Léon Werth, l'oublié

26 février 2015


Si cha­cun connaît Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, com­bien savent qui se cache sous le nom de son dédi­ca­taire ? « À Léon Werth. Je demande par­don aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande per­sonne. J’ai une excuse sérieuse : cette grande per­sonne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse : cette grande per­sonne peut tout com­prendre, même les livres pour enfants. J’ai une troi­sième excuse : cette grande per­sonne habite la France où elle a faim et froid. » Léon Werth l’insoumis, tel que son bio­graphe Gilles Heuré l’a nom­mé. Léon Werth le « jour­na­liste, liber­taire, anti­mi­li­ta­riste, sol­dat des tran­chées […], cri­tique d’art, nageur, dan­seur, voya­geur, écri­vain, poète et obser­va­teur », tel qu’il l’a décrit. L’Histoire l’a mis de côté. Réclamons-lui deux ou trois comptes.


werthLançons deux dates : 1878 et 1955. La pre­mière le vit naître et la seconde se devine. Fils d’un com­mer­çant et d’une mère issue de la petite noblesse pro­vin­ciale, le jeune Werth est ce que l’on nomme un élève modèle. Bien mal­gré lui pour­tant : les bancs d’école lui sont à ce point sinistres qu’il délaisse ceux des classes pré­pa­ra­toires pour gagner son pain sur les Halles. Pigiste puis jour­na­liste, il s’en va inter­vie­wer la fine fleur du Tout-Paris intel­lec­tuel et cultu­rel — mais avoue pré­fé­rer la com­pa­gnie des gre­dins ou des putains à celle de ce beau linge qu’il abo­mine. Werth écrit des nuits entières, opium et noix de kola à por­tée de main. Ses mots n’i­gnorent pas sur quel pied dan­ser ; l’homme n’a pas cou­tume de ména­ger ses coups. La plume frappe sans bavures : le verbe est pré­cis et la for­mule affi­lée. Werth sait que la pro­bi­té ne s’embarrasse pas d’artifices : sa pen­sée che­mine d’un pas franc. Le jar­gon et les grands mots ? Laissons cela aux beaux esprits qui bombent le torse pour l’Université et les salons.

« Le jar­gon et les grands mots ? Laissons cela aux beaux esprits qui bombent le torse pour l’Université et les salons. »

Le jour­na­liste s’avère tou­te­fois sans illu­sions sur la pro­fes­sion qu’il exerce. Trop de ses col­lègues, écrit-il, ne sont rien d’autre que des « mar­chands de lignes » sem­blables aux « mar­chands de viande ». André Gide, l’illustre Gide, lui demande un texte pour la NRF : Werth ne se pré­oc­cupe pas des exi­gences de l’écrivain et fait savoir qu’il n’acceptera pas la moindre coupe… Qu’une main exté­rieure modi­fie une seule de ses lignes le plonge dans des colères noires. Le natif des Vosges a l’œil sombre et l’âme cha­grine. Irritable, revêche, sus­cep­tible et capri­cieux. Le sou­rire chiche. On le sait intègre et impos­sible à cor­rompre. L’argent ? Werth s’en méfie comme des impor­tuns. Il lui arrive d’ailleurs d’enrouler un ser­pent à son poi­gnet lorsqu’il écrit afin que nul ne vienne le trou­bler. Ombrageux et impul­sif, sin­cère jusqu’à l’extrême… « Pessimiste ? Non, anar, oui. Ceux qui le connaissent savent qu’il a souf­fert. […] Une psy­cho­lo­gie un peu dou­lou­reuse, car appro­cher le plus près pos­sible de la vie est chez lui une obses­sion. […] La conscience de Werth, c’est une grande ligne de che­min de fer, c’est tout droit, direct, pas de bifur­ca­tion, pas d’embranchement », dira de lui le peintre fau­viste Vlaminck. Mais Léon Werth sait aus­si se mon­trer doux et affec­tueux, géné­reux et capable de beau­coup pour ceux qu’il aime. « Nature de fauve qui aurait un cœur », résume en trois traits l’un de ses amis.

Son pre­mier livre, paru en 1913, raconte sa lutte contre une mala­die qui faillit lui coû­ter la vie. L’ouvrage est en lice pour le Goncourt mais Werth pénètre dans la lit­té­ra­ture fran­çaise sans essuyer ses sou­liers : « L’institution des prix lit­té­raires est détes­table. Elle encou­rage la lit­té­ra­ture comme la cha­ri­té encou­rage la misère. On nour­rit quelques faux pauvres et on assas­sine les pauvres véri­tables et dignes », déclare-t-il alors, encar­té depuis peu à la Section fran­çaise de l’Internationale ouvrière. Werth sou­tient Gustave Hervé, fon­da­teur du jour­nal La Guerre sociale et acti­viste socia­liste célèbre pour sa cri­tique acerbe du mili­ta­risme et du colo­nia­lisme. Les articles de l’écrivain révèlent des posi­tions elles aus­si sans équi­voques : Werth pour­fend le natio­na­lisme, les puis­sances de l’argent, les cas­seurs de grèves, l’armée et le pou­voir clé­ri­cal. Il témoigne éga­le­ment de sa sym­pa­thie pour l’anarchiste Sébastien Faure et déclare que « le règne de l’or » lui est « into­lé­rable » en tant que mili­tant révo­lu­tion­naire. « Mon anar­chisme, explique-t-il, m’incline à vivre comme s’il n’y avait ni gou­ver­nants, ni diplo­mates. Je conçois un ordre où le roi et le diplo­mate sont inutiles. » L’époque, elle, est à la cocarde : les nations roulent des méca­niques et l’Europe sent la poudre poindre à l’horizon. La Patrie que l’on débite de bouches en bouches, Werth s’en méfie. Celle qu’il défend s’enracine dans la terre des tra­vailleurs, des serfs, des domi­nés, des révol­tés et des cœurs rétifs. Son pays est sa langue et « la patrie n’est qu’une forme mys­tique de l’administration » (Clavel sol­dat). Une balle per­fore le cou de l’archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914. Jaurès s’effondre un mois plus tard. La suite s’écrira au sang des innocents.

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Août 1914 © Excelsior-L'Equipe/Roger-Viollet

Léon Werth a trente-six ans et le voi­ci qui s’engage comme volon­taire dans l’armée fran­çaise. Qu’a‑t-il pu se pro­duire pour que ce paci­fiste en vienne à rejoindre le front ? « Tout homme qui s’échappe des cir­cons­tances est lâche. » La guerre est là, impos­sible à nier, impos­sible à fuir. La pen­sée a ren­du les armes et c’est au feu d’écrire l’avenir. Mais Werth se per­suade qu’il s’apprête à faire la guerre à la guerre, la der­nière des guerres, la guerre pour la paix : les morts bâti­ront un futur fraternel.

« Carcasses de che­vaux. Un sol­dat ivre veut plan­ter des choux entre les tran­chées. Ça sent la pisse. Des boyaux coulent. »

Excréments à même le sol. Un sol­dat éclate en larmes. Un autre de rire. Un fou cherche sa femme. Chairs écla­tées. Os bri­sés. Dieu chiale des obus. Et ce curé qui mar­monne : le devoir, le devoir dit-il, faut bien être là, là pour se battre. Carcasses de che­vaux. Un sol­dat ivre veut plan­ter des choux entre les tran­chées. Ça sent la pisse. Des boyaux coulent. Un sol­dat mur­mure : « Ce sont des pères de famille comme nous… » Une sen­ti­nelle s’endort ; un offi­cier lui tire une balle dans la tête. Werth lit L’Éthique de Spinoza sous les bombes et couche sur le papier sa rage, son amer­tume et son écœu­re­ment. La guerre est folie, la guerre est furie. Les corps s’écroulent en vain. Clairons, galons, dra­peaux. « Les hommes sont main­te­nant dociles comme des machines. » L’esprit révo­lu­tion­naire des masses ? Farces et fari­boles de phi­lo­sophes. Werth songe à tous ces Allemands, en face de lui, juste en face, à por­tée de canons, venus se battre pour une poi­gnée de puis­sants qu’ils ne ver­ront jamais. « Un même men­songe crée leur souf­france et la nôtre. » L’héroïsme ? Les géné­raux en rêvent mais le trou­fion en crève. Les indus­triels et les ban­quiers se chargent du reste… « La foule met son cœur stu­pide au ser­vice des com­bi­nai­sons diplo­ma­tiques. Elle est sem­blable aux domes­tiques qui s’enorgueillissent de l’argenterie de leur maître. » Un obus éclate tan­dis que Werth fume sa pipe : son humé­rus gauche est frac­tu­ré. On l’hospitalise à la fin du mois de sep­tembre 1915.

Sébastien Faure publie, en jan­vier 1917, un appel à la paix dans le jour­nal anar­chiste Ce qu’il faut dire. Werth y joint sa signa­ture et écrit quant à lui dans Le Journal du peuple. Le res­ca­pé jette son encre en eaux troubles : le Peuple n’est plus. Sa majus­cule s’est noyée dans la boue des tran­chées. Le peuple a ram­pé et ne s’est pas insur­gé lorsque les oli­garques l’ont conduit à l’abattoir. Werth n’a vu, par­tout, qu’obéissance, dis­ci­pline et garde-à-vous. L’armistice est signé dans la clai­rière de Rethondes : l’Allemagne a mor­du la pous­sière et la foule acclame la fin des hos­ti­li­tés comme elle a applau­di les trains char­gés de sol­dats il y a quatre années de cela. Werth raconte sa guerre dans deux ouvrages. Dix mil­lions d’âmes lui res­tent en tra­vers de la gorge. L’auteur refuse la pose mar­tiale, men­ton fier et larme épique. « On me repous­sa de par­tout », écri­ra-t-il trois décen­nies plus tard…

« Le res­ca­pé jette son encre en eaux troubles : le Peuple n’est plus. Sa majus­cule s’est noyée dans la boue des tranchées. »

Les ailes de l’aigle impé­rial sont bri­sées sous les assauts du peuple russe. Werth a sans doute per­du la foi en la Révolution mais cela ne l’empêche pas de se mon­trer favo­rable au mou­ve­ment bol­che­vik, mené par Lénine, au point de s’opposer au blo­cus éco­no­mique impo­sé par les Alliés. Quant à la France, elle danse. Montmartre et Montparnasse balancent leurs jambes sur du char­les­ton. La joie de vivre joue du jazz. Les corps vire­voltent et Werth a le cœur ser­ré : le monde guinche sur des cadavres ! Invalides, orphe­lins, gueules cas­sées : oubliés !

Il embarque pour l’Indochine en 1924 et racon­te­ra son séjour dans Cochinchine. Les por­teurs d’eau de l’Empire récitent leurs odes à la Civilisation et Werth note dans jour­nal, en 1952 : « Mille kilo­mètres de route ne com­pensent pas un seul acte de cruau­té ou de gou­ja­te­rie. » Il ne peut conte­nir la honte qu’il éprouve à voir la bru­ta­li­té de ses com­pa­triotes, « leur volon­té d’abaisser » et leur « orgueil insen­sé ». L’écrivain se lie d’amitié avec Nguyen An Ninh, mili­tant indé­pen­dan­tiste et tra­duc­teur de Rousseau, puis prend sa défense lorsqu’il sera incul­pé par les auto­ri­tés impé­ria­listes. Le Vietnamien décla­re­ra que Léon Werth fut le pre­mier Européen à lui don­ner confiance en l’homme. « La colo­ni­sa­tion est une forme pre­mière du fas­cisme », écri­ra le Français, dans les années qua­rante, lorsqu’il vivra à son tour sous occupation.

« Socialiste sans uni­forme. Il abhorre les pan­tins du Parti qui boivent ses édits comme du vin de messe. Il exècre les jon­gleurs de concepts pour qui la véri­té n’est qu’affaire de papier. »

C’est en 1931 que Léon Werth se retrouve rédac­teur en chef d’un heb­do­ma­daire de gauche, Monde. Socialiste, Werth l’est et le res­te­ra mais sans jamais voter. Socialiste sans uni­forme. Il abhorre les pan­tins du Parti qui boivent ses édits comme du vin de messe. Il exècre les jon­gleurs de concepts pour qui la véri­té n’est qu’affaire de papier. Il vomit le caté­chisme révo­lu­tion­naire qui convoque Engels à toutes les phrases pour se dis­pen­ser d’avoir à pen­ser. Il tient en hor­reur la pure théo­rie, ce Paradis où le réel devient ce que l’on veut qu’il soit. Les livres ne peuvent plus rien dans les tran­chées : Werth n’a pas oublié, lui qui confie volon­tiers son admi­ra­tion pour le monde pay­san et son socia­lisme concret (« Vivre de la terre et ne pas vivre comme des bêtes », résume-t-il dans Déposition). Un édi­teur l’éconduit : « Vous êtes un homme seul et votre pen­sée, par là même, devient très dif­fi­cile à défi­nir. » L’écrivain se tient hors des clous dont tant usent pour cru­ci­fier les chats errants : les auto­ri­tés sovié­tiques refusent de lui accor­der un visa et Simone de Beauvoir le traite de « chien de garde » de la bour­geoi­sie, dans un article où son nom côtoie celui du fas­ciste Drieu la Rochelle… Le Grand Soir, avance Werth, ne jus­ti­fie pas à lui seul tous les moyens. Contre les « hommes-ser­pents du sta­li­nisme », il prend la défense de Victor Serge, ancien anar­chiste pas­sé au trots­kysme et dépor­té par le pou­voir com­mu­niste. Les deux hommes devien­dront amis et Werth pré­fa­ce­ra l’un de ses ouvrages. Serge ne ces­se­ra de le fas­ci­ner : com­ment fait-il encore pour espé­rer, pour croire encore que demain sera meilleur pour les gens du quotidien ?

Les puis­sances fas­cistes paradent sur le Vieux Continent. La France ne tarde pas à plier le genou devant la force alle­mande et Pétain fait à la patrie, pré­tend-il, « le don de sa per­sonne ». Les bottes enne­mies pié­tinent Paris le 14 juin 1940. Les popu­la­tions civiles fuient. Werth et quelques proches tra­versent le pays, un mois durant, à bord d’une vieille Bugatti. Avec lui, un seul ouvrage : Terre des hommes de son ami Saint-Exupéry (qui rédi­ge­ra sa Lettre à un otage pour Werth). Les mili­taires alle­mands qu’il croise sont polis et propres sur eux. Ils se lavent au puits. « Ils vous dégoû­te­raient de l’eau à tout jamais. » Ils rient. Dents de vain­queurs. « Chez les sol­dats alle­mands, c’est une béa­ti­tude, un éta­le­ment de soi. » Werth publie­ra ces semaines d’exode dans un livre inti­tu­lé 33 jours : « Et s’il est quelque théo­ri­cien, en qui la pré­sence de l’Allemand ne réveilla point un sens natio­nal, je lui réponds que je n’aime pas le pri­son­nier qui flatte son geô­lier. »

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Antoine de Saint-Éxpupéry

Le Jura, zone libre, l’abrite. « La France est com­pa­rable à une usine incen­diée. Tout a crou­lé. » Léon Werth a main­te­nant plus de soixante ans mais il refuse de som­brer dans la rési­gna­tion la plus totale. Que faire ? Rejoindre de Gaulle en Angleterre ? Il aime­rait. Mais en a‑t-il encore l’âge ? Manque-t-il, s’interroge-t-il, de cou­rage ? Il consigne alors, jour après jour, sa vie d’homme esseu­lé. Que son âme, au moins, résiste en écri­vant la véri­té. Impressions, quo­ti­dien, pen­sées ; Werth livre des détails qui n’en sont pas. On lui raconte que les guides, entre les deux zones, se font payer pour aider les gens à pas­ser : « Je croyais qu’il était des ser­vices qu’on ne rému­né­rait pas. Cette pièce glis­sée (le tarif est, paraît-il, de cin­quante francs) me ferait croire en effet que « la France est fou­tue » ». Vichy bavoche dans les radios. Des disques d’une musi­cienne juive sont bri­sés en plein Paris. « Je tiens à une civi­li­sa­tion, à la France. Je n’ai pas d’autre façon de m’habiller. Je ne peux pas sor­tir tout nu. » Un régi­ment alle­mand défile sous ses yeux qui s’embuent aus­si­tôt. Pétain parle. Haut-le-cœur. Pourra-t-on encore user du terme « révo­lu­tion » après que le Maréchal, cette « pour­ri­ture enfer­mée dans une armure », a osé le faire tour­ner sous sa langue ? Un pay­san pauvre lui confie qu’il don­ne­rait bien une de ses vaches si cela pou­vait contri­buer à la vic­toire de l’Angleterre. Victor Serge l’implore de croire encore et de ne pas bais­ser les bras face à tous ceux qui, par­tout, se plaisent à les tendre en direc­tion de quelque füh­rer. « Les peuples sont deve­nus des chep­tels. L’État les fabrique en série sur un modèle stan­dard », observe Werth.

« Werth ne s’est jamais sen­ti juif mais Vichy sent pour lui qu’il doit l’être et le reconnaître. »

Son nom figure sur la liste des « Jüdische Autoren in franzö­si­scher Sprache », c’est-à-dire des écri­vains juifs de langue fran­çaise. Werth ne s’est jamais sen­ti juif mais Vichy sent pour lui qu’il doit l’être et le recon­naître : il se rend à la pré­fec­ture le 9 juillet 1941. « Je me sens humi­lié, c’est la pre­mière fois que la socié­té m’humilie. […] Je lan­çai le mot : Juif, comme si j’allais chan­ter La Marseillaise. » Les Allemands fusillent. Des ouvriers fran­çais partent par wagons dans le pays des fusilleurs. Sa femme, sépa­rée de lui, accueille des pilotes anglais ou cana­diens, des Juifs ain­si que des résis­tants. « Les gens du bourg sont inertes. Ils attendent une occa­sion pour pas­ser un licol à la fata­li­té. » 13 décembre : « Si Spinoza vivait en 1942, il serait dans un camp de concen­tra­tion ou fusillé. » L’Allemagne capi­tule trois ans plus tard. Werth assiste au pro­cès de Philippe Pétain en tant que jour­na­liste, aux côtés de Kessel et Bernanos. Le sau­veur de Verdun semble per­du, éteint, las. L’écrivain ne sou­haite pas sa mort mais espère la dégra­da­tion mili­taire pour tra­hi­son. Le géné­ral de Gaulle com­mue la peine capi­tale en déten­tion à perpétuité.

Son épouse décède en 1949. Le temps pas­sant char­rie les doutes : « Qu’ai-je fait ? Qu’ai-je écrit ? Rien. Ne me dites pas non… je ne vous croi­rais pas. » Les édi­teurs ne le signent plus. Il grif­fonne en 1952 : « Je suis un raté. Je ne me le dis­si­mule pas. Littérairement, je n’existe pas. » Il s’éteint trois ans plus tard, à Paris, à l’âge de 77 ans, lais­sant un fils der­rière lui.

*

« Si toutes ces excuses ne suf­fisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autre­fois cette grande per­sonne. Toutes les grandes per­sonnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en sou­viennent.) Je cor­rige donc ma dédi­cace : À Léon Werth quand il était petit gar­çon », Antoine de Saint-Exupéry.

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