment, le racisme, les inéga­li­tés éco­no­miques, la réforme des pri­sons et la cor­rup­tion. Ce sont mes héros et je suis hono­ré de les connaître.


Traduit de l’an­glais par la rédac­tion de Ballast | entre­tien mené par James Tracy en jan­vier 2016 : « Revolutionary Hillbilly: an interview with Hy Thurman of the Young Patriots Organization »


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  1. Le dra­peau confé­dé­ré a vu le jour en 1861, aux États-Unis : sym­bole popu­laire du Sud, il entend hono­rer son « mode de vie » dis­pa­ru et la lutte his­to­rique contre le Nord. Pour nombre d’Afro-Américains, il ren­voie en revanche à l’esclavage et au racisme.[]
  2. De com­mu­ni­ty orga­ni­zing. Aux États-Unis, les orga­ni­sa­teurs et orga­ni­sa­trices com­mu­nau­taires ont la charge des orga­ni­sa­tions popu­laires et citoyennes de quar­tier. Difficilement tra­dui­sible en fran­çais, ce sta­tut pour­rait s’ap­pa­ren­ter à celui de la figure syn­di­cale.[]
  3. Les Red Squads étaient les uni­tés de ren­sei­gne­ment de la police spé­cia­li­sées dans l’in­fil­tra­tion et la col­lecte de ren­sei­gne­ments sur les groupes poli­tiques et sociaux aux États-Unis.[]
  4. En 2015, des appels au retrait des dra­peaux confé­dé­rés du parc Jefferson Davis (État de Washington) ont été lan­cés après la fusillade de l’é­glise de Charleston.[]

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