Annick Coupé : « Le syndicalisme est un outil irremplaçable »


Entretien inédit pour le site de Ballast

Un café proche de la Bourse du Travail, à Paris. La radio passe « Le Sud » de Nino Ferrer ; Annick Coupé com­mande du vin. Celle qui fut tour à tour cais­sière, ins­ti­tu­trice et employée de La Poste a éga­le­ment été cofon­da­trice de SUD-PTT et ancienne porte-parole, de 2001 à 2014, de l’Union syn­di­cale Solidaires (forte, à sa pas­sa­tion de flam­beau, de 110 000 adhé­rents) : c’est à ces titres que nous tenions à la ren­con­trer. Le déclin du taux de syn­di­ca­li­sa­tion est un mar­ron­nier de la presse fran­çaise (11 % des tra­vailleurs, en 2013) ; les rai­sons avan­cées sont mul­tiples : dés­in­dus­tria­li­sa­tion, pré­ca­ri­sa­tion, dis­con­ti­nui­té des par­cours pro­fes­sion­nels, mon­tée du chô­mage, indi­vi­dua­li­sa­tion et mise au pas capi­ta­liste des ima­gi­naires. Mais c’est d’institutionnalisation dont nous dis­cu­te­rons tout en reve­nant sur le par­cours per­son­nel de cette mili­tante fémi­niste de longue date : com­ment main­te­nir un syn­di­ca­lisme com­bat­tif et sou­cieux de ne pas par­ler à la place des salariés ?


Quand com­mence votre engagement ?

Je suis d’une famille de petits com­mer­çants de milieu rural, plu­tôt gaul­listes, sans être trop à droite. J’étais la plus jeune de quatre enfants ; mes frères et sœurs ne sont pas du tout enga­gés. Mon enga­ge­ment com­mence en 1968, en seconde. Dans mon lycée de Normandie, un mou­ve­ment s’était ini­tié : j’y ai par­ti­ci­pé sans réel­le­ment en avoir conscience. Je me sou­viens très bien du moment où les élèves de ter­mi­nale sont pas­sés dans les classes pour nous deman­der nos reven­di­ca­tions ; deux choses étaient sor­ties : de meilleures condi­tions — notam­ment au foyer lycéen — et des cours d’éducation sexuelle. C’est assez repré­sen­ta­tif de ce qu’était la socié­té à ce moment-là, avec des jeunes étouf­fant dans une socié­té conser­va­trice. Ensuite, j’ai été délé­guée de classe, tout en étant confron­tée à des pro­blèmes de dis­ci­pline. Par exemple, ils avaient ins­tal­lé un gros tis­su sépa­rant la salle de per­ma­nence en deux, avec d’un côté les filles et de l’autre les gar­çons ; je n’ai rien trou­vé de mieux que de faire des trous dedans et de mar­quer « À bas le mur ! ». J’ai ris­qué l’exclusion. Il y avait chez moi une cer­taine révolte par rap­port à l’institution. J’ai eu mon bac à 17 ans ; c’était trop tôt pour inté­grer une école de jour­na­lisme (je vou­lais être cor­res­pon­dante de guerre), donc je me suis ins­crite en lettres modernes avec l’idée que j’intégrerai plus tard ladite école. À l’automne 1970, je suis entrée à la fac de Caen. 15 jours après la ren­trée, celle-ci était en grève ! Il y avait toute la palette des groupes d’extrême gauche : des maoïstes, des mar­xistes-léni­nistes, des maoïstes spon­ta­néistes, des trots­kystes et un groupe qui s’appelait VLR (Vive la révo­lu­tion). D’emblée, j’ai trou­vé ça bien. Je suis entrée en grève, comme tout le monde, et je n’ai jamais repris mes études : j’ai pas­sé mon année à traî­ner avec ces groupes d’extrême gauche et à faire des actions. Ça a été une année de décou­verte totale en même temps que de poli­ti­sa­tion, aus­si bien sur les rap­ports de classe que la situa­tion inter­na­tio­nale, notam­ment le Viêtnam.

« Dans ma cel­lule, on avait appris qu’un ouvrier frap­pait sa femme : avec des cama­rades, on vou­lait réagir mais on nous a dit de nous taire, de ne pas par­ler de ça. »

En sep­tembre 1971, je suis reve­nue à Caen ; j’ai retrou­vé des copains dans un groupe maoïste, le Parti com­mu­niste mar­xiste-léni­niste de France (PCMLF)1. Ils m’ont pro­po­sé d’adhérer, ce que j’ai fait. L’idée, c’était que je m’engageais pour la révo­lu­tion. Il fal­lait rem­plir un ques­tion­naire dans lequel on nous deman­dait si on était prêt à mou­rir pour elle : j’ai répon­du « oui » sans aucun pro­blème. C’est assez désuet, aujourd’hui, mais c’était l’ambiance ! J’étais une acti­viste, avant tout, assez réti­cente quant aux grands débats sur le mar­xisme… Puis j’ai cher­ché un bou­lot, j’ai pris mon indé­pen­dance finan­cière. J’ai ten­té de m’établir2 en usine, mais je dif­fu­sais des tracts toutes les semaines devant celle du coin, donc le recru­te­ment était un peu com­pli­qué… Finalement, j’ai réus­si à me faire embau­cher comme cais­sière dans l’un des pre­miers hyper­mar­chés de France. J’y suis res­tée quatre ans. C’est là que j’ai pris mon pre­mier enga­ge­ment syn­di­cal. Dans les années 1977 et 1978, mon orga­ni­sa­tion deve­nait beau­coup moins spon­ta­néiste et beau­coup plus dog­ma­tique : elle était davan­tage tour­née vers la classe ouvrière et délais­sait les étu­diants. Après la mort de Mao Tse Tung et la prise de conscience de ce qu’il se pas­sait en Chine, j’ai eu le sen­ti­ment que ce sou­tien incon­di­tion­nel deve­nait de plus en plus pro­blé­ma­tique. J’ai donc quit­té cette organisation.

Un autre élé­ment qui a beau­coup joué, ça a été la ques­tion du fémi­nisme. Les mou­ve­ments des femmes émer­geaient alors par­tout. J’ai par­ti­ci­pé aux groupes de défense du droit à l’avortement du Mouvement pour la liber­té de l’a­vor­te­ment et de la contra­cep­tion (MLAC) — j’ai d’ailleurs dû aller en Angleterre pour avor­ter —, sans tou­te­fois m’engager vrai­ment. Mais je sen­tais ces enjeux et voyais qu’ils n’é­taient pas consi­dé­rés à leur juste valeur au sein de mon orga­ni­sa­tion : il y avait cette idée que c’était un mou­ve­ment de petites bour­geoises, que l’im­por­tant était la contra­dic­tion prin­ci­pale, c’est-à-dire Capital/Travail. Et ça avait des réper­cus­sions concrètes ! Dans ma cel­lule, on avait appris qu’un ouvrier frap­pait sa femme : avec des cama­rades, on vou­lait réagir, mais on nous a dit de nous taire, de ne pas par­ler de ça, que ce n’était pas essen­tiel. Même si je ne le for­ma­li­sais pas, ça m’avait per­tur­bée. Quand je suis arri­vée à Paris en 1976, il y avait des mili­tantes maoïstes qui, elles, étaient enga­gées dans des groupes fémi­nistes. J’ai vu assez vite que c’était très com­pli­qué. Ça a fait par­tie de ma prise de conscience : petit à petit, entre mon enga­ge­ment syn­di­cal, mes expé­riences fémi­nistes et le PCMLF, l’é­cart s’est creu­sé. Depuis mon départ de ce par­ti, je n’ai plus eu d’autre appar­te­nance dans une orga­ni­sa­tion poli­tique. J’ai consi­dé­ré que mon enga­ge­ment syn­di­cal suf­fi­sait ample­ment, d’au­tant que ce n’est pas seule­ment un enga­ge­ment syn­di­cal de défense immé­diate des sala­riés mais un syn­di­ca­lisme très ouvert, de trans­for­ma­tion sociale. C’était une période de grande ouver­ture sur le monde, de décou­verte d’importantes contra­dic­tions. Je suis très contente d’être pas­sée par là — tout en gar­dant en tête les limites et les défauts de cette période et de ces orga­ni­sa­tions politiques.

[Stéphane Burlot]

Comment avez-vous, sur la base de cette prise de conscience, noué ensuite ces deux enga­ge­ments, anti­ca­pi­ta­liste et féministe ?

Je suis venue au fémi­nisme avant même d’en­trer aux PTT. Dans chaque orga­ni­sa­tion syn­di­cale que je côtoyais, nous orga­ni­sions une com­mis­sion femmes. Cet enga­ge­ment s’est fon­dé sur l’idée que les inéga­li­tés vécues par les femmes au tra­vail sont liées à celles qu’elles vivent dans l’ensemble de la socié­té, y com­pris dans la sphère pri­vée. S’il existe encore une tolé­rance sociale en matière d’inégalité de salaires, c’est bien parce qu’on se situe tou­jours dans cette vieille idée qu’une femme n’est jamais tota­le­ment auto­nome : ce n’est pas grave si elle n’a pas son auto­no­mie finan­cière. En novembre 1995, il y a eu une impor­tante mobi­li­sa­tion sur le droit à l’a­vor­te­ment. On s’é­tait donc dit, avec des copines syn­di­ca­listes, que ce serait bien d’es­sayer d’or­ga­ni­ser un évé­ne­ment : les pre­mières Journées inter­syn­di­cales femmes datent de 1997 — une jour­née réunis­sant dif­fé­rents syn­di­cats : FSU, SUD-PTT et quelques cama­rades de la CGT. Nous étions une cin­quan­taine à la Bourse du Travail de Paris ; cette année [2018], nous étions 450 per­sonnes : c’é­tait blin­dé ! Quels que soient les syn­di­cats, et mal­gré leurs dif­fé­rences, nous sommes confron­tées à des dif­fi­cul­tés simi­laires en tant que femmes — notam­ment celle de la prise en compte de la ques­tion fémi­niste au sein de nos orga­ni­sa­tions. À la fin de ces jour­nées, nos copines nous disent à chaque fois qu’elles sont regon­flées, que c’est une grande bouf­fée d’air frais. C’est vrai que ça motive de se ren­con­trer, de par­ler de nos obs­tacles et de nos avan­cées. Ces jour­nées ont contri­bué à ce que, dans ces trois orga­ni­sa­tions syn­di­cales, les choses changent. Alors qu’on pré­sente par­fois les ques­tions fémi­nistes comme de la diver­sion, ces jour­nées nous ont rapprochées !

« Comment veux-tu que les femmes se recon­naissent dans le mou­ve­ment syn­di­cal si elles n’y voient que des hommes ? »

Dans un syn­di­cat, la lutte fémi­niste se fait évi­dem­ment à tous les niveaux. Celui des reven­di­ca­tions de base (à tra­vail égal, salaire égal), mais au-delà : il faut pen­ser nos reven­di­ca­tions avec ce qu’on appelle des « lunettes de genre ». Par exemple, la réor­ga­ni­sa­tion des ser­vices dans une entre­prise n’au­ra pas for­cé­ment les mêmes consé­quences pour les hommes et pour les femmes. La ques­tion des horaires de début et de fin — l’am­pli­tude de la jour­née — n’est pas vécue de la même façon si on doit gar­der des enfants en ren­trant chez soi. Il faut être conscients de ces méca­nismes dans nos reven­di­ca­tions. Au niveau natio­nal, il est impor­tant d’a­voir des têtes fémi­nines. Qu’on le veuille ou non, les images comptent. Comment veux-tu que les femmes se recon­naissent dans le mou­ve­ment syn­di­cal si elles n’y voient que des hommes ? Mais il faut faire atten­tion : j’ai long­temps été porte-parole de Solidaires ; j’é­tais sou­vent la seule femme dans les pre­mières lignes des mani­fes­ta­tions ; j’é­tais un peu l’arbre qui cachait la forêt… J’ai tou­jours expli­qué que la lutte fémi­niste était bien plus com­plexe que ça : il ne suf­fit pas d’une femme à la tête pour tout régler ! Ce tra­vail se fait donc autant au niveau local que natio­nal. Je raconte tou­jours — et c’est un peu méchant — que, dans une réunion, lors­qu’un homme part à 17 heures pour cher­cher ses enfants, il le dit, et tout le monde le note. Lorsque c’est une femme, elle ne dit rien parce que c’est impré­gné dans la socié­té. Le syn­di­ca­lisme n’est pas en dehors de la socié­té, il est tra­ver­sé par les mêmes ten­sions et les mêmes contra­dic­tions. Mais je conti­nue de pen­ser qu’on devrait être un petit peu plus exem­plaires que la société.

Vous avez vécu en pre­mière ligne la créa­tion de SUD-PTT puis de l’Union Syndicale Solidaires. Quel était alors le besoin de créer une orga­ni­sa­tion syn­di­cale supplémentaire ?

J’ai adhé­ré à la CFDT en 1972, quand j’ai com­men­cé à tra­vailler. Pour bien des gens d’a­lors, c’é­tait le côté auto­ges­tion­naire qui comp­tait véri­ta­ble­ment. Pour moi éga­le­ment. Mon adhé­sion s’est aus­si faite en oppo­si­tion à une CGT à l’é­poque très mar­quée par son lien avec le Parti com­mu­niste fran­çais. La créa­tion de SUD-PTT démarre à l’au­tomne 1988 : j’é­tais à ce moment-là pos­tière aux ser­vices finan­ciers de La Poste, à Paris, et res­pon­sable de la CFDT-PTT de l’Île-de-France. Avec cer­tains mili­tants, nous étions dans ce qu’on pour­rait appe­ler l’op­po­si­tion à la ligne natio­nale de la Confédération, diri­gée par Edmond Maire. Il y avait des débats ten­dus mais on pen­sait qu’on pou­vait res­ter dans la CFDT, s’op­po­ser, être mino­ri­taires et conti­nuer à faire le syn­di­ca­lisme qu’on vou­lait, bref, qu’on pou­vait coexis­ter au sein de la même orga­ni­sa­tion. À l’automne 1988, deux conflits en région pari­sienne vont jouer un rôle essen­tiel. D’abord, celui des hos­pi­ta­liers et plus pré­ci­sé­ment des infir­mières. C’était un milieu peu syn­di­qué ; or, là, il y avait un gros mou­ve­ment social, avec des grèves, des actions et des mani­fes­ta­tions, ain­si qu’une coor­di­na­tion d’in­fir­mières réunis­sant des syn­di­qués et des non-syn­di­qués. Cette forme d’or­ga­ni­sa­tion par­tait de l’i­dée que ce sont celles et ceux qui sont en grève et qui sont direc­te­ment concer­nés qui doivent prendre les déci­sions dans la lutte. Les coor­di­na­tions exis­taient déjà, notam­ment avec celles des che­mi­nots en 1986, mais celles de la san­té ont don­né une ampleur impor­tante au mou­ve­ment. Ensuite, il y a eu le mou­ve­ment des « camions jaunes » à La Poste. C’étaient ces camions jaunes qui trans­por­taient le cour­rier entre les centres de tri et les bureaux de poste. Là encore, le mou­ve­ment a démar­ré avec une coor­di­na­tion regrou­pant syn­di­qués et non-syn­di­qués déci­dant eux-mêmes des moda­li­tés de la lutte.

[Stéphane Burlot]

Au sein de la CFDT, le sec­teur de la san­té sou­te­nait la coor­di­na­tion des infir­mières et le sec­teur PTT sou­te­nait les camions jaunes. C’est là que nous avons eu une vraie rup­ture avec la direc­tion natio­nale. Celle-ci affir­mait que les coor­di­na­tions étaient des outils anti-syn­di­caux, qu’ils affai­blis­saient nos orga­ni­sa­tions et qu’il ne fal­lait pas les sou­te­nir. Pendant ce temps, la situa­tion chez les camions jaunes se dété­rio­rait : le minis­tère des PTT refu­sait d’ou­vrir les négo­cia­tions, espé­rant que le mou­ve­ment s’ar­rê­te­rait de lui-même. Manque de chance, il s’est éten­du et dur­ci, avec des blo­cages de centres de tri. Au bout de trois semaines, le minis­tère a ouvert les négo­cia­tions. En tant que res­pon­sable régio­nale, j’ai par­ti­ci­pé à ces négo­cia­tions. Un jeu­di soir, on s’é­tait quit­tés avec le reste de la CFDT en se don­nant ren­dez-vous le len­de­main pour finir les négo­cia­tions ; le len­de­main matin, j’en­ten­dais à la radio que la CFDT appe­lait à la reprise du tra­vail, sans même en par­ler avec les mili­tants, et encore moins avec les gré­vistes ! Nous avons immé­dia­te­ment dénon­cé cette déci­sion et rap­pe­lé que c’é­tait aux sala­riés de déci­der de leur lutte. Mine de rien, c’é­tait une déci­sion dif­fi­cile à prendre… Tout cela s’est cris­tal­li­sé la même année au moment du Congrès confé­dé­ral de Strasbourg. Au cours de son inter­ven­tion, Edmond Maire a lan­cé « Il y a des per­sonnes qui n’ont plus leur place à la CFDT, il y a des mou­tons noirs » ; lorsque je suis inter­ve­nue, j’ai été huée et inter­rom­pue. Trois jours plus tard, nous étions convo­qués, nous les res­pon­sables des PTT-Paris, par la Fédération CFDT-PTT, pour nous infor­mer que nous n’é­tions pas for­mel­le­ment exclus (les sta­tuts ne le per­met­tant pas) mais qu’on nous enle­vait nos man­dats. Ils ont fait la même chose à la san­té. On a per­du tous nos moyens : plus de local ni de moyen d’im­pri­mer des tracts. Ce fut un coup dur. On avait été élus par nos adhé­rents : on l’a vécu comme un coup de force anti-démocratique.

« On a per­du tous nos moyens : plus de local ni de moyen d’im­pri­mer des tracts. On avait été élus par nos adhé­rents : on l’a vécu comme un coup de force anti-démocratique. »

Le soir même, on s’est réunis avec nos dif­fé­rents adhé­rents et on a déci­dé de créer un nou­veau syn­di­cat. Fin décembre 1988, on a dépo­sé les sta­tuts avec l’i­dée qu’il était peut-être encore pos­sible de reve­nir à la CFDT : on vou­lait mon­trer qu’on avait vrai­ment fran­chi le pas mais qu’on était prêts à dis­soudre notre syn­di­cat s’ils reti­raient leurs sanc­tions. On a cher­ché un nom… On a trou­vé « SUD » : Solidaire, Unitaire, Démocratique. Je n’é­tais pas très convain­cue mais on devait faire vite. Avec le temps, on s’est dit que c’é­tait un bon coup de com­mu­ni­ca­tion : ce nom est facile à mémo­ri­ser — les sigles syn­di­caux sont par­fois bien com­pli­qués… — et, à cette époque, les gens qui débu­taient leur car­rière sur Paris venaient sou­vent du sud de la France (c’est d’ailleurs un cama­rade tou­lou­sain qui a trou­vé le nom). En paral­lèle, on avait une autre échéance impor­tante : les élec­tions pro­fes­sion­nelles dans les PTT (La Poste et France Télécom) en mars 1989. Si la CFDT main­te­nait ses sanc­tions, on pen­sait donc pré­sen­ter notre propre liste. C’est ce qu’on a fait, puisque la CFDT n’a pas bou­gé d’un fil. Et ça a plu­tôt bien mar­ché : à Paris, on a fait 15 %, dans mon ser­vice, 20 % : c’é­tait énorme !

Et pour­quoi n’a­voir pas rejoint FO, voire même la CGT ?

FO, ce n’est pas notre type de syn­di­ca­lisme… Quelques mili­tants de chez nous avaient déjà été à la CGT et avaient été plus ou moins écar­tés. Comme je le disais, la CGT était alors très sta­li­nienne : on ne se sen­tait pas d’y aller. On vou­lait conti­nuer le syn­di­ca­lisme qu’on fai­sait à la CFDT et on savait qu’on ne le pou­vait pas au sein de la CGT. D’ailleurs, elle a sor­ti des tracts, à ce moment, pour dire que SUD était une pure créa­tion de la CFDT en vue d’af­fai­blir la CGT. Notre pari était assez auda­cieux : les PTT repré­sen­taient alors 450 000 per­sonnes — un gros sec­teur de la fonc­tion publique.

Vient ensuite la ren­contre avec le Groupe des Dix…

Tout à fait. En 1981, à l’ar­ri­vée au pou­voir de François Mitterrand, un syn­di­cat des orga­nismes agricoles3 avait contac­té d’autres syn­di­cats automnes : ils furent dix à répondre à l’ap­pel puis à se réunir de façon régu­lière. Au début, il s’a­gis­sait d’un club infor­mel. Ces syn­di­cats « autonomes4 » avaient déci­dé de se ras­sem­bler pour pous­ser le gou­ver­ne­ment à res­pec­ter leurs reven­di­ca­tions. Ils ont rapi­de­ment pris contact avec la CGT, la CFDT et FO : tous leur ont répon­du d’en­trer plu­tôt dans leur syn­di­cat… Dès le mois de jan­vier 1989, au moment de la créa­tion de SUD, l’un des fon­da­teurs de ce Groupe des DixGérard Gourguechon, nous a contac­tés. Ils avaient lu notre his­toire dans la presse, nous avaient trou­vé com­ba­tifs et vou­laient nous voir. Au début, on était assez réser­vés : venant de la CFDT, les syn­di­cats non affi­liés étaient à nos yeux qua­si­ment tous des jaunes ! Les inter­ven­tions et le tra­vail de Gérard Gourguechon ont été très impor­tants de ce point de vue. Au même moment débu­tait une grève très radi­cale aux impôts. Les gens payaient en chèque — il n’y avait pas de pré­lè­ve­ments — et le syn­di­cat de Gérard a déci­dé de piquer les chèques pour les gar­der pen­dant plu­sieurs mois. Ils ont fait la preuve de leur com­ba­ti­vi­té : ça a beau­coup contri­bué à chan­ger l’i­mage qu’on avait de ces syn­di­cats auto­nomes. On voyait qu’ils étaient comme nous, des syn­di­ca­listes qui se bat­taient, se confron­taient même au gou­ver­ne­ment socia­liste — alors que, tra­di­tion­nel­le­ment, les sala­riés aux impôts votaient PS. Ils étaient confron­tés à un pou­voir qui ne les écou­tait pas : ça les a radi­ca­li­sés. En paral­lèle, à la créa­tion de SUD-PTT, on avait ins­crit dans nos sta­tuts qu’on ne vou­lait pas res­ter un syn­di­cat exclu­si­ve­ment réser­vé aux PTT. On venait d’une Confédération : l’in­ter­pro­fes­sion­nel était très impor­tant pour nous. C’est ain­si que SUD-PTT a très vite inté­gré le Groupe des Dix, en se disant qu’on n’a­vait rien à perdre à aller avec eux. Notre rela­tion est d’a­bord res­tée assez infor­melle : on se réunis­sait régu­liè­re­ment, on s’en­trai­dait, mais sans obligations.

[Stéphane Burlot]

Comment êtes-vous par­ve­nus à com­po­ser avec cette hété­ro­gé­néi­té et à construire un seul et même outil accep­té et par­ta­gé par tous ?

L’histoire de SUD-PTT et de Solidaires s’est construite au fil des mobi­li­sa­tions et des conflits sociaux. Développer un nou­vel outil syn­di­cal inter­pro­fes­sion­nel à par­tir d’his­toires dif­fé­rentes était un vrai pari. On vou­lait ten­ter de prendre le meilleur de chaque tra­di­tion syn­di­cale. Ça a été un tra­vail long et pro­gres­sif. La mobi­li­sa­tion de 1995 a été déci­sive : c’é­tait le plan Juppé, avec une immense mobi­li­sa­tion aux mois de novembre et décembre. Entretemps, on était pas­sés à 17 orga­ni­sa­tions dans le Groupe des Dix. Tous, sans excep­tion, avec nos his­toires dif­fé­rentes, étions du bon côté : contre le gou­ver­ne­ment. Ce mou­ve­ment ter­mi­né, une par­tie des che­mi­nots a déci­dé de quit­ter la CFDT pour consti­tuer SUD-Rail, en 1996. La même année s’est créé SUD-Éducation. Dans les deux cas, ce sont les mili­tants qui ont déci­dé de par­tir de la CFDT, en oppo­si­tion avec la ligne défen­due par Nicole Notat, à savoir le sou­tien d’un gou­ver­ne­ment de droite ! Ça a créé des dis­cus­sions voire des ten­sions avec les membres his­to­riques du Groupe des Dix, mais on a eu col­lec­ti­ve­ment l’in­tel­li­gence de sur­mon­ter cette situa­tion : on devait tra­vailler ensemble. En sont sor­tis des sta­tuts et des textes fon­da­teurs, puis une période de rodage. Ces sta­tuts font la sin­gu­la­ri­té de Solidaires : un syndicat/une voix, peu importe le nombre d’adhé­rents. Chaque syn­di­cat a un poids équi­valent aux autres. Il y aus­si le consen­sus comme mode de prise de déci­sion et le droit de véto excep­tion­nel, auquel un syn­di­cat peut recou­rir afin de s’op­po­ser à une déci­sion qu’il estime contraire aux choix et prin­cipes de son syn­di­cat (en 10 ans, je ne l’ai vu appli­qué qu’une seule fois).

« On ne peut pas pen­ser ce qui se passe dans le monde du tra­vail (la pré­ca­ri­sa­tion, les droits sup­pri­més, les sta­tuts, etc.) sans pen­ser ce qui se passe dans l’ensemble de la société. »

À la CFDT, on était tout le temps mino­ri­taires ; c’est un sché­ma où la majo­ri­té et la mino­ri­té sont fixées et où les choses ne bougent pas. On ne vou­lait plus de ce fonc­tion­ne­ment. Les syn­di­cats auto­nomes, de leur côté, ne vou­laient pas être rat­tra­pés par une confé­dé­ra­tion qui leur dirait ce qu’ils devaient faire. C’est là-des­sus qu’on a fon­dé le prin­ci­pal consen­sus de notre orga­ni­sa­tion. On a dépo­sé les sta­tuts, créant ain­si l’u­nion syn­di­cale inter­pro­fes­sion­nelle (elle s’ap­pe­lait alors « Groupe des Dix », même si on était déjà une ving­taine d’or­ga­ni­sa­tions ; trois ans plus tard, on a opté pour le nom « Solidaires »). Là encore, ce tra­vail d’é­la­bo­ra­tion et de rédac­tion s’est fait en même temps qu’une mobi­li­sa­tion impor­tante, à savoir les retraites, en 2003. Par nos acti­vi­tés au quo­ti­dien, on des­si­nait peu à peu un syn­di­ca­lisme réso­lu­ment tour­né vers les mou­ve­ments sociaux. On avait par­ti­ci­pé aux marches des chô­meurs avec le mou­ve­ment AC !, aux marches euro­péennes contre le chô­mage en 1998 et à la créa­tion d’Attac la même année. On ne peut pas pen­ser ce qui se passe dans le monde du tra­vail (la pré­ca­ri­sa­tion, les droits sup­pri­més, les sta­tuts, etc.) sans pen­ser ce qui se passe dans l’ensemble de la socié­té. Le syn­di­ca­lisme n’a pas la réponse à lui tout seul, ni en termes de rap­port de force, ni en termes de pro­jets alter­na­tifs. Aussi, en France, on a une longue his­toire de subor­di­na­tion des mou­ve­ments sociaux, et en par­ti­cu­lier du syn­di­ca­lisme, vis-à-vis des par­tis poli­tiques. C’était très impor­tant de se sor­tir de ça. C’est notam­ment au nom de ça que, durant la décen­nie mit­ter­ran­dienne, le syn­di­ca­lisme s’en était remis aux pou­voirs poli­tiques : le lien avec le mou­ve­ment social nous pro­tège de cette mise sous tutelle.

En regar­dant les chiffres de syn­di­ca­li­sa­tion, en France et de nos jours, on a le sen­ti­ment que le déclin est une fata­li­té. Au pre­mier rang des expli­ca­tions géné­ra­le­ment appor­tées se trouve « l’institutionnalisation » du syn­di­ca­lisme. Comment le lien avec les ins­ti­tu­tions est-il deve­nu un obs­tacle au tra­vail syndical ?

Si on parle d’institutionnalisation au sens de par­ti­ci­pa­tion aux élec­tions, il faut savoir que la ques­tion de se pré­sen­ter ou non ne s’est jamais posée chez nous — ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas eu de dis­cus­sions sur le rôle des ins­ti­tu­tions. Quand s’est créé SUD-PTT, la pre­mière chose qu’on s’est dite est qu’il y avait les élec­tions pro­fes­sion­nelles dans trois mois et qu’on devait être capables de s’y pré­sen­ter. Cela pour deux rai­sons. La pre­mière, c’est que l’une des prin­ci­pales tâches du syn­di­ca­lisme est la défense immé­diate des reven­di­ca­tions des sala­riés. Et si les espaces qui servent à ça ont leurs limites, cela fait par­tie inté­grante du bou­lot de syn­di­ca­liste d’y être. La deuxième rai­son, c’est que l’é­lec­tion mesure la repré­sen­ta­ti­vi­té — c’est tout sauf négli­geable. En 1989, à nos pre­mières élec­tions, le fait qu’on ait réus­si à faire 4,97 % au niveau natio­nal, dans une admi­nis­tra­tion de 450 000 per­sonnes à l’époque, et 15 % en région pari­sienne, a été la confir­ma­tion que notre pro­jet syn­di­cal avait une assise. Ces voies ins­ti­tu­tion­nelles nous ont donc don­né des moyens. Par exemple, tous les locaux de SUD-PTT étaient dis­po­nibles grâce à la repré­sen­ta­ti­vi­té qu’on avait acquise — le droit syn­di­cal, le télé­phone et l’envoi pos­tal gra­tuit venaient éga­le­ment de là.

[Stéphane Burlot]

Ça nous amène à la ques­tion des per­ma­nences syn­di­cales et des heures de décharge, en dis­cus­sion au sein de Solidaires. Il y a des struc­tures qui refusent les temps de per­ma­nence com­plets (SUD-Éducation notam­ment) et c’est une posi­tion qui ne me gène pas du tout. Mais à SUD-PTT, on a vu ça comme un choix d’efficacité : au début, je disais que je ne serai pas per­ma­nente mais demi-per­ma­nente, puis j’ai vu que ça ne fonc­tion­nait pas : si tu n’es au bou­lot que la moi­tié du temps, c’est dif­fi­cile de faire autre chose à côté et, du reste, ça génère plus de tra­vail pour les col­lègues. Mais c’est impor­tant d’avoir des temps maxi­mums, des limi­ta­tions. J’ai sou­vent dit en rigo­lant que j’é­tais une affreuse bureau­crate. Il y a des gens qui ne sont pas per­ma­nents syn­di­caux et qui peuvent être d’affreux bureau­crates aux fonc­tion­ne­ments tout sauf démo­cra­tiques et, à l’inverse, j’ai connu des per­ma­nents qui ont par­fai­te­ment fait vivre la démo­cra­tie. Il y a un élé­ment de classe dans cette réflexion : un prof d’université n’a pas for­cé­ment besoin d’être per­ma­nent mais un fac­teur ou une fac­trice n’a pas de marge de manœuvre — il a des petits chefs qui sont là pour le contrô­ler, il doit être irré­pro­chable et ne peut donc qua­si­ment pas faire de syn­di­ca­lisme durant son temps de tra­vail. Dans ce cas, sans un temps de per­ma­nence, ce sera tou­jours les mêmes qui auront des res­pon­sa­bi­li­tés dans le syn­di­cat — c’est-à-dire ceux qui ont un bou­lot qui leur per­met de faire du syn­di­ca­lisme sur leur temps de tra­vail. Le risque, après, étant de n’avoir que des « supers » mili­tants ! Or l’un des enjeux du renou­vel­le­ment est de sor­tir de ces figures mili­tantes, certes effi­caces mais qui ne per­mettent pas de s’étendre.

« Partis poli­tiques et syn­di­cats ne sont pas la même chose et il n’y a pas de hié­rar­chie : cha­cun a sa place ! »

Le patro­nat fran­çais joue sur deux registres. À la fois sur la répres­sion, avec un nombre consi­dé­rable de licen­cie­ments de mili­tants syn­di­caux, et sur la carotte — en uti­li­sant les acquis en termes de négo­cia­tion et d’ins­tances syn­di­cales pour impo­ser ses vues. Depuis des années, on a vu se mettre en place des espaces dits « de négo­cia­tion » qui acca­parent beau­coup le temps des mili­tants, au détri­ment du ter­rain. Le regrou­pe­ment en une seule ins­tance des CHSCT5 et des comi­tés d’en­tre­prises, voire des délé­gués du per­son­nel, va ren­for­cer com­plè­te­ment la pro­fes­sion­na­li­sa­tion. Les per­sonnes ayant des man­dats syn­di­caux seront moins nom­breuses mais auront plus d’heures de réunions. Ce n’est pas nou­veau, mais il y a là un coup d’accélérateur. Quand on parle d’institutionnalisation, on parle de la pro­fes­sion­na­li­sa­tion du mili­tant. On peut avoir les meilleurs textes et les meilleures garan­ties poli­tiques, il faut res­ter vigi­lant en per­ma­nence : le risque de la pro­fes­sion­na­li­sa­tion est un pro­ces­sus lent, quo­ti­dien, sub­til. Ce constat nous pousse à recher­cher des rem­parts à cette trop forte ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion. Lorsqu’on se consti­tue en syn­di­cat, c’est avec l’i­dée qu’il faut reve­nir à un syn­di­ca­lisme radi­cal et de ter­rain. De là notre volon­té de sou­te­nir les coor­di­na­tions, les assem­blées géné­rales dans les luttes, les consul­ta­tions, toutes ces pra­tiques qui ont exis­té dans l’his­toire du syn­di­ca­lisme. Lors de la réforme des PTT, nous avions déci­dé de dis­tri­buer l’in­té­gra­li­té du texte de la réforme avec nos com­men­taires en marge dans tous les ser­vices de la Poste et des télé­coms : ça ne s’é­tait jamais fait. Cela signi­fiait don­ner aux gens la pos­si­bi­li­té de for­mer leur avis : ça a été un atout de poids pour mobi­li­ser dans les bureaux de poste.

Notre pro­jet syn­di­cal essaie d’al­lier une ligne poli­tique radi­cale et com­ba­tive en s’ap­puyant sur les mobi­li­sa­tions avec des valeurs fortes. Lorsqu’il s’a­git de ser­vices publics, de lutte contre la pré­ca­ri­té, contre le racisme et le machisme, pour la Sécurité sociale, ce n’est rien d’autre que de la poli­tique. Nous avons reje­té dès le début cette idée que le par­ti poli­tique don­nait la vision géné­rale et que le syn­di­cat fai­sait la tam­bouille des reven­di­ca­tions quo­ti­diennes : par­tis poli­tiques et syn­di­cats ne sont pas la même chose et il n’y a pas de hié­rar­chie : cha­cun a sa place ! La décen­nie mit­ter­ran­dienne, mal­gré quelques mesures pro­gres­sistes avant le tour­nant aus­té­ri­taire de 1983, est mar­quée par un affai­blis­se­ment très impor­tant du mou­ve­ment syn­di­cal, toutes ten­dances confon­dues. Une forte ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion a conduit — consciem­ment ou non — à s’en remettre tota­le­ment au gou­ver­ne­ment socia­liste, avec l’i­dée que c’é­tait notre camp qui gou­ver­nait et qu’il ne fal­lait donc pas le gêner avec des luttes ! Je cari­ca­ture à peine… C’était une décen­nie où l’on ne pou­vait plus se dire anti­ca­pi­ta­liste, où le jour­nal Libération titrait « Vive la crise ! » et où un Bernard Tapie deve­nait ministre ! Mais il y a bien sûr d’autres rai­sons à ce recul du syn­di­ca­lisme, et notam­ment la perte, avec la dés­in­dus­tria­li­sa­tion, de gros bas­tions de l’in­dus­trie comme la sidérurgie.

[Stéphane Burlot]

Dans les sta­tuts fon­da­teurs de Solidaires est ins­crite l’i­dée que ce syn­di­cat a pour objet de ras­sem­bler mais que « ce ras­sem­ble­ment n’est pas une fin en soi, c’est une étape pour être plus fort.e.s ensembles ». Comment com­prendre cette phrase ?

Le syn­di­cat est d’abord un outil, ce n’est pas une fin en soi. La CFDT était un outil qui a per­du, à nos yeux, son uti­li­té lors­qu’ils nous ont viré ; on a fait un autre outil ! Mais si, un jour, ce que j’appelle le syn­di­ca­lisme de lutte — dans lequel je mets Solidaires, la FSU et la CGT — pou­vait se ras­sem­bler dans un cadre com­mun, ce serait plus inté­res­sant en termes de rap­ports de force. Mais les condi­tions ne sont à l’heure qu’il est pas du tout rem­plies. C’est une idée de la CGT, d’ailleurs : ils veulent un « syn­di­ca­lisme ras­sem­blé ». Il y a dif­fé­rents types de syn­di­ca­lisme et il faut assu­mer ces dif­fé­rences ; en tout cas, je conti­nue de pen­ser que le syn­di­ca­lisme est un outil irrem­pla­çable : il va donc fal­loir trou­ver un moyen de faire vivre un syn­di­ca­lisme qui ne parle pas à la place des sala­riés, qui est à leur écoute et prend en compte la situa­tion de travail.


Photographies de ban­nière et de vignette : Stéphane Burlot | Ballast


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  1. Le PCMLF devient le Parti Communiste Révolutionnaire Marxiste-Léniniste en se léga­li­sant en 1974
  2. « Le terme éta­blis­se­ment vient d’un texte de 1957 de Mao Tse Toung cité en exergue du volume publié chez Belin, et désigne les intel­lec­tuels appe­lés à ser­vir les masses ouvrières et pay­sannes en allant, pour les com­prendre, vivre la vie de ces der­nières. » Mouvements, n°18
  3. La Fédération Générale des Syndicats de sala­riés des Organisations Agricoles.
  4. Autrement dit, les syn­di­cats qui, au moment de la scis­sion de la CGT, en 1947, avaient refu­sé d’in­té­grer FO et pré­fé­raient res­ter indé­pen­dants.
  5. Comité d’hy­giène, de sécu­ri­té et des condi­tions de tra­vail — sup­pri­mé par la loi Travail.

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