Contre la croissance infinie


Texte inédit, en français, pour le site de Ballast

« C’est le grand pro­blème de notre époque : on sait mais on ne croit pas. Les mythes sont tou­jours plus forts que les faits. Notre mythe, c’est la crois­sance infi­nie, la tech­no-science qui domine la nature », expli­quait en 2015 l’es­sayiste fran­çais Pablo Servigne, ingé­nieur agro­nome et doc­teur en bio­lo­gie. Plus qu’une « crise » ou une « catas­trophe » éco­lo­gique, nous assis­te­rions à un « effon­dre­ment », un « col­lap­sus » : c’est la thèse éga­le­ment défen­due par Uri Gordon, théo­ri­cien et mili­tant liber­taire d’o­ri­gine israé­lienne, dans le pré­sent texte. Si son pro­pos engage avant tout le mou­ve­ment anar­chiste (quelles pistes pour pen­ser et agir ?), l’au­teur invite, bien sûr, à inves­tir « un champ social beau­coup plus large ». ☰ Par Uri Gordon


holt4 Les signes nous crèvent les yeux depuis des décen­nies. Il aura vrai­ment fal­lu une géné­reuse dose d’ignorance, d’arrogance et de déni pour qu’un pro­nos­tic par­fai­te­ment ration­nel soit décrit comme des voci­fé­ra­tions irra­tion­nelles, éma­nant de mar­gi­naux pro­phètes de mal­heur. Mais, à pré­sent, tan­dis que la réa­li­té nous claque le visage à coups répé­tés, la conscience qu’il y a bien un pro­ces­sus à l’œuvre est en train d’é­mer­ger. Plus ques­tion de détour­ner le regard : la civi­li­sa­tion indus­trielle est en train de s’écrouler. Et, déjà, nous sommes pris dans le tour­billon. Le prix de l’énergie monte en flèche, en réper­cus­sion du récent pic de la pro­duc­tion pétro­lière et de son inévi­table déclin. Ouragans, séche­resses et phé­no­mènes cli­ma­to­lo­giques erra­tiques deviennent de plus en plus fré­quents et intenses, nous fai­sant enfin com­prendre les consé­quences d’un réchauf­fe­ment cli­ma­tique cau­sé par la main de l’Homme. Dans le même temps, la qua­li­té des sols et de l’eau conti­nue de se dété­rio­rer et la bio­di­ver­si­té de s’effondrer — avec une extinc­tion des espèces qui atteint 10 000 fois son taux nor­mal. La viru­lence de la crise des prix ali­men­taires qui sub­merge aujourd’hui le monde est le plus sûr indi­ca­teur que les choses ne retrou­ve­ront jamais leur cours nor­mal. Au contraire : ce dont nous fai­sons l’expérience est l’ultime confron­ta­tion entre le besoin de crois­sance infi­nie du capi­ta­lisme néo­li­bé­ral et les res­sources finies d’une pla­nète unique. Aucune spé­cu­la­tion finan­cière, aucun recours tech­no­lo­gique n’épargneront au sys­tème un anéan­tis­se­ment inévi­table. Le temps du tour­nant est arri­vé — et nous sommes la géné­ra­tion qui connaît le dou­teux pri­vi­lège de vivre et de mou­rir dans ses affres.

« Ce dont nous fai­sons l’expérience est l’ultime confron­ta­tion entre le besoin de crois­sance infi­nie du capi­ta­lisme néo­li­bé­ral et les res­sources finies d’une pla­nète unique. »

De nom­breuses contri­bu­tions1 célèbrent la flo­rai­son d’activités et de pré­oc­cu­pa­tions intel­lec­tuelles anar­chistes à un moment où, sur toute la pla­nète, renaît une oppo­si­tion anti­ca­pi­ta­liste. Néanmoins, dès qu’il s’agit de pro­po­ser une pers­pec­tive inter­na­tio­nale à l’avenir de la praxis [du grec ancien, « action », ndlr] anar­chiste, on se trouve confron­té à de sombres pré­sages. On exige désor­mais des anar­chistes et de leurs alliés qu’ils se pro­jettent dans un ave­nir fait d’instabilité et de dégra­da­tion crois­sante, et qu’ils ré-ima­ginent des tac­tiques et des stra­té­gies à la lumière de cette conver­gence de crises qui défi­ni­ra le XXIe siècle. Le pré­sent texte fait le bilan de l’ef­fon­dre­ment en cours du capi­ta­lisme mon­dial, émet des hypo­thèses sur ses pos­sibles consé­quences sociales, les posant comme enjeux d’une praxis anar­chiste future. Il est mani­fes­te­ment vain de ten­ter d’a­bor­der cette tâche d’un point de vue soi-disant « neutre », qui se conten­te­rait d’an­ti­ci­per les grandes ten­dances futures, sans pro­po­ser de recom­man­da­tions, ni d’en­cou­ra­ge­ments à l’ac­tion. Cette ten­ta­tive de visua­li­sa­tion, plus qu’un simple éven­tail de pré­dic­tions, sug­gère des prio­ri­tés à endos­ser par les anar­chistes pour les années à venir.

Effondrement et récupération

Dans son best-sel­ler L’Effondrement, paru en 2005, Jared Diamond fait l’analyse de la crois­sance et de la chute de plu­sieurs socié­tés humaines, aus­si diverses et éloi­gnées dans le temps et l’espace que les éta­blis­se­ments Viking du Groenland, l’Île de Pâques ou Mesa Verde, dans le sud-ouest éta­su­nien. Dans cha­cun des cas, l’environnement fut exploi­té à outrance et les res­sources pous­sées bien au-delà du sou­te­nable… Poussées jusqu’à leur point de bas­cu­le­ment. Toutes ces socié­tés se sont effon­drées — et Diamond pense mani­fes­te­ment que la même chose va arri­ver à notre socié­té mon­dia­li­sée. Le pic pétro­lier marque clai­re­ment un point de bas­cu­le­ment. Sans pétrole bon mar­ché, il ne peut y avoir ni avia­tion com­mer­ciale, ni monstres agro-ali­men­taires du blé, ni satel­lites de télé­coms, ni pro­ba­ble­ment de gratte-ciel. On ne pour­ra plus faire faire 5 000 kilo­mètres à des pommes pour les revendre sur les étals éclai­rés au néon des super­mar­chés, pas plus qu’on ne pour­ra impor­ter d’appareils bon mar­ché de Chine. Le sys­tème ali­men­taire moderne en par­ti­cu­lier est presque entiè­re­ment dépen­dant du pétrole : de la fabri­ca­tion des engrais et pes­ti­cides jusqu’à l’énergie pour faire tour­ner les sys­tèmes d’irrigation, les machines, l’emballage et le trans­port. Sans pétrole à un coût abor­dable, c’est tout, de l’agriculture indus­trielle jusqu’au com­merce mon­dial — et bien d’autres sys­tèmes que nous consi­dé­rons comme allant de soi — qui sera ren­du impos­sible. La ques­tion n’est pas tant de savoir si l’effondrement va se pro­duire, mais à quel rythme et avec quelles consé­quences il va se produire.

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Pour mieux com­prendre les méca­nismes des sys­tèmes com­plexes lorsqu’ils sont en crise, on peut se tour­ner vers Kay Summer et Harry Halpin, qui ont récem­ment dis­cu­té d’équilibre dyna­mique et de phase de tran­si­tion. D’une façon simi­laire aux orga­nismes bio­lo­giques ou à Internet, le capi­ta­lisme mon­dia­li­sé est un sys­tème com­plexe régé­né­ra­tif qui se main­tient au moyen d’un équi­libre dyna­mique plu­tôt que sta­tique. Le sys­tème reste en mou­ve­ment grâce à un apport maté­riel ou éner­gé­tique constant, oscil­lant d’avant en arrière selon cer­tains para­mètres, un peu comme une balle qui roule dans une val­lée — phé­no­mène éga­le­ment connu sous le terme de « bas­sin d’attraction ». Toutefois, « une per­tur­ba­tion mas­sive, ou même minus­cule mais judi­cieuse, peut déclen­cher une boucle d’accélération qui éjec­te­ra la balle qui roule de sa val­lée pour l’envoyer dans un autre bas­sin d’attraction… Ces chan­ge­ments de type majeur — d’une val­lée à une autre — sont appe­lés tran­si­tions de phase et sont sou­vent pré­cé­dés de périodes d’insta­bi­li­té cri­tique, pen­dant les­quelles le sys­tème est sou­mis à une contrainte énorme. Il peut effec­tuer de très grandes embar­dées, faire preuve de com­por­te­ments appa­rem­ment chao­tiques, avant de se redé­po­ser dans un nou­vel état, plus stable. Ces périodes sont défi­nies comme des points de bifur­ca­tion, parce qu’il appa­raît que le sys­tème peut aller autant dans une direc­tion que dans une autre. » (Summer & Halpin, 2007)

« La ques­tion n’est pas tant de savoir si l’effondrement va se pro­duire, mais à quel rythme et avec quelles consé­quences il va se produire. »

L’époque inté­res­sante dans laquelle nous vivons est pré­ci­sé­ment l’une de ces périodes d’instabilité cri­tique. Des fac­teurs tels que la pénu­rie éner­gé­tique ou le chan­ge­ment cli­ma­tique peuvent pous­ser le sys­tème de plus en plus près des bords de son bas­sin d’attraction, d’où il résulte un effon­dre­ment dont la tran­si­tion de phase sera de même ampleur que celles qui nous firent pas­ser, jadis, de la chasse à l’agriculture ou, plus récem­ment, de l’agriculture au capi­ta­lisme indus­triel. Assurément, il y a des limites à ce rai­son­ne­ment si l’on veut abor­der plus fine­ment les déve­lop­pe­ments sociaux et poli­tiques, et leur signi­fi­ca­tion pour la praxis anar­chiste. Le fait d’envisager le sys­tème comme un tout tend notam­ment à obs­cur­cir ses contra­dic­tions et anta­go­nismes internes, d’une influence déter­mi­nante dans le dérou­le­ment poli­tique et social de la tran­si­tion de phase dans dif­fé­rents pays. De plus, la pénu­rie éner­gé­tique crois­sante arrê­te­ra vrai­sem­bla­ble­ment — peut-être même inver­se­ra — de nom­breux échanges liés à la mon­dia­li­sa­tion éco­no­mique et cultu­relle, entraî­nant la frag­men­ta­tion et l’hétérogénéité des tra­jec­toires post-effon­dre­ment. Risquons-nous à filer la méta­phore et ima­gi­nons que cette balle qui roule est faite de mer­cure, et qu’au point de bifur­ca­tion elle se brise en plu­sieurs gout­te­lettes se déver­sant dans plu­sieurs bas­sins d’attraction inter­con­nec­tés. Comment décrire ces nou­velles réa­li­tés poli­tiques ? Même si la vue se brouille quelque peu, on pour­rait envi­sa­ger trois grandes options : de nou­velles formes sociales fon­dées sur la liber­té et l’égalité ; d’autres fon­dées sur une conti­nui­té de l’oppression et de l’inégalité ; enfin, une des­truc­tion pure et simple de toute forme sociale orga­ni­sée — en d’autres termes : un com­mu­nisme radi­cal ; un éco-auto­ri­ta­risme ; la guerre civile.

Les anar­chistes et leurs alliés sont déjà pro­fon­dé­ment enga­gés dans des acti­vi­tés du type de celles qui nous tirent vers le pre­mier bas­sin d’attraction. J’y revien­drai plus loin. Pour le moment, j’aimerais me concen­trer encore un peu sur le deuxième bas­sin d’attraction. Anticiper les réponses du sys­tème à l’effondrement est en effet cru­cial si les anar­chistes et leurs alliés veulent res­ter en tête de la course plu­tôt que sim­ple­ment réac­tifs, et compte tenu du fait que les ins­ti­tu­tions hié­rar­chiques sont d’ores et déjà en train de se recom­po­ser pour ins­tau­rer une gou­ver­nance de l’effondrement. Dans ce contexte, c’est au moyen d’une stra­té­gie cen­trée sur la récu­pé­ra­tion que l’hégémonie des ins­ti­tu­tions sociales de type hié­rar­chique sera pré­ser­vée. La récu­pé­ra­tion est le pro­ces­sus par lequel la socié­té capi­ta­liste désa­morce les menaces maté­rielles ou cultu­relles aux­quelles elle est confron­tée en les reco­dant, en les absor­bant selon ses propres termes logiques (voir Internationale situa­tion­niste, n° 10, 1966). C’est au moyen d’une cam­pagne mas­sive de ce type que les enjeux envi­ron­ne­men­taux sont actuel­le­ment atta­qués — alors que super­fi­ciel­le­ment, on a l’impression que les sujets éco­lo­giques se voient enfin accor­der la pre­mière place dans le dis­cours dominant.

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Mais, en réa­li­té, la prise de conscience du pic pétro­lier, du chan­ge­ment cli­ma­tique, des abus qui ont ren­du pos­sible cette crise per­pé­tuelle, s’est sol­dée par l’effacement com­plet des conclu­sions radi­cales que les mou­ve­ments éco­lo­giques avaient jointes à leurs aver­tis­se­ments. Depuis les années 1960, les auteurs et les acti­vistes ont mis en avant : 1) la contra­dic­tion fon­da­men­tale entre sta­bi­li­té éco­lo­gique et crois­sance infi­nie ; 2) le lien, d’ordre idéo­lo­gique, entre la domi­na­tion anthro­po­cen­trique sur la nature et les rela­tions d’exploitation de genre et de classe ; 3) le besoin d’égalité et de décen­tra­li­sa­tion comme base d’une socié­té réel­le­ment sou­te­nable. Au contraire, les élites poli­tiques et éco­no­miques ont, jusqu’ici, très bien réus­si à pro­mou­voir une stra­té­gie qui res­treint ces sujets à un cadre tech­nique et mana­gé­rial plu­tôt que social, et à pro­mou­voir l’innovation tech­no­lo­gique et la ges­tion des mar­chés comme moyen de fabri­quer la sta­bi­li­té néces­saire à la conti­nui­té du sys­tème. C’est ain­si que nous assis­tons à :

- La bana­li­sa­tion des crises des res­sources et de l’écologie, d’où la pré­sen­ta­tion des inon­da­tions, extinc­tions et pénu­ries comme des facettes accep­tables de l’époque.
– La trans­for­ma­tion de l’atmosphère en mar­chan­dise, en même temps que des méca­nismes de dettes sont intro­duits pour régu­ler les émis­sions de pol­luants et gaz à effet de serre (Bachram, 2004).
– Le chan­ge­ment d’image de l’énergie nucléaire en tant qu’alternative « propre » aux éner­gies fos­siles — spec­ta­cu­laire ren­ver­se­ment d’une image de paran­gon de des­truc­tion. La même approche s’applique à l’ingénierie géné­tique, pré­sen­tée comme ges­tion agri­cole et ter­ri­to­riale « durable » (Dewar, 2007).
– La dif­fu­sion d’une conscience éco­lo­gique dans la culture consu­mé­riste par le bio, les mar­chés ves­ti­men­taires, les centres com­mer­ciaux « durables », et la tra­ça­bi­li­té de l’empreinte car­bone indi­vi­duelle (Welsh & Blüdhorn, 2007).

« Le capi­ta­lisme ne pour­ra pas éter­nel­le­ment repous­ser le moment de se confron­ter aux limites objec­tives de la croissance. »

L’un des signes les plus fla­grants de cette stra­té­gie de récu­pé­ra­tion est sans doute le chan­ge­ment de fonc­tion des som­mets du G8, en réponse aux pro­tes­ta­tions annuelles : « Le G8 s’est réin­ven­té pour deve­nir un cirque média­tique se pré­sen­tant comme la seule ins­tance en mesure de s’atteler aux pro­blèmes pla­né­taires. En d’autres termes, à mesure que le G8 était atta­qué, son objec­tif deve­nait la re-légi­ti­ma­tion de son auto­ri­té mon­diale. Et il s’en sor­tit très bien. À Gleneagles, une grande ONG spon­so­ri­sée par le Royaume-Uni orga­ni­sa une opé­ra­tion non pas de pro­tes­ta­tion, mais de sou­tien au G8, au pré­texte de l’allègement de la dette afri­caine. Elle ras­sem­bla 300 000 per­sonnes. À Heiligendamm, le G8 évo­lua encore d’un cran, en tirant sa légi­ti­mi­té d’une pseu­do-pré­oc­cu­pa­tion pour le chan­ge­ment cli­ma­tique. » (col­lec­tif anglais Turbulence) Tous ces pro­ces­sus montrent clai­re­ment la ten­ta­tive de reco­der les défis éco­lo­giques en autant d’opportunités pour le capi­ta­lisme, au moyen de nou­veaux mar­chés et d’instruments de gou­ver­nance mon­diale. Pourtant, le green­wa­shing [ou « éco­blan­chi­ment » : stra­té­gie visant à uti­li­ser l’é­co­lo­gie à des fins mar­ke­ting, ndlr] pure­ment super­fi­ciel de l’accumulation capi­ta­liste ne peut qu’exacerber les inéga­li­tés, créer de nou­velles divi­sions, et impo­ser des régimes d’austérité aux plus pauvres, cepen­dant que les élites finan­cières pas­se­ront à la caisse.

Néanmoins, le capi­ta­lisme ne pour­ra pas éter­nel­le­ment repous­ser le moment de se confron­ter aux limites objec­tives de la crois­sance. Ainsi, les but ultimes de ces stra­té­gies de récu­pé­ra­tion sont de gagner du temps, de pro­lon­ger la période gérable de la crise et de per­mettre aux ins­ti­tu­tions hié­rar­chiques de pour­suivre leur adap­ta­tion, loin du capi­ta­lisme. Tandis que la raré­fac­tion des res­sources entraî­ne­ra inévi­ta­ble­ment de nou­velles formes de pro­duc­tion, plus locales et plus inten­sives, cette tran­si­tion peut néan­moins être conduite par des élites. Un tel pro­ces­sus vise­rait à créer des modèles post-capi­ta­listes de pro­duc­tion alié­née, qui, pour être appro­priés à un contexte de pénu­rie, n’en conti­nue­ront pas moins d’as­so­cier la capa­ci­té de pro­duc­tion humaine à des méca­nismes d’emprisonnement éco­no­mique. Si elle devait se révé­ler effi­cace à long terme, une telle stra­té­gie ini­tie­rait de nou­velles formes féo­dales, où le tra­vail serait en par­tie démar­chan­di­sé pour être rem­pla­cé par du ser­vage, et où des élites armées main­tien­draient un accès pri­vi­lé­gié aux fruits raré­fiés de res­sources étiques (Caffentzis, 2008). Mais, comme la stra­té­gie de récu­pé­ra­tion capi­ta­liste ren­contre quand même des limites (notam­ment parce que l’expérience accu­mu­lée par les mou­ve­ments sociaux anti­ca­pi­ta­listes leur per­mettent de voir clair dans ce jeu), elle s’accompagne d’une seconde stra­té­gie — la répres­sion — qui res­te­ra une réponse cen­trale du sys­tème. Ce contexte voit se raf­fi­ner de modernes formes de gou­ver­nance auto­ri­taire, depuis la sur­veillance élec­tro­nique ou le pro­fi­lage géné­tique jusqu’au pou­voir tou­jours plus grand des firmes de sécu­ri­té pri­vées, ou le ren­for­ce­ment pro­gram­mé de l’OTAN, ou de l’architecture sécu­ri­taire euro­péenne (Gipfesoli, 2008). L’innovation conti­nue dans le domaine du contrôle social se déve­loppe non seule­ment par anti­ci­pa­tion de pos­sibles menaces géo­po­li­tiques — guerres pour les res­sources ou migra­tions mas­sives de réfu­giés cli­ma­tiques —, mais aus­si comme rem­part contre la contes­ta­tion sociale interne aux pays capi­ta­listes, à l’heure où les alter­na­tives radi­cales auto­gé­rées fon­dées sur l’aide mutuelle et la com­mu­nau­té pro­li­fèrent pour s’opposer aux stra­té­gies de confi­ne­ment et de décen­tra­li­sa­tion our­dies par les élites.

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Conséquences pour la pratique

Quel est le sens de ces évo­lu­tions pour l’avenir de la pra­tique anar­chiste ? Pour répondre à cette ques­tion, on pour­rait clas­ser les myriades d’actions et de pro­jets sou­te­nus par les anar­chistes sous trois grandes caté­go­ries : dé-légi­ti­ma­tion, action directe (tant des­truc­tive que créa­tive) et actions en réseaux. Ces caté­go­ries ne sont pas exclu­sives les unes des autres ; elles forment quand même des rubriques de dis­cus­sion com­modes. La dé-légi­ti­ma­tion fait réfé­rence aux inter­ven­tions anar­chistes dans le dis­cours public, orales ou sym­bo­liques, dont le pro­pos est de dénier sur le fond toute légi­ti­mi­té aux ins­ti­tu­tions sociales domi­nantes et de saper ses pré­misses : repré­sen­ta­ti­vi­té poli­tique, socié­té de classes, patriar­cat, etc. A contra­rio de la contes­ta­tion, plu­tôt diri­gée contre un ensemble déter­mi­né de mesures et orga­ni­sée dans le sens d’exigences for­mu­lées à l’encontre du gou­ver­ne­ment ou d’entreprises, les pro­pos de la dé-légi­ti­ma­tion ciblent l’existence même des ins­ti­tu­tions hié­rar­chiques et demandent, impli­ci­te­ment ou expli­ci­te­ment, leur abo­li­tion. Ainsi, la par­ti­ci­pa­tion anar­chiste aux actions contre l’OMC ou le FMI dépas­sait la seule demande de chan­ge­ment de ces ins­ti­tu­tions, mais uti­li­sait plu­tôt ces mani­fes­ta­tions en tant qu’opportunité pour délé­gi­ti­mer le capi­ta­lisme même.

« Écofascisme : ce terme recouvre les efforts déjà répan­dus chez de nom­breux par­tis d’extrême droite pour appli­quer un ver­nis éco­lo­gique à leurs pro­grammes auto­ri­taires et racistes. »

[…] Dans le contexte de l’anarchisme à l’âge de l’effondrement, la dé-légi­ti­ma­tion joue­ra de plus en plus un rôle cru­cial de contre-mesure aux efforts d’absorption par le capi­ta­lisme des crises conver­gentes en ce XXIe siècle. Ceci est lié non seule­ment au recy­clage des défis envi­ron­ne­men­taux en oppor­tu­ni­tés com­mer­ciales, mais encore à leur déploie­ment en tant qu’instrument de peur sociale. Dans le sillage du déclin de l’État-providence de ces der­nières décen­nies, les gou­ver­ne­ments ne peuvent plus fon­der leur légi­ti­mi­té sur des pro­messes de bien-être, d’éducation, ou de san­té. Au contraire, leur auto-jus­ti­fi­ca­tion s’articule avec la pro­messe de pro­té­ger les citoyens de menaces lar­ge­ment média­ti­sées, dont la gamme va du ter­ro­risme à la délin­quance juvé­nile. Le cli­mat, les res­sources éner­gé­tiques, les crises ali­men­taires sont autant d’armes nou­velles de cet arse­nal. Tant que cela ne sup­pose pas de sou­te­nir les pro­pos alar­mistes par des actions qui met­traient en péril la struc­ture de la richesse et du pou­voir actuels, les menaces envi­ron­ne­men­tales sont un moyen pra­tique de main­te­nir les gens dans la peur, et la dépen­dance vis-à-vis des institutions.

Pour contrer la cam­pagne d’amnésie col­lec­tive qui a pour objec­tif de déta­cher le chaos social et éco­lo­gique de ses causes capi­ta­listes, les anar­chistes et leurs alliés devraient dire clai­re­ment que les struc­tures et les forces sociales res­pon­sables de cette pagaille ne devraient pas se voir confier les moyens d’en sor­tir. Mais ce mes­sage sera de plus en plus dif­fi­cile à expri­mer à mesure que les gou­ver­ne­ments occi­den­taux s’o­rien­te­ront osten­si­ble­ment dans une direc­tion éco­lo­gi­que­ment et socia­le­ment pro­gres­siste… La force des pers­pec­tives anar­chistes réside dans leur capa­ci­té à la cri­tique de fond pour démas­quer ces stra­té­gies pour ce qu’elles sont : des moyens de gagner du temps. Il faut éga­le­ment consi­dé­rer dans ce contexte la pos­si­bi­li­té inverse — qu’en lieu d’une tour­nure appa­rem­ment pro­gres­sive, l’effondrement entraîne dans cer­tains pays la mon­tée d’un éco­fas­cisme. Ce terme recouvre les efforts déjà répan­dus chez de nom­breux par­tis d’extrême droite pour appli­quer un ver­nis éco­lo­gique à leurs pro­grammes auto­ri­taires et racistes (Zimmermann, 1997). Ceci inclut l’utilisation d’arguments de sou­te­na­bi­li­té pour jus­ti­fier qu’on contrôle l’immigration, ou encore l’incorporation tor­due d’éléments spi­ri­tuels et contre-pro­gres­sistes, issus de l‘écologie radi­cale, pour for­mer une idéo­lo­gie natio­na­liste inté­grale (se rap­pe­ler la célé­bra­tion par les nazis de la connexion qua­si-mys­tique entre les Allemands et leur terre). L’écofascisme est un enne­mi par­ti­cu­liè­re­ment dan­ge­reux parce qu’il se pré­sente comme oppo­sé au capi­ta­lisme des mul­ti­na­tio­nales, tan­dis qu’en der­nière ana­lyse, il en est un para­site (Hammerquist & Sakai, 2002).

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Ce qui nous amène à l’endroit cen­tral de la praxis anar­chiste, l’action directe […], com­prise comme la prise en main du chan­ge­ment social par soi-même, en inter­ve­nant direc­te­ment sur une situa­tion plu­tôt que d’en appe­ler à un agent exté­rieur (typi­que­ment : le gou­ver­ne­ment). Elle est le plus com­mu­né­ment consi­dé­rée sous ses aspects pré­ven­tifs ou des­truc­tifs. Si des gens refusent la mise en coupe claire d’une forêt, mener une action directe signi­fie s’enchaîner aux arbres ou mettre du sucre dans les réser­voirs d’essence des bull­do­zers plu­tôt que d’user de la péti­tion ou de la voie légale. En com­plé­ment de la défense de l’environnement, il faut s’attendre à ce que l’action directe, dans sa forme pré­ven­tive et des­truc­tive, devienne de plus en plus impor­tante à l’endroit de la résis­tance aux nou­velles tech­no­lo­gies […] ; de façon d’autant plus signi­fi­ca­tive que la réponse des ins­ti­tu­tions se foca­li­se­ra de manière com­plè­te­ment irres­pon­sable sur le nucléaire, les bio­tech­no­lo­gies, et la géo-ingé­nie­rie. Insistons au pas­sage sur le fait que, dans ce contexte, il n’est pas néces­saire de deve­nir « anti-civi­li­sa­tion » pour endos­ser de telles actions : nul besoin de se trans­for­mer en pri­mi­ti­viste pour agir en lud­dite [réfé­rence au mou­ve­ment ouvrier des « bri­seurs de machines », ndlr].

« L’industrie nucléaire se rha­bille en éner­gie propre, alter­na­tive au pétrole, char­bon et gaz, et les gou­ver­ne­ments lui emboîtent le pas. »

L’industrie nucléaire se rha­bille en éner­gie « propre », alter­na­tive au pétrole, char­bon et gaz, et les gou­ver­ne­ments lui emboîtent le pas. Seulement, c’est au prix d’une conta­mi­na­tion éter­nelle que le nucléaire four­ni­ra ce gain de temps au capi­ta­lisme. Les anar­chistes et leurs alliés devront sans doute inter­ve­nir direc­te­ment pour entra­ver les pro­jets de construc­tion, et il est fort pro­bable que les luttes anti-nucléaires devien­dront bien­tôt une figure emblé­ma­tique de la praxis anar­chiste. L’acuité de la crise ali­men­taire mon­diale amè­ne­ra vrai­sem­bla­ble­ment les ins­ti­tu­tions à faire un for­cing mas­sif dans le sens de la géné­ra­li­sa­tion de l’alimentation géné­ti­que­ment modi­fiée, offi­ciel­le­ment pour obte­nir de meilleurs ren­de­ments, mais au prix d’une conta­mi­na­tion des éco­sys­tèmes, et d’un contrôle ren­for­cé des entre­prises sur les moyens de sub­sis­tance des pay­sans. Ici encore, le mois­son­nage « volon­taire » devrait prendre une place pré­pon­dé­rante dans la praxis anar­chiste, tout en pro­po­sant des alter­na­tives sou­te­nables en paral­lèle. Enfin, les acti­vistes sont de plus en plus conscients que les nano­tech­no­lo­gies — la mani­pu­la­tion directe des atomes et molé­cules — sont le der­nier ava­tar de l’assaut de la Technique contre la socié­té et la bio­sphère. Profitant de ce que la réduc­tion de sub­stances à leur nano-dimen­sion per­met le chan­ge­ment de pro­prié­té (des bre­vets), une armée de nou­veaux pro­duits ont déjà pris place sur le mar­ché (ETC Group, 2003). Les nano­tech­no­lo­gies ne sont pas seule­ment des tech­niques qui mettent les entre­prises concer­nées en capa­ci­té de ren­for­cer leur pou­voir dans tous les sec­teurs, mais encore une pla­te­forme où faire conver­ger bio­tech­no­lo­gie, numé­rique et neu­ros­ciences, au moment où la fron­tière du vivant/­non-vivant est fran­chie à l’échelle atomique.

De manière plus immé­diate, ces ini­tia­tives favo­ri­sées par les nano­tech­no­lo­gies font par­tie de la menace gran­dis­sante de la géo-ingé­nie­rie, cette mani­pu­la­tion inten­tion­nelle, à grande échelle, de sys­tèmes pla­né­taires en vue de créer du chan­ge­ment envi­ron­ne­men­tal, avec l’objectif par­ti­cu­lier de contre­car­rer les effets indé­si­rables dus à l’activité humaine. Parmi ceux-ci, la « fer­ti­li­sa­tion » des océans au moyen de nano­par­ti­cules pour accroître la flo­rai­son des espèces de phy­to­planc­ton qui captent le CO2, l’utilisation, dans des mines aban­don­nées, puits de pétrole, grottes sous-marines, de mem­branes nano­con­çues pour sto­cker le CO2 com­pri­mé, ou encore faire écla­ter des aéro­sols au sul­fate pour réflé­chir les rayons solaires2. Des efforts légaux inter­na­tio­naux pour contrer ces mesures sont déjà en cours. Les gou­ver­ne­ments signa­taires de la conven­tion des Nations unies pour la bio­di­ver­si­té sont par­ve­nus à un mora­toire sur ces acti­vi­tés de fer­ti­li­sa­tion des océans. Mais elles demeurent limi­tées en éten­due et en force exé­cu­toire ; ain­si, une entre­prise de fer­ti­li­sa­tion cali­for­nienne du nom de Climos Inc. avance à toute vapeur sur ce ter­rain, au mépris com­plet des accords inter­na­tio­naux. L’action directe pour­rait se révé­ler le seul moyen d’empêcher ce jeu dan­ge­reux avec l’équilibre des sys­tèmes pla­né­taires, qui les a déjà gran­de­ment déstabilisés.

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À côté de ses formes pré­ven­tives et des­truc­tives, l’action directe peut éga­le­ment signi­fier construc­tion et créa­ti­vi­té — comme de pro­duire, de manière auto­gé­rée et sur le ter­rain, des alter­na­tives au capi­ta­lisme. Expériences d’utopie en cours de réa­li­sa­tion, ces efforts pré­fi­gurent une poli­tique géné­rant un monde nou­veau depuis l’intérieur de la coque de l’ancien. Comme l’expliquent les auteurs du col­lec­tif Emergency Exit au sujet des nom­breuses ini­tia­tives de ce genre, déjà à l’œuvre et qui dépassent les efforts des seuls anar­chistes : « Depuis les nou­velles formes de démo­cra­tie directe dans des com­mu­nau­tés indi­gènes telles que El Alto en Bolivie, ou les usines auto­gé­rées au Paraguay, jusqu’aux mou­ve­ments des town­ships en Afrique du Sud, les coopé­ra­tives agri­coles en Inde, les mou­ve­ments de squat­ters en Corée, l’expérience de la per­ma­cul­ture en Europe ou l’économie isla­mique dans les milieux urbains défa­vo­ri­sés du Moyen-Orient. Nous avons vu se déve­lop­per des mil­liers de formes d’associations de soli­da­ri­té mutuelle qui par­tagent un désir com­mun de rompre avec le capi­ta­lisme, en pra­tique et, de façon encore plus impor­tante, d’offrir la pers­pec­tive de nou­velles formes de com­muns au niveau pla­né­taire. »

« Dans les années qui viennent, la créa­tion d’alternatives auto­gé­rées, fon­dées sur le prin­cipe des com­muns, devien­dra tou­jours plus urgente. »

Par la récu­pé­ra­tion des com­muns, les gens deviennent de plus en plus capables de se défaire de la dépen­dance au capi­ta­lisme, et de le vider de l’intérieur. Dans les années qui viennent, la créa­tion d’alternatives auto­gé­rées, fon­dées sur le prin­cipe des com­muns, devien­dra tou­jours plus urgente à mesure que les col­lec­ti­vi­tés devront faire face au déclin des res­sources éner­gé­tiques et au chan­ge­ment cli­ma­tique. Les anar­chistes devront s’engager à construire des alter­na­tives indé­pen­dantes, sou­te­nables, et de l’autonomie col­lec­tive. Chez les anti­ca­pi­ta­listes, l’intérêt pour la per­ma­cul­ture, le bâti­ment « natu­rel » et d’autres aspects d’écologie pra­tique est un signe encou­ra­geant témoi­gnant que les choses vont dans la bonne direc­tion. Cette forme construc­tive d’action directe est par­ti­cu­liè­re­ment signi­fi­ca­tive dans les pays capi­ta­listes les plus avan­cés, là où on trouve la plu­part des anar­chistes et où le lien social et les apti­tudes fon­da­men­tales ont été le plus abî­més. Autant en zone rurale qu’urbaine, don­ner à voir qu’au­to­suf­fi­sance et éga­li­ta­risme se com­binent dans les rela­tions sociales for­me­ra de fait une puis­sante pro­pa­gande, pro­po­sant des modèles attrayants qui don­ne­ront envie d’être mis en œuvre. De tels modèles per­mettent non seule­ment l’appropriation, mais aus­si des avan­cées dans le sens de la sécu­ri­té ali­men­taire et éner­gé­tique, et une indé­pen­dance à l’égard d’un sala­riat pré­ca­ri­sé et à qui il ne reste que bien peu de filets de sécu­ri­té sociale.

C’est ici que la der­nière caté­go­rie de la praxis anar­chiste arrive sur le devant de la scène — le tra­vail en réseau. Qu’elle soit contes­ta­trice ou construc­tive, l’action directe anar­chiste prend ici place dans un champ social beau­coup plus large ; et son suc­cès tien­dra à la soli­da­ri­té et à la coopé­ra­tion, avec des for­ma­tions autres que les réseaux propres à l’anarchisme […] — les liens devront être éten­dus aux migrants, aux réfu­giés, à la classe moyenne en per­di­tion. Ce qui ne veut pas dire que les anar­chistes doivent se posi­tion­ner comme une avant-garde condui­sant les masses vers la révo­lu­tion, mais que leur rôle est plu­tôt celui d’une arrière-garde encou­ra­geant et sau­ve­gar­dant l’autonomie et l’orientation radi­cale des résis­tances qui émergent. Lorsqu’il s’agit de construire une socié­té nou­velle, cette posi­tion entraîne un rôle de sub­ver­sion des ten­ta­tives qui seront faites par le capi­ta­lisme pour absor­ber l’autosuffisance dans un cadre auto­ri­taire, et un rôle de défense des col­lec­ti­vi­tés auto­gé­rées, sus­cep­tibles de subir diverses formes de mar­gi­na­li­sa­tion et d’attaques. Tout cela étant dit, il n’y a aucune garan­tie. L’action anar­chiste demeu­re­ra néces­saire sous toutes les condi­tions, même — et peut-être davan­tage encore — après l’effondrement du capi­ta­lisme mon­dia­li­sé. Comme l’a argu­men­té Noam Chomsky en 1986, l’anarchisme consti­tue « une lutte sans fin, puisque les pro­grès vers une socié­té plus juste mène­ront à de nou­velles com­pré­hen­sions de formes d’oppression qui avaient peut-être été, jusque-là, dis­si­mu­lées dans la pra­tique et la conscience cou­rantes ». Même en envi­sa­geant le plus favo­rable des scé­na­rios, les anar­chistes auront tou­jours à répondre à la réémer­gence de sché­mas de domi­na­tion dans la col­lec­ti­vi­té — même s’ils ont été consciem­ment sur­mon­tés à un cer­tain moment. Une vigi­lance éter­nelle est le prix de la liberté.


Traduit, de l’an­glais et avec l’ai­mable auto­ri­sa­tion de l’au­teur, par Vidal Cuervo — titre ori­gi­nal : « Dark tidings : anar­chist poli­tics in the age of collapse ».


L’installation artis­tique est de Nancy Holt (pho­to­gra­phies).


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  1. L’auteur fait notam­ment réfé­rence à l’ouvrage Contemporary anar­chist stu­dies : an intro­duc­to­ry antho­lo­gy of anar­chists in the aca­de­my, Routledge, New York, 2009 (col­lec­tif dont le pré­sent texte est extrait).[]
  2. Effet dit « albe­do », ou réflé­chis­se­ment des rayons solaires par les nuages, les masses nei­geuses, les gla­ciers, etc, per­met­tant le rafraî­chis­se­ment de l’atmosphère et donc d’éviter l’effet de serre (NdT).[]

REBONDS

☰ Lire notre entre­tien avec Razmig Keucheyan : « C’est à par­tir du sens com­mun qu’on fait de la poli­tique », février 2016
☰ Lire notre entre­tien avec Naomi Klein : « Le chan­ge­ment cli­ma­tique génère des conflits », décembre 2015
☰ Lire notre entre­tien avec Paul Ariès : « La poli­tique des grandes ques­tions abs­traites, c’est celle des domi­nants », mars 2015

Uri Gordon

Militant et théoricien anarchiste israélien, né en 1976. Il est notamment l'auteur de Anarchy Alive !, traduit en français aux éditions Atelier de création libertaire.

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