Reza Afchar Naderi : « Ici, la poésie est coupée de l’homme »


Entretien inédit pour le site de Ballast

Reza Afchar Naderi est doc­teur en lit­té­ra­ture ira­nienne, poète et jour­na­liste. Il vient de publier une antho­lo­gie de sept poètes liber­taires per­sans contem­po­rains1. L’occasion pour nous d’une plon­gée pas­sion­nante dans l’univers poé­tique ira­nien, d’une moder­ni­té foi­son­nante et loin des cli­chés orien­ta­li­sants. Vivante et vivace, libre et lyrique, popu­laire et sub­tile, la poé­sie ira­nienne aurait réus­si ce tour de force de ne renon­cer à rien : ni à son héri­tage le plus ancien, ni à l’exi­gence d’une adap­ta­tion au siècle où nous vivons. 


Toutes les illus­tra­tions sont d’Archibald Apori, pour le pré­sent article.


Vous sou­li­gnez la par­ti­cu­la­ri­té de la poé­sie ira­nienne, « par­tie inté­grante de l’ADN perse », qui irrigue la vie quo­ti­dienne, civile, poli­tique et cultu­relle. Qu’est-ce qui explique la per­sis­tance inéga­lée — y com­pris chez la jeu­nesse — de cette passion ?

La poé­sie accom­pagne les Iraniens dans leur quo­ti­dien depuis plus d’un mil­lé­naire. Ferdowsî, le chantre de l’i­ra­ni­té, né au Xe siècle, a com­po­sé une épo­pée natio­nale en 60 000 dis­tiques (120 000 vers) ; les Iraniens se sont empa­rés de cette somme poé­tique, rédi­gée en « pur par­ler per­san », pour mar­quer leur dif­fé­rence face à l’en­va­his­seur arabe et la domi­na­tion isla­mique. Aujourd’hui encore, les vers de Ferdowsî sont sur toutes les lèvres per­sanes — toutes géné­ra­tions confon­dues. La per­sis­tance de la forme poé­tique dans l’âme perse s’ex­plique peut-être par le besoin d’un ciment artis­tique réfrac­taire à tra­vers les siècles, pui­sé dans un patri­moine consi­dé­rable, afin de résis­ter à des siècles de tyran­nie. Si, comme l’af­firme André Gide, « l’art naît de contrainte », les des­po­tismes suc­ces­sifs n’au­ront pas man­qué d’af­fû­ter sans cesse l’art per­san de la poé­sie… par la force des choses. Il me semble que la « per­sis­tance » de cette « pas­sion » poé­tique que vous évo­quez pro­vient de ce que la poé­sie, étant imma­té­rielle, cryp­tée, concise, insai­sis­sable, s’ins­talle mieux que toute autre forme d’art dans les maquis artis­tiques de la résistance.

Vous expli­quez aus­si que la tra­duc­tion de la poé­sie per­sane « ne sau­rait faire l’économie d’un décryp­tage sys­té­ma­tique de sa charge poli­tique et sociale ». La figure de Simine Behbahani est sans doute la plus ins­pi­rante de ce point de vue, dans la gale­rie que vous pré­sen­tez. La poé­sie per­sane est-elle donc fon­da­men­ta­le­ment engagée ? 

La figure de Simine Behbahani, de même que les per­son­na­li­tés d’Ahmad Shamlou, Mehdi Akhavan-Sales ou encore Houchang Ebtehadj, emploient toutes le recours au sens caché. Les Iraniens qui ren­contrent, dans leurs écrits, les vocables « hiver » ou « rose » savent bien que la réfé­rence est poli­tique, qu’elle ren­voie à des évé­ne­ments et à des dates bien pré­cises de l’Histoire contem­po­raine, à des trau­ma­tismes et à des sou­bre­sauts qui ont mar­qué l’é­poque. La poé­sie per­sane ne souffre pas les jeux for­mels. Car elle est un via­tique sur le che­min de la sur­vie men­tale et phy­sique de ceux qui la com­posent, la lisent, la par­tagent. Là où les pays démo­cra­tiques ne voient plus l’im­por­tance vitale de cet art et en font usage ludique dans leurs bacs à sable cultu­rels, comme un loi­sir par­mi d’autres. Je dirais donc que la poé­sie per­sane, celle incar­née par la pléiade pré­sente dans cette antho­lo­gie, est essen­tiel­le­ment enga­gée. Mais j’ai employé, plus pré­ci­sé­ment, le terme « liber­taire » car l’en­ga­ge­ment poli­tique n’est pas tou­jours por­teur d’in­dé­pen­dance et de luci­di­té huma­niste pour ceux qui le pra­tiquent. Quant aux poètes per­sans s’a­don­nant aux prouesses esthé­ti­santes, s’il en existe, ils demeurent invi­sibles pour la grande majo­ri­té des lec­teurs. De même qu’au plus fort de la tem­pête, on fixe du regard l’homme qui tente de redres­ser la barre, plu­tôt que celui qui dépose des fleurs dans votre cabine.

Deux grandes ten­dances inter­pré­ta­tives s’affrontent sou­vent à pro­pos des grands poètes clas­siques per­sans : cer­tains les ramènent à une forme de mys­tique sym­bo­lique et consi­dèrent qu’en par­lant d’ivresse ou d’amour ils n’emploient, en fait, que des méta­phores pour signi­fier le rap­port au divin (dans une inter­pré­ta­tion sou­fie) ; d’autres défendent au contraire une vision réso­lu­ment épi­cu­rienne et maté­ria­liste de cette poé­sie. Où se situent aujourd’hui les poètes contem­po­rains que vous présentez ?

J’ai envie de vous répondre que leur rap­port avec la poé­sie est inévi­ta­ble­ment maté­ria­liste, ancré dans l’imma­nence. Même si Chafii Kadkani a éta­bli une édi­tion cri­tique du Langage des oiseaux du mys­tique Farid ed-Din Attar — ce qui ne l’empêche pas de faire revivre les vers de Saadi, de Chiraz, à tra­vers ses propres poèmes. Le rap­port à l’autre, imma­nent et social, est tou­jours là. Chamlou, lui, fait revivre Hafez à tra­vers une édi­tion por­tant son empreinte. Quant à Khayyam, il est omni­pré­sent à tra­vers tout poème amou­reux ren­dant jus­tice aux bien­faits de ce monde, à tra­vers le séjour tran­si­toire qui est le nôtre. Je pense en pre­mier à Forough Farrokhzad, la plus sul­fu­reuse et la plus pas­sion­née. Simine Behbahani, toute poé­tesse natio­nale qu’elle soit, fait la part belle à la séduc­tion et à la joie de vivre (« Ah j’ai aimé »), et ce jus­qu’à l’âge le plus avan­cé qu’il soit per­mis de vivre (« La vieille Ève »). La forme antique du gha­zal, poème lyrique par excel­lence, est tou­jours à l’hon­neur — d’un poète à l’autre. Il existe, bien enten­du, comme vous le men­tion­nez, une ten­dance mys­tique et une ten­dance maté­ria­liste dans la poé­sie per­sane. La pre­mière mieux connue, hélas, que la seconde… Cette der­nière est pra­ti­que­ment incon­nue en France, où une caste d’é­di­teurs et d’u­ni­ver­si­taires se com­plaît sur­tout à pro­mou­voir la vieille tra­di­tion sou­fie, sur fond de médi­ta­tion trans­cen­dan­tale et de danses exta­tiques de der­viches tour­neurs… Nous avons là affaire à une sorte de tou­risme orien­ta­li­sant dans un ailleurs atem­po­rel. Comme si la moder­ni­té poé­tique devait demeu­rer du seul res­sort de l’Occident alors que la mys­tique, sous son jour poé­tique, serait issue essen­tiel­le­ment d’un Orient que l’on vou­drait hors du temps, occu­pé aux pra­tiques médi­ta­tives. Aussi, je sou­haite que cette antho­lo­gie aide à décil­ler quelque peu les regards de ceux et celles qui nour­rissent ici, en France, des repré­sen­ta­tions toutes faites de la poé­sie per­sane. Et qu’elle montre le che­min de la vraie moder­ni­té dans le champ poé­tique. Celle qui s’appuie sur les acquis patrimoniaux.

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Vous retour­nez régu­liè­re­ment dans votre pays de nais­sance et connais­sez bien sa « scène artis­tique ». Dans quelles mesures est-il pos­sible d’écrire, de dire et de publier de la poé­sie libre­ment en Iran ? 

La poé­sie, dès qu’elle touche des pri­vi­lèges, des dogmes, des valeurs éta­blies, devient une menace pour son auteur, en Iran comme en France. Toutes pro­por­tions gar­dées, certes. Mais il suf­fit qu’un poème « balance » un nom ou un sta­tut syno­nymes d’abus ou d’injustice, pour que le poète se retrouve dans la ligne de mire des déten­teurs du pou­voir. La poé­sie liber­taire d’Iran a vécu et vit tou­jours des moments dif­fi­ciles. Il existe dans ce pays des lieux pour la poé­sie offi­cielle et d’autres espaces, tolé­rés, atti­rant un public consi­dé­rable. Naturellement, les médias qui s’en font l’écho sont ceux de la Toile. Les pages Facebook et le site YouTube en pre­mier. Mais, en tant que citoyen ayant choi­si la natio­na­li­té fran­çaise depuis un bon nombre d’années, je ne peux vous répondre sur ce point sans poin­ter en même temps l’indigence de la poé­sie dans mon pays d’adoption, dès que l’on touche la sphère sociale et poli­tique. En effet, au pays de Molière — ce Charlie avant la lettre —, les poètes brillent désor­mais par leur silence face aux abus de l’État et de ses ins­ti­tu­tions. Ils se tiennent dans les limites des grandes décla­ra­tions de prin­cipes et annoncent tous les jours qu’il faut « décré­ter l’état d’urgence poé­tique » ! Étant moi-même héri­tier, de par mes ori­gines, d’une tra­di­tion poé­tique de luttes pétrie de chair et de sang, je trouve ces accents déplo­rables dans leur répé­ti­tion et leur vacuité.

Vous vous inté­res­sez beau­coup à la ques­tion de la forme poé­tique, consi­dé­rant qu’il doit y avoir une « sur­vie dyna­mique d’un patri­moine antique à l’intérieur d’une révo­lu­tion for­melle » : ce qui fait pour vous la force des poètes per­sans qui connaissent lit­té­ra­le­ment par cœur les grands clas­siques, avant même de se per­mettre des liber­tés avec la métrique. Vous citez Aragon comme le der­nier des poètes fran­çais qui aurait réus­si ce tour de force d’incarner l’esprit d’un peuple et d’une langue tout en réin­ven­tant la sienne. Mais quelle leçon en tirez-vous pour la poé­sie fran­çaise ? Comment se réap­pro­prier une tra­di­tion éva­nouie ? Les Iraniens disent du Hafez quand per­sonne, en France, ne rêve plus de la poé­sie de Villon…

En effet. Les Français n’ont pas fait le tra­vail qu’ils auraient dû faire il y a un demi-siècle, quand Aragon por­tait encore le flam­beau. Facilité ? Paresse ? Sentiment de supé­rio­ri­té cultu­relle ? Certitude que tout a déjà été dit et qu’on se repose sur un héri­tage qui, aujourd’hui, a som­bré dans les manuels d’histoire lit­té­raire ? Fascination pour une (fausse) moder­ni­té qui fait de l’art une dis­ci­pline culti­vée « hors-sol » ? Dans son Crève-cœur, Aragon disait qu’il « n’est pas vrai qu’il n’est point de rimes nou­velles dans un monde nou­veau ». Or nous assis­tons, dans cette deuxième décen­nie du XXIe siècle, à une absence totale de règles poé­tiques s’inscrivant dans la conti­nui­té de la grande poé­sie fran­çaise — celle de Villon, de Boileau ou de Baudelaire. La règle est deve­nue celle de la non-règle. Avec son cor­tège d’absurdités, de jeux for­mels vides de sens, de mots d’ordre sans consé­quences et d’ennui mor­ti­fère. Vous me deman­dez com­ment se réap­pro­prier la tra­di­tion éva­nouie, culti­vée jadis par les grands noms de la poé­sie fran­çaise ? Écoutez plu­tôt ce qui se dit en ce moment autour de nous, dans les médias et sur les forums de dis­cus­sion depuis les atten­tats du 7 jan­vier 2015. Jamais la néces­si­té d’une appar­te­nance à l’identité fran­çaise n’a sem­blé aus­si sen­sible. Peut-être que ce trau­ma­tisme natio­nal don­ne­ra enfin le coup d’envoi (bien cher payé, il est vrai) d’une adé­qua­tion entre les racines cultu­relles de la France et la pro­duc­tion artis­tique contem­po­raine — celle-ci s’a­vé­rant pro­fon­dé­ment gan­gre­née. Peut-être que ce pays auquel je tiens tant sau­ra évi­ter de som­brer encore plus (je pèse mes mots) dans la déca­dence cultu­relle où il est bien engagé.

On connaît mieux, en France, le ciné­ma ira­nien que la poé­sie ou la lit­té­ra­ture contem­po­raine ira­niennes. Mais ce ciné­ma lui-même n’est-il pas por­teur d’une charge à la fois poé­tique et contes­ta­taire ? C’est bien le vers d’un poème de Forrough Farrokhzad qui donne son titre à un film de Kiarostami, Le Vent nous empor­te­ra

Le ciné­ma ira­nien, mon­dia­le­ment connu, est en effet un modèle de sub­ver­sion, qui emploie les res­sorts du registre poé­tique. Mais la poé­sie demeure en Iran le genre majeur, loin devant toutes les autres formes d’expression artis­tique. Si elle est moins connue que le ciné­ma, c’est parce que les tra­duc­tions en fran­çais de la poé­sie per­sane sont sou­vent de fac­ture moyenne. Pour ne pas dire médiocre. De sur­croît, le ciné­ma, art visuel, peut se per­mettre une cer­taine éco­no­mie du lan­gage écrit ou par­lé. Cependant, le lan­gage poé­tique ne manque pas de prendre ses aises dans le ciné­ma ira­nien, car les réa­li­sa­teurs issus du pays de Saadi et de Hafez ne sont pas moins impré­gnés de poé­sie que le reste de la popu­la­tion. Je pense en par­ti­cu­lier à Dariuch Mehrdjouï, icône du ciné­ma ira­nien, dont les réa­li­sa­tions campent régu­liè­re­ment des per­son­nages au verbe haut et colo­ré décla­mant des poèmes d’un bout à l’autre de ses films. Pour l’apprécier, je vous sug­gère de regar­der Le Poirier, Monsieur le Benêt ou encore Téhéran, Téhéran.

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Éternelle ques­tion posée au tra­duc­teur : peut-on tra­duire sans tra­hir ? Comment pro­cé­dez-vous pour pré­ser­ver la charge de contes­ta­tion poli­tique qui peut se loger dans les jeux de mots ?

La tra­duc­tion peut deve­nir tra­hi­son, en effet. Mais de quelle tra­hi­son par­lons-nous ? Faut-il res­ti­tuer en fran­çais les équi­va­lents exacts des vocables per­sans ? Je ne le pense pas. Le pas­sage d’une langue à l’autre doit se sou­mettre avant tout aux exi­gences d’une tran­si­tion poé­tique. À ce titre, il est accor­dé aux mots choi­sis pour la tra­duc­tion une tolé­rance et une lati­tude dès lors qu’ils servent une nou­velle musique dans la « langue d’arrivée » : ici, le fran­çais. La tra­hi­son serait de pro­duire un pro­pos sec, dépour­vu d’allure, vidé de charge affec­tive, sacri­fié sur l’autel d’une « fidé­li­té » au texte de départ. Le poète tra­duit ne le sup­por­te­rait pas et il pré­fé­re­rait de loin une tra­duc­tion poé­tique, même légè­re­ment « déca­lée », qui le fasse vibrer à son tour. Là réside une vraie fidé­li­té à l’esprit du poète. Je l’affirme dans les der­nières pages de l’anthologie en posant comme tout préa­lable à l’entreprise que le tra­duc­teur prouve qu’il est lui-même un poète. Et pour appuyer mes dires, j’ai fait figu­rer, comme der­nier poème de ce recueil, une de mes com­po­si­tions. Un hom­mage à Ahmad Chamlou. Certains vers m’ont don­né du fil à retordre ; je pense par­ti­cu­liè­re­ment à un poème d’Ahmad Chamlou (« Je t’aime »), qui com­mence ainsi :

Il n’est pas de nuit du côté de chez nous
Ils ne font pas la paix la voix et le silence
Les mots sont dans l’attente

Je ne suis pas seul avec toi
Personne n’est seul avec personne
La nuit plus seule que les étoiles

Le pari étant de res­ti­tuer le rythme, la mélo­die et les images du texte d’origine, tout en employant des mots d’une grande sim­pli­ci­té. Il s’agit d’être soi-même à la fois musi­cien et poète.

René-Guy Cadou écri­vait que « la poé­sie est inutile comme la pluie ». N’est-ce pas, en Iran, une idée très oxy­mo­rique : inutile comme tout ce qui est indis­pen­sable… Qu’en diriez-vous ?

En Iran, on ne cherche pas à « défi­nir » la poé­sie. Je sais que la France, par contre, ne manque pas de théo­ri­ciens de la poé­sie. Le pro­pos poé­tique, en Iran, reste direct. Pour peu que l’on sache décryp­ter les images qui le repré­sentent, et ceci est une affaire d’usage et de culture. Je dirais que les poètes ira­niens sont des guer­riers. La poé­sie est en eux, indis­pen­sable à leur sur­vie comme peut l’être une arme dont on ne se sépare jamais, à quelque heure du jour ou de la nuit. En France, on prend la poé­sie sous le bras comme un atta­ché-case, à l’heure des tables rondes, des fes­ti­vals et des col­loques. C’est pour cela qu’elle est, dans ce pays, en ce siècle, si mor­tel­le­ment ennuyeuse, cou­pée de l’homme. Et c’est pour cela que les Français — je veux par­ler du peuple fran­çais — se sentent si peu concer­nés par ce qu’elle repré­sente : un être déchar­né dont les mots s’é­va­nouissent aus­si­tôt que proférés.

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Vous consa­crez quelques pages à Phil Donny, l’illustrateur de l’ouvrage. Son tra­vail, impré­gné des grands moments de la pein­ture clas­sique euro­péenne — dont les maîtres ont pour nom Le Titien, Botticelli ou Véronèse — vien­drait en réso­nance avec votre approche de la poé­sie. Vous le pré­sen­tez comme un « peintre de l’incarnation ». Pourriez-vous nous en dire plus sur cette dis­po­si­tion par­ta­gée entre vous et lui ?

Phil est un ami de longue date, avec qui je par­tage nombre de valeurs, autant humaines qu’artistiques. De ses illus­tra­tions res­sort la néces­si­té fon­da­men­tale de racon­ter, de mettre en com­mun, de faire res­sen­tir. Il est fas­ci­né par le legs des grands illus­tra­teurs tel que Gustave Doré, et cela se res­sent dans son tra­vail. Le « concept », si cher à un cer­tain art dit « concep­tuel », n’a aucune place, ni dans ses créa­tions, ni dans les miennes. L’œuvre se doit de tout dire par elle-même. Et le peintre, tout comme le poète, se doit d’y dépo­ser, au terme d’un long et labo­rieux par­cours — ponc­tué d’extases — la quin­tes­sence de son expé­rience. À ce titre, nous menons, lui avec le pin­ceau, moi avec la plume ou le cla­vier, un com­bat sui­vi et déter­mi­né contre l’art dit « contem­po­rain » dès lors qu’il relève de la spé­cu­la­tion concep­tuelle et finan­cière. Mais ceci est une autre histoire.


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  1. Aube nou­velle. Poètes liber­taires d’Iran, Le Temps des Cerises, 2016.

REBONDS

☰ Lire notre entre­tien avec Jean-Pierre Siméon : « La poé­sie comme force d’objection radi­cale », décembre 2015
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