Mohamed Saïl, ni maître ni valet


Texte paru dans le n° 2 de la revue Ballast

On célèbre en ce jour, 14 octobre 2016, la mémoire de Mohamed Saïl dans le nord de l’Algérie, au cœur du vil­lage de Taourirt : « Il est de notre devoir de mettre toute la lumière sur le par­cours de ce grand mon­sieur que bon nombre de per­sonnes ignorent », explique l’as­so­cia­tion à l’o­ri­gine de l’é­vè­ne­ment. L’occasion pour nous de contri­buer, de l’autre côté de la Méditerranée, à cet hom­mage par ce por­tait publié dans notre n° 2. Saïl, kabyle, déser­teur durant la Première Guerre mon­diale et volon­taire en Espagne, lut­ta contre le colo­nia­lisme et pour l’a­nar­cho-com­mu­nisme : « Tous ensemble, nous édi­fie­rons un règne sans classes, […] où il n’existera ni maîtres ni valets, mais seule­ment des hommes égaux. » ☰ Par Émile Carme


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(Saïl, en bas, au centre)

L’homme n’était pas un poète mais un poète dédia à l’homme quelques-uns de ses vers. « Étranges étran­gers / Vous êtes de la ville / vous êtes de sa vie / même si mal en vivez / même si vous en mou­rez. » Signés Jacques Prévert. Étranger puisqu’il naquit loin de la capi­tale : un vil­lage kabyle du nom de Taourirt, la « col­line », au nord de l’Algérie. Naquit un jour d’oc­tobre 1894, le 14, sous le nom de Mohand Amezian ben Ameziane Saïl ; le capi­taine Dreyfus était alors arrê­té puis condam­né en métro­pole ; Nicolas II, tsar de Russie, héri­tait du pou­voir ; Tombouctou tom­bait aux mains des troupes impé­ria­listes françaises.

L’anticolonialiste

« La République, écrit-il, n’a rien à envier au fas­cisme : tous deux com­mu­nient dans l’arbitraire et le désir de rabaisser. »

L’Algérie de sa nais­sance est un dépar­te­ment fran­çais depuis près de cin­quante ans. Les auto­ri­tés hexa­go­nales ont écra­sé les der­nières révoltes et la Kabylie (500 000 hec­tares de terres lui furent confis­qués en 1871) ne put que rendre les armes. La République marche dans les pas du Second Empire, mais c’est au nom des droits de l’Homme que le sang a désor­mais le pri­vi­lège de cou­ler. Sa vie durant — pas­sée entre sa nation natale, la France et l’Espagne —, Saïl se fera ardent anti­co­lo­nia­liste. À l’âge de trente ans, il fus­tige dans Le Libertaire1 les « pirates rapaces » et les « canailles san­gui­naires » qui assu­jet­tissent l’Algérie au nom de la Civilisation. La République, écrit-il, n’a rien à envier au fas­cisme : tous deux com­mu­nient dans l’arbitraire et le désir de rabais­ser. La même année (nous sommes en 1924), il publie dans Le Flambeau2, jour­nal qui se pré­sente comme celui « des Groupes liber­taires d’Afrique du Nord », un réqui­si­toire contre l’occupation de son pays. Ses mots cisaillent, ton­nant contre la faim, la misère, les exac­tions et les humi­lia­tions qui ravagent sa terre, contre « l’ignorance, l’abrutissement dans les­quels vous nous main­te­nez pour mieux nous tenir sous votre joug », contre ce régime « de ser­vi­tude et de trique » et la condi­tion de « parias » dans laquelle son peuple est main­te­nu. « C’est notre sol natal, que de pères en fils nous fécon­dons de notre labeur : vous êtes venus nous dépos­sé­der, nous voler nos biens et, sous pré­texte de civi­li­sa­tion, vous nous obli­gez main­te­nant, pour ne pas mou­rir de faim, de tri­mer comme des for­çats, pour votre pro­fit, contre un salaire de famine. » Pour étouf­fer la contes­ta­tion et faire mar­cher au pas ce peuple ran­çon­né, le pou­voir, pour­suit-il, a ins­ti­tué le Code de l’indigénat. « Une honte pour une nation moderne. »

Adopté en 1881, il offi­cia­li­sait la dis­tinc­tion — et, par­tant, la dis­cri­mi­na­tion — entre les citoyens fran­çais (issus de la métro­pole ou de l’Europe) et les sujets fran­çais (indi­gènes musul­mans). L’historien Olivier Le Cour Grandmaison écrit ain­si, dans son essai Coloniser, exter­mi­ner : « Le Code relève d’un pou­voir plus dis­ci­pli­naire qui, repo­sant sur la mul­ti­pli­ca­tion d’obligations diverses, a pour fonc­tion de sur­veiller, de contrô­ler et d’inculquer par­fois de nou­velles manières d’être et d’agir. Établies pour assu­rer au jour le jour la sou­mis­sion des indi­gènes, ces obli­ga­tions saturent en quelque sorte leur exis­tence ; peu de domaines échappent en effet à leur emprise3. » Il sera abo­li en 1946. Et Saïl d’exhorter les hommes de bonne volon­té, d’où qu’ils soient, à lut­ter pour « la sup­pres­sion de l’odieux régime de l’Indigénat qui consacre notre escla­vage ». Il réclame pour les siens le droit à une vie digne et libre, avant de conclure son article d’une excla­ma­tion pro­phé­tique : « Prenez garde gou­ver­nants, au réveil des esclaves ! » (dans Le Libertaire, il usait peu aupa­ra­vant d’une for­mule assez simi­laire : « Prenez garde qu’un jour les parias en aient marre et qu’ils ne prennent les fusils4 »). Trente ans plus tard, le FLN sur­gi­ra d’une nuit de novembre, armé et prêt à tout pour abattre le régime colonial.

Algériens mobilisés durant la Première Guerre mondiale (DR)

La République s’apprête, trom­pettes et bra­vos, hour­ras et homé­lies, à com­mé­mo­rer sa prise en cette année 1930. Ainsi du quo­ti­dien Le Temps, chan­tant pour l’occasion : « [La célé­bra­tion du cen­te­naire de l’Algérie fran­çaise] évoque un évé­ne­ment qui a eu d’incalculables consé­quences pour la gran­deur, la sécu­ri­té et la pros­pé­ri­té de notre pays, qui a en quelque sorte exal­té les des­ti­nées natio­nales, et qui nous a valu la plus sub­stan­tielle réus­site de toute notre his­toire. […] Sans notre empire exo­tique sur lequel le soleil ne se couche pas, nous ne serions pas une puis­sance mon­diale. […] Abd el Kader, guer­rier che­va­le­resque digne de nos grands sol­dats, a pu nous com­battre avant de nous aimer : en lut­tant contre nous à l’époque héroïque de la conquête, les indi­gènes algé­riens lut­taient, sans le savoir, contre eux-mêmes. Ils s’en sont vite aper­çus. Ils ont com­pris que l’hégémonie fran­çaise, c’était la paix fran­çaise, l’ordre, la pros­pé­ri­té ; qu’à l’anarchie et à la bar­ba­rie allaient se sub­sti­tuer la civi­li­sa­tion et le pro­grès5. »

« Les bar­rages, cen­trales hydrau­liques, réseaux élec­triques, voies fer­rées, ports, aéro­dromes, écoles et routes en dur passent mas­sacres et tor­tures par pertes et profits. »

Mohamed Saïl est alors secré­taire du Comité de défense des Algériens contre les pro­vo­ca­tions dudit cen­te­naire. Où réside-t-il à ce moment ? Très cer­tai­ne­ment en France, bien qu’il soit par­fois dif­fi­cile de connaître les dates et durées de ses dépla­ce­ments (aucun ouvrage bio­gra­phique n’a, à ce jour, été publié — les infor­ma­tions exis­tantes, au condi­tion­nel ou non, se contre­disent par­fois). On ne sait quand il arri­va en France pour la pre­mière fois mais il sem­ble­rait fort qu’il soit retour­né en Algérie entre 1924 et 1926. Saïl s’élève donc contre la foire colo­niale que sera cet évè­ne­ment : « Que nous a donc appor­té cette France si géné­reuse dont les lâches et les imbé­ciles vont par­tout pro­cla­mant la gran­deur d’âme ? Interrogez un simple indi­gène, tâchez de gagner sa confiance. L’homme vous dira de suite la lamen­table situa­tion de ses frères et l’absolue carence de l’administration fran­çaise devant les pro­blèmes d’importance vitale. La presque tota­li­té de la popu­la­tion indi­gène vit dans la misère phy­sique et morale la plus grande. Cette misère s’étale lar­ge­ment. Dans les villes d’Algérie, ce ne sont, la nuit venue, que gens dégue­nillés cou­chés sous les arcades, sur le sol. Dans les chan­tiers, les mines, les exploi­ta­tions agri­coles, les mal­heu­reux indi­gènes sont sou­mis à un tra­vail exté­nuant pour des salaires leur per­met­tant à peine de se mal nour­rir. Commandés comme des chiens par de véri­tables brutes, ils n’ont pas même la pos­si­bi­li­té de recou­rir à la grève, toute ten­ta­tive en ce sens étant vio­lem­ment bri­sée par l’emprisonnement et les tor­tures. N’ayant aucun des droits de citoyen fran­çais, sou­mis à l’odieux et bar­bare code de l’indigénat, les indi­gènes sont traî­nés devant des tri­bu­naux répres­sifs spé­ciaux et condam­nés à des peines très dures pour des pec­ca­dilles qui n’amèneraient, dans la métro­pole, qu’une simple admo­nes­ta­tion. Toute presse indi­gène étant inter­dite, toute asso­cia­tion étant vite dis­soute, il ne sub­siste, en Algérie, aucune pos­si­bi­li­té de défense pour les mal­heu­reux indi­gènes spo­liés et exploi­tés avec la der­nière cra­pu­le­rie qui puisse exis­ter. »

La plume ne cille pas : elle perce la plaie sans crier gare. Saïl frotte le fard, écaille le ver­nis. Les Lumières mentent et le Progrès a des par­fums de carne souillée. Dix ans plus tard, Albert Camus fera lui aus­si état de la détresse qui affecte la région dont Saïl est ori­gi­naire : Misère de la Kabylie donne à lire le sur­peu­ple­ment, l’indigence, les enfants en loques, la pau­vre­té inouïe des gour­bis, le chô­mage, l’iniquité fis­cale et sala­riale… « Je suis for­cé de dire ici que le régime du tra­vail en Kabylie est un régime d’esclavage6. » Les valets de pied du pou­voir aiment à polir l’un des seuls argu­ments dont ils dis­posent : les apports tech­niques. Les fameux. Les bar­rages, cen­trales hydrau­liques, réseaux élec­triques, voies fer­rées, ports, aéro­dromes, écoles et routes en dur passent mas­sacres et tor­tures par pertes et pro­fits. Compatibilité de pense-petit : « Mille kilo­mètres de route ne com­pensent pas un seul acte de cruau­té ou de gou­ja­te­rie7 », écri­ra Léon Werth. Saïl tourne en déri­sion les­dits apports maté­riels (« Beau pro­grès, vrai­ment ! ») et achève son texte en même temps que son enne­mi : « Le groupe anar­chiste algé­rien est déci­dé à démon­trer à l’opinion publique vos crimes, vos igno­mi­nies que vous vou­lez bap­ti­ser du mot civi­li­sa­tion. »

Albert Camus (DR)

Un an plus tard, il publie une nou­velle tri­bune dans le même périodique8 et tance tour à tour la métro­pole — du moins les plou­to­crates et les offi­ciels qui jurent par­ler en son nom — et les exploi­teurs arabes : les caïds (fonc­tion­naires indi­gènes œuvrant pour l’État fran­çais), la vieille aris­to­cra­tie féo­dale et les repré­sen­tants reli­gieux (en mai 1925, il avait été incar­cé­ré en Algérie après avoir vili­pen­dé, dans un café kabyle, « le régime des mara­bouts qui bernent les popu­la­tions »). L’Algérie doit donc, estime l’anarchiste, s’affranchir de ces deux tutelles. Et Saïl d’insister : le peuple fran­çais, celui des tra­vailleurs et des humbles, n’est pas cou­pable des tur­pi­tudes colo­niales — d’où son appel à fédé­rer les masses hexa­go­nales et algé­riennes pour, de concert, ren­ver­ser leurs maîtres qui les mènent à la baguette et au fouet sur les deux rives de la Méditerranée. Nulles divi­sions com­mu­nau­taires, eth­niques ou reli­gieuses, chez Saïl : les bour­reaux sont de la même race. Sa ligne de démar­ca­tion est nette : les petits, Nord-Africains et Blancs, contre les puis­sants, Nord-Africains et Blancs. « Fraternellement unis, ils sau­ront s’en débar­ras­ser pour fêter ensembles leur affran­chis­se­ment. » Mohamed Saïl adhère d’ailleurs à la Confédération géné­rale du tra­vail-Syndicaliste révo­lu­tion­naire, créée en France en 1926, et fonde en son sein la Section des indi­gènes algé­riens. En 1932, il appelle, dans le jour­nal dont il est alors le gérant, L’Éveil social, le « peuple algé­rien, peuple esclave9 » à se lever. Un an plus tard, il évoque l’exil — sans doute fait-il écho, en creux, au sien propre — comme l’une des pos­si­bi­li­tés pour l’indigène algé­rien, fût-elle déses­pé­rée, de sur­vivre lorsqu’il se trouve spo­lié de sa terre (il s’opposera tou­te­fois, vingt ans plus tard, à l’émigration mas­sive des Algériens : mieux vaut évi­ter de déra­ci­ner des familles entières et d’avoir à subir l’exploitation patro­nale en métro­pole — « On se débrouille mieux lorsqu’on est chez soi, et en Afrique du Nord la soli­da­ri­té joue­rait à plein10 »). Saïl ne connaî­tra pas la guerre d’Algérie, ni la consti­tu­tion du Front de libé­ra­tion natio­nale et les heurts pour le moins vio­lents qui l’opposeront au Mouvement natio­nal algé­rien, puisqu’il mour­ra un an et demi avant, en avril 1953, à Bobigny. Mais il conti­nue­ra de dénon­cer jusqu’au bout le « style super­fas­ciste et le mode de tra­vail digne de l’Antiquité11 » du régime colo­nial, de poin­ter les men­songes de la République et de célé­brer les cama­rades euro­péens alliés dans la lutte à leurs côtés.

Le Kabyle

« Sa ligne de démar­ca­tion est franche et nette — les petits, Nord-Africains et Blancs, contre les puis­sants, Nord-Africains et Blancs. »

An 632 après Jésus-Christ. Le Prophète Muhammad mou­rut à Médine à l’âge de soixante-trois ans — après, rap­porte-t-on, avoir répé­té à trois reprises la for­mule « Dans l’union suprême12 ! ». Les troupes arabes s’emparèrent de l’Égypte et de la Libye quelques années plus tard. Mila, en Algérie, tom­ba en 678. La célèbre guer­rière Kahina, fille unique issue de la tri­bu ber­bère zénète des Djerawa, com­bat­tit les enva­his­seurs musul­mans avant d’être défaite, en 693, puis déca­pi­tée. La phase de conquête mili­taire prit offi­ciel­le­ment fin en 711 : les siècles sui­vants se char­gèrent de bâtir l’Algérie contem­po­raine — faite de Berbères, d’Arabes, de Juifs et d’Européens (eux-mêmes venus de France, de Malte, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne…). L’arabisation et l’islamisation de l’Algérie — bien qu’on ne l’appelait pas encore ain­si — n’a pas eu rai­son de l’identité cultu­relle ber­bère et kabyle ; aujourd’hui encore, la ques­tion n’est pas sans sus­ci­ter de vives polé­miques. Mohamed Saïl reven­dique ses ori­gines avec fier­té, et même orgueil : en février 1951, il rédige pour Le Libertaire l’article « La men­ta­li­té kabyle13 » afin de louer le tem­pé­ra­ment liber­taire et indi­vi­dua­liste de ce peuple (enten­dons le second terme dans le sens posi­tif qu’il a par­fois dans la tra­di­tion anar­chiste et non dans son accep­ta­tion moderne et libé­rale : l’individualisme comme zone d’affranchissement, comme libé­ra­tion de cha­cun pour tendre, une fois arti­cu­lée, à celle de tous ; comme lutte pour la consti­tu­tion de sub­jec­ti­vi­tés réfrac­taires et autonomes).

Pour Saïl, l’indigène est anti­co­lo­nia­liste, mais le Kabyle l’est plus farou­che­ment encore (l’anarchiste ne craint pas d’user d’un « le » pour le moins essen­tia­liste). Organisé, soli­daire, rétif et fédé­ra­liste, le Kabyle (qui est un Algérien « pur sang14 ») l’est aus­si. Celui qui déclame à qui veut l’entendre son refus du chau­vi­nisme et de la glo­ri­fi­ca­tion d’un peuple au détri­ment d’un autre est pris la main dans le sac dès lors qu’il parle des siens : « [Les Kabyles] se plaisent par­tout, fra­ter­nisent avec tout le monde, et leur rêve est tou­jours le savoir, le bien-être et la liber­té. […] Le Kabyle est réel­le­ment l’élément domi­nant à tout point de vue et parce qu’il est capable d’entraîner le reste du peuple algé­rien dans la révolte contre toute forme de cen­tra­lisme auto­ri­taire. » Le cœur par­fois foule aux pieds les prin­cipes ; l’affaire est connue. L’Idée baisse les yeux quand bat le sang. Le Kabyle, pour­suit Saïl, manque tou­te­fois d’éducation comme de culture et c’est la rai­son pour laquelle, bien que fort de cer­taines pré­dis­po­si­tions, il n’est pas encore un authen­tique liber­taire — cela ne sau­rait tarder.

Achives (colorisées) de la période coloniale, à Azazga, en Kabylie

La résis­tance des Kabyles face au colo­nia­lisme fait mordre la pous­sière au célèbre « mythe kabyle » (arguant, à des fins colo­niales, que l’identité ber­bère, com­pa­rée à l’arabe, est plus à même de se fondre dans le corps fran­çais) : on ne compte plus les Berbères qui, aux côtés des Arabes, prirent les armes et le maquis. En revanche, les obser­va­tions de Saïl concer­nant la pra­tique reli­gieuse rejoignent celles de bien des com­men­ta­teurs fran­çais : du baron Aucapitaine à l’abbé Raynal, en pas­sant par Eugène Daumas15, tous s’accordent sur le fait que les Kabyles auraient un rap­port plus dis­tant à la reli­gion que les Arabes. Moins dévot et dog­ma­tique. Si Saïl n’hésite pas à évo­quer « la grande civi­li­sa­tion musul­mane16 » et ses « frères musul­mans17 », il n’en demeure pas moins par­ti­cu­liè­re­ment viru­lent à l’endroit de la reli­gion et de ses sec­ta­teurs. Anarchiste oblige — sur­tout s’il est kabyle… Son peuple, assure-t-il, n’a embras­sé l’islam que par la force des armes. « La grande masse des tra­vailleurs kabyles sait qu’un gou­ver­ne­ment musul­man, à la fois reli­gieux et poli­tique, ne peut revê­tir qu’un carac­tère féo­dal, donc pri­mi­tif. Tous les gou­ver­ne­ments musul­mans l’ont jusqu’ici prou­vé. » Dieu ? Un par­rain de « l’obscurantisme18 ». Les gens en parlent, l’usage le veut, mais plus per­sonne, au fond, ne croit en lui. « N’attendez rien d’Allah, les cieux sont vides, et les dieux n’ont été créés que pour ser­vir l’exploitation et prê­cher la rési­gna­tion », rap­pelle-t-il en 1935 dans La Voix liber­taire. Mieux encore : « Allah est en déroute19 » et la reli­gion dis­pa­raî­tra un jour — le futur s’échinera à démen­tir son optimisme…

L’anarchiste communiste

« La tra­di­tion liber­taire est vaste — tor­rents, ruis­se­lets, fleuves, rigoles, rivières et ravines y coulent sans tou­jours se rejoindre. »

Celui qui, selon ses dires20, entra dans « le mou­ve­ment » en 1911 (à l’âge de dix-sept ans) et fut ins­ti­ga­teur de comi­tés d’anarchistes algé­riens, adhé­rant à l’Union anar­chiste, com­bat­tant auprès de Durruti en Espagne et mili­tant actif dans la presse liber­taire, signait par­fois ses articles « Un anar­chiste kabyle » (il uti­li­sa éga­le­ment les pseu­do­nymes Léger et Georges). Mais, on le sait, la tra­di­tion liber­taire est vaste — tor­rents, ruis­se­lets, fleuves, rigoles, rivières et ravines y coulent sans tou­jours se rejoindre. Dans quels cou­rants Mohamed Saïl s’inscrit-il ? Ceux du fédé­ra­lisme liber­taire, de l’anarcho-syndicalisme, de l’action directe et du com­mu­nisme libertaire.

Si le fédé­ra­lisme est anté­rieur à l’anarchisme, on doit à Proudhon de l’avoir théo­ri­sé dans une pers­pec­tive liber­taire (notons du reste qu’il avait, dès 1861, pré­dit l’indépendance de l’Algérie dans ses Carnets21). L’idée est assez simple : il faut pro­cé­der, c’est-à-dire s’organiser au sein de la col­lec­ti­vi­té, de bas en haut, loca­le­ment, et récu­ser l’idée de centre et de péri­phé­rie. Proudhon l’oppose, dans Du Principe fédé­ra­tif, au carac­tère hié­rar­chique des régimes en vigueur — démo­cra­tiques ou monar­chiques — et à l’ascendance de l’État (admi­nis­tré par sa capi­tale) sur l’ensemble du ter­ri­toire et de la popu­la­tion. Saïl, dans les pas de nom­breux liber­taires, se montre par­ti­cu­liè­re­ment défa­vo­rable au com­mu­nisme. Du moins, la pré­ci­sion importe, dans sa for­mu­la­tion par­ti­daire, auto­ri­taire et ins­ti­tu­tion­nelle : ses cri­tiques contre les orga­ni­sa­tions com­mu­nistes — fran­çaises et sovié­tiques — sont nom­breuses et viru­lentes, mais il appar­tient à une for­ma­tion anar­cho-com­mu­niste (l’Union anar­chiste — dont il est le secré­taire de l’une des sec­tions en 1923 — devient l’Union anar­chiste com­mu­niste en 1926 puis, un an plus tard, l’Union anar­chiste com­mu­niste révo­lu­tion­naire) et pro­meut, notam­ment en Espagne, l’alliance du rouge et du noir.

Achives (colorisées) de la période coloniale, à Azazga, en Kabylie

En mai 1924, le très jeune Parti com­mu­niste fran­çais a obte­nu 9,82 % des suf­frages aux élec­tions légis­la­tives. Épuisé et souf­frant, Lénine vient de mou­rir dans un der­nier spasme ; la Russie révo­lu­tion­naire n’a pas encore sept ans et Staline ser­monne publi­que­ment Trotsky, à la tête de la nou­velle Opposition de gauche. Six mois plus tard, Saïl fouaille, avec le verbe cru qu’on lui connaît, le PC, Moscou, l’URSS qui n’a de révo­lu­tion­naire que le nom, Marcel Cachin et la « dic­ta­ture » bol­che­vik. Dans les colonnes du Libertaire22, il jette à la face des com­mu­nistes le cri des dépor­tés des camps des îles Solovki — Saïl prend la défense des têtes dures et des insou­mis qui ren­voient dos à dos les tsa­ristes et les rouges : tous les cachots ont la même âme.

« Saïl n’a que fort peu fré­quen­té l’école : il n’est pas un théo­ri­cien et ses écrits — à l’orthographe approxi­ma­tive — tiennent du pam­phlet plus que de l’analyse froide. »

En 1933, péna­le­ment pour­sui­vi pour un texte de nature anti­mi­li­ta­riste, il reçoit l’appui de l’organisation cari­ta­tive de l’Internationale com­mu­niste, le Secours rouge : il le rejette dans une tri­bune parue dans L’Éveil social. Moscou, argue-t-il, embas­tille les oppo­sants révo­lu­tion­naires et l’URSS sta­li­nienne n’est, ni plus ni moins, qu’un fas­cisme peint en rouge. Grandiloquent, Saïl toni­true : « À bas toutes les pri­sons de la terre ! Que sur leurs ruines, un jour, s’élève, radieuse et triom­phante, l’Anarchie23 ! » Retour de bâton, en toute logique : alors qu’il est incul­pé à Saint-Ouen pour « délit de port d’arme pro­hi­bée » (la police trouve chez lui gre­nades et pis­to­lets : « souve­nirs de la der­nière guerre », assure le Comité de défense sociale ; « Saïl trouve des armes, il les conserve24 », rap­porte l’historien Sylvain Boulouque) et que le mou­ve­ment ouvrier le sou­tient, le Parti refuse d’en être et le qua­li­fie d’agent pro­vo­ca­teur. Il pas­se­ra un peu plus de quatre mois en prison.

Au len­de­main de la Libération, le PCF, auréo­lé de ses « 75 000 fusillés », devient, avec ses 159 dépu­tés, le pre­mier par­ti de France. Maurice Thorez pro­met qu’il existe d’autres voies que celles emprun­tées par leurs homo­logues russes pour ins­tau­rer le com­mu­nisme — il entre dans les gou­ver­ne­ments de Gaulle et Félix Gouin. Mohamed Saïl écrit alors qu’ils empoi­sonnent, dans l’ombre « du pape Staline », les tra­vailleurs de leur « fausse doc­trine25 ». En 1951, il traite les sym­pa­thi­sants sta­li­niens de « cré­tins » et de « déchet du peuple26 ». Mais la ques­tion s’avère plus large, à dire vrai : pour le Kabyle, tous les par­tis sont des espaces de cor­rup­tion : les élus, payés plus que de rai­son, s’enrichissent sur le tra­vail ou le dos de leurs élec­teurs et les dépu­tés n’échappent jamais à leur des­tin, celui d’arrivistes sans parole. L’homme est bâti d’un bloc ; une seule et même pièce qui roule contre le vent. Il grave plus qu’il n’esquisse. Se jette dans la four­naise, fai­sant fi des clairs-obs­curs qui font le monde. Saïl n’a que fort peu fré­quen­té l’école : il n’est pas un théo­ri­cien et ses écrits — à l’orthographe approxi­ma­tive — tiennent du pam­phlet plus que de l’analyse froide, métho­dique, ration­nelle. Les réfé­rences à l’anarchisme (ou Anarchie, majus­cule !) abondent sous sa plume : celles, posi­tives, au mar­xisme ou au com­mu­nisme se font rares — en 1951, il conti­nue de décla­rer aux tra­vailleurs algé­riens que leurs réels amis sont les anarchistes.

Lénine et Trotsky, au centre (colorisée par Planetzero)

Le Dictionnaire Le Maitron fait savoir que Saïl est exclu de l’Union anar­chiste com­mu­niste révo­lu­tion­naire en 1931, en rai­son de son sou­tien au plate-for­misme (disons-le en deux mots : ce terme fait réfé­rence à un texte de 1926, notam­ment rédi­gé par le com­bat­tant ukrai­nien Nestor Makhno, qui rejette l’anarchisme indi­vi­dua­liste au pro­fit d’une vision plus struc­tu­rée et (auto)disciplinée — d’aucuns dirent « bol­che­vi­sée » — du mou­ve­ment liber­taire). Plate-for­miste, donc. Et, ce qui n’est pas sans man­quer de cohé­rence, par­ti­san de la ligne Fontenis. Qu’est-ce à dire ? L’homme est à l’origine de la muta­tion de la Fédération anar­chiste (FA) en Fédération com­mu­niste liber­taire (FCL) et, dès lors, de la mise au ban des ten­dances indi­vi­dua­listes de l’organisation. Georges Fontenis n’entend pas réduire l’anarchisme à un mode de vie ou à quelque sup­plé­ment d’âme trans­gres­sif et esthé­tique ; il doit être un mou­ve­ment social orga­ni­sé et ancré dans les conflits de l’époque. C’est dans cette optique que Fontenis fusionne — après Makhno et avant Daniel Guérin — deux tra­di­tions en ten­sion : le com­mu­nisme (mar­xiste ou non) et l’anarchisme. Autrement dit : le com­mu­nisme liber­taire, que Fontenis oppose à la social-démo­cra­tie libé­rale comme au léni­nisme. En 1952, Saïl décrit Fontenis (leur cor­res­pon­dance atteste de l’estime que le pre­mier porte au second — et la réci­proque est vraie puisque le second réa­li­se­ra l’hommage funèbre du pre­mier) comme un mili­tant por­teur de « la véri­table ligne tra­di­tion­nelle de l’anarchisme27 » et hous­pille les mys­tiques en chambre et autres pro­fes­seurs de morale liber­taire. Quelques jours avant de mou­rir d’un can­cer des pou­mons à l’hôpital fran­co-musul­man de Bobigny, Saïl clame : « Et vive le com­mu­nisme liber­taire28 ».

L’internationaliste

« Le 18 novembre, Mussolini et Hitler ava­lisent Franco ; trois jours plus tard, Saïl est bles­sé en mis­sion de reconnaissance. »

« Le prin­cipe fédé­ra­liste conduit logi­que­ment à l’internationalisme29 », note Daniel Guérin dans son étude L’Anarchisme. L’Espagne voit Franco et ses affi­dés se lever contre le Frente Popular en juillet 1936. Blum appelle à la non-inter­ven­tion quinze jours plus tard et García Lorca est arrê­té le 16 août, à 13h30, puis fusillé par les natio­na­listes. Mohamed Saïl décide de rejoindre les com­bat­tants espa­gnols quelques semaines plus tard. Il ral­lie le groupe Sébastien Faure — dont il ne tarde pas à prendre la tête, à la mort de son res­pon­sable — au sein de la colonne anar­chiste Durruti. George Orwell quit­te­ra quant à lui l’Angleterre pour inté­grer le POUM, une for­ma­tion mar­xiste et anti-sta­li­nienne, à la fin décembre. Buenaventura Durruti, de pas­sage dans la capi­tale espa­gnole peu après l’arrivée de Saïl, donne un entre­tien à la CNT : « On ne com­bat pas pour perdre la vie. Nous nous bat­tons pour la vie. […] Les mili­ciens [de la colonne Durruti] savent pour­quoi ils se battent. Ils se sentent révo­lu­tion­naires et ils ne com­battent pas avec des phrases et des paroles creuses. Ils n’attendent pas de la révo­lu­tion des lois et des décrets, mais ils savent qu’avec la vic­toire, ils auront la pos­ses­sion directe de la terre, de l’usine, des ate­liers, des moyens de trans­port30. »

Saïl dirige les opé­ra­tions mili­taires dans la com­mune de Quinto, au cœur de la pro­vince de Saragosse. Le 18 novembre, Mussolini et Hitler ava­lisent Franco ; trois jours plus tard, Saïl est bles­sé en mis­sion de recon­nais­sance. Une balle explo­sive au bras à proxi­mi­té des lignes enne­mies. Il écri­ra en 1952 : « Ma muti­la­tion par­tielle d’un bras en Espagne m’oblige à ne pas faire trop d’efforts31 ». Raison pour laquelle l’ancien chauf­feur-méca­ni­cien devien­dra res­tau­ra­teur de faïences. On le soigne à Barcelone puis il rentre à Aulnay en jan­vier 1937, après que la Pravda, organe offi­ciel de Moscou, a annon­cé l’épuration phy­sique, par ses par­ti­sans, des trots­kystes et des anar­chistes enga­gés en Espagne. « Durruti est notre guide et notre frère. Il mange et couche avec nous, il est moins bien habillé que nous, il n’est ni géné­ral, ni caïd, mais un mili­cien digne de notre ami­tié32 », rap­porte Saïl dans un jour­nal anti­fas­ciste. Foin des galons, titres et cla­que­ments de talons : la colonne Durruti fonc­tionne sur la base de l’autodiscipline, et c’est non sans fier­té que Saïl signe un texte « sans grade ni matri­cule, comme tous ses cama­rades19 ». S’il reven­dique haut et fort le sta­tut de mili­cien, il foule aux pieds celui de sol­dat : l’antimilitariste qui déser­ta lors de la Première Guerre mon­diale n’a pas chan­gé (il sera éga­le­ment incar­cé­ré lors de la Seconde, puis inter­né au camp de Riom, dans le Cantal, pour s’être oppo­sé à la guerre — l’ouvrage cana­dien Anarchism:A Documentary History of Libertarian Ideas pré­tend qu’il a ensuite rejoint la Résistance, ce que les sources dis­po­nibles en fran­çais ne nous per­mettent pas de confir­mer, sinon qu’il a confec­tion­né des faux papiers sous l’Occupation et se serait éva­dé). Franco annonce le 1er avril 1939 que la guerre est finie et qu’il l’a, dès lors, gagnée.

Soldats républicains espagnols traversant les Pyrénées, mars 1938 (Joel Bellviure)

*

Le prin­temps façonne son cer­cueil jour après jour mais Mohamed Saïl, âgé de cin­quante-huit ans, ne l’entend pas de cette oreille : il tien­dra, oui, il tien­dra encore. Indécrottable opti­misme que le sien. Il pos­sède, confie-t-il à Fontenis, ali­té et amai­gri de huit kilos, « une volon­té tenace de com­battre encore long­temps à vos côtés pour la bonne cause33». Le Petit Père des peuples a tout juste cas­sé sa pipe. Saïl se voit vivre encore un an ou deux, sans opé­ra­tion ; plus, dans le cas contraire. L’Indochine insur­gée conti­nue de pleu­rer ses morts. « Vivre hon­nê­te­ment et por­ter la tête haute jusqu’au der­nier souffle19. » Les troupes colo­niales por­tu­gaises viennent de mas­sa­crer les habi­tants de Batepá, sur l’île de São Tomé. Vivre et lut­ter, écrit-il encore, avant de n’être plus. « Pensons à la lutte, tou­jours la lutte, qui est notre idéal et notre rai­son de vivre19. » Il meurt quelques jours plus tard. Ses obsèques se déroulent entre les deux tours des élec­tions muni­ci­pales de 1953, le 30 avril : le Parti com­mu­niste sort en tête à Paris, avec 27,46 % des voix. Moins de trois mois plus tard, six ouvriers algé­riens et un métal­lur­giste fran­çais tom­be­ront sous les balles de la police, à Paris, lors d’une mani­fes­ta­tion en faveur de l’indépendance de l’Algérie.


Le nom de Saïl figure à plu­sieurs reprises dans les archives des ser­vices de police, que nous avons consul­tées : archives dépar­te­men­tales, Saint-Quentin-en-Yvelines, 2 M 11/18 et 25, 4 M 2/67 et 68, 4 M 2/81, 5 M 56.


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  1. M. Saïl, « Le cal­vaire des indi­gènes algé­riens », Le Libertaire, n° 242, 16 août 1924 — voir le recueil Appels aux tra­vailleurs algé­riens, Fédération anar­chiste, 1994, pp. 6–8.
  2. M. Saïl, « À bas l’indigénat », Le Flambeau, n° 22, 1er-15 novembre 1924.
  3. O. Le Cour Grandmaison, Coloniser, exter­mi­ner, Fayard, 2006, p. 248.
  4. M. Saïl, « Le cal­vaire des indi­gènes algé­riens », op. cit.
  5. « L’Algérie fran­çaise », Le Temps, 4 mai 1930.
  6. A. Camus, Chroniques algé­riennes, Folio essais, 2002, p. 50.
  7. Extrait de son jour­nal, 1952, cité par G. Heuré, L’Insoumis, Viviane Hamy, 2006, p. 190.
  8. M. Saïl, « À l’opinion publique », La Voie liber­taire, n° 55, 15 mars 1930, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., pp. 10–11.
  9. M. Saïl, « Peuple algé­rien, debout ! », L’Éveil social, n° 2, février 1932, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., p. 12.
  10. M. Saïl, « Le cal­vaire des tra­vailleurs nord-afri­cains », Le Libertaire, n° 276, 6 juillet 1951, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., pp. 29–30.
  11. M. Saïl, « Le cal­vaire des tra­vailleurs nord-afri­cains », Le Libertaire, n° 273, 15 juin 1951, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., p. 26.
  12. Voir T. Ramadan, Muhammad, vie du Prophète, Presses du Châtelet, 2006, p. 316.
  13. M. Saïl, « La men­ta­li­té kabyle », Le Libertaire, n° 257, 16 février 1951, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., pp. 24–26.
  14. M. Saïl, « La “Civilisation fran­çaise” en Algérie », Terre libre, n° 20, décembre 1935, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., p. 19.
  15. Ou, plus récem­ment, André Santini : « Les Berbères sont des laïcs, ils pra­tiquent un islam modé­ré. Ils ont un carac­tère tolé­rant, ils ont notre concep­tion de la laï­ci­té. Ils se regroupent sans être arro­gants et ne sont pas enva­his­sants » et Claude Goasguen : « Ils ont un culte musul­man moins inté­griste que les autres, car ils ont été isla­mi­sés plus tar­di­ve­ment ». Voir l’ouvrage Marianne et Allah de Vincent Geisser & Aziz Zemouri, La Découverte, 2006.
  16. M. Saïl, « Le cen­te­naire de la conquête de l’Algérie », op. cit.
  17. M. Saïl, « Peuple algé­rien, debout ! », op. cit.
  18. M. Saïl, « La men­ta­li­té kabyle », op. cit.
  19. Ibid.
  20. Correspondance pri­vée avec Georges Fontenis, lettre du 21 jan­vier 1952 (Archives Georges Fontenis/IISG Amsterdam).
  21. P.-J. Proudhon, Carnets, tome II, 1847–1848, Paris, Marcel Rivière, 1961, car­net n° 5, p. 133.
  22. M. Saïl, « L’idéal du Parti com­mu­niste », Le Libertaire, n° 341, 24 novembre 1924, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., pp. 5–6.
  23. M. Saïl, « Réponse au Secours rouge », L’Éveil social, n° 2, février 1933, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., pp. 13–14.
  24. Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., p. 2.
  25. M. Saïl, « Aux tra­vailleurs algé­riens », Le liber­taire, n° 22, 25 mars 1946, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., p. 23.
  26. M. Saïl, « La men­ta­li­té kabyle », op. cit.
  27. Correspondance pri­vée avec Georges Fontenis, lettre du 21 jan­vier 1952, op. cit.
  28. Correspondance pri­vée avec Georges Fontenis, lettre du 13 avril 1953, op. cit.
  29. D. Guérin, L’Anarchisme, Folio essais, 2009, p. 94.
  30. Cité par A. Paz, Durruti, le peuple en armes, La Tête de Feuilles, 1972, p. 391.
  31. Correspondance pri­vée avec Georges Fontenis, lettre du 21 jan­vier 1952, op. cit.
  32. M. Saïl, « Lettre du front », L’Espagne anti­fas­ciste, n° 17, 4 novembre 1936, dans Appels aux tra­vailleurs algé­riens, op.cit., p. 22.
  33. Correspondance pri­vée avec Georges Fontenis, lettre du 13 avril 1953, op. cit.

REBONDS

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Émile Carme

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