Déchets nucléaires : impasse et résistance


Texte inédit pour le site de Ballast

« Arrêter le nucléaire n’est pas un choix d’avenir. Ce n’est pas conforme à nos objec­tifs en matière de réduc­tion des émis­sions de CO2 », décla­rait Emmanuel Macron en mai 2016. Ce chan­tage à la pro­pre­té éner­gé­tique fonc­tionne à plein régime. Ombre au tableau, et non des moindres : la pro­duc­tion de nom­breux déchets pou­vant per­du­rer jus­qu’à plu­sieurs mil­liers d’années. Ce texte, coécrit par une membre du réseau Sortir du nucléaire, donne à com­prendre l’en­vers du décor. « Il semble clair que les auto­ri­tés ont choi­si leur camp : la machine pro­duc­tive contre les citoyens. » ☰ Par Laure Barthélemy et Djibril Maïga


« L’industrie nucléaire ne pro­duit pas — ou presque — de CO2. » L’image imma­cu­lée du nucléaire s’ap­puie avant tout sur cet argu­ment prô­né par EDF (exploi­tant des cen­trales nucléaires) et Orano (ancien­ne­ment Areva, fabri­quant du com­bus­tible et des pièces des­ti­nées aux cen­trales). Un argu­ment phare repris en boucle par les ardents défen­seurs du nucléaire : phare, mais fal­la­cieux ; il a d’ailleurs valu à EDF et son ser­vice de com­mu­ni­ca­tion d’être plus d’une fois reto­qués par le Jury de déon­to­lo­gie publi­ci­taire1. En pre­nant en compte l’en­semble de la pro­cé­dure, allant de la mine aux déchets, la filière nucléaire pro­duit bel et bien du CO2. D’une manière indi­recte, tout d’a­bord, puisque le nucléaire uti­lise de nom­breux trans­ports rou­tiers pour les dif­fé­rentes étapes de fabri­ca­tion du com­bus­tible : un véri­table bal­let de camions sillonnent la France de part en part, de la récep­tion de l’u­ra­nium et sa trans­for­ma­tion jus­qu’à son ache­mi­ne­ment d’u­sine en usine. D’une manière directe, ensuite, par les fuites très fré­quentes des liquides dits « fluides fri­go­ri­gènes », uti­li­sés pour le refroi­dis­se­ment des équi­pe­ments : ils contiennent des molé­cules qui par­ti­cipent à l’aug­men­ta­tion de l’ef­fet de serre2. Si la filière du nucléaire émet, sans contre­dit, moins de gaz à effet de serre qu’une cen­trale à char­bon, elle en émet tout de même — c’est en usant de pareil sophisme que la filière du nucléaire retourne la réa­li­té : « Produire moins de CO2 » devient « Être une éner­gie propre ». Abus de lan­gage par lequel elle tente d’éclipser tout le reste : au rejet de gaz à effet de serre, il convient d’a­jou­ter une mul­ti­tude de déchets et de rejets qui viennent écor­ner un peu plus l’i­mage pro­prette du nucléaire.

Les différents déchets de la filière nucléaire

« En pre­nant en compte l’en­semble de la pro­cé­dure, allant de la mine aux déchets, la filière nucléaire pro­duit bel et bien du CO2. »

Il y a les déchets dits « conven­tion­nels », assi­mi­lables aux déchets ména­gers, qui vien­dront s’a­jou­ter aux bennes à ordures clas­siques et qui — on l’espère — pren­dront le che­min du recy­clage tra­di­tion­nel. Il y a ensuite des déchets poten­tiel­le­ment patho­gènes : des boues, des tartres issus de cer­taines opé­ra­tions d’entretien et de main­te­nance qui peuvent conte­nir des orga­nismes comme les amibes ou les légio­nelles, que l’on sait res­pon­sables de dif­fé­rentes mala­dies chez l’être humain (les ambiances tro­pi­cales et humides des cen­trales sont un milieu pro­pice à leur pro­li­fé­ra­tion). La chaîne de pro­duc­tion de cette filière éner­gé­tique s’a­vère un grand consom­ma­teur de pro­duits toxiques et pol­luants (acide sul­fu­rique, hydro­car­bures, acide chlor­hy­drique) et pro­duit, dès lors, de nom­breux déchets chi­miques. Enfin, et sur­tout — c’est là le cœur de notre affaire —, elle pro­duit en conti­nu des déchets nucléaires. Des déchets et des rejets. Dans le domaine du nucléaire, il existe un droit à pol­luer : les usines et les cen­trales nucléaires rejettent chaque jour des micro­pol­luants (comme le cuivre ou le zinc3), ain­si que des radio­par­ti­cules dans l’en­vi­ron­ne­ment ; tout cela, léga­le­ment. Ces rejets se diluent peu à peu dans les airs et dans l’eau et sont tolé­rés tant qu’ils demeurent sous les seuils auto­ri­sés par l’État. Même s’ils sont cau­sés par un acci­dent, et tant qu’il n’y a pas de néces­si­té de prendre des mesures de radio­pro­tec­tion, ils ne seront pas consi­dé­rés comme de la pol­lu­tion. Les acci­dents ne sont pour­tant pas chose rare dans le nucléaire : 1 165 évé­ne­ments signi­fi­ca­tifs pour la sûre­té, la radio­pro­tec­tion et l’environnement dans les ins­tal­la­tions nucléaires de base4 ont été décla­rés à l’Autorité de sûre­té nucléaire en 2017, aux­quels il convient d’a­jou­ter 66 inci­dents lors du trans­port de matières radio­ac­tives5… Les sites miniers d’ex­trac­tion d’u­ra­nium répar­tis sur toute la France conti­nuent pour leur part à pol­luer silen­cieu­se­ment, quoi­qu’ils soient aujourd’­hui fer­més — met­tant, par là même, à bas l’argument de l’indépendance éner­gé­tique fran­çaise du nucléaire.

En 2013, EDF a inves­ti plus de 102 mil­lions d’euros dans sa com­mu­ni­ca­tion ; quant à Orano, c’est envi­ron 15 mil­lions d’euros pour un seul spot publi­ci­taire en 2011. Le nucléaire n’en demeure pas moins le moyen le plus dan­ge­reux que l’on ait inven­té pour « faire bouillir de l’eau », selon l’ex­pres­sion du doc­teur en sciences en phy­sique des réac­teurs nucléaires Bernard Laponche. Sous le terme de « déchets nucléaires » sont regrou­pées plu­sieurs sub­stances, de natures dif­fé­rentes et aux carac­té­ris­tiques variables ; leur point com­mun : être radio­ac­tive, c’est-à-dire émet­trices de rayons ioni­sants durant plus ou moins long­temps, selon l’élé­ment irra­diant. Pour cer­taines, la radio­ac­ti­vi­té décroît en quelques mois, pour d’autres, il faut plu­sieurs mil­liers, mil­lions, voire mil­liards d’années. On classe ain­si les déchets radio­ac­tifs selon deux carac­té­ris­tiques : la force de leur acti­vi­té radio­lo­gique, soit l’intensité de rayon­ne­ment (et donc son niveau de dan­ge­ro­si­té : très faible, faible, moyenne, haute), et la durée de la demi-vie de cette acti­vi­té, soit le temps néces­saire pour que la radio­ac­ti­vi­té dimi­nue de moi­tié, éclai­rant ain­si la dan­ge­ro­si­té du déchet (vie très courte : radio­ac­ti­vi­té divi­sée par deux en 100 jours maxi­mum ; vie moyenne : divi­sée par deux en moins de 30 ans ; vie longue : divi­sée par deux en plus de 30 ans). Selon la caté­go­rie à laquelle il appar­tient, le déchet n’est pas géré de la même manière.

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Les déchets les plus dan­ge­reux sont les restes des com­bus­tibles qui sont usés au bout de trois à cinq ans — une proxi­mi­té d’une heure avec un tel élé­ment suf­fit pour don­ner la mort. La cha­leur qu’ils dégagent est telle qu’ils doivent être plon­gés pen­dant des années dans des pis­cines d’eau, elles-mêmes refroi­dies en per­ma­nence, avant de pou­voir être enfin trans­por­tés pour « retrai­te­ment » et condi­tion­ne­ment. Mais les restes des com­bus­tibles usés ne sont pas les seuls déchets nucléaires. On oublie trop volon­tiers ce qui pro­vient de la main­te­nance ou du déman­tè­le­ment des usines : tous les com­po­sants de ces ins­tal­la­tions qui ont été expo­sés à une radio­ac­ti­vi­té pro­lon­gée ou très forte deviennent radio­ac­tifs à leur tour. C’est le cas de nom­breuses pièces de métal consti­tuant les cœurs des réac­teurs, comme les cuves ou les géné­ra­teurs de vapeur : des pièces plus ou moins grosses qui, comme on dit dans le jar­gon, « crachent »  sous-enten­du : « Danger, ne sur­tout pas appro­cher ! » Raison pour laquelle les géné­ra­teurs de vapeur, une fois chan­gés, sont entre­po­sés sur place dans des bâti­ments en béton conçus spé­ci­fi­que­ment pour attendre que la radio­ac­ti­vi­té qu’ils dégagent décroisse  béton qui devien­dra, à terme, lui-même radio­ac­tif, tout comme les tuyau­te­ries des sys­tèmes de refroi­dis­se­ment, de cir­cu­la­tion de vapeur, les rési­dus de mine­rai d’uranium… Ajoutons à cela les tenues et les équi­pe­ments de radio­pro­tec­tion por­tés par les tra­vailleurs, ou encore l’eau uti­li­sée pour le refroi­dis­se­ment et la terre dans laquelle des par­ti­cules radio­ac­tives peuvent s’infiltrer. En fin de compte, tout ce qui approche de près ou de loin de sources radio­ac­tives devient conta­mi­né : méta­phore d’une mala­die invi­sible qui, silen­cieu­se­ment, se pro­page. Il semble incroyable que tous ces déchets ne soient pas connus comme tels du grand public. C’est que, dans le nucléaire, tout est affaire de jeux de mots et de défi­ni­tions légales : seules sont consi­dé­rées comme déchets nucléaires « des sub­stances radio­ac­tives pour les­quelles aucune uti­li­sa­tion ulté­rieure n’est pré­vue ou envi­sa­gée6 ». Tout ce qui n’est pas « valo­ri­sable » et s’a­vère poten­tiel­le­ment réuti­li­sable  même si cette uti­li­sa­tion n’est pas effec­tive dans la réa­li­té mais sim­ple­ment envi­sa­gée  ne sera pas clas­sé comme déchet radioactif.

« Cycle » et « retraitement »

« Métaphore d’une mala­die invi­sible qui, silen­cieu­se­ment, se pro­page. Il semble incroyable que tous ces déchets ne soient pas connus comme tels du grand public. »

« Valorisation » des sub­stances radio­ac­tives, pis­cines d’entreposage et ate­liers de « recy­clage » du com­bus­tible, centres de sto­ckage : sous la déno­mi­na­tion de « cycle du com­bus­tible », l’en­semble des opé­ra­tions qui per­mettent la pro­duc­tion d’électricité nucléaire est pré­sen­tée comme une boucle par­faite, infi­nie, où rien ne se perd et où tout se trans­forme. En réa­li­té, plu­tôt qu’un cycle ver­tueux, il fau­drait se repré­sen­ter une chaîne débou­chant sur une impasse. D’abord, il faut extraire le mine­rai d’uranium — mais pas en France, puisqu’il n’y en a plus. Il faut donc l’importer : les condi­tions de tra­vail pour l’ex­trac­tion du pré­cieux mine­rai sont atroces et res­tent ain­si bien loin des yeux des consom­ma­teurs. Puis il faut trans­por­ter l’u­ra­nium et le trans­for­mer. Pour une bonne part, il arrive en bateau au Havre. Il faut alors l’a­che­mi­ner jus­qu’au sud du pays, où sont implan­tées les usines de trans­for­ma­tion et de fabri­ca­tion du com­bus­tible ; celui-ci est ensuite redis­tri­bué dans les 58 cen­trales dis­sé­mi­nées dans l’Hexagone. Un va-et-vient per­ma­nent, par la route et par le fret. Une fois ins­tal­lé dans le cœur des réac­teurs, le com­bus­tible nucléaire s’use au bout de quelques années. À force d’être cas­sé en deux, l’u­ra­nium s’amenuise et s’ap­pau­vrit ; ce com­bus­tible usé consti­tue le déchet ultime dont on ne sait tou­jours pas quoi faire. C’est là qu’in­ter­vient le « retrai­te­ment », qui concerne envi­ron deux tiers du com­bus­tible usé fran­çais. Gare aux mots trom­peurs : le « retrai­te­ment » nucléaire n’est ni du recy­clage, ni du com­pac­tage. Cette série d’o­pé­ra­tions ne réduit aucu­ne­ment la radio­ac­ti­vi­té ni même le volume des déchets, il consiste en réa­li­té à sépa­rer les dif­fé­rentes com­po­santes du com­bus­tible usé — à savoir 95 % d’u­ra­nium de retrai­te­ment appau­vri, 4 % de pro­duits de fis­sion et 1 % de plutonium.

Les cen­taines de tonnes d’uranium issu du retrai­te­ment (dit « URT ») extraites du com­bus­tible usé ne peuvent plus ser­vir à rien. EDF leur a attri­bué une valeur égale à zéro. Il fau­drait les ré-enri­chir pour pou­voir les réuti­li­ser ; en termes éco­no­miques, cette opé­ra­tion n’est pas viable. Pour autant, afin d’é­vi­ter d’a­voir à consi­dé­rer l’URT comme un déchet, EDF a réus­si ce tour de passe-passe qui consiste à le clas­ser comme « stock stra­té­gique » : l’en­tre­prise sou­tient qu’elle l’u­ti­li­se­rait comme com­bus­tible dans le cas où des conflits inter­na­tio­naux entraî­ne­raient une rup­ture de l’ap­pro­vi­sion­ne­ment en ura­nium natu­rel. L’institution mili­taire, sous l’é­gide du CEA (Commissariat à l’énergie ato­mique et aux éner­gies alter­na­tives), a quant à elle son idée pour uti­li­ser le plu­to­nium : la bombe ato­mique. On com­prend mieux le lien intrin­sèque qui existe entre nucléaire civil et mili­taire : une par­tie des déchets devient dès lors « valo­ri­sable ». Cette solu­tion demeure insuf­fi­sante : les fabri­cants de bombe ato­mique ont rapi­de­ment dis­po­sé de plus de plu­to­nium qu’il ne leur était néces­saire. Cet élé­ment est très réac­tif et fis­sile : il peut être cas­sé en deux pour pro­duire à nou­veau de l’énergie et, théo­ri­que­ment, être réuti­li­sé afin de faire fonc­tion­ner les cen­trales nucléaires. Mais sa masse cri­tique n’étant que de quelques kilos, le risque de réac­tion spon­ta­née et incon­trô­lée fait du plu­to­nium un élé­ment trop instable, qu’il faut donc mélan­ger à de l’uranium. C’est ain­si que l’on crée le fameux « MOX », mélange d’uranium et de plu­to­nium, le Graal du retrai­te­ment. Mais le MOX coûte beau­coup plus cher à pro­duire que le com­bus­tible « clas­sique » et néces­site des opé­ra­tions de trans­port7 encore plus ris­quées du fait de sa nature instable.

Région d'Arlit, dans le nord du Niger (DR)

La même inter­ro­ga­tion revient sans cesse : que fait-on du MOX une fois uti­li­sé et usé comme com­bus­tible ? Une fois irra­dié, celui-ci contient tou­jours du plu­to­nium et, de nou­veau, des pro­duits de fis­sion, mais il est cinq à sept fois plus radio­toxique qu’un com­bus­tible nucléaire usé clas­sique et dégage une cha­leur intense durant des décen­nies — autant de temps à devoir le lais­ser refroi­dir dans des pis­cines. EDF a d’ailleurs pour pro­jet de construire très pro­chai­ne­ment une nou­velle pis­cine cen­tra­li­sée pour entre­po­ser tout ce MOX usé. Mais ce n’est pas peu dire qu’il est dif­fi­cile d’obtenir des infor­ma­tions sur le sujet, aus­si bien pour les asso­cia­tions de pro­tec­tion de l’environnement que pour les élus locaux. Les pro­duits de fis­sion contiennent quant à eux plus de 99 % de la radio­ac­ti­vi­té et seront cou­lés dans du verre. Extrêmement chauds, ils doivent être conser­vés dans des pis­cines refroi­dies en per­ma­nence : c’est ce que l’on appelle dans le jar­gon « les colis ».

La Hague : l’usine de retraitement

« Sur 300 hec­tares sont concen­trées quatre immenses pis­cines conte­nant près de 15 000 tonnes de com­bus­tibles radio­ac­tifs usés en attente de retraitement. »

C’est à La Hague, à la pointe des côtes nor­mandes, dans le Cotentin, que s’ef­fec­tuent les opé­ra­tions de sépa­ra­tion des dif­fé­rents élé­ments du com­bus­tible usé et que sont fabri­qués les « colis ». Paradoxalement, cette étape de retrai­te­ment est le maillon le plus pol­luant de toute la chaîne du nucléaire. Le tra­vail de « recy­clage » génère des rejets radio­ac­tifs liquides et gazeux en grande quan­ti­té, mais aus­si des déchets « secon­daires » conta­mi­nés par la radio­ac­ti­vi­té (coques, embouts, gaines, outils, boues, etc.), de sorte qu’il pro­duit à lui seul près de 80 % des rejets radio­ac­tifs auto­ri­sés en France. Krypton-85, car­bone-14, tri­tium et autres radio­nu­cléides sont ain­si retrou­vés jusqu’en mer du Nord. De sur­croît, La Hague est l’un des plus gros consom­ma­teurs de pro­duits chi­miques (acides, base, etc.) de France et, par­tant, l’un des plus gros émet­teurs de rejets chi­miques dans l’environnement. L’usine de retrai­te­ment de la Hague est pro­ba­ble­ment l’un des sites les plus dan­ge­reux. Sur 300 hec­tares sont concen­trées quatre immenses pis­cines conte­nant près de 15 000 tonnes de com­bus­tibles radio­ac­tifs usés en attente de retrai­te­ment. 60 tonnes de plu­to­nium — la quan­ti­té pour fabri­quer 10 000 bombes ato­miques dignes de Nagasaki —, plu­sieurs cen­taines de tonnes d’uranium de retrai­te­ment et près de 17 000 « colis » s’y accu­mulent ; autre­ment dit, 1 300 m3 de déchets ultimes vitri­fiés hau­te­ment radio­ac­tifs. L’accumulation des déchets — jus­qu’au débor­de­ment — est un pro­blème en soi, et des plus épineux.

Selon leurs carac­té­ris­tiques, les déchets ne vont pas suivre le même che­min et ne vont pas être condi­tion­nés de la même manière ni sto­ckés au même endroit. Celui de la Manche, avec ses 527 000 m3, a été fer­mé en 1994, car déjà plein ; d’autres sites ont été ouverts dans l’Aube : ce sont là qu’atterrissent les équi­pe­ments conta­mi­nés et cer­taines pièces, issues par exemple du déman­tè­le­ment d’installations nucléaires. Les déchets qui ont une faible acti­vi­té mais une vie longue (les FA-VL) res­tent où ils ont été pro­duits (les usines d’Orano, les cen­trales d’EDF, les centres de recherche du CEA), dans l’attente que des centres de sto­ckage spé­ci­fiques soient construits. Les déchets de moyenne acti­vi­té à vie longue (MA-VL) et les déchets de haute acti­vi­té à vie longue (HA-VL) sont les plus dan­ge­reux et les plus pro­blé­ma­tiques : après avoir été condi­tion­nés (les MA-VL sont cimen­tés ou com­pac­tés, les HA-VL sont vitri­fiés), les fameux « colis » sont entre­po­sés dans des ins­tal­la­tions ad hoc par leurs pro­duc­teurs, prin­ci­pa­le­ment à La Hague, Marcoule (Gard), Cadarache (Bouches-du-Rhône) et Valduc (Côte‑d’Or). Mais cet entre­po­sage est tou­jours tem­po­raire : c’est une solu­tion à durée limi­tée ; il fau­dra leur trou­ver un « centre de sto­ckage », défi­ni­tif celui-là… Car la Hague n’est pas un lieu de sto­ckage mais bien de retrai­te­ment ; la filière nucléaire conti­nuant pour­tant à pro­duire du com­bus­tible en per­ma­nence, ses déchets radio­ac­tifs y sont entre­po­sés en attente d’une solu­tion défi­ni­tive. La concen­tra­tion de telles quan­ti­tés d’élé­ments irra­diants sur un même site — très peu sécu­ri­sé, en sus — est régu­liè­re­ment poin­tée du doigt par Greenpeace : un acci­dent serait tout bon­ne­ment une catas­trophe. On l’aura com­pris : dans la pra­tique, le « retrai­te­ment » ne sert pas à grand-chose, sauf à coû­ter cher, à créer de pos­sibles bombes ou à fabri­quer une matière encore plus dan­ge­reuse, plus pol­luante et plus instable que l’u­ra­nium ini­tial — consti­tuant ain­si, iro­nie tra­gique, de nou­veaux déchets dont on ne sait plus que faire… Mais cela suf­fit à entre­te­nir l’i­mage du « cycle » ver­tueux du « retrai­te­ment ». Seule une part infime est pour­tant « recy­clée » et la qua­si-tota­li­té reste sto­ckée sans des­ti­na­tion8. Qu’importe ! Toute l’image du nucléaire comme éner­gie propre repose sur cette tartufferie.

Centrale nucléaire de Cruas-Meysse, par Micha Patault (www.michapatault.com)

Quand les pouvoirs publics servent des intérêts privés

La France est pleine à cra­quer de matières radio­ac­tives et de déchets nucléaires. Il faut dire que, lorsque la filière a été lan­cée, on ne l’avait pas vrai­ment pen­sée jusqu’au bout — ou bien on n’avait pas tel­le­ment vou­lu y regar­der de trop près. C’est à huis clos et à l’a­bri du débat public qu’in­dus­triels et poli­tiques ont fait ces choix qui nous engagent tous, ren­voyant la réso­lu­tion du pro­blème des déchets à plus tard. Il aura fal­lu attendre plu­sieurs décen­nies avant que la France ne se dote enfin d’une loi pour enca­drer leur ges­tion. Par la loi de 1991, d’a­bord, dite loi Bataille, du nom de son rap­por­teur (pro­nu­cléaire) : trois voies étaient explo­rées : la recherche et l’espoir de dimi­nuer la radio­ac­ti­vi­té des déchets avec la « sépa­ra­tion-trans­mu­ta­tion » (tech­nique qui, hélas, s’est révé­lée ne fonc­tion­ner qu’en labo­ra­toire), l’entreposage de longue durée en sur­face ou en « sub­sur­face » (à flanc de col­line), à sec (non en pis­cine), et le sto­ckage en pro­fon­deur dans des for­ma­tions géo­lo­giques9. Cette loi a éga­le­ment don­né nais­sance à deux ins­tances : l’ANDRA (Agence natio­nale pour la ges­tion des déchets radio­ac­tifs) et un GIP (Groupement d’intérêt public). La pre­mière, ten­ta­cu­laire et aujourd’hui bien connue des oppo­sants aux pro­jets d’enfouissement, pro­vient d’un ancien dépar­te­ment du CEA (un acteur public char­gé de la recherche et du mili­taire) pour l’oc­ca­sion trans­for­mé en un éta­blis­se­ment public indus­triel et com­mer­cial. Quant à la deuxième ins­tance, elle a été créée pour déve­lop­per des mesures d’accompagnement éco­no­mique du ter­ri­toire où est implan­té un labo­ra­toire sou­ter­rain — entendre ici « com­pen­sa­tions finan­cières ». La loi don­nait quinze années pour conduire les études, au bout des­quelles il fau­drait tran­cher. Son appli­ca­tion n’a pas été si simple : les cher­cheurs n’ont jamais réus­si à trou­ver une solu­tion pour dimi­nuer la radio­ac­ti­vi­té et les études pour le sto­ckage en sur­face n’ont jamais été réel­le­ment déve­lop­pées par le CEA. Au final, un seul labo­ra­toire sou­ter­rain a été construit par l’ANDRA pour étu­dier les pro­prié­tés de l’argile : il se situe dans la Meuse, sur la com­mune de Bure…

« Les moyens finan­ciers étant mas­si­ve­ment enga­gés dans l’en­fouis­se­ment plu­tôt que dans la recherche, il semble clair que les auto­ri­tés ont choi­si leur camp : la machine pro­duc­tive contre les citoyens. »

Les dés sem­blaient pipés dès l’o­ri­gine : à par­tir des années 1980, le CEA et les pou­voirs publics s’orientaient déjà vers le sto­ckage en pro­fon­deur. Face à l’opposition très forte des popu­la­tions locales à l’implantation de sites, un mora­toire sur la recherche des sites a été déci­dé par le gou­ver­ne­ment en 1989. Au terme des quinze années accor­dées par la loi Bataille, et après un simu­lacre de débat public en 2005, la loi du 28 juin 2006 éta­blit le sto­ckage en couche géo­lo­gique pro­fonde comme solu­tion de réfé­rence. Cette solu­tion, que les pou­voirs publics ont choi­sie après avoir « consul­té » le peuple mais sur­tout écou­té atten­ti­ve­ment les lob­bies de l’industrie, consiste à creu­ser très pro­fond sous terre, y jeter les pires déchets et refer­mer. Enfouir ces déchets qui s’ac­cu­mulent est un excellent moyen de les faire dis­pa­raître des regards du grand public : un choix plus que ten­tant pour les patrons de l’industrie et les gou­ver­ne­ments10.

Les inté­rêts des grandes indus­tries sont épau­lés par les pou­voirs publics et les lois qu’ils pro­mulguent. Mais ces der­niers ont à cœur de jus­ti­fier leurs choix poli­tiques par une rhé­to­rique de la res­pon­sa­bi­li­té éthique ou du prag­ma­tisme rai­son­nable. Ainsi, la loi de 2006 éta­blis­sant l’en­fouis­se­ment comme solu­tion de réfé­rence s’est-elle vu acco­ler l’adjectif « réver­sible », sug­gé­rant la pos­si­bi­li­té d’en chan­ger si les déve­lop­pe­ments futurs de la science mettent en lumière de nou­velles solu­tions. Pour autant, les moyens finan­ciers étant mas­si­ve­ment enga­gés dans l’en­fouis­se­ment plu­tôt que dans la recherche, il semble clair que les auto­ri­tés ont choi­si leur camp : la machine pro­duc­tive contre les citoyens. Illusion d’un choix rai­son­nable et res­pon­sable, donc, embal­lé dans l’i­dée ras­su­rante du contrôle et d’une sécu­ri­té infaillible dans les tech­niques d’en­fouis­se­ment et de retrai­te­ment. Mais plu­sieurs dif­fi­cul­tés viennent assom­brir le tableau : l’acier inoxy­dable ser­vant de conte­neur aux déchets vitri­fiés dure moins long­temps que la radio­ac­ti­vi­té qui y est enfer­mée ; les risques de pol­lu­tion, d’explosion et d’incendie sont bien réels et forts pro­bables ; aucun cal­cul ou pré­dic­tion mathé­ma­tique ne peut garan­tir avec une cer­ti­tude abso­lue qu’il n’y aura aucun mou­ve­ment de la couche géo­lo­gique dans laquelle seront enfer­més les déchets. Ces pro­blèmes ont d’ailleurs déjà sur­gi et ter­ni la grande « vitrine » d’Orano, à savoir l’ins­tal­la­tion pilote, au Nouveau-Mexique, du pre­mier centre d’enfouissement des déchets nucléaires en grande pro­fon­deur : le WIPP. Mis en ser­vice en 1999, ses gale­ries creu­sées dans du sel à 600 mètres de pro­fon­deur pour y entas­ser un peu moins de 20 000 m3 de déchets radio­ac­tifs n’au­ront eu que 15 ans à attendre avant que la catas­trophe n’ar­rive. Un incen­die sou­ter­rain déclen­ché sur un camion a per­mis à la radio­ac­ti­vi­té de se répandre, conta­mi­nant les sous-sols (et plu­sieurs employés) puis remon­tant à la sur­face, blo­quant tota­le­ment le site durant plu­sieurs années.

Protestation contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, à Bure, par Jérémie Lusseau

Cela n’a pas empê­ché la France de pro­gram­mer le pro­jet Cigéo (Centre indus­triel de sto­ckage géo­lo­gique), pré­vu dans le sillage du labo­ra­toire sou­ter­rain implan­té sur la petite com­mune de Bure (80 habi­tants). Cigéo est un chan­tier de bien plus grande ampleur que le WIPP, le plus gros pro­jet indus­triel d’Europe, même : 100 ans de mise en œuvre, un coût esti­mé entre 25 et 35 mil­liards. Il s’a­git de creu­ser des gale­ries à 500 mètres sous terre, dans une couche d’argile, pour y sto­cker jusqu’à 100 000 m3 de déchets HA-VL (Haute acti­vi­té à vie longue) et MA-VL (Moyenne acti­vi­té à vie longue) — soit cinq fois plus que le WIPP. En sur­face, ce sont plu­sieurs dizaines d’hectares à amé­na­ger — et tout un bois à raser — pour construire une zone de sto­ckage inter­mé­diaire, afin d’ac­cueillir les déchets le temps néces­saire à leur refroi­dis­se­ment, ain­si qu’une usine de recon­di­tion­ne­ment, afin de com­pac­ter cer­tains déchets dans leur for­mat défi­ni­tif de sto­ckage, sans oublier un puits de ven­ti­la­tion11, direc­te­ment relié au site sou­ter­rain. L’ANDRA a avan­cé une solu­tion miracle : scel­ler les « alvéoles ». Ce joli nom désigne des sortes de grottes, répar­ties dans les 300 kilo­mètres de gale­ries, où seront mis les déchets. Mais il exis­te­ra tou­jours une pro­duc­tion d’hydrogène à l’intérieur de ces alvéoles ; au-delà d’une cer­taine pres­sion, l’hydrogène peut frac­tu­rer l’argile : cela remet en cause le prin­cipe même de la réver­si­bi­li­té — com­ment ouvrir une alvéole iden­ti­fiée comme bombe poten­tielle ? Parce qu’ils pro­duisent de l’hydrogène, nombre de colis de déchets MA-VL ne sont pas scel­lés her­mé­ti­que­ment (sinon, ils explo­se­raient au bout d’un moment sous la pres­sion du gaz) et dégagent, dès lors, des gaz radio­ac­tifs. Ces mil­liers de mètres cubes de déchets radio­ac­tifs, il fau­dra pour­tant bien les ame­ner au fin fond de la Meuse, depuis La Hague et les autres centres en France où ils sont pour l’instant entreposés…

Résister : Bure

L’État veut glis­ser sous le tapis de Bure les pro­duits engen­drés par cette filière indus­trielle et com­mer­ciale qu’il a sou­te­nue et encou­ra­gée depuis le début. Mais entre les pers­pec­tives d’ex­plo­sions, d’in­cen­dies sou­ter­rains et de rejets radio­ac­tifs, la contes­ta­tion qui s’or­ga­nise sur place depuis près de 20 ans ne cesse de mon­ter. Pas facile, néan­moins, de se faire entendre lorsque l’on n’est qu’une poi­gnée à vivre dans cette région (la Meuse est l’un des dépar­te­ments les moins peu­plés de France). Aux habi­tants des vil­lages s’opposant à la créa­tion de cette immense pou­belle nucléaire sont venus se joindre d’autres citoyens : tous de croire que l’État n’a pas tous les droits et qu’il faut lut­ter pour pré­ser­ver cette nou­velle « Zone à défendre » — un bois ancien, des vil­lages et des terres agri­coles sur les­quels se cris­tal­lise l’emprise des indus­tries et du com­merce avec la com­pli­ci­té du gou­ver­ne­ment. Cette contes­ta­tion est de plus en plus vio­lem­ment répri­mée, comme le démontrent les évé­ne­ments récents ; ce qui se joue aujourd’hui à Bure, c’est le pas­sage en force d’un sys­tème de pro­duc­tion éner­gé­tique impo­sé, qui n’a rien de démo­cra­tique mais a besoin de prou­ver qu’il peut gérer ses déchets pour assu­rer sa sur­vie. Ce qui se joue aujourd’hui à Bure, c’est l’aveu même que le choix pris par une poi­gnée de poli­tiques et d’industriels de déve­lop­per la filière nucléaire était insen­sé ; c’est la preuve que, mal­gré toutes les armes déve­lop­pées depuis tant d’années (lob­bying, green­wa­shing, spon­so­ring, infil­tra­tion des milieux poli­tiques, mil­lions d’euros dépen­sés en com­mu­ni­ca­tion), la cou­leuvre est bien trop grosse pour être ava­lée. Bure, c’est la démons­tra­tion de l’impasse — explo­sive — de la très sale filière qu’est l’industrie nucléaire.


Photographie de ban­nière : mani­fes­ta­tion contre le pro­jet d’enfouissement de déchets nucléaires, le 18 février 2017 à Bure, par Olivier Saint-Hilaire


Le réseau Sortir du nucléaire milite afin d’« obte­nir l’abandon du nucléaire en France grâce à une autre poli­tique éner­gé­tique, en favo­ri­sant notam­ment la maî­trise de l’énergie, et le déve­lop­pe­ment d’autres moyens de pro­duc­tion élec­trique ».


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  1. À l’approche de la COP 21, EDF, spon­sor offi­ciel de cet évé­ne­ment, a lan­cé une grande cam­pagne de publi­ci­té pour se pré­sen­ter comme le « par­te­naire offi­ciel d’un monde bas car­bone ». Celle-ci fait l’éloge de sa pro­duc­tion d’électricité qui, grâce au nucléaire, serait « à 98 % sans CO2 ». Pour dénon­cer cette com­mu­ni­ca­tion, le réseau Sortir du nucléaire a por­té plainte devant le Jury de déon­to­lo­gie publi­ci­taire et assi­gné EDF en res­pon­sa­bi­li­té civile devant le tri­bu­nal de grande ins­tance de Paris. Par ailleurs, la der­nière publi­ci­té d’EDF, inti­tu­lée « The Race », met en scène des per­son­nages de jeux vidéo féé­riques évo­luant dans le monde des éner­gies entre de belles éoliennes et des cen­trales ras­su­rantes. Pour dénon­cer cette com­mu­ni­ca­tion, Sortir du nucléaire a éga­le­ment dépo­sé plainte le 30 octobre 2017 devant le Jury de déon­to­lo­gie publi­ci­taire, qui lui a don­né rai­son le 18 jan­vier 2018.[]
  2. Une fuite d’un kilo­gramme de réfri­gé­rant de syn­thèse dans l’at­mo­sphère pro­duit un effet de serre équi­va­lant à celui géné­ré par l’é­mis­sion de 1 000 à 13 000 kilo­grammes de CO2.[]
  3. Voir le rap­port de l’Autorité de sûre­té nucléaire sur l’état de la sûre­té nucléaire et de la radio­pro­tec­tion en France en 2017, page 23 : https://www.asn.fr/annual_report/2017fr/.[]
  4. Une ins­tal­la­tion nucléaire de base 5 INB est une ins­tal­la­tion sou­mise, de par sa nature ou en rai­son de la quan­ti­té ou de l’activité des sub­stances radio­ac­tives qu’elle contient, à la loi du 13 juin 2006 (dite loi TSN) et à l’ar­rê­té du 7 février 2012. Ces ins­tal­la­tions doivent être auto­ri­sées par décret pris après enquête publique et avis de l’ASN. Leur concep­tion, construc­tion, exploi­ta­tion (en fonc­tion­ne­ment et à l’ar­rêt) et déman­tè­le­ment sont régle­men­tés. Voir https://www.asn.fr/Lexique/I/INB.[]
  5. Cf. le rap­port de l’Autorité de sûre­té nucléaire sur l’état de la sûre­té nucléaire et de la radio­pro­tec­tion en France en 2017, page 23 : https://www.asn.fr/annual_report/2017fr/.[]
  6. Selon la loi n° 2006–739 du 28 juin 2006, rela­tive à la ges­tion durable des matières et déchets radio­ac­tifs, article L542‑1–1 du code de l’en­vi­ron­ne­ment.[]
  7. Pour fabri­quer le MOX, il faut convoyer le plu­to­nium (par camion uni­que­ment) depuis l’u­sine de retrai­te­ment de La Hague jusqu’à celle de fabri­ca­tion, dans le sud de la France, pour enfin le réex­pé­dier dans les 20 cen­trales qui l’u­ti­lisent (à hau­teur de 30 % — l’ins­ta­bi­li­té du MOX ren­dant le pilo­tage des réac­teurs bien plus com­plexe et ris­qué qu’il ne l’est déjà, aucune cen­trale ne fonc­tionne uni­que­ment avec).[]
  8. On pen­se­ra au pro­jet Superphénix qui, comme son nom l’in­dique, se pro­po­sait de faire renaître du com­bus­tible de ses propres cendres : un fias­co. Et la preuve de l’inanité du sché­ma cyclique du com­bus­tible.[]
  9. Pour déve­lop­per ce der­nier axe, il était pré­vu de construire trois labo­ra­toires sou­ter­rains, cha­cun devant étu­dier les carac­té­ris­tiques et le com­por­te­ment de dif­fé­rentes roches afin d’identifier laquelle serait la plus apte à ser­vir de sto­ckage pour les déchets radio­ac­tifs les plus dan­ge­reux.[]
  10. La ges­tion des déchets par l’enfouissement est deve­nue une tra­di­tion en France, et pas uni­que­ment les déchets radio­ac­tifs. En Alsace, 44 000 tonnes de déchets indus­triels ultimes ont été enfouis dans une ancienne mine de potasse. Dans les pro­fon­deurs de StocaMine, se trouvent des bidons de mer­cure, de cya­nure, d’amiante, de rési­dus de pes­ti­cides et autres cadeaux pour l’a­ve­nir. Extrêmement toxiques, et évi­dem­ment sto­ckés dans des condi­tions pro­blé­ma­tiques en matière de sécu­ri­té, ces mil­liers de tonnes de déchets chi­miques menacent la plus grande nappe phréa­tique d’Europe.[]
  11. Certains MA-VL pro­duisent de l’hydrogène. Or non seule­ment cette ven­ti­la­tion engen­dre­ra inévi­ta­ble­ment des rejets radio­ac­tifs dans l’atmosphère, mais si elle n’est pas assu­rée et que plus de 4 % d’hy­dro­gène s’ac­cu­mule dans l’air, une seule étin­celle peut pro­duire une explo­sion — d’au­tant que cer­tains « colis » sont enro­bés de bitume (hau­te­ment inflam­mable), ce qui, avec de l’hydrogène, crée un cock­tail déto­nant. Mais qui peut garan­tir que durant des cen­taines d’années, aucune panne, aucune défaillance ne mena­ce­ra la ven­ti­la­tion ?[]

REBONDS

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