Olivier Starquit : « Les vrais radicalisés sont au pouvoir »


Entretien inédit pour le site de Ballast

Faut-il sau­ver le popu­lisme de gauche ? Face à l’es­cro­que­rie mani­feste de nos « démo­cra­ties par­le­men­taires » et au règne bru­tal de l’ex­trême centre, l’es­sayiste et syn­di­ca­liste belge Olivier Starquit répond par l’af­fir­ma­tive. Politiser la dou­leur, orga­ni­ser la rage, mobi­li­ser les pas­sions : l’au­teur d’Une éclipse et des lucioles : De la démo­cra­tie au XXIe siècle invite, ren­for­cé par la mobi­li­sa­tion des gilets jaunes, à la construc­tion d’un « nous » bâti autour des « gens modestes ». Ceci, pré­cise‑t-il, sans aban­don de la lutte des classes ni adhé­sion à la figure de quelque grand lea­der. Mais ce popu­lisme n’est à ses yeux qu’un outil : l’im­por­tant est de tra­vailler à la mise en place d’une démo­cra­tie dans laquelle tous les citoyens auraient une égale pos­si­bi­li­té d’ins­ti­tuer la socié­té. Nous en discutons.


Vous sem­blez oscil­ler entre désir de démo­cra­tie directe et sys­tème élec­to­ral tra­di­tion­nel. Pourquoi ce flottement ?

Votre ques­tion indique en effet, sinon une hési­ta­tion, à tout le moins la per­sis­tance d’un doute. Dans la fou­lée de Cornelius Castoriadis, je penche en faveur de ce désir d’autonomie radi­cale où l’idée démo­cra­tique est insé­pa­rable de la notion d’autonomie. Où l’émancipation effec­tive des sujets — c’est-à-dire le fait de les rendre indi­vi­duel­le­ment et col­lec­ti­ve­ment aptes à agir et à pen­ser par eux-mêmes — exige des condi­tions poli­tiques, sociales et cultu­relles direc­te­ment anti­thé­tiques à celles visées par le pro­ces­sus de dé-démo­cra­ti­sa­tion mis en œuvre par le néo­li­bé­ra­lisme. Mais je ne peux pas m’empêcher de sou­le­ver quelques points d’interrogation. Notamment sur le tirage au sort et sur les appels à la démo­cra­tie directe. Face à la crise de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive et à la pro­fes­sion­na­li­sa­tion de la vie poli­tique, d’aucuns pré­sentent le tirage au sort comme une méthode per­met­tant de rendre la démo­cra­tie plus légi­time et plus effi­ciente. Plus légi­time parce qu’il res­tau­re­rait l’idéal d’une répar­ti­tion égale des chances poli­tiques. Plus effi­ciente parce que la nou­velle repré­sen­ta­tion tirée au sort ne se per­drait pas dans des com­bats de poli­tique poli­ti­cienne de par­tis. Les citoyens dési­gnés par le sort seraient plus libres que les repré­sen­tants, puisqu’ils ne doivent pas être élus ou réélus et dis­posent de plus de temps, et qu’ils ne doivent pas mener cam­pagne et inter­ve­nir dans les médias pour main­te­nir à niveau et à tout prix leur popu­la­ri­té. Le carac­tère hau­te­ment démo­cra­tique du tirage au sort rési­de­rait dans le fait qu’il repose sur l’absence de titre à gou­ver­ner : n’importe qui peut être appe­lé à par­ti­ci­per à la chose publique, indé­pen­dam­ment de ses titres et qua­li­tés. Le hasard œuvre­rait en quelque sorte à une repré­sen­ta­tion plus hété­ro­gène de la socié­té. Mais la plaie majeure qui ravage la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive à l’heure actuelle est celle de l’abstentionnisme : en quoi le tirage au sort y remédierait-il ?

« Cet appro­fon­dis­se­ment de la démo­cra­tie néces­site de ne pas la limi­ter à des aspects for­mels comme le droit de vote, mais de la faire vivre au quotidien. »

Dans Ballast, Clément Sénéchal avan­çait, à l’in­verse, que le tirage au sort ren­for­ce­rait l’atomisation de la socié­té et serait anti­po­li­tique parce qu’il exclut toute conflic­tua­li­té au pro­fit d’une vue sim­ple­ment ges­tion­naire. Rien n’exclut, du reste, de pen­ser qu’un indi­vi­du inex­pé­ri­men­té soit plus aisé­ment cor­rup­tible qu’un poli­tique aguer­ri et res­pon­sable devant des élec­teurs. Autre ques­tion : quelle pos­si­bi­li­té de vote-sanc­tion à la fin du man­dat ? Outre la ques­tion de la taille (le tirage au sort est sou­vent appli­qué sur de petits ter­ri­toires), le tirage au sort peut éga­le­ment être arbi­traire : le risque hypo­thé­tique existe que l’échantillon tiré au sort ne soit pas du tout repré­sen­ta­tif de la socié­té. Un grand défen­seur du tirage au sort, David Van Reybrouck sou­ligne que ce sys­tème cadre mal avec le mode de fonc­tion­ne­ment actuel des médias car le pro­ces­sus est lent, dénué de ténors et de visages connus et ne vit pas de grands conflits. Quant aux appels à la démo­cra­tie directe, il est légi­time de dou­ter de la réelle impli­ca­tion de toutes et tous — dans ce cas-là, le pou­voir déci­sion­nel pour­rait tout aus­si bien être cap­tu­ré et confis­qué par une mino­ri­té agis­sante dotée du capi­tal cultu­rel et symbolique.

La vraie ques­tion est celle de savoir com­ment, face à la déshé­rence démo­cra­tique, par­ve­nir au pro­jet d’autonomie indi­vi­duelle et col­lec­tive — soit, selon Castoriadis, le « pro­jet d’une socié­té où tous les citoyens ont une égale pos­si­bi­li­té effec­tive de par­ti­ci­per à la légis­la­tion, au gou­ver­ne­ment, à la juri­dic­tion et fina­le­ment à l’institution de la socié­té » ? Suffit-il d’invoquer quelques grandes idées (le tirage au sort, la vota­tion, la démo­cra­tie directe) ou doit-on y ajou­ter d’autres mesures plus gra­duelles comme l’instauration d’un congé poli­tique pour toutes et tous (et pas uni­que­ment les agents de l’État ou les pro­fes­sions libé­rales), l’extension de la démo­cra­tie aux domaines éco­no­mique et social ? Cet appro­fon­dis­se­ment de la démo­cra­tie néces­site de ne pas la limi­ter à des aspects for­mels (certes essen­tiels) comme le droit de vote, mais de la faire vivre au quo­ti­dien, d’en étendre le champ d’action et de réha­bi­li­ter de la conflic­tua­li­té, de l’utopie, de la déso­béis­sance civile et du commun.

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Les par­tis poli­tiques et les syn­di­cats sont mas­si­ve­ment reje­tés ou igno­rés. Vouloir rompre avec la socié­té capi­ta­liste implique-t-il de créer de nou­velles orga­ni­sa­tions ou de revi­ta­li­ser ces anciens col­lec­tifs héri­tés du mou­ve­ment ouvrier ?

Vraisemblablement les deux. Et, en ce sens, le mou­ve­ment des gilets jaunes est assez emblé­ma­tique et inter­pel­lant, notam­ment parce qu’il s’est consti­tué dès le départ sur la base de reven­di­ca­tions que les orga­ni­sa­tions syn­di­cales posaient et por­taient. Mais les gilets jaunes ne sont, de manière géné­rale, pas repré­sen­tés et ne se sentent pas repré­sen­tés par les orga­ni­sa­tions syn­di­cales. Cela veut donc dire que pour les syn­di­cats, il serait oppor­tun et impor­tant de repré­sen­ter et sur­tout d’organiser ces tra­vailleurs pré­ca­ri­sés — entre autres. On peut faire le pari que ce pro­ces­sus pour­rait insuf­fler un second souffle au mou­ve­ment. Le rai­son­ne­ment vaut éga­le­ment pour les tra­vailleurs exploi­tés dans l’éco­no­mie de pla­te­forme. Cette arti­cu­la­tion et cette conver­gence des luttes per­met­traient aus­si de remettre une couche de ver­nis sur la lutte des classes, de l’actualiser pré­ci­sé­ment au moment où cer­tains pro­clament qu’il n’y a plus d’idéologie — cette décla­ra­tion étant elle-même hau­te­ment idéologique.

« Le nombre de pro­lé­taires n’a jamais été aus­si éle­vé : ces per­sonnes qui n’ont pour vivre que leur force de tra­vail, phy­sique ou intellectuelle. »

Or — et ceci n’est qu’un para­doxe appa­rent —, le sala­riat pri­vé et public ne cesse de croître dans la socié­té par rap­port aux agri­cul­teurs, aux indé­pen­dants, aux pro­fes­sions libé­rales. Ce qui revient à dire que le nombre de pro­lé­taires (ces per­sonnes qui n’ont pour vivre que leur force de tra­vail, phy­sique ou intel­lec­tuelle) n’a jamais été aus­si éle­vé quand, dans le même temps, la part des richesses pro­duites lui reve­nant est en baisse constante. Mais l’atomisation des struc­tures de pro­duc­tion, l’intérim, la flexi­bi­li­té, la fluc­tua­tion des contrats, la dis­pa­ri­tion pro­gres­sive des grandes concen­tra­tions ouvrières, l’externalisation, la sous-trai­tance, la pré­ca­ri­sa­tion, la fra­gi­li­sa­tion ou la dis­pa­ri­tion des sta­tuts dans la fonc­tion publique, toutes ces nou­velles formes d’organisation du tra­vail diluent la conscience de masse, indi­vi­dua­lisent et isolent les êtres, et induisent la dis­pa­ri­tion de la per­cep­tion des inté­rêts com­muns de classe. Et l’absence de pers­pec­tive glo­bale remet­tant en cause cette vision ne contri­bue pas à rani­mer la conscience de classe qui s’étiole. L’individu se voit ain­si pré­sen­ter des enne­mis de sub­sti­tu­tion : le chô­meur, l’étranger, le col­lègue qui lorgne son enviable sta­tut… Un véri­table tra­vail de redé­fi­ni­tion et d’identification de ces muta­tions serait bénéfique.

Et les partis ?

La ques­tion m’inspire moins d’optimisme, même s’il faut nuan­cer. Si les par­tis tra­di­tion­nels s’étiolent, force est éga­le­ment de consta­ter qu’ils muent. Ils deviennent de plus en plus des outils tour­nant à vide, qui se parlent à eux-mêmes et sont recon­fi­gu­rés comme une petite entre­prise au ser­vice d’un lea­der entre­pre­neur. Ils se voient confron­tés à des mou­ve­ments dont la durée de vie se limite de plus en plus à une séquence élec­to­rale. À force d’avoir pra­ti­qué l’alternative sans alter­nance et pro­fes­sion­na­li­sé la chose poli­tique, il n’est pas éton­nant de voir s’installer une désaf­fec­tion, un désen­chan­te­ment, voire une défiance. D’un autre côté, on ne peut pas pas­ser à côté de ce qui se passe dans le monde anglo-saxon : le Labour Party, sous l’égide de Jeremy Corbyn, rede­vient un par­ti de masse et recrute de jeunes électeurs.

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Quelle est donc sa recette ?

Malgré l’hostilité d’une grande par­tie des par­le­men­taires et de l’appareil de son propre par­ti, Corbyn sou­haite tour­ner la page du blai­risme et en reve­nir aux fon­da­men­taux du Parti tra­vailliste. Ce qui implique de rame­ner dans le giron public le rail, l’eau, l’énergie et la poste : un pro­gramme cohé­rent, por­teur de chan­ge­ment et d’espoir. Et, par ana­lo­gie avec ce qui se passe aux États-Unis autour de la cam­pagne de Bernie Sanders et d’autres francs-tireurs démo­crates, ce phé­no­mène est tout sauf le fruit du hasard. Depuis quelques années, un réseau de sou­tien, Momentum, a notam­ment envoyé par­tout dans le pays des équipes mobiles de vidéastes et de mon­teurs, créant chaque jour de courtes vidéos chocs pour nour­rir les réseaux sociaux. Avec Momentum, qui se défi­nit comme un mou­ve­ment popu­laire, le Labour Party a déve­lop­pé un logi­ciel, Chatter, qui per­met de se trans­for­mer en fan­tas­sins sur le ter­rain. Ces méthodes marient en quelque sorte le hap­pe­ning poli­tique du pas­sé avec le mili­tan­tisme tech­no­lo­gique d’aujourd’hui.

Mais l’État est-il com­pa­tible avec l’idéal d’une socié­té autonome ?

« Pensons au Chiapas ou au Rojava, ce ter­ri­toire de la taille de la Belgique dans le Kurdistan auto­nome syrien qui réin­vente la poli­tique par l’instauration d’un confé­dé­ra­lisme démocratique. »

Dans l’absolu, non. Mais la socié­té auto­nome qui désigne le fait de se gou­ver­ner, de se diri­ger sans être sous la tutelle d’un autre est un pro­jet, un pro­ces­sus et un idéal — il y a donc de nom­breuses étapes et démarches à accom­plir, d’autant que, dans notre socié­té, nous sommes « condi­tion­nés à l’obéissance ». Tout comme le modèle démo­cra­tique actuel vise à anéan­tir l’imagination, sa domi­na­tion repose éga­le­ment sur la coopé­ra­tion des domi­nés, sur notre obéis­sance, notre accep­ta­tion. L’évolution au cours de ces der­nières décen­nies — de l’État social vers l’État puni­tif — semble indi­quer que le che­min sera long… Mais des exemples, des lucioles existent. Pensons au Chiapas ou au Rojava, ce ter­ri­toire de la taille de la Belgique dans le Kurdistan auto­nome syrien qui réin­vente la poli­tique par l’instauration d’un confé­dé­ra­lisme démo­cra­tique. Là-bas, dit David Graeber, « un ave­nir sans État se construit contre le capi­ta­lisme en s’appuyant sur l’écologie et le fémi­nisme et en uti­li­sant un sys­tème unique de pou­voir dual avec les mêmes gens sié­geant dans deux enti­tés ». Le Rojava expé­ri­mente une forme de coopé­ra­tion et d’autogestion basées sur les théo­ries du muni­ci­pa­lisme liber­taire.

Vous dites dans votre livre Une éclipse et des lucioles que des phé­no­mènes aus­si extrêmes que l’apparition de Daech sur nos sols a notam­ment pour cause l’emprise du néo­li­bé­ra­lisme sur nos vies et le monde dans lequel nous évoluons…

Dans La Foulée de Patrick Marcolini, l’hypothèse de tra­vail est la sui­vante : « Si la socié­té actuelle pro­duit l’extrémisme comme la nuée porte l’orage, c’est parce que les valeurs qu’elle pro­page se placent toutes sur le ter­rain de l’excès, de la sur­en­chère et du refus des limites sous toutes leurs formes. » Avec un néo­li­bé­ra­lisme qui res­pon­sa­bi­lise à tout crin l’individu et les choix qu’il pose, ce sys­tème en sur­en­chère per­ma­nente induit une fatigue d’être soi et un sou­hait de se replier sur un sys­tème de sens pré­dé­fi­ni. Dans ce cadre, explique Fethi Benslama, « l’is­la­misme com­porte la pro­messe d’un retour au monde tra­di­tion­nel où être sujet est don­né, alors que dans la civi­li­sa­tion moderne l’in­di­vi­du est une super­pro­duc­tion de lui-même qui l’o­blige à un tra­vail haras­sant. […] Certains jeunes pré­fèrent aujourd’­hui l’ordre ras­su­rant d’une com­mu­nau­té avec ses normes contrai­gnantes, l’as­si­gna­tion à un cadre auto­ri­taire qui les sou­lage du désar­roi de leur liber­té et d’une res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle sans res­sources ». Le recru­te­ment s’opère d’une manière ana­logue aux choix pro­po­sés par les grilles néo­li­bé­rales : une offre d’identité est choi­sie selon des cri­tères de consom­ma­tion défi­nis et aidés par les nou­velles tech­no­lo­gies, une sorte d’achat impul­sif sur la toile. Par le tru­che­ment des biais de confir­ma­tion chers aux réseaux sociaux, Internet est le ter­rain le plus favo­rable qui soit pour le déve­lop­pe­ment de groupes extré­mistes, voire inté­gristes, qui n’omettront pas, par ailleurs, de liker leurs sta­tuts et de gazouiller leurs faits d’armes en bons consom­ma­teurs nar­cis­siques ayant inté­gré les codes néolibéraux.

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Comment ne pas voir, avec Roland Gori, dans l’émergence des nou­veaux croi­sés de Daech une sorte de réac­tion à ce monde néo­li­bé­ral qui les rejette et en fait une popu­la­tion sur­nu­mé­raire ? « Face à la vio­lence d’un ratio­na­lisme éco­no­mique mor­bide qui ne voit dans l’humain et dans la nature qu’un stock d’énergie à exploi­ter à l’infini dans un monde glo­ba­li­sé, explique-t-il ain­si, de nou­velles formes de vio­lence émergent qui peuvent s’exprimer par le retour à des popu­lismes, à des natio­na­lismes, des inté­grismes contri­buant à des replis iden­ti­taires, eth­niques ou reli­gieux, voire à ce que je nomme des théo­fas­cismes. » Comme si Daech était le pro­duit et l’anticorps d’une hégé­mo­nie cultu­relle, celle de la reli­gion du marché.

Vous réha­bi­li­tez le cli­vage gauche-droite en tant que cli­vage socio­po­li­tique fon­da­men­tal. De nom­breuses per­sonnes le remettent en ques­tion de nos jours : il ne serait plus capable d’interpréter les enjeux contem­po­rains ou de ras­sem­bler le grand nombre. Comment s’en­tend votre défense ?

« L’opposition peuple/élites doit être conçue en termes d’intérêts de classe. Le popu­lisme de gauche doit être uti­li­sé pour conqué­rir le pouvoir. »

Les mots et les concepts peuvent par­fois pié­ger. Alors que la social-démo­cra­tie a enté­ri­né dans tous les domaines la domi­na­tion de la bour­geoi­sie culti­vée, qu’elle n’a eu de cesse de recou­rir à une bouillie séman­tique d’ordre mana­gé­rial et qu’elle a per­tur­bé l’axe gauche-droite, il devient de plus en plus dif­fi­cile s’y retrou­ver entre « gauche », « socia­lisme », « pro­gres­sisme » et tut­ti quan­ti. Après la chute du Mur de Berlin, la plu­part des par­tis sociaux-démo­crates ont aban­don­né les réformes de struc­ture et la volon­té mani­feste de s’opposer radi­ca­le­ment au néo­li­bé­ra­lisme. Cette muta­tion a été dûment label­li­sée dans cer­tains pays — pen­sons à la troi­sième voie de Tony Blair en Grande-Bretagne ou au nou­veau centre en Allemagne, sous l’égide de Gerhard Schröder, avec pour corol­laire l’abandon de la lutte et aus­si des classes popu­laires. Dans la plu­part des pays euro­péens, la social-démo­cra­tie va perdre la confiance popu­laire et peu à peu le pou­voir parce qu’elle n’au­ra pas su se dis­tin­guer du libé­ra­lisme éco­no­mi­que­ment domi­nant. L’aspiration à l’é­ga­li­té va céder la place à la recherche de l’é­qui­té et de la jus­tice sociale. L’émancipation passe à la trappe en faveur de la garan­tie des sta­tuts sociaux conquis, voire de la ges­tion de la moder­ni­sa­tion de ceux-ci. L’extrême centre pro­fite de cette situa­tion pour dépas­ser et rendre obso­lète le cli­vage gauche-droite.

Et nous voi­là à Macron…

Sa cam­pagne pré­si­den­tielle l’illustre à mer­veille : ni de gauche, ni de droite, donc de droite. Sous réserve d’une mise à jour, d’une réac­ti­va­tion et d’une défense ferme, rien n’indique que la lutte des classes et l’axe gauche-droite soient dépas­sés. Bien au contraire. Face à l’état de déla­bre­ment dans lequel la plu­part des par­tis de gauche ont été lais­sés, il n’est peut-être pas stra­té­gi­que­ment inop­por­tun de se sai­sir du moment popu­liste pour pro­cé­der à une recons­truc­tion de mou­ve­ments ou de par­tis clai­re­ment anti­ca­pi­ta­listes qui ajou­te­raient à la lec­ture clas­siste le com­bat pour une tran­si­tion éco­lo­gique autre que le green­wa­shing. Je parle de « moment popu­liste » comme si nous étions en face d’une érup­tion vol­ca­nique : il se déroule entre le moment où la lave quitte l’état de fusion et se sédi­mente pour lais­ser la place à une nou­velle confi­gu­ra­tion. Si ce moment popu­liste implique de recou­rir à la lec­ture laclau-mouf­fienne1 et sa grille oppo­sant le peuple à une élite ou à la caste, il peut être vec­teur d’une méthode per­met­tant à la « gauche » de se rabi­bo­cher avec ce qu’elle a mépri­sé. De réha­bi­li­ter et de recons­truire un peuple. C’est un pro­ces­sus qui devrait per­mettre de réin­tro­duire la conscience de classe par le biais d’une gauche popu­laire cen­trée sur les gens modestes et de nou­veaux modes de vie. Cette notion est proche de la « décence ordi­naire » déve­lop­pée par George Orwell puis par Jean-Claude Michéa. Pour le dire autre­ment, on peut poser la ques­tion de savoir si un popu­lisme de gauche est envi­sa­geable, voire sou­hai­table. Et la réponse ou le pari pour­rait être de dire : oui, à cer­taines condi­tions. L’opposition peuple/élites doit être conçue en termes d’intérêts de classe. Le popu­lisme de gauche doit être uti­li­sé pour conqué­rir le pou­voir mais il faut le rendre de manière effec­tive à la popu­la­tion — ce qui per­met d’éviter l’écueil du lea­der, lider maxi­mo, füh­rer : le choix de la langue reste encore libre — afin qu’il reste connec­té aux aspi­ra­tions de celle-ci. Il doit ser­vir les inté­rêts des couches popu­laires, donc réduire les inégalités.

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Vous affir­mez que le centre est en réa­li­té bien plus into­lé­rant qu’on ne le pense. Cette posi­tion poli­tique a pour­tant tou­jours été décrite comme garante de modé­ra­tion et de rai­son. Comment expli­quez-vous ce paradoxe ?

La poli­tique de l’extrême centre — je ren­voie volon­tiers aux ouvrages essen­tiels d’Alain Deneault — est dési­gnée comme telle parce que cette poli­tique qui nie la poli­tique est extrême au sens moral, parce qu’elle est into­lé­rante à tout ce qui n’est pas elle. Le centre est excluant et exclu­sif. Il se défi­nit comme étant ce qui est nor­mal, prag­ma­tique, réa­liste, néces­saire. Son dis­cours prag­ma­tique et nor­mal natu­ra­lise et rend iné­luc­table. Sous cou­vert de modé­ra­tion et de bon sens, ses tenants mettent en œuvre un pro­jet dont les moyens et les fins sont en fait bru­taux, ce qui nous pousse à pen­ser que les vrais radi­ca­li­sés ne sont pas ceux que l’on croit : ils sont au pou­voir. La vio­lence à l’égard des gilets jaunes et l’affaire Benalla sont symp­to­ma­tiques. Le pro­gramme de ce centre est simple, il se résume en cinq points : plus d’argent pour les action­naires ; pour les entre­prises, un accès aisé aux para­dis fis­caux ; une réduc­tion de l’État au rôle d’agent de sécu­ri­té des inves­tis­seurs ; moins de ser­vices publics ; moins de droits pour les tra­vailleurs. Ce que tra­duisent et mettent en place les ordon­nances autour du code du tra­vail : réduc­tion des coti­sa­tions sociales, du coût du tra­vail, sim­pli­fi­ca­tion des règle­ments, condi­tion­na­li­té des allo­ca­tions de chô­mage, atteinte à la hié­rar­chie des normes, soit l’application d’un néo­li­bé­ra­lisme prag­ma­tique et technocratique.

« Les vrais radi­ca­li­sés ne sont pas ceux que l’on croit : ils sont au pou­voir. La vio­lence à l’égard des gilets jaunes et l’affaire Benalla sont symptomatiques. »

Les dif­fé­rences entre les dis­cours des uns et des autres sont minimes. Les sym­boles plus que les fon­de­ments divergent, dans une appa­rence de dis­corde. Les « mesures équi­li­brées », « juste milieu », ou « com­pro­mis » sont éri­gées en notions fétiches. Il est ici ques­tion d’un sabor­dage de la poli­tique par le monde poli­tique. La poli­tique mana­gé­riale y prend toute la place. La gou­ver­nance est et reste la pièce maî­tresse, le pivot autour duquel tout gra­vite : sous cou­vert de saine ges­tion des ins­ti­tu­tions publiques, l’ac­tion poli­tique a été réduite à une tech­nique qui doit appor­ter une solu­tion à un pro­blème qui sur­git (ce que les manuels de mana­ge­ment appellent le « pro­blem sol­ving »). Mais cette inter­ven­tion pure­ment tech­nique se passe de toute réflexion sur le long terme fon­dée sur des prin­cipes, de toute vision poli­tique du monde publi­que­ment débat­tue. En guise d’illustration, nous pour­rions reve­nir sur le début de man­dat d’Emmanuel Macron : les mesures mises en exergue dès le début, à savoir la « réforme » (soit le déman­tè­le­ment) du code du tra­vail et l’inscription de l’état d’urgence dans le droit com­mun, res­sor­tissent indu­bi­ta­ble­ment de ce qu’Alain Deneault dépeint comme une poli­tique d’extrême centre.

Revenir au peuple, c’est aus­si res­tau­rer la digni­té de ces figures sou­vent hon­nies par la gauche que sont le « beauf », le « bido­chon », le « bara­ki2 » et autre « chav3 » ?

Indubitablement. Pour reprendre le titre d’un article de David Van Reybrouck paru dans Wilfried, nous devons apprendre à aimer ceux que nous aimons détester.

Qui est ce « nous » ?

La gauche deve­nue très urbaine, très cos­mo­po­lite, très édu­quée, très bien-pen­sante et tota­le­ment acquise à l’idée de « socié­té ouverte ». Il faut sor­tir de ces éti­quettes. « Barakis de ker­messe », « chavs », « ter­ro­ni4 », « kloot­jes­volk5 », « beaufs » : chaque langue dis­pose de son arse­nal séman­tique pour se moquer effron­té­ment du pro­lé­ta­riat blanc avec une volon­té évi­dente de le dia­bo­li­ser. Plutôt que de pro­cé­der à leur dia­bo­li­sa­tion et ain­si accen­tuer le res­sen­ti­ment et le sen­ti­ment d’abandon, il s’agirait de cocons­truire une vision par­ta­gée d’une vie bonne et un récit enchan­teur plein d’espoir, un récit direct et acces­sible qui vise­rait à extraire la pen­sée néo­li­bé­rale de la tête des citoyens. Il s’agirait donc de dépas­ser le mépris de classe et les juge­ments moraux et de tâcher de com­prendre les condi­tions de vie de chacun·e, de ces­ser ain­si de les aban­don­ner à leur triste sort pour les impli­quer à nou­veau dans un pro­jet de socié­té éman­ci­pa­teur et pro­gres­siste, qui les concerne au pre­mier plan.

Miniature calendar (Tatsuya Tanaka)]

Le popu­lisme réha­bi­lite les pas­sions en poli­tique. À quoi on pour­ra vous oppo­ser que les pas­sions engendrent la haine et obli­tèrent tout esprit cri­tique. Comment rendre la poli­tique sen­sible sans ver­ser aus­si­tôt dans la démagogie ?

C’est un pari. Mais ce qui n’a pas été fait par la rai­son ne peut pas être défait par la rai­son. Si on veut s’opposer à cer­taines idées construites par les affects, il fau­drait envi­sa­ger de recou­rir aux mêmes méthodes : se sai­sir de la rage, de la colère expri­mées et de les réorien­ter vers des rives pro­gram­ma­tiques plus favo­rables à une réap­pro­pria­tion démo­cra­tique — fût-elle radi­cale — par et pour les couches pré­ca­ri­sées de la popu­la­tion. Ce popu­lisme ou contre-popu­lisme éman­ci­pa­teur serait à même de repré­sen­ter et d’agréger les demandes sociales aban­don­nées par les par­tis tra­di­tion­nels et de les réar­ti­cu­ler dans un registre qui ne serait pas xéno­phobe et qui pour­rait notam­ment faire bas­cu­ler le dégoût abs­ten­tion­niste en retour sur la voie élec­to­rale. Une méthode qui en somme poli­ti­se­rait la dou­leur, orga­ni­se­rait la rage, défen­drait la joie, mobi­li­se­rait les pas­sions — pour para­phra­ser un des slo­gans de Podemos. Pour construire un « nous », Chantal Mouffe pré­co­nise d’oser recou­rir aux affects alors que la gauche a tou­jours été très timo­rée sur ce plan, pré­fé­rant les appels à la rai­son à la mobi­li­sa­tion des pas­sions — et par­tant, lais­ser les adver­saires de droite occu­per ce ter­rain. Cette défi­ni­tion du « nous » sera pri­mor­diale pour jau­ger du carac­tère pro­gres­siste de la fron­tière éta­blie entre le « nous » et le « eux » : le « nous » est-il inclu­sif ou exclusif ?

Peut-on, comme le font la grande majo­ri­té des orga­ni­sa­tions qui aspirent aujourd’­hui au pou­voir, faire l’impasse sur la vio­lence si l’on veut réel­le­ment chan­ger la société ?

« Il semble à tout le moins judi­cieux de mon­trer les capa­ci­tés d’autodéfense des domi­nés et d’ouvrir ce débat, angle mort de la réflexion à gauche… »

Puisque l’État est le déten­teur de la vio­lence légi­time et que nous arri­vons à un stade où le néo­li­bé­ra­lisme cesse de plaire et ne peut — ne veut ? — plus redis­tri­buer quen­quelques miettes des richesses pro­duites par les tra­vailleurs, force est de consta­ter que l’État devient de plus en plus répres­sif. Face à cela, la ques­tion du recours à la force — plu­tôt qu’à la vio­lence — par les oppo­sants au sys­tème implique de se mou­voir dans une zone grise et de tâcher de répondre à la ques­tion de savoir ce qui est violent : la des­truc­tion de biens l’est-elle ? Face à la vio­lence sym­bo­lique, sociale et struc­tu­relle exer­cée par l’autorité, il s’avère par­fois impos­sible de ne pas répli­quer par la force. Ce recours à la force se mani­feste éga­le­ment parce que les gou­ver­ne­ments de l’extrême centre n’ont eu de cesse de saper la per­ti­nence et la cré­di­bi­li­té des corps inter­mé­diaires sup­po­sés agir comme tam­pon ; ce fai­sant, ils ont ouvert un bou­le­vard à un fleuve qu’aucune berge ne venait conte­nir. Dans un ouvrage récent, Peter Gelderloos, un acti­viste anar­chiste éta­su­nien, pose la ques­tion de savoir si la non-vio­lence ne rend pas les mou­ve­ments sociaux inef­fi­caces. Sa réflexion plonge ses racines dans l’histoire de la lutte des classes amé­ri­caine. Il se réfère aux IWW, au com­bat des Amérindiens pour leurs droits et aux luttes des Afro-Américains pour leur éman­ci­pa­tion. Il consi­dère que pour chan­ger un sys­tème basé sur la coer­ci­tion et la vio­lence, le mou­ve­ment qui s’y oppose doit repré­sen­ter une menace, sans quoi rien ne chan­ge­ra et les appels à la conscience seront inef­fi­caces. Sans plai­der ouver­te­ment en faveur de la vio­lence, Gelderloos reven­dique une diver­si­té des degrés de vio­lence face à l’adversaire : comme dans les AlterSummit, les par­ti­ci­pants à une action pour­raient choi­sir déli­bé­ré­ment jusqu’où ils sont prêts à aller avec une répar­ti­tion en zones — la zone rouge pour l’affrontement avec la police, la jaune pour la déso­béis­sance civile et la verte pour la fête et le repos.

De manière polé­mique, Gelderloos dénonce assez vigou­reu­se­ment la pos­ture into­lé­rante de la non-vio­lence : celle-ci serait inef­fi­cace, raciste et patriar­cale. Développons. Elle est tout d’abord une pos­ture de pri­vi­lé­gié : il est assez aisé d’être paci­fiste quand on n’est pas confron­té quo­ti­dien­ne­ment à la vio­lence ins­ti­tu­tion­nelle et sym­bo­lique de l’État et de ses repré­sen­tants. Elle assure le mono­pole de la vio­lence à l’État et aide ce der­nier en lui per­met­tant de don­ner l’impression qu’il admet une cri­tique (sur­tout si cette der­nière est inof­fen­sive). Face à un sys­tème capi­ta­liste accu­lé dans ses der­niers retran­che­ments et ne recu­lant devant rien en terme d’oppression, comme la séquence fran­çaise semble l’indiquer — car il est per­ti­nent de rap­pe­ler que c’est tou­jours l’oppresseur, non l’opprimé, qui déter­mine la forme de la lutte —, et sans prendre une posi­tion tran­chée en la matière, il semble à tout le moins judi­cieux de mon­trer les capa­ci­tés d’autodéfense des domi­nés et d’ouvrir ce débat, angle mort de la réflexion à gauche…

Miniature calendar (Tatsuya Tanaka)]

On peut tout de même se deman­der si l’i­déal démo­cra­tique n’est pas, à terme, mena­cé par l’emprise des nou­velles technologies !

Dire que l’espace public a connu une méta­mor­phose radi­cale est un euphé­misme. Par le pas­sé, le nombre de lea­ders d’opinion était res­treint ; avec les réseaux sociaux, cha­cun peut en deve­nir un. La rapi­di­té accrue rend dif­fi­cile tout tra­vail de véri­fi­ca­tion. 44 % des États-uniens s’informent via Facebook : ce n’est pas rien. Les médias sociaux sont deve­nus des rédac­teurs mon­diaux et les hommes et femmes poli­tiques peuvent de plus en plus contour­ner les médias domi­nants — et ain­si contour­ner les ques­tions cri­tiques. Ce qui revient à dire que les médias sociaux leur per­mettent de saper la fonc­tion de contrôle démo­cra­tique dévo­lue au qua­trième pou­voir. Face à cette remise en cause de leur magis­tère, cer­tains édi­to­crates jugent oppor­tun de s’ériger en pres­crip­teur de com­por­te­ment en vou­lant trier le bon grain de l’ivraie dans l’empire de la post-véri­té et des fake news. Ce qui peut ren­for­cer la méfiance ! Le mode de fonc­tion­ne­ment des GAFAM6 et tut­ti quan­ti a des réper­cus­sions poli­tiques sur le plu­ra­lisme et sur la démo­cra­tie. Les GAFAM sont des opé­ra­teurs pri­vés qui, par le fonc­tion­ne­ment d’algorithmes, déter­minent et fixent ce qui est dit dans l’espace public. Ils défi­nissent en quelque sorte ce qui peut être dit ou pas. Ce sont ces mêmes algo­rithmes qui éta­blissent le for­mat : l’information sur les réseaux sociaux nous par­vient par le biais des algo­rithmes sécré­tés spé­ci­fi­que­ment pour chaque membre du réseau social en fonc­tion de sa bulle ; cha­cun est donc enfer­mé dans sa propre boucle d’informations, ce qui fait que nous ne voyons plus les mêmes choses : l’idée d’un espace public par­ta­gé comme base de la démo­cra­tie est morte.

Or l’information appar­tient à tous, c’est-à-dire à l’ensemble des citoyens qui en ont besoin pour com­prendre, ana­ly­ser et juger en conscience. Elle ne peut être aban­don­née aux caprices du mar­ché et aux inté­rêts des hommes d’affaires. Elle ne doit pas non plus être mono­po­li­sée par l’État. Elle est un bien com­mun, voire un com­mun. Ce qui revient à dire tout de go que les GAFAM devraient, dans le cadre du plu­ra­lisme visé, deve­nir des entre­prises publiques acces­sibles à tous avec une ges­tion des don­nées par les usa­gers. Les der­nières élec­tions viennent à nou­veau de l’illustrer : une sorte de nou­velle droite 2.0 inves­tit les réseaux sociaux. Grâce à la pré­sence sur Internet d’une pléiade de forums de dis­cus­sion et de pages Facebook, de la culture du troll qui consiste à pos­ter des avis et des com­men­taires afin de déclen­cher des réac­tions émo­tion­nelles, des com­mu­ni­ca­tions pré­ten­du­ment sati­riques deviennent vite virales et cette vira­li­té vise à construire un peuple numé­rique. Cet ordre numé­rique est un mou­ve­ment poly­cen­trique qui dis­pose d’un réper­toire d’actions col­lec­tives com­mun. Donc oui, il est per­mis de dou­ter de la com­pa­ti­bi­li­té de la démo­cra­tie avec l’évolution des nou­velles tech­no­lo­gies en l’absence de toute remise à plat.


Photographie de ban­nière : Miniature calen­dar, par Tatsuya Tanaka


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  1. Références aux théo­ri­ciens du popu­lisme de gauche : Ernesto Laclau et Chantal Mouffe.[]
  2. Équivalent belge de « beauf » ou « red­neck ».[]
  3. De même, au Royaume-Uni.[]
  4. En ita­lien : les « culs-ter­reux », pour dési­gner les habi­tants du sud.[]
  5. En néer­lan­dais, lit­té­ra­le­ment : le « peuple tes­ti­cu­laire ».[]
  6. Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.[]

REBONDS

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