Ngô Văn, éloge du double front


Texte inédit pour le site de Ballast

Pourquoi rou­vrir les vieux tiroirs ? Marotte d’his­to­rien ou d’ar­chi­viste ? En rien : s’il n’est pas le seul, Ngô Văn incarne avec force les ten­sions inhé­rentes au socia­lisme. Sujet d’hier, donc de demain. Le résis­tant viet­na­mien eut à faire face à trop d’en­ne­mis : cet oppo­sant farouche à la bar­ba­rie du colo­nia­lisme fran­çais fut contraint à l’exil puis­qu’il n’en­ten­dait pas que son pays, libé­ré, pût être gou­ver­né par quelque par­ti auto­ri­taire — fût-il, comme lui, com­mu­niste. Une éthique du funam­bule. ☰ Par Émile Carme


Le front est haut, le nez taillé long et la bouche épaisse. Quelques cli­chés pho­to­gra­phiques le donnent à voir aux côtés d’un chat ou d’un per­ro­quet. Coiffé d’un béret, par­fois, un clope au bout des doigts. Celui qui aimait les romans chi­nois « peu­plés d’er­mites mal embou­chés, de rebelles et de bri­gands1 », celui qui pei­gnait, des­si­nait et pri­sait la pho­to mou­rut à Paris l’an­née du réfé­ren­dum sur le Traité consti­tu­tion­nel euro­péen et de l’embrasement des quar­tiers popu­laires. Son his­toire, si proche, se lie à sa jumelle, noble de majus­cule. Il avait un peu plus de 90 ans et en pas­sa près de soixante en France. Singulier exil que celui-ci : le natif de Tân Lô, hameau viet­na­mien situé à une dizaine de kilo­mètres de Saigon — aujourd’­hui Hô-Chi-Minh-Ville —, vécut la plus grande par­tie de son exis­tence sur le sol d’une nation dont il avait com­bat­tu la pré­sence sur celui de la sienne propre. Ngô Văn se consi­dé­rait comme un sur­vi­vant. Un res­ca­pé des grands bris du siècle des camps de concen­tra­tion, du Goulag, de la montre à quartz et du code-barres.

Leur France et la nôtre

« La mémoire donne pour­tant des cou­leurs à l’a­ve­nir : elle fouette son sang, l’ai­guille et l’aide à débar­bouiller la route. »

Quand la bêtise porte une cra­vate, cela res­semble au dépu­té UMP Bruno Le Maire : « On ne cri­tique pas l’his­toire fran­çaise2 », avait-il lan­cé en 2015 sur un pla­teau de télé­vi­sion. Les porte-flingues du natio­na­lisme vénèrent le pas­sé seule­ment s’il consent à se taire — leur amer­tume les condamne à errer dans de bien étranges vapeurs : pho­tos sans voix et dra­peaux mités de rêves cre­vés. La mémoire donne pour­tant des cou­leurs à l’a­ve­nir : elle fouette son sang, l’ai­guille et l’aide à débar­bouiller la route.

Ce fut, dans les années 1910, une enfance méfiante à l’en­droit des com­pa­triotes catho­liques — n’a­vaient-ils pas délais­sé leurs rites pour véné­rer un Blanc au nez poin­tu, droit plan­té sur une croix ? D’aucuns contaient que la Vierge s’é­tait accou­plée avec un chien pour mettre bas au Christ… Ngô Văn, fils de petits pay­sans sur­veillant les buffles dans les champs de rizière et écra­sant le manioc au pilon, a appris le fran­çais à l’âge de 11 ans ; il lit Rousseau, Baudelaire, le roman­cier Jean Richepin et l’a­via­teur Roland Garros — le pre­mier avec force « exal­ta­tion ». Il n’en finit pas de lire et achète ses ouvrages d’oc­ca­sion dans les bric-à-brac des ven­deurs chi­nois. Des auteurs fran­çais, mais pas seule­ment. C’est ain­si, page à page, que germe en lui la révolte ; il en vient à s’in­té­res­ser aux cercles révo­lu­tion­naires indo­chi­nois condam­nés à la clan­des­ti­ni­té et ne tarde pas à cacher cer­taines cou­pures de presse dans une boîte à chaussures.

Les années vingt touchent à leur terme : en France, les com­mu­nistes se sont consti­tués en par­ti et André Gide dénonce l’op­pres­sion colo­niale de retour du Congo ; en Russie, Staline épure les admi­nis­tra­tions et lance la col­lec­ti­vi­sa­tion for­cée des cam­pagnes ; en Algérie, l’Étoile nord-afri­caine est dis­soute par les auto­ri­tés impé­riales. Hô Chi Minh, qui n’est encore que Nguyen Ai Quoc mais a déjà publié l’im­pla­cable Procès de la colo­ni­sa­tion fran­çaise, voyage entre la Crimée et la Russie, Berlin et Paris, la Suisse et l’Italie. L’écrivain fran­çais Léon Werth, de retour d’Asie, sort quant à lui le beau Cochinchine, écœu­ré par ce qu’il vit de la « mis­sion civi­li­sa­trice » — l’Empire prend du bon temps, siro­tant le sang des indi­gènes pour sa gloire et son prestige.

Hô Chi Minh (DR)

Un com­pa­gnon de chambre, Phùng, comp­table de pro­fes­sion, raconte à Văn les pri­sons et la faim dans les plan­ta­tions, la tor­ture et les condi­tions de vie des coo­lies. En 1930, des sol­dats viet­na­miens de la gar­ni­son de Yên Bái se mutinent. Le jeune Daniel Guérin, qui n’est pas encore le pen­seur com­mu­niste liber­taire que l’on gagne­rait à connaître si cela n’est pas le cas, se trouve alors en Indochine : le dra­peau de l’in­dé­pen­dance est his­sé par quelques insur­gés et le pou­voir fait son office, avia­tion à l’ap­pui — « Ce qui se levait, rap­por­te­ra Guérin dans les pages de son Autobiographie de jeu­nesse, c’é­tait le vent de la tem­pête3» Ngô Văn, 18 ans, suit au jour le jour les évè­ne­ments. Bombardements, incen­dies, des­truc­tion de temples et déca­pi­ta­tions : les droits de l’Homme gra­vés à la feuille d’or. De son exil à Hong Kong, Hô Chi Minh, fils de pay­sans lui aus­si, ras­semble les forces com­mu­nistes et natio­na­listes au début du mois de février de la même année : ain­si naît le Parti com­mu­niste viet­na­mien. « Ouvriers, pay­sans, sol­dats, jeunes gens, élèves des écoles, com­pa­triotes oppri­més et exploi­tés, amis, cama­rades4 », lance l’ap­pel rédi­gé par le lea­der mar­xiste : il importe de se battre contre l’im­pé­ria­lisme fran­çais et la bour­geoi­sie autoch­tone. Hô Chi Minh salue la classe ouvrière fran­çaise, alliée de l’im­mi­nente révo­lu­tion viet­na­mienne, et pro­pose dix points phares — par­mi les­quels l’in­dé­pen­dance totale de l’Indochine, la natio­na­li­sa­tion des banques et des entre­prises colo­niales, la redis­tri­bu­tion des plan­ta­tions fran­çaises ou féo­dales aux pay­sans pauvres, la jour­née de tra­vail de huit heures, l’ins­truc­tion géné­ra­li­sée et l’é­ga­li­té entre les sexes. Ngô Văn peste contre les « civi­li­sa­teurs » et « l’ar­ro­gante socié­té colo­niale » qui musèle « le menu peuple », « les petits et les sans-grade » ; il dis­si­mule des tracts révo­lu­tion­naires dans son vélo afin de les lire à ses amis pay­sans, tout en ten­tant, péni­ble­ment, de sai­sir Le Capital de Marx. « L’atmosphère répres­sive régnant alors dans tout le pays » ne lui laisse d’autre choix que de s’en­ga­ger : à d’autres, la fata­li­té ! Il tra­duit Le Manifeste du par­ti com­mu­niste en viet­na­mien et publie poèmes et récits natu­ra­listes dans des pério­diques indi­gènes, puis milite au sein d’une petite orga­ni­sa­tion, l’Opposition de gauche — elle se montre cri­tique à l’en­droit du Parti com­mu­niste, qu’elle accuse d’al­lé­geance à Moscou et de décon­nexion avec les masses, le peuple.

Trotsky contre Staline

« Hô Chi Minh double son mar­xisme-léni­nisme d’un dis­cours patrio­tique pour convaincre les masses indi­gènes de se sou­le­ver contre l’oc­cu­pant français. »

1935. Trotsky va mou­rir dans cinq ans, le crâne défon­cé par un pio­let dans son bureau mexi­cain. L’exilé russe quitte alors la France pour la Norvège. Staline, au pou­voir depuis le décès de Lénine (contre les der­nières volon­tés de ce der­nier), régente l’URSS d’une poigne d’a­cier — il a écar­té son prin­ci­pal rival, ledit Trotsky, porte-voix de l’Opposition de gauche, en l’ex­pul­sant de la Patrie des tra­vailleurs au début de l’an­née 1929. Dans son Journal d’exil, rédi­gé sur des cahiers d’é­co­lier, l’an­cien chef de l’Armée rouge ful­mine contre « la clique des laquais de Staline », « l’es­prit bor­né » de ce der­nier, sa soif de ven­geance, son cynisme et ses délires bureau­cra­tiques — Joseph Staline n’est rien d’autre que le « fos­soyeur du par­ti et de la révo­lu­tion5 ». Le Guide consi­dère quant à lui Léon Trotsky comme l’un des « espions et [d]es agents du fas­cisme6 » et les trots­kystes comme une engeance toxique dont il faut se débar­ras­ser sans plus tar­der. Loin d’être cir­cons­crit à la seule Russie, ce conflit s’est éten­du aux quatre coins de la pla­nète ; Viêtnam compris.

Les com­mu­nistes viet­na­miens se divisent donc entre une ligne « offi­cielle » (celle du sou­tien à l’URSS sta­li­nienne) et une ligne « hété­ro­doxe », cri­tique, liée à la contes­ta­tion trots­kyste du régime. Au cœur des mul­tiples points de diver­gences, autant humains qu’i­déo­lo­giques : la ques­tion du cadre natio­nal. Dès les années 1920, Staline a pro­mu la notion de « socia­lisme dans un seul pays », autre­ment dit l’i­dée qu’il est pos­sible et pen­sable d’œu­vrer à l’a­bo­li­tion du mode de pro­duc­tion capi­ta­liste et/ou féo­dal sans attendre la « révo­lu­tion mon­diale » tant sou­hai­tée par Lénine. À l’in­verse, Trotsky jure de l’ab­sur­di­té d’une telle concep­tion : les États modernes, pris dans les filets des mar­chés mon­diaux, ne peuvent s’é­man­ci­per indi­vi­duel­le­ment — le com­bat révo­lu­tion­naire doit tour­ner le dos aux ins­tincts « chau­vins », « patrio­tiques » et « natio­na­listes » (autant de mani­fes­ta­tions de l’i­ma­gi­naire bour­geois) afin d’embrasser l’é­man­ci­pa­tion inter­na­tio­na­liste et glo­bale. En tant que mili­tant du Komintern, Hô Chi Minh se range der­rière l’o­rien­ta­tion offi­cielle et double son mar­xisme-léni­nisme d’un dis­cours patrio­tique : pour convaincre les masses indi­gènes de se sou­le­ver contre l’oc­cu­pant fran­çais, pareil levier lui semble indis­pen­sable. Mais il serait fau­tif de n’y voir qu’une stra­té­gie de façade : l’homme aime pro­fon­dé­ment son pays et n’est pas un par­ti­san de la table rase (l’un de ses bio­graphes le décri­ra comme peu dog­ma­tique et très dia­lec­ti­cien : pas­sé, pré­sent et futur consti­tuaient à ses yeux des tem­po­ra­li­tés qu’il ne fal­lait pas cher­cher à dis­joindre — l’his­to­rien Daniel Hémery rap­por­te­ra, dans Hô Chi Minh, de l’Indochine au Vietnam, qu’il n’a­vait, contrai­re­ment à Mao, « guère la fibre théo­rique7 »). Il confie même, en pri­vé : « Je suis un com­mu­niste mais ce qui m’im­porte en ce moment est l’in­dé­pen­dance et la liber­té de mon pays, ce n’est pas le com­mu­nisme. Je vous garan­tis per­son­nel­le­ment que le com­mu­nisme ne sera pas réa­li­sé au Viêt Nam avant une cin­quan­taine d’an­nées8. »

Léon Trotsky (DR)

Face à la posi­tion pro-sovié­tique du Parti com­mu­niste, Ngô Văn et quelques cama­rades bâtissent la Ligue des com­mu­nistes inter­na­tio­na­listes pour la construc­tion de la IVe Internationale (elle sera lan­cée de France, par Trotsky, en 1938). Contestant les accents natio­na­listes du Parti et redou­tant, au len­de­main de l’hy­po­thé­tique mais tant vou­lue indé­pen­dance, la main­mise du Viêtnam libre par la bour­geoi­sie locale, les trots­kystes aspirent à faire entendre une autre voix : celle d’un socia­lisme radi­cal et anti-sta­li­nien. Imprimerie clan­des­tine et ronéo, le groupe publie deux bul­le­tins mili­tants, Révolution per­ma­nente et L’Avant-garde. La signa­ture d’un trai­té d’as­sis­tance mutuelle entre l’URSS et les auto­ri­tés de la République fran­çaise les révulsent : com­ment la Russie, pré­ten­du­ment pro­gres­siste, peut-elle pac­ti­ser avec un gou­ver­ne­ment colo­nial et bour­geois ? Une honte, voi­là tout. La preuve que Staline n’est pas le bien­fai­teur des peuples oppri­més qu’il pré­tend être.

« Seule une rup­ture révo­lu­tion­naire sera à même d’ins­tau­rer, sans main qui tremble ni cote mal taillée, la jus­tice et l’é­ga­li­té entre tous les hommes. »

En juin 1936, la police fran­çaise fait irrup­tion dans le maga­sin de pro­duits métal­lur­giques où tra­vaille Ngô Văn. Deux mois plus tard, le pré­sident du tri­bu­nal lui demande s’il escompte ren­ver­ser le pou­voir en place pour y ins­tal­ler un régime com­mu­niste ; notre homme de répondre : « Nous n’y avons pas encore pen­sé. Nous lut­tons pour obte­nir les liber­tés démo­cra­tiques… » C’est en pri­son qu’il apprend la nou­velle des pro­cès de Moscou : Staline vient d’or­ga­ni­ser l’é­li­mi­na­tion de seize émi­nents membres du Parti au nom d’im­pro­bables mobiles (sabo­tage, ter­ro­risme…). Ngô Văn par­tage sa réclu­sion avec des indé­pen­dan­tistes sta­li­niens ; il n’en dit mot mais s’en inquiète : « Mille ques­tions sans réponse nous assaillent. » Il lit Malraux et Céline — Voyage au bout de la nuit s’ap­pa­rente à quelque com­mo­tion lit­té­raire : enfin, avoue-t-il, la poé­sie du monde vivant, tin­tant, cra­chant, pénètre dans les livres, enfin la langue vibrante, lucide et crue du réel trouve sa place dans l’é­lé­gance affec­tée des biblio­thèques. Ngô Văn s’é­meut des « couillons de la vie, bat­tus, ran­çon­nés, trans­pi­rants de tou­jours » qui peuplent les pages du roman­cier fran­çais — cette gouaille, il la fera pour par­tie sienne dans ses futurs écrits autobiographiques.

Le Front popu­laire reten­tit dans l’Hexagone : 1936 et ses gran­dioses grèves ouvrières. Mais cela ne change rien, ou si peu, au sort des colo­ni­sés. Ngô Văn refuse d’ap­puyer ce nou­veau gou­ver­ne­ment — les réformes ne suf­fisent pas ; seule une rup­ture révo­lu­tion­naire sera à même d’ins­tau­rer, sans main qui tremble ni cote mal taillée, la jus­tice et l’é­ga­li­té entre tous les hommes, c’est-à-dire toutes les races. Au Viêtnam, la contes­ta­tion gagne en épais­seur : les pri­son­niers guettent l’é­tin­celle par-delà leurs murs. En jan­vier 1937, ils entament une grève de la faim pour pro­tes­ter contre les mau­vais trai­te­ments, la qua­li­té de la nour­ri­ture et l’in­ter­dic­tion de lire la presse. Nouvelle purge en URSS : Staline fait exé­cu­ter une dizaine de res­pon­sables com­mu­nistes. Văn s’in­ter­roge : « Les trots­kistes russes sont trai­tés de vipères lubriques à Moscou, empri­son­nés, dépor­tés, mas­sa­crés : com­bien de temps les trots­kistes d’Indochine échap­pe­ront-ils encore à la condam­na­tion de Staline et de ses par­ti­sans locaux ? » Au même moment, en Espagne, la guerre civile oppose le camp fas­ciste (les natio­na­listes et les fran­quistes, sou­te­nus par les régimes alle­mand et ita­lien) et le camp répu­bli­cain et révo­lu­tion­naire (du gou­ver­ne­ment légi­time aux com­mu­nistes, en pas­sant par les anar­chistes et les trots­kystes). Une guerre civile éclate en sus au sein de la guerre civile : Moscou exige des com­mu­nistes espa­gnols qu’ils éli­minent les­dites « vipères », accu­sées, bien sûr à tort, de com­pli­ci­tés avec l’en­ne­mi nazi — l’é­cri­vain bri­tan­nique George Orwell, enga­gé les armes à la main au sein d’une orga­ni­sa­tion mar­xiste non sta­li­nienne, en fera le triste récit dans son Hommage à la Catalogne. Certains trots­kystes viet­na­miens refusent pour­tant toute divi­sion sus­cep­tible de ren­for­cer l’ad­ver­saire (bour­geois, fas­ciste et colo­nial) : les com­mu­nistes se doivent de demeu­rer unis en dépit des diver­gences. Un front sta­li­no-trots­kyste que Ngô Văn ne consent pas à rati­fier : com­ment s’al­lier avec ceux qui, en Espagne comme en Russie, appellent à leur éli­mi­na­tion physique ?

Joseph Staline (DR)

Entre deux feux

Văn est libé­ré au terme de deux années de déten­tion, en juin 1937. Un poète viet­na­mien a tra­duit Retour de l’URSS de Gide : le texte s’ar­rache à Saigon. L’écrivain fran­çais y retrace sa dés­illu­sion : la dic­ta­ture du pro­lé­ta­riat n’a pas éman­ci­pé celui-ci et la parole est confis­quée par les auto­ri­tés sta­li­niennes. Ngô Văn y trouve matière à confir­mer ses craintes ; sitôt sor­ti, il s’é­lève, par voie de presse, contre les Procès de Moscou et publie une bro­chure afin d’ap­puyer son pro­pos. Il par­ti­cipe éga­le­ment à une grève d’ou­vrières d’une char­cu­te­rie, tra­dui­sant leurs reven­di­ca­tions en langue fran­çaise ; dockers, coo­lies, ouvriers d’a­te­liers, pay­sans : la révolte gronde chaque jour un peu plus en ces terres occu­pées. Et les trots­kystes d’ap­pe­ler à la créa­tion d’un « Front ouvrier et pay­san », seul à même, selon eux, d’as­su­rer un contrôle démo­cra­tique des banques, des trans­ports et des ser­vices pos­taux tout en redis­tri­buant les terres aux plus pauvres. Ngô Văn est de nou­veau arrêté.

« Le Parti se trouve à pré­sent aux portes du pou­voir et les trots­kystes mani­festent pour la for­ma­tion de comi­tés populaires. »

L’Espagne tombe sous la botte fran­quiste. Des cen­taines de mil­liers d’Espagnols sont contraints à l’exil. La France tombe sous la botte alle­mande. Pétain appelle à rendre les armes ; de Gaulle, exi­lé à Londres, exhorte à pour­suivre la lutte — en 1942, Hô Chi Minh dédie­ra quelques vers acides au « sau­veur » auto-pro­cla­mé de la Nation : « Malencontreuse, la des­ti­née de la France ; / Pétain, maré­chal trop vieux, te voi­là putride. / À genoux, tête bais­sée devant les Allemands ; / […]Tu as ven­du ta patrie9 ». Le lea­der viet­na­mien n’a de cesse de le rap­pe­ler : il ne voue pas la moindre haine à l’en­droit du peuple fran­çais (il consigne même, dans des notes per­son­nelles, que ce der­nier est gen­til, aimable, sociable et affable !). Ses enne­mis sont l’o­li­gar­chie. C’est donc en patriote viet­na­mien qu’il approuve la résis­tance fran­çaise et sou­haite, pour la France comme pour son pays, l’in­dé­pen­dance totale et le droit des peuples à dis­po­ser d’eux-mêmes. Mais Hô Chi Minh rejette la radi­ca­li­té des trots­kystes, qu’il assi­mile pro­ba­ble­ment au « gau­chisme » dont par­la Lénine dans un célèbre ouvrage qu’il tra­dui­sit jus­te­ment en viet­na­mien : la seule manière de vaincre, pense-t-il, est de consti­tuer un ras­sem­ble­ment large et majo­ri­taire — bour­geoi­sie com­prise. S’il estime que son par­ti porte la parole des tra­vailleurs, il n’en croit pas moins que ce seul signi­fiant (« le pro­lé­ta­riat ») n’est pas à même de faire avan­cer la cause indé­pen­dan­tiste. Et si les com­mu­nistes braquent les bour­geois, ceux-ci devien­dront des agents actifs du fas­cisme, affirme-t-il dans un com­mu­ni­qué daté de juillet 1939. C’est d’une plume gla­çante que le futur chef d’État viet­na­mien tranche la ques­tion : on ne s’al­lie pas avec les trots­kystes, « il faut les exter­mi­ner poli­ti­que­ment10 ». L’historien Pierre Brocheux, dans sa bio­gra­phie Hô Chi Minh, du révo­lu­tion­naire à l’i­cône, écri­ra : les « accu­sa­tions mutuelles » entre sta­li­niens et trots­kystes viet­na­miens « étaient aus­si gra­tuites les unes que les autres11 » (il est à noter que Staline se méfiait du chef viet­na­mien — tenu pour un com­mu­niste des cavernes, par trop lent et modé­ré — et que le second pré­sident de la République popu­laire de Chine le qua­li­fiait de « droi­tiste »).

Ngô Văn vend des galettes de riz sur le mar­ché, pour gagner sa croûte, et croise en ville un gigan­tesque por­trait du Maréchal. « Un seul chef : Pétain. Un seul devoir : obéir. Une seule devise : ser­vir. » Le ton est don­né mais la guerre s’en va tou­cher à sa fin : Hitler se tire dans la tête une balle de Walther PPK 7,65 mil­li­mètres, du fond de son bun­ker ber­li­nois ; les Nord-Américains ato­misent un Japon déjà défait pour la seule joie de bom­ber le torse ; l’empereur viet­na­mien Bao Dai abdique, en proie à la per­cée com­mu­niste. Le Parti se trouve à pré­sent aux portes du pou­voir et les trots­kystes mani­festent pour la for­ma­tion de comi­tés popu­laires : ils réclament, tout de go, le contrôle ouvrier des usines et la répar­ti­tion des terres. L’Internationale des uns, chan­tée à tue-tête, s’op­pose aux chants natio­na­listes des révo­lu­tion­naires du Parti. Ngô Văn redoute l’emprise de ces der­niers sur les reven­di­ca­tions popu­laires et éman­ci­pa­trices du peuple, tout comme il n’en­tend pas d’une bonne oreille la « pro­pa­gande patrio­tarde » des par­ti­sans d’Hô Chi Minh (l’un de ses textes glo­ri­fiant, par exemple, les « ancêtres héroïques », les « inté­rêts de la Patrie » et le « glo­rieux12 » peuple viet­na­mien). Mais la rue exulte. « C’est une ruée d’es­pé­rances », note le mili­tant trots­kyste dans son ouvrage Au pays de la Cloche fêlée. Les armes cir­culent. Premiers accro­chages. Hô Chi Minh déclare uni­la­té­ra­le­ment l’in­dé­pen­dance de son pays. Coup d’é­clat — et de génie. L’appel repose en par­tie sur la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de la Révolution fran­çaise : Hô Chi Minh exige l’ap­pli­ca­tion stricte du tant van­té uni­ver­sa­lisme fran­çais — pour­quoi refu­ser à autrui ce que l’on reven­dique pour soi ? Il demande, en outre, à ce que les auto­ri­tés fran­çaises recon­naissent la République démo­cra­tique du Viêtnam et l’au­to­ri­té de son nou­veau gou­ver­ne­ment. La révo­lu­tion sociale et expro­pria­trice n’est pas la prio­ri­té ; le com­mis­saire de l’Intérieur déclare : qui­conque tou­che­ra aux terres des nan­tis sera impi­toya­ble­ment puni par le Parti. Barricades, arbres déra­ci­nés, véhi­cules ren­ver­sés ; sol­dats fran­çais, civils et indé­pen­dan­tistes en décousent. Ngô Văn apprend que des repré­sen­tants trots­kystes viennent d’être exé­cu­tés par des membres du Viêt Minh, le front de résis­tance créé par le Parti. Des cadavres flottent dans l’eau. Une usine est dyna­mi­tée. Des milices s’or­ga­nisent et des avions de chasse tirent à vue.

Portrait de Ngô Văn, par P. Mortimer

Văn intègre une uni­té de com­bat­tants trots­kystes. « Nous sym­pa­thi­sons avec les paysans des envi­rons, leur expli­quant que le but de notre com­bat non seule­ment pour chas­ser les Français, mais éga­le­ment pour en finir avec les pro­prié­taires ter­riens autoch­tones, sor­tir du ser­vage les for­çats des rizières et libé­rer les coo­lies. » Il est arrê­té par des par­ti­sans du Viêt Minh au bord d’un fleuve alors qu’il ten­tait de trou­ver un récep­teur radio. Il par­vient à s’é­chap­per puis se cache dans Saigon. Le lea­der trots­kyste Ta Thu Thâu est exé­cu­té — Hô Chi Minh confie­ra à Daniel Guérin, à Paris : « Ce fut un patriote et nous le pleu­rons… Mais tous ceux qui ne suivent pas la ligne tra­cée par moi seront bri­sés13. » L’adage a la clar­té pour mérite : on ne fait pas d’o­me­lettes, etc. Une bru­ta­li­té qui n’en tranche pas moins avec les nom­breux témoi­gnages qui existent : Hô Chi Minh est décrit par ceux qui le connurent comme un être réser­vé, ferme sans être fana­tique, calme, concen­tré, orga­ni­sé, géné­reux, très modeste au quo­ti­dien et doué de tact et d’hu­mour (un lieu­te­nant fran­çais le dépei­gnit comme gai, curieux, sin­gu­liè­re­ment sen­sible et à l’é­coute ; le géné­ral Salan comme éner­gique et déter­mi­né ; un res­pon­sable du Quai d’Orsay comme sage et pers­pi­cace ; Khrouchtchev comme un être dont la pure­té le fai­sait res­sem­bler à un saint ou un apôtre — « Un homme aus­si pur que Lucifer », confia le pre­mier pré­sident de la République du Viêtnam lors d’un entre­tien). L’historien Pierre Brocheux esti­me­ra qu’Hô Chi Minh man­qua par­fois de cou­rage, en « lais­sant faire » l’aile la plus vio­lente du Viêt Minh. Voici donc Ngô Văn coin­cé entre deux feux : il peut à tout ins­tant tom­ber sous les balles des Français comme des com­mu­nistes ortho­doxes. En novembre 1946, l’ar­mée de la République tri­co­lore bom­barde Haiphong : mal­gré les ten­ta­tives déses­pé­rées d’Hô Chi Minh visant à régler ce conflit par la diplo­ma­tie, la guerre d’Indochine est offi­ciel­le­ment décla­rée. « Le cœur ron­gé de mélan­co­lie », Ngô Văn décide de quit­ter son pays. Il débarque à Marseille au prin­temps 1948, âgé de 36 ans.

Un rien du tout

« Văn devient ouvrier d’u­sine à Nanterre. Il faut man­ger. Pièces déta­chées, câblage, tôle, châs­sis, ailes, por­tières, pince à souder… »

De ces années de luttes, Ngô Văn en tire­ra une méfiance ins­tinc­tive à l’en­droit du pou­voir et des appa­reils poli­tiques cen­tra­li­sés. Tous les par­tis pré­ten­du­ment « ouvriers » sont à ses yeux des « embryons d’État » — et ce der­nier devien­dra sa bête noire : il faut, comme le vou­laient Marx et Bakounine, quoique dans des tem­po­ra­li­tés dif­fé­rentes, œuvrer au dépé­ris­se­ment total de la struc­ture éta­tique. Văn devient ouvrier d’u­sine à Nanterre. Il faut man­ger. Pièces déta­chées, câblage, tôle, châs­sis, ailes, por­tières, pince à sou­der… L’homme-machine et les pou­mons usés : il décrit ses nou­veaux frères de besogne fran­çais comme autant de « com­pa­gnons esclaves ». Il loge à l’hô­tel — une chambre dont l’am­poule est si faible qu’il ne par­vient à lire. Il se penche sur les textes d’Engels et boit son café au bis­trot près de l’u­sine. Certains l’ap­pellent « le chi­ne­toque ». « Je me casse les reins à les démon­ter, à trim­ba­ler de lourdes pièces de fonte », raconte ce corps ché­tif. Il n’en peut plus et démis­sionne. À peine la guerre d’Indochine s’a­chève-t-elle qu’une autre, en Algérie, com­mence : « Les abat­toirs fonc­tionnent en per­ma­nence, la mort, la mort tou­jours recom­men­cée », écrit-il dans son ouvrage Au pays d’Héloïse. La gauche est au pou­voir et Mitterrand fera tran­cher quelques têtes.

Văn découvre les tra­vaux du pen­seur Maximilien Rubel et la relec­ture qu’il effec­tue des écrits de Marx — allant jus­qu’à le pré­sen­ter comme un anar­chiste ! Il apprend l’exis­tence, à la fin de la Première Guerre mon­diale, d’une cer­taine « République des conseils de Bavière », alliant com­mu­nisme et liber­ta­risme, et étu­die la répres­sion des marins de Kronstadt, en 1921, par le nou­veau pou­voir sovié­tique. Ainsi donc, avant même l’a­vè­ne­ment de Staline, la glo­rieuse révo­lu­tion d’Octobre, celle qu’il avait tant aimée, répri­ma des cama­rades sans pitié aucune ! Sous les ordres de Lénine et de Trotsky ! Il ren­contre des exi­lés espa­gnols, anciens du POUM ou anar­chistes, et effec­tue la connais­sance de Daniel Guérin — qui, comme essayiste, pro­po­se­ra de récon­ci­lier com­mu­nisme et anar­chisme en les pur­geant de leurs impasses res­pec­tives. Văn s’é­loigne dès lors du bol­che­visme comme du trots­kysme. Adieu, épi­thètes aux semelles de plomb ! Ismes patauds et réduc­teurs ! Le Vietnamien se dira un « rien du tout », un vaga­bond juste bon à « bara­ti­ner dans le désert14 ». L’émancipation doit être l’œuvre des domi­nés eux-mêmes, et non d’une avant-garde sup­po­sé­ment éclai­rée et assu­ré­ment pro­fes­sion­nelle. En 1950, il se rend dans la Yougoslavie socia­liste de Tito : scep­tique, certes, mais jamais cynique. Il aide aux chan­tiers col­lec­tifs mais les bustes du lea­der ne lui disent rien qui vaillent. Il demande à voir un camp de réédu­ca­tion : requête reje­tée. On ne l’y pren­dra plus.

Il publie en 1968 un texte appe­lant à l’au­to-éman­ci­pa­tion — la lutte contre tous les maîtres, qu’ils soient capi­ta­listes ou com­mu­nistes — et pro­meut, lors de la guerre du Viêtnam, l’al­liance du pro­lé­ta­riat amé­ri­cain et viet­na­mien contre leurs gou­ver­ne­ments res­pec­tifs (cri­ti­quant, en pas­sant, le sou­tien incon­di­tion­nel d’une par­tie de l’in­tel­li­gent­sia fran­çaise à l’au­to­cra­tique Front natio­nal de libé­ra­tion viet­na­mien). Le temps se plaît à pas­ser sous silence ses trop vieilles ambi­tions : le Parti ouvri­ra ses bras à l’é­co­no­mie de mar­ché, ajus­tant le grand rêve rouge aux « réa­li­tés du monde glo­ba­li­sé ». En 1997, Văn séjour­ne­ra dans son pays d’o­ri­gine après un demi-siècle d’exil : un com­mu­nisme à la sauce joint-ven­tures et Coca-Cola.

Lénine, par Lionel Nivelle

*

Un jour de l’an­née 2015, en ban­lieue pari­sienne. Une confé­rence se tient, orga­ni­sée par des mili­tants asso­cia­tifs fran­çais et des repré­sen­tants diplo­ma­tiques du Parti com­mu­niste viet­na­mien. Nous levons la main puis pre­nons la parole afin de deman­der de quelle manière furent trai­tés les indé­pen­dan­tistes trots­kystes par le pou­voir com­mu­niste offi­ciel : « Avec les méthodes de l’é­poque… », répond l’his­to­rien assis à sa table. Un vieil homme d’o­ri­gine viet­na­mienne nous inter­pelle, à l’autre bout de la salle, vitu­pé­rant contre les traîtres trots­kystes, tout « assas­sins d’ou­vriers » qu’ils furent.

« Aucun cou­rant ne peut en appe­ler à la pure­té. Personne n’eut rai­son seul et beau­coup échouèrent en même temps. »

Le XXe siècle eut l’a­troce pri­vi­lège de nous ensei­gner l’hu­mi­li­té et la demi-teinte. Aucun cou­rant ne peut en appe­ler à la pure­té. Personne n’eut rai­son seul et beau­coup échouèrent en même temps : si les sta­li­niens mas­sa­crèrent les trots­kystes, ces der­niers ne se pri­vèrent pas de tra­quer les liber­taires. L’assassinat de Trotsky le trans­fi­gu­ra en héros, archange de la Révolution, corps cou­ron­né en mythe, figure incom­prise en butte au tota­li­ta­risme — n’ou­blions pas qu’il posa, avec Lénine, les pierres auto­ri­taires de la « dégé­né­res­cence » du sys­tème sovié­tique et put sans cil­ler appe­ler à l’exé­cu­tion de l’a­nar­chiste Voline. Si les liber­taires s’enorgueillissent à rai­son de n’a­voir jamais oppri­mé per­sonne, leur inca­pa­ci­té à ras­sem­bler le grand nombre pose plus de pro­blèmes qu’elle n’en résout. La vie de Ngô Văn, dans sa sublime soli­tude morale, n’en finit pas de nous pous­ser à reprendre, encore et tou­jours, d’é­checs en menues vic­toires, la seule et sem­pi­ter­nelle ques­tion qui vaille lorsque l’on se refuse aux incan­ta­tions autant qu’à la real­po­li­tik : que faire ?

Dans les pages de ses Fragments mécréants, le phi­lo­sophe Daniel Bensaïd écri­vait en 2005 : « On peut sou­te­nir la cause de ceux qui ont subi l’in­jus­tice, sans renon­cer pour autant à une soli­da­ri­té cri­tique. Nous sommes soli­daires de Cuba contre le blo­cus impo­sé par les États-Unis. Nous ne nous sommes pas inter­dits pour autant de dénon­cer la cari­ca­ture de pro­cès sta­li­nien fait en 1989 à Arnaldo Ochoa et aux frères La Guardia. De même pou­vait-on por­ter les valises pour le FLN sans se taire devant l’as­sas­si­nat d’Abane Ramdane. On peut être, aujourd’­hui, indé­fec­ti­ble­ment soli­daire des droits bafoués du peuple pales­ti­nien, sans sous­crire à des actions sui­cides et sans fer­mer les yeux sur la cor­rup­tion bureau­cra­tique de son appa­reil pro­to-éta­tique. On doit enfin être soli­daire de la résis­tance ira­kienne à l’oc­cu­pa­tion impé­riale, sans oublier pour autant les crimes de Saddam Hussein et de sa dic­ta­ture. […] L’époque n’est plus aux logiques binaires du tiers exclu, qui som­maient de choi­sir son camp, quitte à taire les crimes de Staline sous pré­texte de ne pas hur­ler avec les loups. À la longue, les auto­cen­sures sont désas­treuses. Ceux qui, en leur temps, ont com­bat­tu, sou­vent sur deux fronts, contre la ter­reur colo­niale et l’ex­ploi­ta­tion capi­ta­liste, mais aus­si contre la ter­reur et l’ex­ploi­ta­tion bureau­cra­tiques, ont mieux ser­vi his­to­ri­que­ment la cause de l’é­man­ci­pa­tion, que les réa­listes qui se turent, au motif de ne pas affai­blir leur camp. […] Cette voie du double refus et du double front est étroite, sou­vent périlleuse15. » Une poli­tique de l’é­man­ci­pa­tion est sans doute condam­née à pareil péril.


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  1. Avant-pro­pos de L’insomniaque, Ngo Van, Au pays d’Heloïse, L’insomniaque, 2005, p. 11.[]
  2. Des paroles et des actes, 16 novembre 2015.[]
  3. Daniel Guérin, Autobiographie de jeu­nesse, Pierre Belfond, 1971, p. 226.[]
  4. Hô Chi Minh, Textes 1914-1969, L’Harmattan, 1990, p. 94.[]
  5. Trotsky, Journal d’exil, Folio, 2008, pp. 54, 56, 101.[]
  6. Staline, « Réponse à la lettre d’Ivanov », 12 février 1938.[]
  7. Daniel Hémery, Ho Chi Minh, de l’Indochine au Vietnam, Gallimard, 2004, p. 140.[]
  8. « Souvenirs de Chang Fakuei », Revue heb­do­ma­daire l’Union, 1962.[]
  9. Hô Chi Minh, Textes 1914-1969, op. cit., « Au Mérchal Pétain », p. 104.[]
  10. Ibid., p. 98.[]
  11. Pierre Brocheux, Hô Chi Minh, du révo­lu­tion­naire à l’icône, Payot, 2003, p. 120.[]
  12. Hô Chi Minh, Textes 1914-1969, op. cit., pp. 100–101.[]
  13. Daniel Guérin, Au ser­vices des colo­ni­sés 1930- 1953, 1954, p. 22.[]
  14. Toutes les cita­tions non réfé­ren­cées de Ngo Van pro­viennent des deux ouvrages Au pays de la Cloche fêlée (2000) et Au pays d’Heloïse (2005), tous deux aux édi­tions L’Insomniaque.[]
  15. Daniel Bensaïd, Fragments mécréants, Lignes, 2005.[]

REBONDS

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Émile Carme

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