« Le principe du socialisme est de tuer le mâle dominant »

16 juillet 2021


Depuis la fin des années 1970, le Parti des tra­vailleurs du Kurdistan (PKK) entend lut­ter pour l’é­man­ci­pa­tion des popu­la­tions kurdes oppri­mées en Turquie, en Irak, en Syrie et en Iran. Au fil des ans, il a rom­pu avec le mar­xisme-léni­nisme de ses ori­gines pour se faire le pro­mo­teur d’un socia­lisme à ambi­tion éco­lo­gique : le confé­dé­ra­lisme démo­cra­tique. C’est en 2005 que le mou­ve­ment de gué­rilla — consi­dé­ré comme « ter­ro­riste » par le pou­voir turc et l’Union euro­péenne — l’a offi­ciel­le­ment adop­té. La jour­na­liste et fémi­niste Havin Guneser vient de publier l’ou­vrage The Art of Freedom : une syn­thèse his­to­rique du com­bat anti­co­lo­nia­liste kurde. Nous en publions quelques pages, tra­duites pour l’oc­ca­sion ; l’au­trice y expose l’un des piliers théo­riques du socia­lisme com­mu­na­liste : l’é­ga­li­té entre les sexes.


Les aspi­ra­tions du peuple kurde, et en par­ti­cu­lier celles des femmes kurdes — à com­men­cer par la lutte et la résis­tance achar­nées de Sakine Cansız [cofon­da­trice du PKK assas­si­née à Paris en 2013, ndlr] face aux hor­ribles tor­tures qu’elle a subies — a per­mis aux femmes d’oc­cu­per une place consi­dé­rable. […] Au début, la lutte des femmes au sein du PKK n’ou­tre­pas­sait pas les fron­tières de la vieille gauche — pas plus qu’elle ne pou­vait être conte­nue par elles. Öcalan [cofon­da­teur et théo­ri­cien du PKK, ndlr] joue à ce titre un rôle impor­tant, à la fois comme stra­tège et comme lea­der poli­tique du mou­ve­ment kurde. Il n’a igno­ré ni l’as­ser­vis­se­ment des femmes, ni leur désir de liber­té et leur lutte pour l’ob­te­nir. En dépit des réac­tions néga­tives de cer­tains membres mas­cu­lins de l’or­ga­ni­sa­tion, il a ouvert aux femmes un espace poli­tique, social, cultu­rel, idéo­lo­gique et orga­ni­sa­tion­nel. Et s’y est tenu fer­me­ment. Dès le départ, les femmes ont rejoint les forces de la gué­rilla du fait du sexisme auquel elles se trou­vaient confron­tées à cause des struc­tures tri­bales féo­dales de la socié­té et, éga­le­ment, de la fureur qu’elles éprou­vaient à l’en­droit de l’op­pres­sion colo­niale et de l’ex­ploi­ta­tion crois­sante que l’État turc déployait contre les Kurdes. Des per­sonnes venues de tous les hori­zons se sont retrou­vées en vue de mener une lutte com­mune. Un pro­blème a alors aus­si­tôt sur­gi : ral­lier un mou­ve­ment révo­lu­tion­naire ne suf­fi­sait pas en soi à sur­mon­ter les fon­de­ments patriar­caux des struc­tures colo­niales et féo­dales. C’est notam­ment vis-à-vis des femmes que les pro­blèmes sont appa­rus : il y a alors eu des ten­ta­tives pour repen­ser les rôles tra­di­tion­nels au sein des forces de la gué­rilla et des struc­tures mêmes du parti.

« Ce qu’elles ont vu, c’est qu’il y avait là, à l’œuvre, quelque chose qui res­sem­blait beau­coup à la repro­duc­tion des anciens rôles genrés. »

[…] Les femmes étaient pré­sentes dès le début, au moment de la fon­da­tion du mou­ve­ment ; mais lorsque celui-ci est entré dans la phase de lutte armée et que la par­ti­ci­pa­tion des femmes a aug­men­té, la ques­tion s’est impo­sée à l’ordre du jour plus vigou­reu­se­ment encore. Ce qu’elles ont vu, c’est qu’il y avait là, à l’œuvre, quelque chose qui res­sem­blait beau­coup à la repro­duc­tion des anciens rôles gen­rés. Les femmes ont alors mené une lutte consi­dé­rable au sein du mou­ve­ment. En dépit de son carac­tère révo­lu­tion­naire, elles ont en effet été confron­tées à des situa­tions à peu près com­pa­rables à celles qu’elles connais­saient à l’ex­té­rieur. Par exemple, un pro­blème a per­du­ré du milieu à la fin des années 1980 : cer­tains com­man­dants ont ren­voyé les femmes vers les villes au motif que les mon­tagnes étaient un milieu « trop dif­fi­cile pour elles ». Le com­por­te­ment de cer­tains d’entre eux vis-à-vis des com­bat­tantes qui péné­traient dans les mon­tagnes pou­vait se résu­mer en : « Elles devraient uni­que­ment faire la cui­sine et attendre. Préparer les muni­tions. » La pré­sence de l’un des lea­ders fon­da­teurs du mou­ve­ment de libé­ra­tion des Kurdes, Abdullah Öcalan, se révé­la alors d’une impor­tance pri­mor­diale : il n’a pas fer­mé les yeux sur ce pro­blème. Raison pour laquelle les femmes du mou­ve­ment l’ap­pellent « le cama­rade le plus radi­cal », « le cama­rade le plus révo­lu­tion­naire ». En tant que lea­der, donc, il n’a pas fer­mé les yeux, il n’a pas dit : « Cela ne nous concerne pas. » Il est tou­jours plus simple d’a­dop­ter des prin­cipes très géné­raux ; au lieu de cela, Öcalan s’est assu­ré que les femmes ne résis­taient pas seule­ment en tant qu’in­di­vi­dus, mais qu’elles le fai­saient de manière orga­ni­sée. Sur le plan orga­ni­sa­tion­nel, théo­rique et poli­tique, il les a sou­te­nues et a ouvert la voie.

Certaines femmes accep­taient la repro­duc­tion de ces rôles gen­rés, d’autres la reje­taient. L’organisation n’a pas tar­dé à prendre conscience de la gra­vi­té du pro­blème ; par­tant, elle a créé le YJWK (Union des femmes patriotes du Kurdistan) en 19871. La mise en place de cette union marque la pre­mière ini­tia­tive pour for­mer une orga­ni­sa­tion de femmes unique et dis­tincte. L’afflux mas­sif de femmes dans les années 1990 a conduit à consti­tuer une nou­velle orga­ni­sa­tion au sein des forces de gué­rilla : en 1993 et pour la pre­mière fois, des uni­tés fémi­nines auto­nomes ont été créées. Cela signi­fie qu’elles ne se trou­vaient pas sous le com­man­de­ment direct des gué­rille­ros mas­cu­lins et qu’elles étaient en mesure de prendre leurs propres déci­sions, d’é­ta­blir leurs propres plans, et de déter­mi­ner com­ment les mettre en œuvre. La façon dont le rôle des femmes dans l’au­to­dé­fense s’est déve­lop­pé leur a per­mis d’aug­men­ter leur confiance en elles, condui­sant à des trans­for­ma­tions idéo­lo­giques, poli­tiques et éco­no­miques consi­dé­rables. Ainsi, en 1995, l’YAJK (Union des femmes libres du Kurdistan) a‑t-elle été fon­dée. Le tra­vail poli­tique et social était désor­mais entre­pris non seule­ment par les femmes de l’or­ga­ni­sa­tion, mais aus­si par celles de la socié­té civile. En paral­lèle, on a vu le début d’une soli­da­ri­té inter­na­tio­nale. C’est au cours de ces années qu’Öcalan a com­men­cé à par­ler d’un nou­veau concept : tuer le mâle dominant.

[Juillet 2016, camp de réfugiés de Maxmur, Irak. Le PKK est en charge de sa protection : pause entre deux séances d'éducation | Loez]

Dans ce contexte, il fut très impor­tant de pro­blé­ma­ti­ser la ques­tion des hommes — non seule­ment la ques­tion de la liber­té des femmes vis-à-vis d’eux, mais de leur liber­té à eux. Pourquoi les hommes n’é­vo­luent-ils pas, ou ne voient-ils pas la néces­si­té de le faire ? C’est au regard de ces inter­ro­ga­tions que le prin­cipe fon­da­men­tal du socia­lisme démo­cra­tique au sein du mou­ve­ment de libé­ra­tion kurde se résume par « tuer le mâle domi­nant ». Ce que nous voyons, c’est la quan­ti­té de pri­vi­lèges dont jouissent dif­fé­rents types de sujets : les hommes par rap­port aux femmes, les Blancs par rap­port aux Noirs, les mères par rap­port aux enfants, etc. C’est éga­le­ment valable entre les nations. Par exemple, l’op­pres­sion des Kurdes par l’État turc piège aus­si la socié­té turque et l’empêche de deve­nir plus démo­cra­tique. Ce qu’il faut com­prendre, et c’est peut-être l’une des rai­sons pour les­quelles Öcalan et le mou­ve­ment de libé­ra­tion kurde sont par­ve­nus à convaincre la socié­té kurde et les révo­lu­tion­naires de sexe mas­cu­lin, c’est que l’as­ser­vis­se­ment des femmes ne concerne pas seule­ment les femmes. Ce n’est pas uni­que­ment une ques­tion de bio­lo­gie ; la liber­té des hommes est éga­le­ment com­pro­mise. Tout cela a à voir avec le vol du pro­duit excé­den­taire2, qui com­men­ça par celui des femmes : l’ordre social qui empê­chait l’ac­ca­pa­re­ment du pro­duit excé­den­taire décou­lait des prin­cipes moraux qui avaient été incul­qués durant l’ère matriar­cale3.

« Pourquoi les hommes n’é­vo­luent-ils pas, ou ne voient-ils pas la néces­si­té de le faire ? »

À par­tir de 1995, la lutte pour la liber­té des femmes s’est radi­ca­li­sée. En 1992, lors d’une dis­cus­sion avec des femmes, Öcalan dit : « Si vous ne trou­vez pas une solu­tion pour chan­ger la men­ta­li­té des hommes, vos vies sont toutes en dan­ger. » Peu après, il intro­dui­sit le concept « tuer le mâle domi­nant » — les gens le datent géné­ra­le­ment de 1999, mais il a vu le jour en 1996. On m’a dit que la plu­part des hommes étaient quelque peu effrayés ; ils disaient : « Eh, ce n’est pas au sens propre, si ? Vous n’al­lez pas nous tuer avec un pis­to­let ou je ne sais quoi ? » Non, bien sûr que non. La théo­rie sur laquelle s’ap­puyait cette concep­tion prit ensuite une place consi­dé­rable. On s’est mis à par­ler de « divorce éter­nel », par exemple. Divorce qui ne concer­nait pas seule­ment les femmes mais éga­le­ment les hommes. C’est qu’il s’a­gis­sait de divor­cer d’un sys­tème patriar­cal, poli­tique et social vieux de cinq mille ans, de divor­cer de sa men­ta­li­té à la fois psy­cho­lo­gi­que­ment et cultu­rel­le­ment. Dans le même temps, les femmes se mirent à par­ler d’un pro­jet conco­mi­tant de trans­for­ma­tion des hommes. À cette fin, l’é­du­ca­tion de ces der­niers devait être dis­pen­sée par des femmes.

Peu avant 1998, les femmes défi­nirent les fon­de­ments idéo­lo­giques de la libé­ra­tion des femmes et, pour les mettre en œuvre, créèrent le PJKK (Parti des tra­vailleuses du Kurdistan). En 2000, elles élar­girent leurs champs d’or­ga­ni­sa­tion et de lutte et fon­dèrent le PJA (Parti de la femme libre). L’une des avan­cées les plus impor­tantes de cette époque est la décla­ra­tion du Contrat social des femmes. Toutes ces ten­ta­tives n’ont tou­te­fois pas per­mis une com­plète remise en cause des limites et du cadre du patriar­cat. Le mou­ve­ment des femmes, mais aus­si l’or­ga­ni­sa­tion dans son ensemble, étaient à la recherche d’une alter­na­tive. Bien que le PKK n’ap­par­tînt plus à la vieille gauche, il ne sem­blait tou­te­fois pas en mesure de pro­po­ser une solu­tion à même de rompre com­plè­te­ment avec le « socia­lisme réel4″ et, donc, avec la moder­ni­té capi­ta­liste. On peut dater de la décen­nie 1993–2003 la période de tran­si­tion et la ten­ta­tive de consti­tuer une alter­na­tive à la moder­ni­té capi­ta­liste. Le maté­riel théo­rique dis­po­nible, les expé­riences pas­sées de divers autres mou­ve­ments, le fémi­nisme et l’ex­pé­rience même du PKK ont conduit le mou­ve­ment à conclure que l’es­cla­vage des femmes consti­tuait le socle de tous les escla­vages ulté­rieurs, ain­si que de tous les pro­blèmes sociaux. Le mou­ve­ment a dès lors com­men­cé à se dis­tin­guer des for­ma­tions mar­xistes-léni­nistes clas­siques. Il s’est éga­le­ment dis­tin­gué par sa concep­tion de l’État comme un ins­tru­ment de pou­voir et d’ex­ploi­ta­tion non néces­saire à la pour­suite de la vie humaine et natu­relle. Enfin, sa per­cep­tion de la vio­lence révo­lu­tion­naire se trans­for­ma pour deve­nir désor­mais une ques­tion d’auto­dé­fense.

[Juillet 2016, camp de réfugiés de Maxmur. Heval Beritan est originaire des régions kurdes d'Iran : elle a rejoint les YJA STAR, la force armée des femmes en non-mixité au sein du PKK | Loez]

Öcalan a éta­bli que l’es­cla­vage des femmes s’est déve­lop­pé en trois étapes suc­ces­sives au cours des cinq mille der­nières années. D’abord, il y a eu la construc­tion de l’es­cla­vage idéo­lo­gique ; ensuite, l’u­ti­li­sa­tion de la force ; enfin, la confis­ca­tion de l’é­co­no­mie. Öcalan a rapi­de­ment éta­bli un lien entre l’im­por­tance de l’as­ser­vis­se­ment des femmes, la dis­si­mu­la­tion inten­tion­nelle de ce fait et la place crois­sante du pou­voir hié­rar­chique et éta­tiste au sein de la socié­té. En accou­tu­mant les femmes à l’es­cla­vage, on a ouvert la voie à l’as­ser­vis­se­ment des autres com­po­santes de la socié­té. L’asservissement des hommes est adve­nu après celui des femmes. Cependant, à cer­tains égards, l’as­ser­vis­se­ment des femmes dif­fère de l’op­pres­sion clas­siste et natio­na­liste. Sa légi­ti­ma­tion découle d’une répres­sion intense et bien hui­lée, com­bi­née à des men­songes jouant sur l’é­mo­tion­nel : la dif­fé­rence bio­lo­gique de la femme est uti­li­sée comme jus­ti­fi­ca­tion. Tout le tra­vail qu’elle accom­plit est consi­dé­ré comme acquis et déva­lo­ri­sé comme étant un « tra­vail de femme ».

« L’asservissement social des femmes a été la contre-révo­lu­tion la plus vile jamais réalisée. »

Si l’on n’a­na­lyse pas le pro­ces­sus par lequel les femmes ont été socia­le­ment vain­cues, non seule­ment on ne peut com­prendre cor­rec­te­ment les fon­da­men­taux de la culture domi­nante mas­cu­line qui en résulte, mais on est inca­pable de pen­ser ce qu’il faut construire à la place. Si l’on ne com­prend pas com­ment la mas­cu­li­ni­té est une construc­tion sociale, on ne peut pas ana­ly­ser l’ins­ti­tu­tion de l’État et, par voie de consé­quence, on ne sera pas en mesure de cer­ner avec pré­ci­sion la culture éta­tique de la guerre et du pou­voir. C’est un point sur lequel il faut insis­ter, car c’est ce qui a ouvert la voie aux fémi­ni­cides et à la colo­ni­sa­tion et l’ex­ploi­ta­tion des peuples. L’asservissement social des femmes a été la contre-révo­lu­tion la plus vile jamais réalisée.

Öcalan sou­ligne que « l’é­pée de guerre bran­die par l’État et la main de l’homme au sein de la famille sont des sym­boles d’hé­gé­mo­nie. Toute la socié­té de classe, de ses couches supé­rieures à ses couches infé­rieures, est prise en étau entre l’é­pée et la main ». […] Des femmes ont été brû­lées. Elles ont été enter­rées vivantes des siècles durant. Elles ont été bat­tues si fort que tous leurs os étaient bri­sés. Dans cer­taines tra­di­tions, leurs pieds sont encore main­te­nus dans des chaus­sures très ser­rées ou dans des chaus­sures en fer, de sorte qu’elles ne peuvent pas mar­cher rapi­de­ment. On a fait en sorte que ce soit per­çu comme un sym­bole de beau­té : en réa­li­té, c’é­tait un sym­bole de domi­na­tion. Et, comme si cela ne suf­fi­sait pas, les femmes sont dépouillées de leurs moyens de sub­sis­tance. Ce n’est pas seule­ment l’é­co­no­mie des femmes qui est en cause, mais aus­si celle des peuples colo­ni­sés et des tra­vailleurs en géné­ral. C’est par exemple le cas des Kurdes. Ils ont été pri­vés de l’en­semble de leurs res­sources, y com­pris le contrôle de leurs acti­vi­tés éco­no­miques quo­ti­diennes. C’est éga­le­ment le cas dans les pays capi­ta­listes. Les com­mu­nau­tés et les peuples voient leurs éco­no­mies pré­le­vées pour qu’ils deviennent dépen­dants du sys­tème — qu’il s’a­gisse de leur salaire ou de l’aide sociale.

[Avril 2014, monts Qandil, Irak. Ces montagnes sont la base arrière du PKK. D'après l'une de ses camarades, cette combattante aurait été tuée depuis | Loez]

Le capi­ta­lisme et l’État-nation doivent être ana­ly­sés comme autant de repré­sen­ta­tions du mâle domi­nant dans sa forme la plus ins­ti­tu­tion­na­li­sée. La socié­té capi­ta­liste est la conti­nua­tion et l’a­bou­tis­se­ment de toutes les anciennes socié­tés d’ex­ploi­ta­tion5. Il s’a­git en réa­li­té d’une guerre conti­nue contre la socié­té et les femmes. […] Dès lors, si on n’en finit pas avec l’as­ser­vis­se­ment des femmes, aucune autre libé­ra­tion ne pour­ra adve­nir : les pro­ces­sus de domi­na­tion ne sont pas seule­ment simi­laires à celui de l’as­ser­vis­se­ment des femmes, ils se sont construits selon son modèle.


Traduit de l’an­glais par la rédac­tion de Ballast | Havin Gusener, The Art of Freedom : A Brief History of the Kurdish Liberation Struggle, PM Press/Kairos, 2021.
Photographie de ban­nière : gué­rille­ros du PKK dans les monts Qandil | Loez
Photographie de vignette : por­trait de Sakine Cansız affi­ché dans le camp de réfu­giés de Maxmur | Loez


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  1. Notamment sous l’im­pul­sion de Sakine Cansız, cofon­da­trice du PKK [ndlr].[]
  2. Concept repris et déve­lop­pé par Karl Marx. Le pro­duit excé­den­taire cor­res­pond à l’en­semble ce qui est pro­duit au-delà des besoins « néces­saires » à la sub­sis­tance quo­ti­dienne des tra­vailleurs et des tra­vailleuses. Aussitôt qu’une col­lec­ti­vi­té humaine pro­duit du sur­plus, la ques­tion se pose de savoir qui en pro­fi­te­ra : c’est alors, comme l’ex­plique Ernest Mandel, qu’une « par­tie de la socié­té peut deve­nir une classe domi­nante » [ndlr].[]
  3. Pour Öcalan et la « science des femmes » kurde — la jineo­lo­jî —, l’as­ser­vis­se­ment struc­tu­rel des femmes remonte à la fin du néo­li­thique, qui a don­né nais­sance au patriar­cat. Auparavant, il exis­tait une ère pré-éta­tique, un socia­lisme pri­mi­tif carac­té­ri­sé par le matriar­cat [ndlr].[]
  4. On entend par là le socialisme/communisme d’État, tel qu’il s’est incar­né dans de nom­breux pays au XXe siècle [ndlr].[]
  5. L’autrice pré­cise ailleurs : « Afin de mettre un terme à la per­pé­tua­tion de l’ac­cu­mu­la­tion du capi­tal et du pou­voir ain­si qu’à la repro­duc­tion de la hié­rar­chie, il est néces­saire de créer des struc­tures pro­pices à une socié­té démo­cra­tique, éco­lo­gique et libé­rée de la dis­cri­mi­na­tion gen­rée. Pour y par­ve­nir, le déman­tè­le­ment du pou­voir et de la hié­rar­chie est une néces­si­té abso­lue. Le sys­tème social de la moder­ni­té démo­cra­tique est le confé­dé­ra­lisme démo­cra­tique et l’au­to­no­mie démo­cra­tique. Ce sys­tème n’est pas une for­ma­tion éta­tique alter­na­tive mais une alter­na­tive à l’État. Nos démo­cra­ties actuelles se sont déve­lop­pées à la suite de la démo­cra­tie romaine, qui est repré­sen­ta­tive au lieu d’être par­ti­ci­pa­tive. Ainsi, la majo­ri­té règne et une élite décide des ques­tions fon­da­men­tales en notre nom. L’autonomie démo­cra­tique, elle, est une démo­cra­tie radi­cale, avec, avant toute chose, la par­ti­ci­pa­tion orga­ni­sée et la prise de déci­sion des femmes, mais aus­si de toutes les com­po­santes de la socié­té qui s’or­ga­nisent et par­ti­cipent direc­te­ment à la prise de déci­sion afin d’être en mesure de déci­der des ques­tions qui les concernent direc­te­ment et indi­rec­te­ment. » [ndlr][]

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