L’abécédaire de George Orwell


Malheur à la pos­té­ri­té ! Deux cou­rants se réclament à grands cris de l’é­cri­vain bri­tan­nique, pié­ti­nant ain­si la mémoire qu’ils font mine d’ho­no­rer : les libé­raux « anti­to­ta­li­taires » et les néo­ré­pu­bli­cains1. Nos « orwel­liens » média­tiques n’ont d’Orwell qu’un nom pillé. Cet abé­cé­daire, confec­tion­né à par­tir de son œuvre com­plète et de sa cor­res­pon­dance, se pro­pose de rap­pe­ler le tran­chant et la cohé­rence de l’é­cri­vain, com­bat­tant inter­na­tio­na­liste dans une orga­ni­sa­tion mar­xiste durant la guerre d’Espagne et par­ti­san, jus­qu’à sa dis­pa­ri­tion en 1950, d’un socia­lisme anti­fas­ciste et démo­cra­tique. Une porte d’en­trée en 26 lettres.


Animaux : « Je vis un petit gar­çon, de dix ans sans doute, mener un énorme che­val de trait dans un che­min étroit, le fouet­tant à chaque fois qu’il renâ­clait. Je com­pris tout à coup que si ces ani­maux pre­naient conscience de leur force, nous n’au­rions plus aucun pou­voir sur eux, et que les hommes exploi­taient les ani­maux un peu comme les riches exploitent le pro­lé­ta­riat. Je me mis à ana­ly­ser la théo­rie mar­xiste du point de vue des ani­maux. » (Préface à l’é­di­tion ukrai­nienne de La Ferme des ani­maux, mars 1947)

Bourreau : « La plu­part des gens sont pour la peine capi­tale, mais rares sont ceux qui accep­te­raient de prendre la place du bour­reau. » (Le Quai de Wigan, Ivrea, [1937] 1982)

Colonialisme : « Hitler n’est que le spectre de notre propre pas­sé qui s’é­lève contre nous. Il repré­sente le pro­lon­ge­ment et la per­pé­tua­tion de nos propres méthodes, exac­te­ment au moment où nous com­men­çons à en avoir honte. » (« Notes en che­min », Écrits Politiques, Agone, [1940] 2009)

Doutes : « J’ai tou­jours quelques doutes quant aux écri­vains qui expliquent tout en termes de sang, de reli­gion, de plexus solaire, d’âmes natio­nales et tout le reste, parce qu’il est évident qu’ils évitent quelque chose. Ce qu’ils évitent, c’est l’en­nuyeuse inter­pré­ta­tion éco­no­mique mar­xienne de l’his­toire. » (« L’attrait de la pro­fon­deur », 1937, Écrits Politiques, Agone, 2009)

Ennemi : « Il y a une expres­sion qui est fort en vogue dans les milieux poli­tiques de ce pays : Faire le jeu de. C’est une sorte de for­mule magique ou d’in­can­ta­tion, des­ti­née à cacher les véri­tés déran­geantes. Quand on vous dit qu’en affir­mant telle ou telle chose vous faites le jeu de quelque sinistre enne­mi, vous com­pre­nez qu’il est de votre devoir de la bou­cler immé­dia­te­ment. » (« La poli­tique et la langue : Faire le jeu de », 9 juin 1944, Essais, articles, lettres, volume IV, Ivrea, 2001)

Fascisme : « Le fas­cisme n’a pas de contraire réel excep­té le socia­lisme. On ne peut pas se battre contre le fas­cisme au nom de la démo­cra­tie parce que ce que nous appe­lons démo­cra­tie, dans un pays capi­ta­liste, ne peut exis­ter que tant que les choses vont bien ; dans les moments de dif­fi­cul­té, elle se trans­forme immé­dia­te­ment en fas­cisme. » (Lettre à Amy Charlesworth, 30 août 1937, Écrits Politiques, Agone, 2009)

Guerre : « Si je devais défendre mes rai­sons de sou­te­nir la guerre, je crois que je pour­rais le faire. Il n’y a pas d’al­ter­na­tive réelle entre résis­ter à Hitler et se rendre à lui, et, d’un point de vue socia­liste, je dirais qu’il vaut mieux résis­ter ; en tout cas, je ne vois aucun argu­ment en faveur de la capi­tu­la­tion qui ne ridi­cu­lise pas la résis­tance répu­bli­caine en Espagne, la résis­tance chi­noise au Japon, etc., etc. […] Seule la révo­lu­tion pour­ra sau­ver l’Angleterre. Il y a des années que ceci est évident, mais main­te­nant la révo­lu­tion a com­men­cé et elle se déve­lop­pe­ra rapi­de­ment si nous par­ve­nons à repous­ser Hitler. D’ici deux ans, ou peut-être dans un an, si seule­ment nous par­ve­nons à tenir, on ver­ra des trans­for­ma­tions qui sur­pren­dront tous les idiots sans clair­voyance. Les rigoles des rues de Londres devront peut-être char­rier du sang : soit, qu’il en soit ain­si si c’est néces­saire. Mais lorsque les milices rouges can­ton­ne­ront au Ritz, je conti­nue­rai à pen­ser que l’Angleterre qu’on m’a appris à aimer, depuis si long­temps et pour tant de rai­sons dif­fé­rentes, per­sis­te­ra d’une manière ou d’une autre. » (« My Country Right or Left », Folios of New Writing, 1940 [nous traduisons])

Honnêteté : « En ce moment, la seule atti­tude pour un hon­nête homme, que son tem­pé­ra­ment le porte plu­tôt vers les Tories [les conser­va­teurs] ou plu­tôt vers les anar­chistes, c’est d’œuvrer pour l’a­vè­ne­ment du socia­lisme. Cela seul peut éloi­gner de nous la misère du pré­sent ou le cau­che­mar du futur. » (Le Quai de Wigan, Ivrea, [1937] 1982)

Italian Immigrant, 1905 | Lewis Wickes Hine]

Impérialisme : « Après cinq années pas­sées dans la police impé­riale des Indes j’en vins à nour­rir pour l’im­pé­ria­lisme que je ser­vais une haine féroce dont j’au­rais du mal à expli­quer clai­re­ment les rai­sons. […] Pour avoir la haine de l’im­pé­ria­lisme, il faut en avoir été un des rouages moteurs. » (Le Quai de Wigan, Ivrea, [1937] 1982)

Justice : « Je n’ai jamais pu péné­trer à l’in­té­rieur d’une pri­son sans avoir l’im­pres­sion (impres­sion par­ta­gée par la plu­part de ceux qui y entrent en visi­teurs) que ma place était der­rière les bar­reaux plu­tôt que devant. Je pen­sais alors — je le pense encore — que le pire cri­mi­nel que la Terre ait connu est mora­le­ment supé­rieur au juge qui décide d’une pen­dai­son. » (Le Quai de Wigan, Ivrea, [1937] 1982)

Koestler : « Voilà où conduisent fata­le­ment les révo­lu­tions. Il n’y a rien d’autre à faire que d’être un pes­si­miste à court terme, c’est-à-dire se tenir à l’é­cart de la poli­tique, créer une sorte d’oa­sis où l’on puisse, avec ses amis, gar­der la tête claire et espé­rer que dans une cen­taine d’an­nées les choses s’ar­ran­ge­ront de quelque façon. À la base de cette posi­tion se trouve l’hé­do­nisme de Koestler, qui le conduit à consi­dé­rer le para­dis ter­restre comme une chose sou­hai­table. Mais il se peut que, sou­hai­table ou non, ce para­dis ne soit pas pos­sible. Il se peut qu’une cer­taine quan­ti­té de souf­france soit inhé­rente à la condi­tion humaine, il se peut que l’homme n’ait jamais, entre deux maux, qu’à choi­sir le moindre, il se peut même que le socia­lisme ne vise pas à rendre le monde par­fait mais seule­ment meilleur. Toutes les révo­lu­tions sont des échecs, mais il y a dif­fé­rentes sortes d’é­checs. C’est parce qu’il refuse de recon­naître cela que Koestler s’est provi­soirement enga­gé dans une impasse […]. » (« Arthur Koestler », 1944, Tels, tels étaient nos plai­sirs et autres essais (1944–1949), Ivrea, 2005)

Ligue : « Le mou­ve­ment socia­liste a autre chose chose à faire que se trans­for­mer en une asso­cia­tion de maté­ria­listes dia­lec­tiques ; ce qu’il doit être, c’est une ligue des oppri­més contre les oppres­seurs. Il doit atti­rer à lui les gens sérieux et écar­ter les libé­raux à la bouche fleu­rie qui veulent l’é­cra­se­ment du fas­cisme étran­ger pour pou­voir conti­nuer à tou­cher tran­quille­ment leurs divi­dendes — le type de coquin qui pré­sente des motions contre le fas­cisme et le com­mu­nisme, c’est-à-dire à la fois contre les rats et la mort-aux-rats. […] Des classes dis­tinctes peuvent et doivent faire front com­mun sans que les indi­vi­dus qui les com­posent soient som­més d’a­ban­don­ner du même coup ce qui fait leur ori­gi­na­li­té. […] Ceux qui doivent aujourd’­hui unir leurs forces, ce sont tous ceux qui courbent l’é­chine devant un patron ou fris­sonnent à l’i­dée du pro­chain loyer à payer. » (Le Quai de Wigan, Ivrea, [1937] 1982)

Mendiants : « Derrière tous les dis­cours dont on nous rebat les oreilles à pro­pos de l’éner­gie, de l’ef­fi­ca­ci­té, du devoir social et autres fari­boles, quelle autre leçon y a‑t-il que amas­sez de l’argent, amas­sez-le léga­le­ment, et amas­sez-en beau­coup ? L’argent est deve­nu la pierre de touche de la ver­tu. Affrontés à ce cri­tère, les men­diants ne font pas le poids et sont par consé­quent mépri­sés. » (Dans la dèche à Paris et à Londres, 10x18, [1933] 2003)

Nationalisme : « J’entends avant tout par natio­na­lisme cette façon d’i­ma­gi­ner que les hommes peuvent être l’ob­jet d’une clas­si­fi­ca­tion sem­blable à celle des insectes, et que des mil­lions ou des dizaines de mil­lions d’entre eux peuvent ain­si être, en bloc et avec une par­faite assu­rance, éti­que­tés comme bons ou mau­vais. […] Le natio­na­lisme est indis­so­ciable de la soif de pou­voir. Le sou­ci constant de tout natio­na­liste est d’ac­qué­rir plus de pou­voir et de pres­tige non pour lui-même mais pour la nation ou l’en­ti­té au pro­fit de laquelle il a choi­si de renon­cer à son indi­vi­dua­li­té propre. » (« Notes sur le natio­na­lisme », 1945, Essais, articles et lettres, volume III, Éditions Ivrea & Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 1995–2001)

Fresh Air for the Baby, New York East Side, 1910 | Lewis Wickes Hine]

Outsider : « [L’écrivain] ne peut le faire qu’en qua­li­té d’in­di­vi­du, d’out­si­der ou, tout au plus, comme un franc-tireur sus­pect aux yeux de l’é­tat-major, et opé­rant en marge de l’ar­mée régu­lière. » (« Writers and Leviathan », Politics and Letters, 1948)

Prendre par­ti : « Mon point de départ est tou­jours un besoin de prendre par­ti, un sen­ti­ment d’in­jus­tice. Quand je m’ins­talle pour écrire un livre, je ne me dis pas : Je vais créer une œuvre d’art. J’écris ce livre parce que je vou­drais dénon­cer un men­songe, je vou­drais atti­rer l’at­ten­tion sur un pro­blème, et mon pre­mier sou­ci est de me faire entendre. Mais il me serait impos­sible de pour­suivre la rédac­tion d’un livre, ou même sim­ple­ment un long article, si cette tâche ne consti­tuait pas aus­si une expé­rience esthé­tique. » (« Pourquoi j’é­cris », 1946, Dans le ventre de la baleine et autres essais, Ivrea, 2005)

Querelles : « La seule chose au nom de laquelle nous pou­vons com­battre ensemble, c’est l’i­déal tra­cé en fili­grane dans le socia­lisme : jus­tice et liber­té. Mais ce fili­grane est presque com­plè­te­ment effa­cé. Il a été enfoui sous des couches suc­ces­sives de chi­ca­ne­ries doc­tri­nales, de que­relles de par­ti et de pro­gres­sisme mal assi­mi­lé, au point de res­sem­bler à un dia­mant caché sous une mon­tagne d’ex­cré­ments. » (Le Quai de Wigan, Ivrea, [1937] 1982)

Révolution : « [Durant la guerre civile espa­gnole], il y avait la foi dans la révo­lu­tion et dans l’a­ve­nir, l’im­pres­sion d’a­voir sou­dain débou­ché dans une ère d’é­ga­li­té et de liber­té. Des êtres humains cher­chaient à se com­por­ter en êtres humains et non plus en simples rouages de la machine capi­ta­liste. Dans les bou­tiques des bar­biers, des Avis au public, rédi­gés par des anar­chistes — les bar­biers étaient pour la plu­part anar­chistes —, expli­quaient gra­ve­ment que les bar­biers n’é­taient plus des esclaves. Dans les rues, des affiches bario­lées conju­raient les pros­ti­tuées de ne plus se pros­ti­tuer. » (Hommage à la Catalogne, 10x18, [1938] 1999)

Snobisme : « Le petit-bour­geois ins­crit au par­ti tra­vailliste indé­pen­dant et le bar­bu buveur de jus de fruit sont tous deux pour une socié­té sans classes, tant qu’il leur est loi­sible d’ob­ser­ver le pro­lé­ta­riat par le petit bout de la lor­gnette. Offrez-leur l’oc­ca­sion d’un contact réel avec un pro­lé­taire — par exemple une empoi­gnade avec un por­teur de pois­sons ivre, un same­di soir —, et vous les ver­rez se retran­cher dans le sno­bisme de classe moyenne le plus conven­tion­nel. » (Le Quai de Wigan, Ivrea, [1937] 1982)

Temps : « Le temps est venu — pas l’an­née pro­chaine, peut-être pas avant dix ou vingt ans, mais il est venu — où chaque écri­vain aura le choix entre être réduit au silence ou pro­duire la drogue qu’une mino­ri­té pri­vi­lé­giée exige. Je dois lut­ter contre cela, tout comme je dois lut­ter contre l’huile de ricin2, les matraques en caou­tchouc et les camps de concen­tra­tion. Et le seul régime qui, à long terme, ose­ra auto­ri­ser la liber­té de parole est un régime socia­liste. Si le fas­cisme triomphe, je suis fini en tant qu’é­cri­vain — c’est-à-dire fini dans ma seule capa­ci­té effec­tive. Ce serait en soi une rai­son suf­fi­sante pour adhé­rer à un par­ti socia­liste. J’ai mis en avant l’as­pect per­son­nel, mais ce n’est évi­dem­ment pas le seul. Il n’est pas pos­sible, pour toute per­sonne sen­sée, de vivre dans une socié­té comme la nôtre sans vou­loir la chan­ger. Voilà peut-être dix ans que je me suis fait une idée de la nature réelle de la socié­té capi­ta­liste. J’ai vu l’im­pé­ria­lisme bri­tan­nique à l’œuvre en Birmanie et j’ai pu consta­ter les effets de la pau­vre­té et du chô­mage en Grande-Bretagne. Dans la mesure où j’ai lut­té contre le sys­tème, j’ai sur­tout écrit des livres qui, je l’es­pé­rais, influen­ce­raient les lec­teurs. Je conti­nue­rai à le faire, bien sûr, mais, dans un moment comme celui-ci, écrire des livres ne suf­fit pas. » (« Why I join the I.L.P. », New Leader, 24 juin 1938 [nous traduisons])

URSS : « Rien n’a plus contri­bué à cor­rompre l’i­déal ori­gi­nel du socia­lisme que cette croyance que la Russie serait un pays socia­liste et que chaque ini­tia­tive de ses diri­geants devrait être excu­sée, sinon imi­tée. Je suis convain­cu que la des­truc­tion du mythe sovié­tique est essen­tielle si nous vou­lons relan­cer le mou­ve­ment socia­liste. » (Préface à l’é­di­tion ukrai­nienne de La Ferme des ani­maux, mars 1947)

Italian Family, Chicago, 1910 | Lewis Wickes Hine]

Vérité : « La véri­té est, bien sûr, que les innom­brables intel­lec­tuels anglais qui baisent le cul de Staline ne sont pas dif­fé­rents de la mino­ri­té qui fait allé­geance à Hitler ou à Mussolini, ni des spé­cia­listes de l’efficacité qui, dans les années vingt, prê­chaient le punch , le nerf, la per­son­na­li­té et le soyez un loup ! […]. Tous ces gens ont le culte du pou­voir et de la cruau­té effi­cace. » (« Raffles et Miss Blandish », 1944, Tels, tels étaient nos plai­sirs et autres essais (1944–1949), Ivrea, 2005)

Westminster : « Il n’y a aucune rai­son pour qu’un rap­port de un à dix [entre les salaires/revenus] ne repré­sente pas l’amplitude maxi­mum admise. À l’intérieur de ces limites, un cer­tain sen­ti­ment d’égalité est pos­sible. Un homme qui gagne 3 livres par semaine et celui qui en per­çoit 1 500 par an peuvent avoir l’impression d’être des créa­tures assez sem­blables — ce qui est inen­vi­sa­geable si l’on prend le duc de Westminster et un clo­chard de l’Embankment. » (« Le lion et la licorne », 1941, Dans le ventre de la baleine et autres essais, Ivrea, 2005)

XXe siècle : « Le monde dans lequel nous sommes des­ti­nés à dégrin­go­ler, le monde de la haine et des slo­gans. Les che­mises de cou­leur. Les bar­be­lés. Les matraques en caou­tchouc. Les cel­lules secrètes où la lumière élec­trique brûle nuit et jour et le poli­cier qui vous sur­veille pen­dant votre som­meil. Et les défi­lés d’af­fiches avec des visages gigan­tesques, et les foules d’un mil­lion de per­sonnes qui acclament le Leader jus­qu’à ce qu’elles soient per­sua­dées de l’a­do­rer, tout en lui vouant une haine mor­telle à en vomir. Tout cela va arri­ver. » (Un peu d’air frais, Ivrea, [1939] 1983)

Yacht : « Tout le monde ne peut pas avoir une Rolls-Royce. On ne peut même pas don­ner à toutes un man­teau de four­rure, sur­tout en temps de guerre. […] Donc, comme on ne peut pas don­ner à tout le monde cer­tains pro­duits de luxe (des voi­tures puis­santes, par exemple, des man­teaux de four­rures, des yachts, des mai­sons de cam­pagne et que sais-je encore), il est pré­fé­rable que per­sonne n’en pos­sède. » (« Éloge du ration­ne­ment ves­ti­men­taire », février 1944, À ma guise : Chroniques 1943–1947, Agone, 2008)

Zèle : « J’ai vu les jour­naux de Londres débi­ter ces men­songes et des intel­lec­tuels zélés bâtir des construc­tions émo­tion­nelles sur des évé­ne­ments qui n’avaient jamais eu lieu. J’ai vu, en fait, l’histoire s’écrire non pas en fonc­tion de ce qui s’était pas­sé, mais en fonc­tion de ce qui aurait dû se pas­ser selon les diverses “lignes de par­ti”. […] Ce genre de chose m’effraie, car il me donne sou­vent le sen­ti­ment que le concept même de véri­té objec­tive est en voie de dis­pa­raître du monde. » (« Réflexions sur la guerre d’Espagne », 1942, Essais, articles, lettres, volume II, Éditions Ivrea & Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 1996)


Tous les abé­cé­daires sont confec­tion­nés, par nos soins, sur la base des ouvrages, articles, entre­tiens ou cor­res­pon­dance des auteur·es.
Photographie de ban­nière : Lewis Wickes Hine

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  1. Voir Emmanuel Todd, Sociologie d’une crise reli­gieuse (2015) : « Le néo-répu­bli­ca­nisme est une étrange doc­trine, qui pré­tend par­ler la langue de Marianne mais défi­nit dans les faits une République d’ex­clu­sion. […] Les musul­mans, caté­go­rie fan­tas­mée, deviennent ain­si pour [les classes moyennes qui dominent le sys­tème néo-répu­bli­cain] un deuxième pro­blème, à côté de celui des milieux popu­laires. »[]
  2. Dans l’Italie fas­ciste, l’huile de ricin était un des ins­tru­ments des Chemises noires. Les fas­cistes for­çaient leurs oppo­sants à en ava­ler de fortes doses, pro­vo­quant des diar­rhées.[]

REBONDS

☰ Lire notre abé­cé­daire de Noam Chomsky, sep­tembre 2016
☰ Lire notre abé­cé­daire de Daniel Bensaïd, mai 2015

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